Chapitre 35
PDV Scott
J'avance rageusement dans les allées sombres du parc. Mon pied shoot une bouteille de bière vide au sol, tandis que mes ongles ouvrent les paumes de mes mains, tant je serre fort les poings. Je sens quelque chose de mouillé sur mon visage, et je sais instantanément que cela vient de moi.
Larmes de rage, larmes de tristesse, sûrement un peu des deux. Pourquoi fallait-il qu'elle me dise ces trois mots ? J'ai l'impression qu'on m'a ouvert la poitrine et qu'une main diaboliquement mauvaise s'amuse à serrer mon cœur, l'arrachant en prenant bien son temps.
Et si il n'y avait eu que cela... Sa douleur, sa peine, étaient tellement profondes qu'elles ont fait vriller mon cœur. J'ai lutté de toutes mes forces, résistant à l'envie de la serrer dans mes bras, d'essuyer ses larmes. De la revendiquer une nouvelle fois. Mais j'en ai perdu le droit. Alors j'ai mis toutes mes forces dans mes jambes pour partir, sans me retourner. Je l'ai brisée, et je me suis brisé tout autant en même temps.
Je n'aurai pas dû venir, j'en suis conscient. C'était nous faire du mal à tous les deux. Mais j'étais incapable de résister, il fallait que je la vois danser à nouveau. C'était presque vital. Un besoin contre lequel je ne pouvais pas lutter. Alors je suis venu, espérant qu'elle ne me verrait pas. Ou peut-être qu'au fond, j'espérais que si. Je ne sais pas.
Elle était si merveilleuse. Éblouissante, comme elle l'a toujours été quand elle chausse sa paire de pointe. Un ange, peu importe ses ailes noires dans le dos. Si pure. Le genre que je n'ai pas le droit d'entacher. Toutes les autres n'étaient rien à côté d'elle. C'est comme si elles n'étaient que des figurantes, alors qu'elle était la tête d'affiche. Et quand nos regards se sont croisés... J'ai senti mon corps s'avancer, comme si il voulait franchir l'espace nous séparant pour retrouver le sien. Elle a commencé à danser avec tellement d'énergie, de fougue. Elle resplendissait.
Je savais qu'elle tenterait de me parler, alors je suis parti rapidement. Je ne pensais qu'elle sortirai ainsi, en me courant après. Même ici, dans le noir de ce parc, éclairée par les faibles lampadaires, elle était absolument magnifique. A couper le souffle. Mais sa détresse était bien trop visible pour que je puisse penser à autre chose qu'à tout ce que je lui faisais vivre. J'ai l'impression d'être le diable, de m'être appliqué pendant plus d'un an à la détruire à petit feu. Je ne pourrais jamais exprimer tous mes regrets, tant ils sont nombreux.
Je voudrais ne pas être moi parfois. Pour avoir une chance de me laisser aller avec cette rousse si particulière à mes yeux. Mais au fond, je sais que c'est pertinemment parce que je suis qui je suis que notre relation est telle quelle. Que l'attirance est si forte.
J'arrive à la villa, vide et silencieuse. Ils ne sont toujours pas rentrés, et je me demande bien pourquoi. Peut-être attendaient-ils Zoé pour la féliciter. En un sens, j'aimerais qu'ils la trouvent pour ne pas la laisser seule si triste au milieu d'un parc. Mais dans un autre, je ne veux pas qu'ils voient ce que je lui fait traverser. Je me sens terriblement lâche.
Je descends directement à la cave, foutant un poing puissant dans un des sacs de sable. Je ne me protège pas les mains. Je veux me faire mal, parce que je le mérite. Je frappe, encore et encore, alors que son visage désespéré apparaît devant mes yeux. J'imagine ma propre tête en face de moi et je frappe encore. Le sang coule de mes jointures douloureuses, mais je ne m'arrête pas. Je mets toute ma rage et ma peine dans mes coups, espérant que détruire cette cible les fera disparaître.
En frappant, je me demande ce qu'elle peut bien trouver chez moi. Pourquoi moi ? Il y a des dizaines de type qui rêveraient d'être digne de son amour. Qui voudraient la prendre dans leurs bras, lui offrir tout ce qu'elle mérite. Lui donner la vie dont elle a besoin. Des mecs bien mieux que moi, qui ne la mettrons pas en danger par leur simple présence. Mais non, il a fallut qu'elle tombe pour un mec qui risque sa vie en permanence, et qui en plus est maudit. Comment peut-elle penser que je suis le bon ?
Je mets un nouveau coup. Oui, il y a bien mieux que moi, mais je me déchire le cœur en pensant qu'elle pourrait appartenir à quelqu'un d'autre. Je sens mon visage aussi mouillé que mes mains ensanglantée. Je ne pensais pas être capable de pleurer à nouveau après la perte de mon frère. C'est la dernière fois où mes larmes ont coulés, pour la personne qui comptait le plus au monde. Et puis elle a débarquée.
