Chapitre 36
PDV Externe
Il avait envie de tout casser, envie de cogner si fort dans tout ce qu'il pouvait trouver. Mais il n'en avait même pas la force, tant il était défait par la nouvelle. Zoé, sa Zoé, avait été prise par des ennemis.
Il se sentait con. Extrêmement con, et coupable. Si il ne l'avait pas laissée seule, elle serait entourée de ses amis et de sa famille. Bordel, comment avait-il prendre ce risque ? Il n'en savait rien, mais la culpabilité et la peur lui rongeaient les tripes.
Mais il essayait de garder l'esprit clair, parce que c'était la seule façon d'avoir une chance de la retrouver. Il fallait la retrouver, absolument. Il ne supporterait pas qu'il lui arrive quelque chose. Il en avait déjà trop fait.
En le voyant tomber à genou, c'est Jack qui s'était précipité le premier vers le téléphone, lui arrachant sans ménagement des mains. Son teint était devenu livide, et Lucy avait reprit le flambeau, manquant de tomber dans les pommes. Elle avait beau avoir vécue cette situation a plusieurs reprises, le choc et la peur était tout aussi puissant, quand bien même elle était en sécurité. Son amie ne l'était pas.
Tout le monde s'était rapidement mis au travail, les esprits chauffants, dès qu'ils avaient aperçu l'image sur l'appareil. Zoé, inconsciente, sur le siège d'une voiture. Elle avait été kidnappée, encore, et qui sait si elle échapperait à la mort cette fois-ci ?
Alors ils essayaient tout. Marie analysait la photo, dans l'espoir d'y trouver un indice. Jack fouillait le parc, cherchant des traces de pneus, de chaussures, Josh essayait de trouver des vidéos de surveillance, montrant la voiture, ou les hommes. Et Matt essayait de localiser le téléphone de leur amie, seul objet n'étant plus dans sa loge. Était-ce elle qui l'avait pris, ses kidnappeurs ou bien juste un voleur ?
Mais rien ne fonctionnait. Toutes les vidéos étaient effacées. Aucune trace, aucune erreur. Les types étaient des professionnels, autant qu'ils l'étaient eux. Ils avaient envie de s'arracher les cheveux.
Matthews faisait jouer tous ses contacts, envoyant des centaines d'hommes dans les rues, à la recherche de la rousse disparue. Scott essayait de trouver un lien entre ce kidnapping et l'agression qui les avait poussée à la rupture. Mais les hommes visibles sur les vidéos n'étaient en rien responsable, il avait vite fait de les retrouver. Un mystère restait : ils avaient fuit, mais le bad boy n'avait aucune idée de pourquoi. Semblaient-ils avoir vu un groupe de personne les ayant fait fuir, mais aucune vidéo ne laissait entrevoir ces fameux sauveurs. Alors qui ?
Ils commençaient à désespérer. Cela faisait maintenant près de 6h qu'ils tentaient en vain d'obtenir le moindre début de piste. Et ils savaient maintenant qu'ils ne pouvaient qu'espérer que l'ennemi ne commette une faute. Chose qui semblait mal partie.
Les Black Roses ressentaient rarement de l'inquiétude et de la peur. C'était incompatible avec leur style de vie. Mais là, ils ne pouvaient faire autrement. Tous commençaient à suer, et leurs mains tremblaient de rage, de ne parvenir à aucune piste. Et sentir leur inquiétude à eux qui étaient en général si fiers, renforçait celle de leurs spectateurs.
Si ils avaient pris la décision de laisser la famille de Zoé en dehors de tout ça, ce n'était pas le cas de Lucy et Jérémy, qui savaient désespéramment ce que pouvait, et pourrait endurer leur meilleure amie. Ils se sentaient inutiles, alors que le gang s'affairaient dans tous les sens. Eux ne pouvaient rien faire, leurs connaissances étant bien trop insuffisantes. Ils n'auraient fait que les gêner, et c'est aussi pour cela qu'ils n'osaient poser de questions, de crainte de les déranger. Alors ils restaient dans la canapé, assis l'un contre l'autre, la boule au ventre en attendant. Leurs cœurs se serraient chaque fois qu'un membre lâchait un juron, preuve d'un nouvel échec.
Une silhouette s'arrêta devant eux, s'asseyant sur la table basse pour être à leur hauteur. Josh plaça sa main sur leurs deux mains liées et les regarda dans les yeux tour à tour.
- On va y arriver.
