Chapitre 34

Thomas se réveilla dans les bras de Mika qui avait enfoui son visage dans le creux de son cou. Les mains du châtain sur son abdomen le serrait contre lui comme une peluche de réconfort. Son torse nu et brûlant collé à son dos lui permettait de suivre le battement de son cœur à l'état de repos. Dans le bas de son dos, il sentait sa bosse matinale coller à lui. Thomas observa la chambre, de sa position il sentait le souffle de Mika sur sa peau à nue. Son regard balaya le cadre dans lequel Mika et sa mère se trouvait, puis l'album photo juste à côté et enfin le tube de lubrifiant. Le brun se sentit soudain méprisant. À la façon dont Mika se comportait avec lui, il l'aimait vraiment, mais lui, profitait de son amour pour ne plus se sentir seul. Il tenta de se défaire de la poigne de Mika, mais ne réussit qu'à le réveiller. Il s'assit dans le lit, jetant un coup d'oeil à Mika qui ouvrait ses yeux bouffis de sommeil.

''Bon matin mon Tommy.'' maugréa ce dernier, pas encore réveillé.

Mika lui lança un sourire endormie et sans vie avant de s'étirer dans son lit. Thomas se détourna de ce spectacle, se sentait patraque. À quoi jouait-il ? Depuis quand était-il devenu un profiteur ? Non, il ne profitait pas. Il n'avait jamais fait semblant de l'aimer. Il lui répétait sans cesse qu'il le détestait. Mika comprenait cela. Il le lui avait dit.

Le jeune athlète bondit en dehors de son lit pour se départir de son caleçon et se trouver des vêtements propres à enfiler. Thomas détourna les yeux face à la nudité de l'adolescent et en penchant sa tête vers le sol, il aperçut son chandail souillé de foutre. Par chance, il avait pensé à mettre des vêtements de rechange dans son sac. Hors de question qu'il se change devant Mika. Il agrippa ses affaires, et se dirigea vers la porte. Mika le rejoignit en un rien de temps et ils descendirent les escaliers ensemble.

Thomas stoppa tout mouvement en bas des marches. Le directeur était assis au comptoir, un journal à la main et une tasse dans l'autre. Il n'avait toujours pas de chandail et ne se sentait pas des plus à l'aise, surtout s'il devait passer à moitié nu devant lui. Le directeur leva à peine les yeux pour observer le couple avant de le rabaisser sur son papier. Mika vint embrasser son père sur la tempe avant de se diriger vers les fourneaux.

''Je croyais que tu dormirais chez ta pétasse.''

''Je suis rentrer hier soir.''

''Elle t'a posé un lapin ? Ne me dis pas que tu as joui en moins de dix secondes. La honte. Tommy aussi est comme ça.''

Thomas rougit et le directeur suspendit, prêt à tremper ses lèvres dans sa tasse de café.

''Mikaël.''

''Quoi ? Ne me dis pas que tu as été incapable de bander ? Problème érectile à ton âge. Pas de chance. J'espère que ça ne me tomberas pas dessus.''

''Mikaël !'' s'énerva son père.

Thomas profita de la colère de l'homme face à son fils pour s'éclipser aux toilettes. Il enleva son pantalon et changea de boxer. Il remit le même pantalon que la veille et s'apprêtait à enfiler son chandail quand son regard se posa sur le miroir. Soudain, il s'immobilisa. Son corps était un champ de guerre. Il avait les bleus que Laurent et Max lui avaient laissé, mais aussi plusieurs suçons dont l'un bien trop voyant à la base de son cou. Il enfila son haut dans l'espoir de le cacher, en vain. Il ne pouvait pas aller à l'école comme cela. Et puis, ses poignets étaient rouges et mauves d'avoir été trop serrés la veille. Il sortit de la salle de bain pour retrouver son camarade en train de préparer à manger et le directeur toujours avec son café. L'homme lui lança un petit regard, attiré par le mouvement, avant de lever les yeux au ciel puis de tourner la page de son journal.

''Mika... je... tu pourrais me prêter... un sweat s'il... s'il te plait ?'' baragouina Thomas, mal à l'aise.

Mika se tourna vers lui et observa son corps d'un œil lubrique.

''Non.''

Puis il retourna à ses œufs pendant que Thomas retenait des larmes de désespoir. Il ne pouvait quand même pas aller à l'école habillé d'un simple t-shirt qui ne cachait pas les marques de la veille.

