Chapitre 33

 PDV Externe

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

Scott ne savait pas quelle émotion était la plus forte en lui à cet instant. L'inquiétude, ou bien la colère ? Mais contre qui cette colère était-elle dirigée ? Contre lui, d'abord, car il l'a laissée, et il sentait que la situation était de son fait. Contre le responsable direct ensuite. Et puis contre Zoé. Mais ça, il ne savait pas encore pourquoi.

Dès qu'elle avait passée la porte, trop tard par rapport à l'heure où elle aurait dû rentrer, il eut su qu'il y a avait un problème. Il s'était inquiété, bien sûr. Mais ses amis l'avaient convaincue d'attendre un peu. Peut-être avait-elle seulement loupé le bus, rencontré une connaissance. Il ne fallait tirer trop vite la sonnette d'alarme.

Zoé ne savait pas quoi lui répondre. La vérité ? Elle devrait bien lui dire, de toute façon, mais son instinct lui soufflait que la vérité ferait plus de mal qu'un mensonge. Était-elle encore préférable ?

Pendant qu'elle réfléchissait à la bonne chose à faire, elle retomba dans ses travers, ceux-même qui rendaient fou l'homme en face d'elle.

- Une coupure.

Oui, c'était une coupure, Scott l'avait bien remarqué. Ce n'était pas la réponse qu'il attendait et Zoé le savait, ce qui le frustra encore plus. Il détestait profondément quand elle se cachait derrière des réponses toutes faites pour éviter de lui répondre vraiment.

- Je le sais ça bordel !

- Pourquoi tu demandes alors ?

Elle savait pertinemment qu'elle allait l'énerver encore plus, mais c'était plus fort qu'elle. Comme si une voix intérieure lui soufflait comment le mettre en rogne. Sentant l'orage venir, le reste du gang, ainsi que Lucy et Jérémy, sortirent par une des baies vitrées, leur laissant l'intimité que requérait la discussion à venir.

Scott se retint de ne pas tout détruire autour de lui. Il souffla un bon coup, se forçant à rester calme. Cette attitude mêlée à son regard profond eurent raison de la rousse. Il avait l'air intouchable, de cette façon, elle sut alors qu'il n'était pas nécessaire de continuer plus longtemps.

- Quand je rentrais de la danse... trois hommes m'ont attrapés pour essayer de m'emmener. Des ennemis à vous, sûrement. Puisque je me débattais, l'un m'a mis un coup. Sa bague m'a écorchée la joue. Ils ont fuit quand un homme est arrivé dans la rue.

Elle se garda bien de lui dire qu'elle connaissait -plus ou moins- l'homme en question, qui était âgé, et seul. Mais il était tellement obnubilé par l'information qu'elle venait de lui donner qu'il ne fit pas attention au fait que trois gangsters se sont laissés chasser par un seul homme. Si il avait été en pleine possession de ses moyens, lui aussi aurait trouvé la situation étrange.

Mais il ne retint qu'une chose ; Zoé avait risqué de se faire kidnapper, encore. Et pourquoi ? Car elle lui était liée. Et si cet homme n'était pas arrivé, que ce serait-il passé ?

Son sang ne fit qu'un tour, son esprit tourna à toute vitesse, et la réponse lui apparut. Au fond, il n'avait jamais abandonné cette idée. Il était maudit, comme tous les membres de sa famille. Et comme il l'avait craint, laisser Zoé entrer dans sa vie revenait à la mettre en danger. Une idée qu'il ne supportait pas.

Comme si elle comprenait ce qu'il avait en tête, elle se rapprocha de lui.

- C'est rien, il ne s'est rien passé. Ce n'est pas ta faute.

Mais si, c'était sa faute. Sa faute à lui, de l'avoir laissée seule. Sa faute à lui, de lui avoir cédé. Il comprenait maintenant pourquoi il était en colère contre elle. Il lui en voulait d'avoir tout fait pour qu'il cède. De n'avoir pas abandonné. Mais au fond, c'était lui le vrai coupable.