Il semblait à la fois sûr de lui, et à la fois profondément sceptique. Les deux jeunes choisirent de s'accrocher à la partie certaine de retrouver leur amie. Ils hochèrent la tête avec le peu de force qui leur restait, tandis que dans leur dos, Matthews pestait de ne pas réussir à joindre le QG général. Ce n'était pas normal, et il s'en serait inquiété, si la vie de Zoé n'était pas en jeu. Josh les laissa, se remettant au travail, pour quelques heures de plus.
Le soleil commençait à se lever et leurs yeux à fatiguer. Mais ils pouvaient tenir des jours sans dormir, une chose qu'on leur apprenait très vite après l'entrée dans le gang. Ce qui n'était pas le cas des deux endormis dans le canapé, qui ne parvenaient plus à tenir, d'autant plus fatigués par l'inquiétude. Josh s'approcha d'eux et les couvrit d'une couverture, tandis que Matt glissa un coussin sous leurs nuques.
L'attention les aurait fait fondre, si la situation avait été autre.
Soudain, Marie hurla, les réveillant, faisant se retourner violemment tout le monde vers elle.
- J'ai un signal !
Ils s'approchèrent au pas de course pour voir un point rouge sur la carte électronique. Le portable de Zoé venait d'être localisé. Ils étaient heureux d'une si grande avancée, mais restait sceptique face à une si grosse erreur. Au même moment, le téléphone de Scott vibra, et c'est à peine si il ne se jeta pas dessus.
« Viens la chercher. »
Lisant par dessus son épaule, les membres s'éloignèrent rapidement, allant se préparer en vitesse. Scott les stoppa à l'arrivée d'un deuxième message qui lui glaça les tripes de part les souvenirs qu'il faisait naître.
- Je dois y aller seul.
Marie allait protester, mais Matthews intervint.
- On vient avec toi. Tu entreras en premier. On utilisera les micros et oreillettes pour garder le contact. Au moindre soucis, on entre.
Il ne laissait pas de place à la protestation, alors Scott acquiesça. Dans un sens, il était rassuré. La présence de ses amis allait peut-être permettre que l'histoire ne se répète pas.
Jérémy les regarda prendre des armes en tout genre, légèrement décontenancé. Il n'avait jamais eu l'occasion de les voir ainsi. Jack lança un pistolet à Josh, qui le réceptionna sans mal. Jérémy eut un mouvement de recul en voyant l'arme passer si près de lui, ce qui tira un sourire aux deux hommes.
Marie plaça une bonne dizaine de couteau sur son corps, ainsi que plusieurs pistolets. Elle attacha ses cheveux rouges, et ainsi, elle ressemblait à une tueuse à gage. Elle était éblouissante, mais elle sentait le danger. Comme tout les autres. Là, on comprenait enfin qu'ils n'étaient pas que de simples adolescents. Qu'ils étaient des membres de gang. Du plus gros et puissant des gang.
Armés jusqu'aux dents, ils quittèrent les lieux rapidement. Tout avait été très rapide, ils avaient à peine pris le temps d'expliquer à Lucy et Jérémy comment fonctionnait les micros. Il était hors de questions pour chacun d'entre eux qu'ils ne les accompagnent. Lucy avait tout de même réussi à négocier d'être équipée de la même technologie qu'eux, afin de pouvoir savoir tout ce qu'il se passait. Elle ne voulait pas rester là à attendre, ignorant si ils allaient revenir, tous ensemble et sain et sauf. Elle refusait de rester là à angoisser, alors si elle ne pouvait pas les accompagner, elle devait pouvoir au moins participer de loin.
Pendant la route, leurs visages étaient fermés. L'atmosphère lourde et silencieuse reflétait l'urgence de la situation.
Ils arrivèrent assez vite, se rendant compte qu'ils n'étaient pas très loin de chez eux. Une immense villa se dressait devant eux, lieu inconnu à leur yeux. Ils n'avaient aucunes idées de qui pouvait bien être derrière tout cela.
Ils avancèrent discrètement, se plaçant là où ils voyaient sans être vu. Marie fronça les sourcils.
- Il n'y a aucun garde.
Scott comprit bien vite qu'ils étaient attendus. L'ennemi voulait qu'il pénètre à l'intérieur, avant de se dévoiler. Il chargea son arme et se dirigea vers la porte, laissant là ceux qui l'accompagnait. Il passa la porte sans mal et se retrouva dans le noir total une fois celle-ci refermée. Il n'eut pas le temps de sortir une petite lampe, qu'il se prit une droite monumentale.
Il essuya la sang coulant de sa lèvre à présent ouverte, et essaye de se repérer dans l'espace, bien que privé de la vue. Il se prit un nouveau coup, et recula contre le mur. Il chercha un interrupteur mais une main le retint. Ses assaillants voyaient, probablement grâce à des lunettes nocturnes. Lui allait devoir faire appel à tous ses sens pour parvenir à se défaire d'eux.
