Chapitre 9

PDV Zoé

Je ne sais pas comment réagir, que faire, que dire. Prise en flagrant délit, je n'ai pas de solution de repli. Je regarde Scott dans les yeux, tentant de faire fis des frissons qui parcourent mon corps depuis que sa peau est en contact avec la mienne. J'en oublierai presque la douleur. Nos regards s'accrochent et je vois toutes sortes d'émotions passer dans ses yeux. De l'incompréhension. De l'interrogation. De l'inquiétude. Et c'est sûrement celle là qui me chamboule le plus.

Il s'inquiète pour moi. Il a remarqué mon mal et a su le trouver. Pourquoi, comment, encore des questions sans réponse. Ça devient une habitude.

C'est la voix de Lucy qui me fait sortir de mes pensées et détourner les yeux vers elle.

- Mon dieu Zoé mais que s'est-il passé ?

L'inquiétude fait vriller sa voix. Une émotion qui semble habiter l'ensemble de mes amis à présent réunis autour de moi.

Je m'entends répondre comme si il s'agissait d'un automatisme.

- Ce n'est rien.

Mon bras cherche de lui-même à se dégager de la prise du bad boy tandis que l'autre veut redescendre ma manche. Mais c'est peine perdue, il ne me lâche pas.

Alors que je ne m'y attendais pas, Marie réplique, et à travers l'inquiétude, c'est sa colère qui parle pour elle.

- Maintenant ça suffit ! Non ce n'est pas rien, alors tu vas nous dire de suite ce qui t'es arrivé avant qu'on t'emmène à l'hosto, j'espère que c'est clair !

Sa voix est sans appel. Elle est furax et n'importe qui plierai devant elle. Je me résous à leur expliquer l'incident de ce matin.

- Ma petite sœur a voulu faire la cuisine ce matin et elle a glissée. Je l'ai rattrapé avant qu'elle ne touche le sol et la casserole sur le feu est tombée sur mon bras pendant l'action.

Je vois mes meilleurs amis se retenir de commentaire, sachant très bien comment est Inna.

- Et pourquoi tu n'es pas aller à l'hôpital directement ?

Je regarde Jack qui à les mains posées sur les hanches, pour marquer son mécontentement. Je ne pensais pas un jour le voir en colère, mais c'est pourtant moi qui l'ai mis dans cet état. Même si je sais qu'il est aussi dangereux que les autres en mission, je n'ai eu l'occasion que de voir sa facette enfantine et amicale.

Ma tête tourne à toute vitesse, cherchant l'excuse la plus à mène de les convaincre.

- Ma mère était déjà au boulot, je me suis dis que ça pouvait attendre.

Lucy me regarde avec elle aussi de la colère dans les yeux, ayant très bien saisi mon mensonge.

- Et tu pouvais pas nous appeler ?!

Marie ne décolère pas, et ça s'entend bien. La preuve étant que de nombreuses personnes se retournent pour nous regarder. La voix de Scott s'élève alors. L'entendre me fait frissonner et je réalise à quel point l'entendre m'avait manqué.

- Dégagez.

Tout le monde s'exécute et en quelques secondes la place est vide. C'est impressionnant.

Lui aussi n'est pas content. Ses yeux me le font bien comprendre. Je ne peux les soutenir bien longtemps, tant ils sont intenses.

Cette fois mais amis ne me laissent pas le temps de leur trouver une nouvelle excuse. Josh me pointe une de leur voiture.

- Tu montes, maintenant.

Comme une enfant qu'on réprimande, je baisse la tête et m'exécute. Scott me lâche et je ressens un vide. C'était trop court comparé à tous ces mois où il n'y avait plus aucun contact entre nous.

Lucy marche à côté de moi jusqu'à la voiture et j'en profite pour lui parler à voix basse.

- Lu... je ne peux pas aller à l'hôpital. Ils vont poser trop de question...

Malgré sa colère, elle me répond et je sais qu'elle m'aidera sur ce coup là.

