L'échec n'étant pas une option, j'ai passé toute la sainte journée à travailler, comme une acharnée. Ce gala, c'est une chance pour moi de briller aux yeux de Johanna.

Des petits clapotis retiennent mon attention. Je me retourne et trouve la femme de ménage, contre la vitre. Elle me mitraille du regard. Je regarde l'heure, il est 21h48! Je remballe mes affaires, me précipite, bafouille des excuses, et déguerpit au plus vite.

J'arrive dans ma chambre et jette mes chaussures. Je m'installe et continuer à travailler pendant une bonne heure. Tentant de lutter contre l'envie irrépressible de dormir, je me lève et effectue dès allers-retours, de pièce en pièce. Je pars ensuite à la douche et continue à m'entrainer à voix haute. 

Je finis par me poser, à plat ventre sur mon lit. Et sans même que je la vois arriver, la fatigue pose doucement mon visage sur mes notes.

Un bruit de message me sort de mon état léthargique. J'attrape mon téléphone. C'est un numéro inconnu.

Conversation SMS:

- Salut.

Qui peut bien m'envoyer un message à... deux heures du matin?! Je réponds directement, la réponse la plus appropriée.

- Qui est-ce?

Je réunis tout mon bazard et le dépose sur mon bureau, éteint toutes les lumières et m'installe dans mon lit, emmitouflée dans ma couette. Le bip emmenant de mon téléphone m'avertis que la réponse tant attendue est arrivée.

- C'est William.

Oh.. Je ne m'attendais à personne spécialement mais certainement pas à lui. Pourquoi je sourit bêtement?

- Comment as-tu eu mon numéro?

- Au cabinet du médecin.

- Tu sais que c'est illégal?

- Tu veux que je l'efface?

Est ce que je veux qu'il l'efface? Oui. Non. Peut être. Avant même que je termine ce combat intérieur, mes doigts avaient répondu pour moi..

- Non..

- Tu sais, c'est la première fois que j'ai autant de mal à faire monter une fille dans ma voiture...

Je ne sais pas exactement comment je dois le prendre.. Pas le temps d'aller au bout de ma réflexion, un nouveau Bip retentit.

- Non parce que, d'habitude, quand je les kidnappe, je suis bien plus rapide.

Voila comment je dois le prendre. Il se fiche clairement de moi. Je lève les yeux au ciel.

- Je suis vraiment désolé pour ça... en tout cas merci d'être resté.

- On peut se voir dans la semaine?

Se revoir ? Pourquoi il veut me revoir ? Certes, il a été d'une extrême gentillesse en m'aidant, mais c'est William Peters et moi, je suis... personne. Ou tout au plus, une folle échappée de l'asile aux réactions disproportionnées. Ce qui aurait dû, pour toute réaction logique, le faire fuir et certainement pas lui donner envie de me revoir.

Remettons les choses dans leur contexte, je lui ai demandé s'il avait l'intention de me découper en morceaux. Sans aucune ironie.

De toute façon, je ne vois même pas pourquoi je réfléchis à tout ça. J'ai fait quelque chose de stupide et voilà ma sentence. On récolte ce que l'on sème, comme dit l'adage.   

J'ai menti, l'histoire s'arrête là.

- Ça va être compliqué, j'ai beaucoup de travail en ce moment.

- Tu peux le dire directement si tu n'en a pas envie.

- Bonne nuit William.

- Aie... Ça a le mérite d'être clair.. Bonne nuit Amy.

Je fixe mon écran et soupire puis m'enfonce dans mes draps en grommelant.

***

Il est 13 heures, l'heure pour moi de rejoindre Johanna pour la mise en beauté. À peine arrivée, je suis tout de suite happée par le coiffeur et le maquilleur. Après qu'ils m'aient asticoté dans tous les sens, je pars récupérer la tenue que j'ai choisis dans mon sac. Johanna regarde la robe que je tiens entre les mains, puis me regarde et éclate de rire.

- Pas du tout, balance-t-elle. C'est pas n'importe qu'elle événement.

Elle me tend un paquet avec un nœud sur le dessus, comme dans les films. Je me sens un peu comme Vivian dans Pretty Woman.. à ça près que je ne suis pas une prostituée et surtout que Richard Gere ne m'attend pas de ma chambre d'hôtel.