Elle pourrait dire ce qu'elle voulait. Sa décision était prise. Peu importe combien il souffrait de cette idée, et peu importe combien elle en serait touchée. C'était toujours mieux que de retrouver son corps en morceaux, en étant trop égoïste pour la laisser partir.

- C'est fini.

La sentence s'abattit sur elle comme un coup de massue. Il était sérieux, elle le sentait. Son visage était fermé, ses yeux refusaient pertinemment de se poser dans les siens. Peut-être savait-il qu'il céderait à nouveau, si il se plongeait dans l'océan de ses iris. Elle sentit son cœur se briser petit à petit, à chacune des secondes où il ne revenait pas sur sa décision.

- Tu n'es pas sérieux ?

Mais le silence l'accueillit. Il ne savait pas quoi lui dire. Il se concentrait pour ne pas faire trop attention à sa voix blessée. Au bruit que faisait son cœur en s'émiettant.

- Scott !

Sa voix se brisa, tandis que les larmes montaient. Elle comprenait. Qu'il ne changerait pas d'avis. Elle réalisait tout l'impact de ses paroles. Fini. C'était fini. Elle ne voulait pas y croire, mais la réalité s'imposait à elle. Elle aurait préférée rester dans ce rêve qu'elle vivait depuis plusieurs semaines. Mais le destin en avait décidé autrement.

Il ferma les yeux quand il entendit ses sanglots, tandis qu'elle se retournait, quittant la maison en claquant la porte.

Ses amis, qui avaient captés ses larmes à travers la baie vitrée, rentrèrent rapidement dans la pièce.

La voix de Lucy résonna, inquiète, mais aussi furieuse.

- Qu'as-tu fais ?!

- La seule chose à faire.

Il en était persuadé, et il était bien le seul. « Ils finiront par comprendre ». Il le pensa si fort qu'il parvint à s'en convaincre. La jeune fille suivit de son meilleur ami se précipita vers la porte, à la suite de la rousse en larme. Elle le bouscula en passant, intentionnellement, et il se dit qu'il le méritait bien. Il méritait sûrement plus même, mais il ne la méritait pas, elle.

Il se dirigea vers la cave, fuyant les regards inquisiteurs de ses amis, qui hésitaient entre le réconforter ou bien lui en foutre une. Même Josh baissait les bras, pensant qu'il n'y avait plus rien à faire pour ouvrir les yeux à ce idiot.

Il avait tout gâché, il le savait. Mais pour lui, c'était la seule solution.

Un Deans ne peut pas aimer. Il peut seulement tuer.


Combien de temps a passé ? Des jours, des semaines, des mois. Elle n'arrivait pas à compter. Chaque nouvelle journée sans lui, alors qu'elle avait goûtée à la vie à ses côtés, lui paraissait une éternité. Elle avait perdue à nouveau son sourire, alors que tout devrait l'enjoindre à se réjouir. Il n'était plus là. C'est la seule chose qu'elle remarquait.

Ils avaient tout essayé pour lui remonter le moral. Mais rien n'y faisait. Même danser n'arrivait plus à lui faire du bien. Au contraire, elle ne pouvait que repenser à leurs moments ensemble, dans cette salle. A leurs baisers, leurs regards enflammés. Elle n'avait plus le droit à rien de tout cela. Et elle ne savait pas comment reprendre son souffle maintenant qu'il l'avait laissé se noyer.

Une coquille vide. Son regard était terne, sa voix faible, elle avait maigri, alors que des cernes s'affichait sur son visage. Elle allait mal, parce qu'elle avait diablement mal au cœur. Elle qui avait su garder espoir quand tout laissait penser qu'elle aurait dû abandonner, elle ne voyait que du noir maintenant. Elle ne voyait plus le verre à moitié plein, mais le verre à moitié vide. Elle n'arrivait même pas à faire bonne figure. Elle se laissait juste aller, affichant sa peine sur tous les traits de son visages.