Parce qu'il ne pouvait pas échouer.
Il devait sauver Zoé.
PDV Zoé
Quelques heures avant.
Mes yeux papillonnent doucement, puis de plus en plus rapidement, tandis que j'essaye de m'acclimater à la lumière de la pièce. Il fait nuit, je le vois à travers les grandes baies, mais la pièce est baignée de lumière artificielle.
Je fronce les sourcils. Je ne connais pas cet endroit.
Je me frotte la tête en grimaçant, tentant de me souvenir des derniers événements avant mon endormissement.
Cela me revient peu à peu.
Le spectacle, Scott, ses paroles. Mon cœur se serre quand je repense à ce moment. Mes larmes, le grand-père. Le grand-père ! Je me souviens alors clairement de la situation. J'ai été enlevé par celui en qui j'avais confiance, et ses hommes de mains, à priori. Je commence à stresser en regardant autour de moi, et j'avoue ne pas bien comprendre.
Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? La pièce est grande, bien décorée et très luxueuse. Un bureau se tient en face de moi. Je baisse les yeux pour constater que je porte toujours ma tenue de danse, à l'exception des ailes que j'aperçois dans un coin de la pièce.
Je ne suis pas enchaînée. Je suis au contraire confortablement installée dans un canapé moelleux et doux, un plaid recouvrant mon corps. Mais ? Où est la logique ? Ce n'est pas censé être ainsi un kidnapping, j'en sais quelque chose.
Une porte s'ouvre dans mon dos et je me retourne vivement, manquant de tomber. Mon kidnappeur s'avance dans la pièce, son fameux sourire chaleureux aux lèvres. C'est à n'y rien comprendre.
- Tu es enfin réveillée.
Il s'avance vers moi et je serre la couverture contre moi, absolument pas rassurée. Je ne fais même pas attention au tutoiement, tant mon esprit est concentré sur autre chose. Des bonnes conditions de détention ne changent rien au fait qu'il m'a enlevé, donc je reste sur mes gardes, apeurée à l'idée de ce qu'il va pouvoir me faire. Ce n'est surement qu'un leurre.
Cependant il ne s'approche pas de moi, il contourne simplement le canapé pour venir s'asseoir sur un fauteuil en face. Il pose une bouteille d'eau sur la table, que je ne l'avais pas vu tenir.
- Tu dois avoir soif.
Il la rapproche de moi, et je dois avouer que je meurs de soif, en effet. Mais je me retiens, et presque contre moi, ma voix, bien que faible et enraillée, lui pose la question qui me taraude l'esprit.
- Qui me dit qu'elle n'est pas empoisonnée ?
Il affiche un sourire qui paraît si sincère que je me demande comment il fait. Car il ne peut pas l'être, sincère.
- C'est une bonne question, tu es intelligente. J'aime beaucoup cela chez toi. Mais la bouteille est encore scellée, tu peux donc être assurée qu'elle ne contient que de l'eau.
J'observe l'objet pour constater qu'il s'agit en effet d'une bouteille neuve. J'avance prudemment la main et me dépêche ensuite de boire, de peur qu'il me l'a retire. L'eau dans ma gorge m'apaise et me fait le plus grand bien.
- Doucement, tu vas t'étouffer. Tu pourras en avoir autant que tu veux, ne t'inquiètes pas.
Comment peut-il me dire de ne pas m'inquiéter ? Il n'y a rien de normal dans cette situation. Mes pensées doivent se refléter sur mon visage car il souffle et prends un air peiné. De la peine ? Pourquoi donc ?
- Je pense que tu dois avoir beaucoup de question. Vas-y, il est temps que tu saches ce que signifie tout ceci.
Je le scrute, à la recherche du moindre signe de mensonge, mais je ne trouve rien. Prudemment, je décide de me lancer.
- Est-ce que tout ça n'est qu'un jeu ? Vous me faites croire que tout va bien, avant de me mettre dans une cave pour me torturer, histoire que je souffre encore plus de ce qu'il m'attend ?
- Non Zoé, je ne veux en aucun cas te faire de mal. Même si cela peut paraître dur à croire, étant donné la façon dont je t'ai emmenée ici. Tout cela est pour une bonne raison.
En effet, c'est très dur de croire de telles paroles.
- Et quelle est cette raison ?
- Scott.
Évidemment. C'est toujours lui, la raison. Parce que quand bien même il cherche à nous éloigner, je suis sa faiblesse, et tout le monde le sait. Comme Lucy est celle de Matt.