- Je m'en occupe. Mais tu vas aller à l'hosto.

- Comment tu vas faire ?

J'angoisse. L'idée qu'il me retire Inna me donne envie de pleurer.

- Matt fera en sortes qu'ils n'en posent pas.

Je me tourne vers elle, anxieuse qu'elle lui ai raconté quoi que ce soit sur ma situation, enfin le peu qu'elle sait.

Elle souffle, comme agacée de mes réactions.

- Je ne lui ai rien dit Zoé. Il ne demandera pas d'explication si il voit que je ne veux pas en donner.

Je suis un peu rassurée et me dis qu'après tout, si les risques sont éliminés, je ne suis pas contre l'idée de me faire soigner.

Le trajet et l'attente aux urgences est silencieux. Tout le monde est sur les nerfs. Certains beaucoup plus que d'autre évidemment, en fonction de ma relation avec chacun. Nous n'attendons pas longtemps, les infirmiers et médecins ayant sans doute reconnu les personnes m'accompagnant.

Bien sur, hors de question qu'ils rentrent tous dans la salle de consultation. Le médecin annonce que seuls deux accompagnants sont autorisés. C'est donc naturellement que quatre me suivent. Les règles ne sont pas vraiment leur truc.

Concentré à préparer le matériel nécessaire, l'homme en blouse blanche ne voit que les silhouettes rentrer. Un peu énervé, il relève la tête en parlant.

- J'ai dis deux accompa...

Il se tait en voyant le visage de Marie et Scott. Ceux-ci lui indiquent silencieusement qu'il ferait mieux de se taire, et de faire son job, et il semble saisir le message.

Je m'installe sur la table d'osculation tandis que Marie et Lucy prennent place sur les chaises d'accompagnateurs, la deuxième la rapprochant de moi pour me tenir la main. Jérémy reste debout derrière notre amie d'enfance tandis que le bad boy reste en retrait, silencieusement appuyé contre un mur.

Il observe. Comme si il était prêt à sauter sur le médecin au moindre faux pas. Pour une fois je ne me demande pas pourquoi il agit ainsi, et me concentre plutôt sur moi.

Le spécialiste observe mon bras pendant que je lui explique l'accident.

Il ne me pose pas de question sur l'absence de ma mère ou autre. Ça ne m'étonne pas, puisque j'ai vu Matthews lui glisser quelques mots à l'oreille avant qu'il n'entre ici.

- Ce n'est pas joli joli. Il aurait fallu venir directement. Cependant avec des soins réguliers et attentifs, ça ne devrait pas laisser de cicatrice.

Je souffle, rassurée. J'avoue que je n'avais même pas pensé à l'hypothèse d'en garder une séquelle, mais maintenant que j'ai la tête reposée, je suis bien contente que ce ne soit pas le cas.

- Par contre, pas question de retourner en cours aujourd'hui mademoiselle. C'est maison, et repos.

Il ne me laisse pas le choix, et de toute façon, je ne serai pas contre un peu de repos. Mais bon, il ne vas pas être long. Nous sommes mercredi, et je n'ai habituellement pas cours l'après-midi. Et comme Innaya non plus, je ne pense pas avoir trop le temps de me poser.

Il m'applique une crème et me fait quelques recommandations.

- Je vais aller faire l'ordonnance et le certificat médical, je vous laisse patienter.

Il revient assez rapidement et nous sortons de l'hôpital. Personne ne me demande de tuteur pour signer quoi que ce soit, et je comprends de suite que Matthews est passé par là. Je le remercie silencieusement de son aide et il hoche la tête.

Je le vois glisser un mot à l'oreille de Lucy, qui se contente d'hocher la tête et de regarder Marie et Jérémy.

Je saisis vite de qui il en retournait quand ils me font tous la bise, et que seul Scott reste là, derrière moi.

Je ne sais pas vraiment quoi faire, alors je me contente de jouer avec mes pieds. Il passe devant moi et voyant que je ne bouge pas, me parle pour la première fois depuis des mois.

- Viens.