D'aucuns lui auraient dit que c'était juste un chagrin d'amour, que ça passerait, qu'elle était jeune et ne savait pas vraiment ce que c'était d'aimer. D'autres la comprenaient, voyant son mal, lui confirmant que c'était le bon, et qu'elle avait si mal car leur amour était si fort. C'était peut-être même pire d'entendre cela.

Il voyait bien son état. Il était aussi détruit qu'elle, sauf qu'il parvenait à le cacher. Il se le cachait même à lui. Il se persuadait qu'il avait fait ce qu'il fallait. Et que les sentiments négatifs s'en iraient rapidement. "Ça passera".

Il était loin du compte, mais il n'en avait aucune idée. Il allait falloir que quelqu'un lui fasse comprendre les choses. Et la manière douce ne fonctionnerait pas.

Mais qui serait en mesure de faire cela ? Seul l'avenir le dira.


PDV Zoé

Douleur. Peine, chagrin. Toutes ses émotions que je redoutais de ressentir m'assaillent depuis des semaines. Depuis qu'il a décidé de partir. Oh, il n'est pas loin. Son regard est toujours là. Je sais qu'il veille sur moi, qu'il ne peut pas s'en empêcher. C'est peut-être encore plus dur parce qu'il fait cela, justement.

Quand j'ai dû reprendre le rôle de ma mère, j'ai cru toucher le fond, juste avant de trouver le centre. Maintenant, je me rends compte que je pouvais descendre encore plus bas. Je suis au bord de la crise de nerf. Je pleure parfois sans raison, souvent à cause de lui. Son visage, sa voix, son odeur, sont partout autour de moi. Je crois l'entendre dans la voix du boulanger, le voir en ouvrant la porte au livreur.

Mais ce n'est jamais lui. Juste mon esprit.

Je triture des doigts la rose qui pend à mon cou. Je devrais la retirer, sûrement. Mais je n'en ai ni l'envie, ni la force. Je lui appartiens, corps et âme, ce serait idiot de le nier. Alors pourquoi essayer de faire croire au monde que ce n'est plus le cas en retirant cette chaîne ? Il ne veut plus de moi. Mais je veux de lui. Je ne pensais pas être si profondément imbriquée dans cette relation. Il faut croire que je me trompais, quand on voit l'état dans lequel je suis.

Quoi qu'on me dise, je ne parviens pas à penser à autre chose. Je n'arrive qu'à me souvenir de la chaleur de ses bras, de la douceur de ses étreintes, de la fougue de ses baisers. Mais je commence à oublier les sensations de bien-être, le goût de sa bouche, le plaisir d'être près de lui. Et cela me fait peur. Car j'oublie mais j'en meure d'envie. Comment faire pour assouvir une envie si l'on ne sais plus ce que c'est ?

Une voix presque solennelle me sort pour un petit temps de mes pensées. Je relève la tête vers le juge qui ne cache pas sa pitié devant mon visage. Lui comme beaucoup doivent penser que mon amourette de jeunesse s'est finie, et que je suis triste. Mais c'était beaucoup plus que cela, et je ne pense pas que ce soit explicable.

Il repose ses yeux sur ma mère et mon beau-père, en face de lui. Après tant de mois dans ce centre, elle a finit par être autorisée à reprendre une vie à l'extérieur, à condition qu'elle continue de suivre une thérapie quotidienne. Nous voilà donc devant ce vieil homme, en longue robe, assis en hauteur pour assister au divorce, et à la répartition des enfants. J'avoue que je ne sais pas à quoi m'attendre.

Je sais que Marcus et ma mère se sont rencontrés il y a quelques jours avec leurs avocats, mais je ne sais pas ce qui est ressortis de cette entrevue, en ce qui nous concerne, moi et ma sœur.

J'attends donc avec impatience, et une certaine hantise, que le juge réponde aux questions que je me pose. J'écoute à peine quand il accorde le divorce, attendant plutôt de savoir ce qu'il advient de moi et Innaya.

- Bien, selon les rapports d'entrevues, il semble que vous vous soyez mis d'accord sur la garde des enfants.

