Chapitre 10 : Derrière toi.


En prononçant ces mots, ma gorge se serre. C'est exactement pour cela que je ne voulais pas commencer à parler de William. Je savais que je finirais par le leur dire, mais je n'avais aucune envie de prononcer ses mots à haute voix. Ce n'est jamais plaisant d'entendre quelqu'un parler de vous de la sorte, d'autant plus quand cette personne vous fait ressentir des émotions encore inconnues jusque-là.

- Quoi ? Quand ? s'écria Mia en se redressant et s'installant les jambes croisées.

- Ça s'est passé juste là, il y a quoi, deux jours.

- Et tu nous dis ça maintenant ? C'est par cette information là que tu aurais dû commencer.

- Disons que je n'avais pas trop envie d'en parler, c'est tout...

- Oh ma chérie, me plaint Isabelle, comment ça s'est passé ?

- Il parlait avec son agent dans les couloirs et il ne savait pas que j'étais là et que j'entendais tout.

- Le petit con ! Grogna Isabelle.

- Je me suis sentie assez bête parce que... J'ai vraiment cru que les papillons étaient réciproques. En même temps, qu'est ce que je suis allé imaginer moi aussi !

- Oh non, ne commence pas à te dénigrer pour un garçon, dit-elle en se levant et s'avançant vers moi pour me délivrer le calme dont j'avais besoin.

Elle est suivie de près par Mia et nous voilà en câlin collectif.

- Putain, tu réalises ton rêve, tu es dans un hôtel luxueux, un mec super sexy te drague et t'arrive à nous faire avoir de la compassion pour toi. T'es certainement pas juste une fille Amy, tu es une reine !

Nous pouffons toutes les trois de rire. Elles sont exactement ce dont j'avais besoin. Mon cocon. Ma famille. Avec elles, je me sens en sécurité. Je peux être tous les aspects de ma personnalité. Du meilleur au moins bon. Je n'ai pas besoin d'arborer un quelconque masque de bienséance. Elles sont là et le seront toujours, et je crois qu'il n'y pas de meilleur sentiment au monde que celui d'être aimé et d'avoir une confiance aveugle en ceux que vous aimez en retour.

*****

Après cette journée, plus qu'intensive, de visite dans cette immense ville, je crois pouvoir affirmer que New York n'était pas prêt à nous recevoir toutes les trois réunies. Il est même certain que cette métropole n'oubliera pas cette journée de sitôt, et aucune de nous trois non plus d'ailleurs. 

Je suis lessivé. Alors arrivé dans la chambre d'hôtel, mon grand lit, d'un confort sans égal, me fait de l'œil. Mais faite d'une détermination sans faille, je me tourne vers les filles.

- On se lave, on se pomponne et on va faire la fête !

- On ne fait pas une soirée film and chill ? En se goinfrant de bonbons et de pizza, lance ma sœur, presque déçue.

- Non non non, ça, on peut le faire à la maison dans le Montana ! Là, on est à New York, on est ensemble, alors on va en profiter.

J'attrape mon enceinte et lance ma playlist. Doucement, la musique nous emporte et la fatigue disparaît. La prés soirée peut démarrer. Nous dansons, chantons, rions. Passant par un karaoké improvisé où des brosses à cheveux font office de micro. Quelques coups de coussin et d'édredon. Un épisode coiffure, suivi d'une séance de maquillage exécutée par la grande Mia. Pour finir, par le fameux moment du choix des tenues. Isabelle choisit une combinaison noire longue. Mia arbore un court blazer avec un short assorti, gris pailleté. Tandis que j'opte pour une robe courte bleu ciel.

Deux heures plus tard, nous voilà fin prête et surexcitée sur les marches de l'hôtel. Une limousine noire s'arrête devant nous. Le chauffeur sort puis ouvre la porte arrière, il propose sa main à ma sœur pour l'inviter à monter.

- Oh non, désolé. Ce n'est pas pour nous. Nous attendons notre Taxi, lui répond Isabelle.

Il la regarde d'un drôle d'air puis se tourne vers moi, je souris et devance ma sœur. Je saisis la main du chauffeur, puis celle d'Isabelle, prostrée, et rentre dans le véhicule en la tirant vers moi. 

Elle me suit, mais n'est pas sereine, comme si nous commettions une infraction. Il est vrai que cela n'avait rien de commun à notre vie. 

Mia, elle n'a pas ce genre de problème, elle ne se pose pas de question. Pour preuve, ses petits cris de contentement résonnent dans tout le pâté de maisons.

- Oh bon sang, tu t'es pas foutu de nous! dit Mia en m'offrant plusieurs bisous sur la joue.

- Mais comment as-tu pu payer ça? s'interroge toujours Isabelle, qui ose à peine bouger..

- J'ai un budget pour mes sorties, mes vêtements, mes déplacements mais comme je ne m'en sert que très rarement, je me suis autorisé cette petite folie.