C'est un peu froid. Mais ça m'est adressé. Et au fond je sens que cette froideur masque quelque chose. Je ne sais pas encore quoi, mais je finirai sûrement par le comprendre.

J'avale ma salive, pour lui répondre. Mes paroles sont maladroites, pas très assurées, comme si on revenait au jour de notre première rencontre.

- Tu n'es pas obligé de me ramener je peux...

- Zoé.

Sa voix me coupe et mon cœur loupe un battement en attendant mon prénom dans sa bouche. Je ne suis alors plus capable de rien à part de faire ce qu'il me dit. Je le suis et nous avançons ensemble dans les rues. Il va falloir une bonne vingtaine de minutes pour arriver chez moi.

Tandis qu'il avance, je me rends compte qu'il ne se dirige pas dans la bonne direction. Pourtant je ne dis rien et me contente de marcher deux pas derrière lui, en observant son dos large.

Il ne me regarde pas pourtant je sais qu'il est en permanence attentif au moindre danger. Je décide de ne pas me poser de question sur son comportement aujourd'hui. Ça fait du bien d'arrêter de penser pendant un petit moment.

Nous arrivons devant une pharmacie et je comprends alors pourquoi nous avons fait un détour. Il entre avec moi et reste planté là sans rien dire pendant que la pharmacienne me prépare un petit sac et m'explique bien l'utilisation de chaque produit. Au moment de partir, il saisit seulement le sac avant que je ne l'attrape et sort. Encore une fois, je ne dis rien et me contente de le suivre.

En regardant l'heure, je me rends compte que le temps de rentrer chez moi, il devrait être l'heure pour Innaya d'arriver. J'espère que je serais là avant elle. Karen ne la laisserait pas seule, mais je ne veux pas la déranger plus que je ne le fais déjà. Il ne faut pas abuser de la gentillesse des gens.

Durant tout le trajet, il ne me décroche pas un mot. Pas que je m'attendais à ce qu'il le fasse, mais je ne peux m'empêcher d'être tout de même déçue. J'ai entendez trois fois sa voix aujourd'hui, c'est déjà un miracle, je ne devrais pas demander plus.

La maison se dessine alors devant moi. Je pensais qu'il allait s'arrêter là, mais il me suit jusqu'à la porte d'entrée. Je l'empêche de faire un pas de plus alors qu'il allait me suivre à l'intérieur. Il fronce les sourcils devant mon attitude. Je le remercie rapidement et tente de rentrer avant qu'il ne parle.

Au même moment, j'entends la porte de la maison d'à côté s'ouvrir. Et merde, Karen est déjà rentrée.

PDV Scott

Elle me barre la route et attrape le sac plastique que je tenais.

- Merci de m'avoir raccompagnée, à plus !

Elle tente de fermer rapidement la porte devant moi et son attitude me laisse perplexe. Pourquoi refuse-t-elle que je rentre ? Ses problèmes ont-ils un rapport avec ce qui se passe dans cette maison ?

Mais alors qu'elle allait claquer la porte, elle se stoppe en entendant celle de la voisine, et je la vois se mordre la lèvre, comme pour cacher son agacement.

Une petite voix s'élève alors dans l'air.

- A demain Karen ! Zozo !

Je tourne la tête et remarque une petite fille courant vers nous. Enfin petite, elle doit tout de même avoir une dizaine d'année. Je fais vite le rapprochement avec le fait que Zoé a une sœur. Elle arrive à côté de nous et me regarde.

- Bonjour, qui es-tu ?

Je n'ai pas le temps de lui répondre que Zoé lui parle rapidement, presque sans respirer.

- C'est un ami qui m'a raccompagné. Allez on rentre. Elle me regarde rapidement. A plus.

Et la porte se ferme devant moi.

D'accord. Le problème vient donc de cette maison. De la famille. Il va maintenant falloir que je trouve ce qui cloche.

Je fais demi-tour et me met à réfléchir.

Que peut-il bien se passer chez toi qui te mette dans cet état, Zoé ?

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