''Mikaël, va chercher un gros chandail pour le petit.''

''J'ai pas envie.''


''Mikaël ! Regarde son corps. Va lui chercher quelque chose qu'il cache ça.'' s'agaça l'adulte.

''Je ne lui ai pas fait ça pour qu'il le cache !" répliqua Mika, borné.

''Ce que vous faites dans la chambre à coucher ne concerne que vous deux ! Va lui chercher un chandail, maintenant ! Il n'a clairement pas envie que l'école toute entière sache ce qu'il fait de ses soirées.''

Le châtain semblait vouloir fusiller son père d'un seul regard. Il finit tout de même par lancer la spatule qui se trouvait un peu plus tôt dans sa main en direction du plan de travail, furieux.

''Bien. Mais si ça brûle, c'est toi qui saute le repas !''

Sans attendre, Mika disparut dans sa chambre d'un pas furibond. Le ton était monté si vite que Thomas, intimidé, s'était contenté de fixer le plancher, trop gêné par la situation.

''Thomas, je t'avais dit de rompre avec lui. Dois-je te répéter qu'il n'est incapable de voir plus loin que sa propre personne ? C'est un sociopathe. Il rebute l'autorité, agit pour son propre bien, n'éprouve aucun remord ni regret dans ses actions et est très impulsif. Un jour, il va te faire mal. Plus que tu ne pourras jamais l'imaginer. Fuis-le pendant que tu en as la chance, car ce n'est pas de l'amour qu'il éprouve pour toi. Seulement de l'intérêt et il le confond avec, alors gare à toi, lorsque tu deviendras sans intérêt pour lui.'' le prévint le directeur qui cherchait son regard.

Thomas vint jouer avec le bas de son chandail nerveusement. Mika ne le ferait jamais souffrir volontairement, si ? Les sociopathes était-il capable d'aimer ? De toute façon, il ne sortait même pas avec le jeune homme. La personne qui faisait battre son cœur portait un tout autre prénom : James. Mika, c'était juste un attendant. Mais en attendant quoi ? D'ailleurs le châtain redescendait de sa chambre pour venir offrir un sweat plus confortable au brun. Le plus petit l'agrippa timidement en le remerciant et Mika retourna vers le fourneau.

Une fois enfilé, il s'assit au comptoir et attendit que son camarade arrive avec les assiettes. Il en déposa une devant son père avant d'en déposer une autre devant Thomas en l'embrassant sur la tempe.

''Bonne appétit mon chubby.''

Puis il prit place à côté de Thomas pour commencer à dévorer oeuf, patate et toast. Thomas, lui, hésita à toucher son assiette. Chubby ? Il n'était pas chubby. Ok, il avait peut-être dépassé le poids santé, mais il n'était pas gros pour autant. Mika était-il en train de se moquer de lui ?Pourtant, il savait que l'adolescent n'en était pas capable. Il énumérait simplement des faits. Cela voulait-il dire qu'il avait de l'embonpoint, dorénavant ? Tout à ses pensées et l'estomac noué, il mangea bout par bout, hésitant finir son assiette. Mika avait terminé avant lui et était déjà de retour vers le frigo afin de préparer les repas de la journée. Thomas l'observa faire pendant que le directeur allait se préparer dans une autre pièce.

''Tu aimes les betteraves Tommy ?''

''Hein ?''

''Les betteraves. Tu aimes ça ?''

''Euh...oui pourquoi ?''

''Car je vais en mettre dans ton lunch.''

Puis Mika agrippa un pot de betteraves fait maison et se mit à en couper.

''Euh... tu... ne me fait pas un repas, je vais... je peux en acheter un à...à la cafétéria.''

''Ne dis pas n'importe quoi Tommy. Je vais te nourrir.''

Thomas se mordit la lèvre. Mika lui cuisinait vraiment un repas ? Et lui profitait de cet amour à ses propres fins. Une personne odieuse, voilà ce qu'il était. Il lui donnait de faux espoirs, comme s'il était capable de lui pardonner. Malgré ça, il n'osa rien dire, trop intimidé. Le châtain termina de préparer le déjeuner au moment même où son géniteur pointa le bout de son nez.