- J'adore quand tu t'autorises des trucs! s'enjaille Mia.

- Allez détends toi, dis je saisissant le genou d'Isabelle.

La limousine démarre. Je commence à trifouiller quelque chose sur le côté pour lancer de la musique. Une fois que j'ai compris comment fonctionne ce bidule, et ce n'était pas une mince affaire, je me retourne vers les filles qui sont occupées à scruter chaque détail de notre carrosse.

- Musique ?, les interpelai-je.

Pour seule réponse, des acquiescements de tête joyeux. Je lance «Cruel Summer» de Taylor Swift et aux premières notes, la musique nous emporte. Je plains le chauffeur qui ne doit pas passer un super moment. Car même si nous y mettons tout notre cœur, il faut l'avouer, aucune de nous ne peut prétendre à une carrière musicale. Nous hurlons plus que nous chantons. Dans l'euphorie, Mia découvre la fenêtre de toit. Elle se jette dessus et, en l'espace d'un instant, nos trois têtes dépassent et entonnent à tue-tête les paroles de nos chansons préférées. Arrivés à destination, nous reprenons un peu de contenance.

- Nous y voila. Nous sommes au Bella Club, selon mes collègues, c'est l'un des club les plus réputé de la ville.

- Alors let's go, exulte Mia.

Nous nous dirigeons, toutes les trois, bras dessus, bras dessous, à l'intérieur du club, bien décidés à passer une soirée mémorable. 

À peine avons-nous pénétré dans l'antre des festivités, que je ne peux que constater la beauté des lieux. Pas de grosse lumière à l'horizon, seulement un tas de petites loupiotes parfaitement disposées pour réussir à créer dans ce gigantesque espace, une ambiance douce et cocooning. Rien n'est laissé au hasard. Les matériaux sont nobles et la décoration choisie avec goût.

C'est bondé d'âmes en folies, alors nous avançons en file indienne, pour ne pas se perdre en route. Nous atteignons enfin le bar et nous commandons trois verres. 

À leur arrivée, nous trinquons à nos retrouvailles et à ce moment hors de notre commun. Je suis tellement heureuse de pouvoir partager ce moment avec elles. 

Nos trois verres entrent en collision et la première lampée glisse dans ma gorge avec une facilité qui m'était jusqu'alors inconnue. Il est vrai que je ne suis pas une grande habituée des fêtes et de l'alcool. 

À mon grand étonnement, Mia, elle, ne s'arrête pas à une gorgée. Elle enfile son verre d'une traite.

- Mais qu'est ce que tu fais ? l'interpelle Isabelle.

- Bah, ce n'est pas comme ça qu'on fait ? 

- Qu'on fait quoi ? continue Isabelle.

- Bah qu'on trinque ! Genre on trinque et hope, cul sec, énonce-t-elle en me regardant, cherchant du soutien.

- Non pas du tout. Personne ne fait ça, sourit Isabelle, l'air déconcerté.

Mia se tourna à nouveau vers moi, comme pour valider l'affirmation de ma sœur. Je lui fais non de la tête, passe mon bras autour de son cou pour la rapprocher de moi, puis lui donne un petit bisou sur le front.

- Ah putain c'est pour ça que je suis bourré super vite en soirée ! dit-elle en se perdant un instant dans ses souvenirs.

On dirait Jimmy Neutron qui effectue tout un tas de connexions neurologiques en même temps. Je n'ai pas le privilège d'être dans sa tête et de pouvoir voir ce qu'elle se remémore, mais je suis sûr d'une chose, cela doit être hilarant. Je ne me lasserai jamais de sa fraîcheur. Alors que nous rions de bon cœur, Isabelle s'arrête net de glousser, sa posture se transforme et elle se trouve droite comme un i. Je n'ai pas le temps de l'interroger sur son changement soudain qu'elle me lance.

- Amy, il y a William Peters.

À la simple énonciation de son prénom, je suis prise de sueurs froides. Mon cœur se serre et entame une danse dont je me serais bien passé.

- Oh merde! Qu'est ce qu'il fait ? Tu crois qu'il m'a vu ?

- Sachant qu'il nous regarde et qu'il marche droit vers nous, je dirais que... oui.

- J'ai encore le temps de m'échapper tu crois ?

- Euh, c'est à dire que...

Une voix masculine répond à sa place. Sa voix.

- Non, là, je pense que c'est trop tard.

Mes épaules tombent et mon visage se fripe. À cet instant, je dois avoir la même expression que quand je me cogne le petit orteil contre un coin de meuble. 

Alors que je sens toujours mon cœur twerker à l'intérieur de ma poitrine, je ne peux décemment pas rester retourné indéfiniment. 

Je commence alors une lente rotation, mettant le plus de temps possible entre moi et ce moment gênant.

- William..

∞∞∞∞∞∞∞

Merci de me donné de votre temps.

J'espère que cela vous a plus.

Si oui n'oubliez pas de voter et de commenter.

& Surtout prenez soins de Vous.

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