On pourrait croire que pleurer c'est être faible. Mon grand-père m'a pourtant dit un jour que les hommes les plus forts sont ceux qui osent pleurer. Mais à cet instant, je n'ai pas la sensation d'être fort. Plutôt d'être une merde finie, qui détruit une fille formidable. Je l'ai mise au fond du gouffre une fois, puis je lui ai fait miroiter les étoiles. Et quand elle y croyait, je l'ai faite tomber une nouvelle fois. En fin de compte, le gouffre était encore plus profond. Si ça, ce n'est pas être un parfait enculé, je ne vois pas ce que je suis.
Bien au-delà de toute cette histoire de malédiction, je ne mérite pas cette fille. Je ne suis que le petit démon qui a noircit ses ailes. Elle a besoin du dieu qui saura les rendre à nouveau belles.
Je frappe encore et encore, comme si ma frustration allait finir par partir. Mais je sais bien que c'est fait. Depuis que je l'ai écartée de moi, je souffre comme un con, qui en plus se persuadait de ne rien ressentir. Maintenant, la douleur m'explose à la tronche, et je ne peux plus continuer à porter un masque. J'ai perdu la seule femme à qui j'ai un jour tenu, et c'est entièrement de ma faute. Et de celle du destin qui a décidé que les hommes de ma famille n'aurait jamais le droit d'aimer. Aimer Zoé, pour qu'elle finisse sous terre entre quatre planches de bois ? Je préfère encore souffrir, me traitant d'imbécile en tapant dans ce sac. Elle a mal, mais elle s'en remettra. Au moins, elle est en vie, et c'est tout ce qui compte. Un cœur brisé vaut mieux qu'une vie de perdue.
Mon téléphone sonne mais je ne décroche pas. Il ne fait que cela depuis que je me suis enfermé ici. Appels, messages, ça n'arrête plus. Mais je m'en fous. C'est sûrement juste mes amis qui se demandent où je suis. Ils leur suffiraient de rentrer pour le voir, mais il semble qu'ils préfèrent me harceler. Je n'ai pas la tête à ça. Je veux juste cogner, pour me défouler, pour essayer de me faire autant de mal que je lui en fait actuellement. Rien d'autre n'a d'importance.
Je sens à peine mes mains, j'ai les bras en compote. Si un ennemi arrivait pour un corps à corps maintenant, je ne tiendrais sûrement pas longtemps. Cela doit faire des heures que je suis là, mais je ne veux pas m'arrêter. Je ne me l'autorise pas. Je n'ai pas encore assez souffert, ce n'est pas suffisant. Si je continue, je serai incapable de bouger les mains pendant un long moment. Quelle importance ? Il y en a une certes, mais là, je n'y pense pas. Je suis concentré sur mon objectif, et rien ne pourrait me faire dévier de ma trajectoire. C'est en tout cas ce que je pensais.
La porte de la cave s'ouvre à la volée, claquant contre le mur. Cela me fait sursauter, et je me prépare à agir, du moins au mieux que me le permet mon état. Je souffle en voyant que ce n'est que Matthews qui se tient là. Il descend en trombe, suivit de tous les autres. Ils ont l'air énervés, mais je n'y fais pas attention. Ils ont du trouver Zoé, et m'en veulent de son état. Cela tombe bien, je m'en veux aussi. Alors qu'ils remballent leurs grands discours moralisateurs, je n'en veux pas. Je me débrouille très bien tout seul pour me rendre compte du salaud incapable que je suis avec elle.
- Bordel, on te cherche depuis 3 heures !
Sa voix forte résonne contre les murs, et elle en ferait pâlir plus d'un. Pas moi. Je ne le regarde même pas et me reconcentre sur mes coups, jusqu'à ce que mon corps soit poussé en arrière, loin de mon défouloir.
- Tu vas m'écouter putain !
Je sers les dents, cherchant à le contourner.
- Fous-moi la paix !
Je vacille quand il me fout un poing en pleine mâchoire. Il vient vraiment de faire cela ? Je place une main sur ma joue pour constater que le choc est réel. L'action me fait réfléchir quelques instants. Ils sont vraiment si en colère que cela ? Je dois avouer que ça me paraît étrange, sachant que Matt n'est pas forcément proche de Zoé. Alors à moins qu'il ne fasse cela pour Lucy, quelque chose ne tourne pas rond.
Je relève le visage vers lui et mes amis pour constater qu'au delà de la colère, c'est de l'inquiétude, voir de la peur que je lis sur leurs traits. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment d'où cela vient. Ils ne pouvaient quand même pas être inquiets à ce point pour moi, alors le problème doit être ailleurs. Heureusement, je n'ai pas besoin de demander qu'ils m'offrent la réponse sur un plateau.
- Zoé est introuvable depuis la fin de la représentation !
Lasse, et connaissant très bien la réponse, je leur réponds vaguement.
- Elle est au parc.
Marie s'avance, et son regard est tellement noir que je crains de ne me prendre un nouveau coup. Mais derrière cette colère, elle est angoissée. Ce qui prouve que quelque chose ne va pas, mais alors pas du tout.