***

Le Gala commence et nous sommes en avant poste pour accueillir les invités.
À leur arrivée nous recueillerons leurs impressions vis à vis de la cause soutenue. 

J'observe d'abord Johanna, puis elle me laisse, à plusieurs reprises, la chance d'essayer. Je donne le meilleur de moi-même. 

Je suis comme dans un rêve, au paroxysme de mon art et dès que je tourne la tête, je vois quelqu'un de plus connu que la personne que je viens de voir déjà extrêmement connue.

Tout brille, les gens rient, la musique est douce. Même la nourriture est visuellement incroyable.

Doucement la soirée s'apaise et la plupart des invités sont arrivés. Johanna profite de ce moment d'accalmie pour débriefer mon travail.

- Alors? Me questionne-t-elle.

- J'ai adoré, avouais-je.

- Ça s'est vu! Tu as été très performante Amy, vraiment, tu as posé des questions pertinentes et intéressantes. Tu as su t'adapter à différentes situations, aux différentes personnalités que tu avais en face de toi. 

Elle s'approche et m'enlace, pour me féliciter.

- Allez je te laisse décompresser, va prendre un verre, je vais prendre le relais pour les retardataires, dit gentiment Johanna.

Tandis que je m'éloigne, j'entends un collègue rejoindre Johanna pour l'avertir de l'arrivée imminente de William Peters.

Mes yeux sont tellement écarquillés que j'ai l'impression qu'il vont sortir de mes orbites pour aller faire leur vie ailleurs. 

J'ai l'impression qu'ils refusent d'être les témoins des décisions désastreuses que je vais forcement finir par prendre. 

Même si la plupart des invités sont déjà présents, la soirée vient à peine de débuter, il est donc trop tôt pour trouver une excuse et s'exfiltrer. 

Il faut que je trouve comment me sortir de cette désagréable situation. Je me creuse la tête, en jeune femme mature que je suis.

Je ne vais pas me cacher quand même.

Je passe à côté d'un serveur, attrape une coupe de champagne et la boit cul sec. 

J'ai besoin de courage car il va falloir que j'assume ce mensonge. 

Ou alors... 

Je peux le faire un autre jour. Oui, c'est une très bonne idée : assumer un autre jour.

Ce qui me ramène étroitement à mon problème : comment éviter la confrontation avec William ?

Après une mûre réflexion de 12 secondes, la solution qui me semble la plus rationnelle et adaptée à la situation n'est autre que... la fameuse technique de l'évitement.

- Comment c'est possible, comment je peux en être arrivé là ? me lamentais-je à haute voix.

Un serveur qui récupérait simplement mon verre vide, se sent prit à partie et répond, extrêmement mal à l'aise.

- Euh.. je suis désolé, je n'en sais rien.

Mes traits se tordent et je m'avachie sur la table. Le plus dur, ça va être de rester tout à fait normal aux yeux des mes collègues et des invités tout en étant invisible aux yeux de William.

La foule s'agite.. c'est Lui. 

Je lève la tête d'un coup, je regarde autour de moi sans savoir où aller. Je pousse des petits gémissements et tapote mes mains les unes contre les autres. J'avance et me place derrière une plante. Ma main prends un instant, l'initiative personnelle, de sortir de notre cachette pour attraper un verre de champagne. 

Je vais y arriver. Mon plan, si on peut appeler ça un plan, va se dérouler sans accroc, j'en suis sûr. 

Facile.

Il faut que je voie ça comme un challenge. J'adore les challenges. Ce soir, je serais la femme invisible. Et rien ne va mal se passer.   

Comment expliquer alors que j'ai soudainement envie de pleurer ?

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MERCI d'avoir lu.

MERCI de m'avoir offert de votre temps si précieux.

J'espère que vous avez passé un bon moment ♡

 Amy deviendra-t-elle une super-héroïne en Femme Invisible ou est-ce que son idée sera visuellement aussi mauvaise que ce qu'elle en a l'air ? 😅😂

& si vous avez aimé, n'oubliez pas la petite étoile. 

&& Surtout Prenez soins de Vous.

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