Chapitre 6 : La menteuse.

Non pas maintenant.

Pas quelques secondes avant que j'ai pu prendre la fuite.

Pas si près du but.

Je reste immobile, les yeux rivés sur lui, sans rien dire.

On est là comme deux idiot face à face, insonores. Comme si nous attendions quelque chose l'un de l'autre, sans savoir quoi. 

Ils brisent enfin le silence.

- Donc la fille que j'ai généreusement sauvée hier est une sale petite menteuse.

Même si objectivement, il a totalement raison et que je sais que j'ai parfaitement tort, j'ai du mal à encaisser ses mots. 

Moi, une "sale petite menteuse"? Non c'est bien tout le contraire. Je suis sûrement l'une des personnes les plus honnêtes qu'il lui ait été donné de rencontrer.

Bon j'admets que là, tout de suite, ça ne saute pas au yeux. 

Mais moi je le SAIS.

Alors au lieu de m'excuser platement, ce qui aurait été la réaction la plus appropriée, je me mets directement sur la défensive.

- Une "Sale petite Menteuse", pardon mais je ne te permet pas. Déjà je suis super propre et...

Il me coupe.

- Un stage dans l'écriture? Me questionne-t-il.

Il attrape ma carte de presse pour me la mettre sous les yeux.

- Je te permet un petit peu alors. Mais en y réfléchissant bien, ce n'est pas vraiment un mensonge. Il y a beaucoup... d'écriture dans le journalisme..

- Vraiment, ça va être ça ton excuse?

- Oui, là tout de suite, à chaud, c'est le mieux que je puisse faire.

- Pourquoi ?

- "articles de merde, salopards de journaliste". Tu te souviens? C'est les mots que tu as prononcés approximativement trois minutes avant de me demander quel était mon métier. J'étais mal à l'aise et j'ai paniqué.

- Paniqué ? Tu paniques souvent, toi. Tu n'aurais pas quelques petits soucis quant à la gestion de tes émotions ?

- Dit le mec qui fait la une de la presse pour son impulsivité toutes les neuf minutes et qui compte plus de dérapage dans sa vie personnelle que sur les pistes de course. 

Il reste silencieux. Puis doucement ses yeux me parcours et un petit sourire narquois prend naissance sur son visage. Pourquoi il sourit ? Je n'aime pas trop beaucoup ça..

- En tout cas, le spectacle de ce soir était à nouveau grandiose. Je vais commencer à croire que tu essayes de m'impressionner. 

- Le spectacle de ce soir ?

- Je t'ai vu à l'instant où je suis arrivé. C'était incroyable. D'ailleurs si un jour tu pense à changer de métier, ne devient pas détective. La discrétion c'est pas ton fort. Enfin je veux dire, à quel moment t'as pensé que des verres était une bonne cachette? Des verres vides et transparents! Transparents!

Les lèvres pincées, je le fusille du regard. Une nouvelle honte à ajouter à mon tableau. Il faut que je regarde les catégories dans le Guiness book, je dois bien avoir ma place quelque part.

Je passe une main sur mon visage, décontenancé par la tournure qu'à finalement prit cette soirée. Alors que je pensais avoir réussi un tour de force, je ne faisais, en réalité, que passer pour une imbécile.  

- Si ça ne te dérange pas, la menteuse que je suis, qui vient de voir son avenir de détective partir en fumée, a eu son quota d'humiliation pour la journée. Je rentres.

- Ah oui j'ai entendu, tu as《mal au ventre》.

Il affiche un petit air satisfait. Il a vraiment décidé de me chercher mais je ne vais pas me laisser faire sans réagir. Je m'approche doucement de son oreille et lui murmure.

- Oui exactement... tu me donnes la nausée.

- Mérité, acquiesce t'il.

Je me retourne et commence à partir, mais il m'arrête en me rattrapant par le bras.

- C'est pour ça que tu n'a pas voulu qu'on se revoit ?

- T'es bien prétentieux... Et pourquoi ce ne serait simplement pas parce que je n'en avais pas envie?

- Menteuse..

- Mérité..

Mérité ? Je crois que son charme vient de mettre à mort au moins 129 de mes neurones d'un coups. 

Il est vraiment temps de partir, avant que je vienne à dire d'autres stupidités du genre.

Je me retourne et d'un pas affirmé, m'en vais. 

Sauf que finalement après quelques mètres, je me rends compte que je ne sais absolument pas comment sortir d'ici. Ses couloirs sont immenses et ils se ressemblent tous. J'ai l'impression d'être dans un labyrinthe. 

Je m'arrête un instant de marcher pour réfléchir. Je sens d'un coup une présence derrière moi. 

- T'es perdu? Me souffle t'il à l'oreille.

Je suis envahie par des frissons qui me parcourent le corps et me paralysent.

- Non.. enfin.. peut être.., murmurai-je.

Il passe devant moi, et met sa main dans la mienne.

- Suis-moi.

Je me laisse faire et je le suis. Je ne réfléchis pas vraiment. J'en ai juste envie.

Une irrépressible envie.

Nous arrivons dehors et il fait directement signe à son chauffeur. Quand la voiture se trouve à notre hauteur, il me fait signe de monter.

- Vient avec moi.

- Pour aller où?

- Tu me refait le coup du tueur?

- Non, riais-je, je veux simplement savoir.

Il se rapproche de moi.

- Chez moi pour être plus tranquille, tu vois..

- Plus tranquille?

- Je ne vais pas te faire un dessin, Amy.

Je me défait brusquement de son étreinte, le visage fermé.

- D'accord, alors c'est comme ça que tu me vois...

C'était évident Amy. Réveille toi

- Euh.. Je pensais que... C'est ce que tu voulais aussi.

- Mais on vient de se rencontrer ! C'est à peine la deuxième fois que l'on se voit !

- Eh bien, j'attends rarement autant quand j'ai envie de quelque chose.

- Quelque chose ? Tu sais quoi, je me suis trompé la première fois qu'on s'est rencontré. Tu es exactement comme je l'avais imaginé !

Je m'éloigne et appelle un taxi.  Il passe sa main à l'arrière de sa tête. 

- Amy, je..

Je ne lui laisse pas le temps de s'exprimer et le coupe:

- Tu rien du tout, William. On s'est juste mal compris. Je ne meurs pas d'envie d'inscrire mon nom en lettre d'or sur ton beau tableau de chasse. La simple idée me donne envie de vomir. Bonne soirée.

Je monte dans le taxi qui vient d'arriver. Je suis... contrariée! Mes parents ont toujours fait en sorte que mes sœurs et moi, on se sentent unique. Et ça a marché, j'ai toujours eu l'impression d'être quelqu'un de spéciale. Sauf ce soir, où je me suis sentie incroyablement banal. Je n'ai qu'une envie, rentrer et m'engouffrer sous ma couette.

Point de vue : William

Je la fixe jusqu'à ce qu'elle ne soit plus dans mon champ de vision et là, sans le contrôler, je souris.

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MERCI d'avoir lu et de m'avoir offert de votre temps.

Que pensez-vous du sourire final de William ?

& Si vous avez aimé, n'hésitez pas à voter et commenter.

&& Surtout prenez soins de Vous.

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