- Non Scott, elle n'y est pas. Elle n'est pas non plus à la salle, chez son père ou sa mère, ses affaires ont été abandonnées dans le vestiaires, et on a fouillé presque tout le quartier ! Or, une fille avec des ailes, ça se voit !
Mon cœur bat à tout rompre tandis qu'elle me parle. L'information insuffle jusqu'à mon esprit et j'ai l'impression de suffoquer. La peur me gagne, me ronge les tripes. D'instinct, mon corps se dirige de lui-même vers mon téléphone, posé plus loin. Et au milieu des nombreux messages de mes amis, je tombe sur un numéro inconnu.
Mes jambes lâchent et je tombe à genou.
Mon dieu, non.
PDV Zoé
Je regarde le noir à peine brisé par les lampadaires du lieu. C'est apaisant, et inquiétant, aussi. Mais moi, là, je ne pense qu'à une chose, lui. Lui et la douleur. J'ai l'impression que mon cœur est en millions de petits morceaux qui déchirent mon âme au passage. C'est tellement dur d'expliquer le mal qui m'habite.
Comme si je perdais une partie de moi. Je me suis tellement laissée aller avec lui que tout s'effondre autour de moi maintenant qu'il part. Il part et moi je reste, une loque à peine vivante, qui ne fait rien d'autre que de pleurer.
Je me sens faible, impuissante, et j'ignore si j'arriverais à me relever.
Mes pleurs se calment, petit à petit. Je crois surtout que je n'ai plus suffisamment d'eau dans mon corps pour continuer. Le grand-père, qui attendait patiemment à côté de moi depuis tout ce temps, me tend un nouveau mouchoir. Je m'en saisis presque au ralenti et essuie doucement mes joues. Il en ressort plein de maquillage, et je n'ose pas imaginer ce à quoi je ressemble.
Ma voix est faible quand je me décide à briser le silence.
- Je suis dans un sale état hein...
- Vous restez la plus jolie de toutes.
J'essaye de sourire, mais c'est perdu d'avance.
Il ne me demande rien. Il me laisse juste parler au gré de mes envies. Alors je lui raconte, et j'ai l'impression de me déconnecter de la réalité en lui expliquant. Pour éviter de souffrir plus que je ne le fais déjà.
- Le bonheur que l'on vivait s'est vite effacé après l'événement de l'autre jour. A la vue de la coupure, il a vrillé. Il s'est mis à penser que sa malédiction était réelle. Il m'a quitté, et est parti. Et là, il se pointe à mon spectacle, pour ensuite me fuir encore. Et il reste insensible quand j'ose lui dire que je l'aime. C'est fini, et j'ai mal. J'ai tellement mal au cœur, et à l'âme.
Je vois le vieil homme lever les yeux au ciel et regarder les étoiles. Il ne dit rien, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Je me décide à l'interroger.
- A quoi pensez-vous ?
Il ferme les yeux et souffle un bon coup, avant de les rouvrir, déterminer.
- Je pense qu'il est grand temps pour moi d'agir.
Et alors que je ne comprends pas où il veut en venir, il fait un signe de la main, et me regarde droit dans les yeux.
- Je suis désolé. Tu comprendras.
Et soudain, un bras robuste fait le tour de mon corps et me retient, tandis que je me débats sous la surprise. Un mouchoir se pose sur ma bouche et mon nez, le liquide que je respire vrille alors mes pensées. Je commence à avoir la tête lourde, et alors que je m'endors, la dernière chose que je vois, c'est le visage de ce grand-père en qui j'avais confiance.
Et qui vient de me trahir.
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Oula, mais que va-t-il arriver à Zoé ?
On entre dans les derniers moments, puisse que comme vous le savez, il y aura 37 chapitres, et deux épilogues. Alors, happy ou bad end ? Allez savoir x)
Préparez-vous pour le grand final !
Tiens, petite question, combien d'entre vous comptent lire le spin-off qui arrivera dès la fin de cette histoire ? Pour rappel, il s'agit d'une histoire sur Jérémy. Lui aussi va trouver l'amour. On pourrait dire que c'est un tome 3, vu que ce sera la suite, mais étant donné qu'il n'apportera aucuns éléments supplémentaires sur les romances de Lucy et Zoé, c'est un spin-off. En effet, Jérémy étant gay et tout le monde n'aimant pas forcément lire des romances entre hommes, j'ai décidé de ne pas léser les lecteurs qui ne voudraient pas le lire. Alors bien sûr on verra toujours les mêmes personnages, mais à part les persos qui seront les principaux, les autres n'auront pas de PDV. Donc vous verrez Lucy et Zoé, leurs histoires d'amour en fond, comme des petits bonus mais l'histoire est principalement centré sur Jérémy. Et le gang... Je ne vais pas en dire plus, vous verrez bientôt cette histoire arriver et pourrez en savoir plus.
A dimanche,
Kiss :*
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