Les deux concernés hochent la tête, et je me demande bien ce qui va suivre. Au moins, pendant ce court moment, je pense à autre chose qu'à Scott, ce qui me fait du bien à l'esprit.

- En accord avec l'avis des médecins, vous Madame, ne vous sentez pas encore capable de prendre soin de vos deux filles. Vous souhaitez tout de même les voir régulièrement. Vous, monsieur, avec l'aide du centre s'occupant actuellement des deux jeunes filles, êtes certain de pouvoir vous occupez correctement d'elles.

Une nouvelle fois, ils acquiescent. Ma mère n'a donc pas demandé la garde. Une décision sage, qui reflète celle qu'elle est redevenue. Elle sait ses faiblesses et refuse de nous en faire payer les frais. Mais je me demande ce qu'il va advenir de moi.

- Vous avez donc conjointement demandé à ce que la garde soit accordée à Monsieur, pour la petite Innaya. Pour Mademoiselle Zoé, adoptée par vous, Monsieur, vous demandez également à pouvoir l'accueillir et subvenir à ses besoins. Vous demandez à ce que les deux filles puissent passer un week-end sur deux chez vous Madame, résidant proche -dans la même rue- du nouveau domicile de Monsieur, ainsi que les mercredis après-midi qu'elles désirent. Vous demandez également à ce qu'elles puissent venir passer des vacances, et des soirées si elles le désirent, dès lors que les deux parties sont d'accord. Est-ce bien cela ?

Ils hochent la tête, et je sens mon cœur battre en attendant l'avis du juge. Va-t-il accepter de me laisser vivre chez mon beau-père, avec ma sœur ?

Il réfléchit un instant, et j'ai l'impression que cela dure des heures.

- Le tribunal accède à ses requêtes sous certaines conditions. Tout d'abord, Madame, vous devrez vous soumettre à une ou plusieurs visites de contrôles des services de l'enfance, afin d'être sûr que vous puissiez assumer la charge de deux enfants, dont un enfant en situation de handicap. Monsieur, vous serez tenus de recevoir une aide médicale, fournie par le centre, ainsi que de permettre à votre plus jeune fille de se rendre aux animations de groupe tenus par leur tutrice actuelle, et ce toutes les semaines.

Mon cœur bat la chamade quand tous deux acceptent sans rechigner. Alors c'est fini ? Le calvaire s'arrête enfin définitivement?

C'est comme si on m'enlevait un poids de la poitrine, bien qu'un autre soit encore présent.

Marcus vient vers moi et me serre dans ses bras, avant que ma mère ne fasse de même. Ils se sourient poliment, et je suis ravie de voir qu'ils font des efforts pour s'entendre, cela ne sera que mieux pour Inna.

Je pars du tribunal avec mon beau-père, en direction de la maison où nous retrouvons Inna et Florence. Ma sœur saute alors dans les bras de son père, qu'elle n'a pas vu depuis des lustres. Le sourire sur son visage me rassure quand à la suite des événements.

Il va ensuite discuter avec Florence et ma mère pendant que je commence à préparer quelques affaires.

D'ici deux jours, on nous présentera l'infirmière qui prendra soin d'Inna, on emménagera à trois maisons d'ici, et on dira en revoir à Florence, même si ce n'est pas un adieu. C'est beaucoup de changements. Mais des changements bénéfiques. Un nouveau départ.

J'en ai besoin, je crois. Mais alors que tout devrait aller pour le mieux, je ne peux pas me résoudre à sourire.

Il me manque quelque chose, ou plutôt quelqu'un dans ma vie, pour que ce nouveau départ soit vraiment réussit.  

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Bah oui, j'allais tout de même pas laisser les tourtereaux vivre tranquillement leur amour x) Il faut qu'ils passent encore quelques épreuves, pour espérer une fin heureuse ^^ Allez savoir si il y parviendront ;)

Qui est donc la personne qui fera ouvrir les yeux de Scott, si c'est possible ? 

Allez, à la semaine prochaine,

Kiss :*

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