- Je ne veux pas lui faire de mal, je ne suis pas un ennemi.
Mes sourcils se froncent et j'ai l'impression que quelque chose m'échappe.
- Qui êtes-vous ?
La question vient d'elle-même, sans que je n'y ai réfléchi.
Il me sourit, à nouveau de cette façon si chaleureuse qui m'a fait avoir confiance en lui.
- Je suis Ernest Deans. Le créateur des Black Roses, et le grand-père de Scott.
Je reste bouche bée, sans trop comprendre. Je me laisse tomber dans la canapé, tandis qu'il se décide à me raconter toute l'histoire.
- Notre rencontre n'est pas un hasard Zoé. Je voulais rencontrer la jeune fille qui déstabilise tant mon insensible de petit-fils. Et je n'ai pas été déçu. Alors j'ai voulu apprendre à te connaître, et à connaître votre relation, de façon anonyme. Je ne comptais pas intervenir entre vous. Mais cet idiot ne m'en a pas laissé le choix. Et le seul moyen pour lui faire comprendre que tu as trop d'importance à ses yeux pour qu'il ne puisse te laisser, c'était de lui faire croire à ta disparition.
Je reste pantoise un instant, avant de commencer à me détendre. Je sens sa sincérité jusqu'au fond de moi. Il dit la vérité.
- Pourquoi ne pas m'avoir simplement parlé de votre plan ?
Ça m'aurait évité pas mal de frayeur, je dois dire.
- Parce qu'il fallait qu'il y croit. Et si tu avais fait semblant sur l'image que nous avons envoyé, il l'aurait vu.
Il me tend mon téléphone, sur lequel j'apparais inconsciente. En effet, devant cette photo, il n'y a pas de doutes sur le fait que je ne joue pas la comédie.
- Pour le moment, le traceur de ton téléphone est désactivé. Je veux attendre encore un peu avant de lui donner l'occasion de te retrouver. Il mérite bien qu'on le torture un peu non ?
Un sourire s'affiche sur mon visage. Il est vrai que je ne suis pas contre, mais cela me dérange plus de faire croire à mes amis et ma famille que je suis disparue alors que tout va bien.
- Ma famille doit s'inquiéter...
- Ils ne sont pas au courant. Le gang les tient à l'écart pour l'instant.
Alors que je me demande comment il sait tout cela, il me répond sans que je ne demande.
- Matthews a contacté énormément de membres du gang, qui sont bien sur pour la plupart dans la confidence de ce piège. Ils m'ont donc rapporté tous les éléments de l'enquête de tes amis. Je me doute que ce n'est pas agréable pour toi de les faire s'inquiéter, mais c'est un mal pour un bien. Ils comprendront.
- Mais ils ne vont pas reconnaître les lieux en arrivant et tout comprendre ?
- Ils ne connaissent pas cet endroit. Je l'ai acheté récemment, afin d'avoir un lieu de replis si il le fallait. Je n'avais pas tord. Ne te pose pas plus de question, tout a très bien été réfléchi.
J'accepte d'arrêter de me creuser les méninges, et une question me vient à l'esprit, n'ayant pas vraiment de rapport avec la situation.
- Cette fois-là, où l'on a voulu me kidnapper... pourquoi les assaillants ont-ils fuit ? La vraie raison je veux dire. Vous n'étiez pas seul n'est-ce pas ?
Il sourit.
- Tu es perspicace. Ils m'ont reconnu, et ont vu mes hommes posté un peu partout. Ils n'ont pas voulu se frotter à un si grand nombre de membres du gang le plus dangereux. Mes hommes se sont cachés avant que tu ne puisse les voir.
Je hoche la tête et nous discutons ensuite pendant plusieurs heures, de Scott, du gang, mais aussi de leurs histoires sanglantes de famille. Il me fait amener de quoi manger et nous continuons de parler.
- Il a peur, mais il se trompe. Notre famille n'est pas maudite. C'est juste que nous n'avons jamais su nous y prendre. Il a la chance de briser le cycle, il faut juste qu'on le pousse un peu.
Il attrape mon téléphone et me regarde en désactivant l'anti-traçage.
- Bien, je crois qu'il est temps de le laisser venir à toi.
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Bravo à celles et ceux qui avaient compris qui était ce petit grand-père ! Vous aviez trouvé plus vite que je ne le pensais ;) Et oui, Zoé n'est pas en danger, désolé pour la frayeur ^^ En revanche, Scott est mort de trouille, mais après tout, ça lui fait du bien non ?
Allez, plus qu'un chapitre et 2 épilogues pour avoir le fin mot de cette histoire ;)
A dimanche,
Kiss :*
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