''Allez les jeunes. C'est l'heure d'aller à l'école"

Mika finit d'emballer le tout en vitesse avant de prendre les trois lunchs et de suivre son père. Thomas se leva de sa chaise en soupirant. Dans la voiture, le châtain avait complètement délaissé Thomas pour s'asseoir à l'avant et jouer avec la radio. À l'école, même chose. Il donna son repas au brun avant de lui tourner le dos et de suivre son père à l'intérieur. Aucun sourire, aucun : Passe une bonne journée. Thomas avait même l'impression que Mika était fâché contre lui. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Et pourquoi donc ce soudain manque d'intérêt le minait tant ?

La matinée se passa normalement. Puisqu'il n'avait aucun cours en commun avec son camarade, il ne le croisa pas. A l'heure du déjeuner, il se trouva une table et commença à sortir son repas. Il l'analysa en silence, un petit sourire sur le visage : betteraves, asperges, boulettes de viande, cubes de fromage, petites biscottes et jus de fruit fait maison. Wow ! Cela le changeait grandement des sandwichs au jambon qu'il dégustait presque tous les jours. James arriva derrière lui et renifla un peu avant de prendre place en le dévisageant. Thomas lui envoya son plus beau sourire, heureux de retrouver son meilleur ami.

''Comment as été ta journée ?'' demanda-t-il.

''Bien. Tom j'ai une question personnelle à te poser, mais... est-ce que tu sors avec Mika ?''

Thomas sentit la chaleur lui monter aux joues et, sans même se rendre compte de la vivacité de sa réponse, cria pratiquement :

''Non !''

James le dévisagea alors que son ami tentait de reprendre contenance tout en cachant tant bien que mal les rougeurs de son visage.

''Écoute, je te juge pas si tu veux sortir avec...''

''Mais je ne sors pas avec ! Je t'aime toi. Pas lui.'' répéta Thomas.

James, mal à l'aise comme toujours face à cette déclaration d'amour, tenta de paraître naturel.

''Ok, mais pourquoi tu portes son chandail ?''

''Son... c'est pas... je...'' balbutia le brun, pris au dépourvu.

''Thomas, personne n'est dupe. En plus tu sens Mika. Tout le monde parle dans ton dos et on dit que vous deux êtes...''

''On n'est pas un couple, le coupa virulement le plus petit. Je... j'ai dormi chez lui et... je porte son chandail juste.... car je n'en n'avais pas d'autre.''

''Tu as dormi chez le freak ? Pourquoi ?'' demanda James, de plus en plus perdu.

"Parce que..."

Thomas se mordit la lèvre avant de confronter James du regard.

''Figures-toi qu'il m'aime, lui. Il me trouve génial, alors... je suis allé chez lui et... il m'a fait... à manger.''

Il montra son repas à James, incertain.

''Ok. Mais sachant que les gens parlent... Tu portes son chandail, tu portes son odeur, tu es arrivé avec lui ce matin. Les mauvaise langues se font aller.''

''Oui, bah... j'aimerais porter l'un de tes chandails, moi.'' le provoqua le brun.

''Je peux t'en prêter un.''

''Pour de vrai ?''

Thomas était aux anges. Il suivit docilement et tout heureux son meilleur ami jusqu'à son casier et récupéra le sweat qu'il lui tendit, fébrile. Aussitôt, il enleva l'autre pour enfiler l'odeur de l'homme qu'il aimait. Il prit une grande bouffée de ce parfum enivrant.

''Merci James.''

''Tom, c'était quoi ces bleus à tes poignets ?'' demanda James, inquiet.

Thomas resta muet, figé par la peur. Il était stupide ! S'il avait mis le haut de Mika ce matin même, c'était justement pour cacher ce genre de chose. Heureusement, son ami ne semblait pas avoir aperçu le suçon. Encore heureux !

''Je... rien. Je dois aller en cours. Merci pour... le chandail.'' balbutia-t-il en tournant les talons à toute vitesse.

Il retourna en classe où Mika l'attendait déjà, assis à son bureau. Il semblait perdu dans ses pensées jusqu'à ce que Thomas s'assoit à ses côtés. Il leva un sourcil, découvrant le nouveau haut que le brun avait passé sur ses épaules.

''À qui est ce chandail ?''

''James. Tiens, ton chandail, tu peux le reprendre. Merci de me l'avoir prêté.''

Mika agrippa son morceau de vêtement d'un geste hésitant. Il fronça les sourcils et fit une grimace de dégoût en observant l'adolescent, mais se passa de tout autre commentaire. Thomas lui tendit donc la boîte à lunch vide de son contenu tout en soufflant du bout des lèvres :

''Merci aussi pour... pour le repas.''

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