Chapitre 27

PDV Zoé

En me réveillant le matin, je constate rapidement où je me trouve, et je rougis en voyant l'être à côté de moi, en seul caleçon. Il me regarde, et je crois que je rougis encore plus. Je dois ressembler à rien.

Doucement, presque avec appréhension de sa réaction, je m'approche de lui. Voyant qu'il ne dit rien, j'appuie mon menton sur mes bras, croisés sur son torse. Il place sa main dans mon dos, ce qui me rassure. Il n'a pas l'intention de me repousser.

Nous restons comme ça un moment, à nous regarder dans les yeux, disant tout ce que l'on ne veut pas faire sortir de notre bouche. Mon doigt trace des cercles sur sa peau quand une idée me vient en tête.

Je souris, et il semble se demander à quoi je pense. Je me relève un peu et plaque mes lèvres sur les siennes, avant de me retirer, le visage fendue en deux devant son étonnement.

- Inna voulait que je te fasse un bisous de sa part.

Il secoue la tête en levant les yeux au ciel, mais cela ne l'empêche pas de sourire en même temps.

- Je doute que ta sœur m'embrasse de cette façon.

Je hausse les épaules.

- Oups. Trop tard.

Il rit un peu, pas beaucoup non plus, il s'agit tout de même de Scott, pendant que je pose ma tête sur son torse.

- Elle a dit qu'il fallait que tu viennes la voir aussi.

Il ne répond rien et j'enchaîne.

- Il ne fallait pas autant la gâter, elle ne va pas te lâcher maintenant.

- Ça ne me dérange pas. Surtout si elle m'envoie des photos de toi.

Je rougis et lui met une petite tape sur le torse, alors qu'il me renverse sur le dos, se mettant sur moi.

- Qu'as-tu fais ?

Je souris en grand et réitère l'opération.

Et pour me punir, il plaque ses lèvres sur les miennes pour un ardent baiser.

Je vais continuer à le taper alors.

Quelques semaines passent encore et c'est un peu comme un rêve. Un rêve où je peux toucher le garçon qui me plaît tant que je le souhaite, et où l'envie est réciproque. Durant tous ces jours, j'ai arrêté de compter le nombre de fois où nous nous sommes embrassés. Mais celui-ci est assez conséquent. Sommes-nous un couple ? Je ne sais pas. Nous n'avons jamais dit que c'était officiel entre nous. Cependant, une partie de moi-même ne peut s'empêcher de se dire que l'on embrasse pas ainsi devant tous une personne avec laquelle on ne sort pas.

Mais j'ai peur de lui poser la question, car je redoute sa réponse. J'ai trop souvent eu des désillusions avec Scott pour être totalement sereine quand je lui pose des questions d'ordre sentimentale. Je ne voudrais pas créer un déclic chez lui qui le ferai s'éloigner de moi. J'aime trop être dans ses bras pour ça.

Plus que le côté physique, c'est le côté sentimental qui me manquerait. Il est là, présent, attentif. Pas forcément bavard, mais ses attentions me montrent ce qu'il pense quand ses mots ne le disent pas. Il m'emmène à la danse. Me regarde. M'arrête parfois pour m'embrasser éperdument.

Il nous emmène en balade, moi et Inna, qui est ravie de le voir aussi souvent. Ce week-end il nous a fait faire un tour près de l'océan. Elle était si heureuse, elle qui m'en parlait depuis des lustres. Et pendant qu'elle faisait des châteaux de sable, je me blottissais entre ses bras, savourant les caresses de ses doigts.

Je respirais son odeur, et déposais mes lèvres sur sa peau nue si près de ma bouche. Je rougissais en entendant les paroles qu'il me murmurait à l'oreille.

Quand je suis avec lui, je ne peux penser à rien d'autre qu'à l'attirance que je ressens. Et maintenant que je peux accéder à mes désirs sans soucis, je ne m'en prive pas. Mais quand je suis seule, les questions reviennent hanter mon esprit. J'aimerais obtenir la réponse sans avoir à demander. Et j'aimerais qu'elle soit celle que je me plais à imaginer. Nous sommes passé par trop de chose pour revenir en arrière maintenant. Je n'ai pas envie de revenir à ce stade où nous ne sommes que des inconnus.

Je crois que je ne le supporterais pas. Mais quelque chose en moi me dit de me retenir, et de ne pas poser la question. Comme si mon cœur savait déjà qu'il allait avoir mal une nouvelle fois.

Peut-être que je devrais lui faire confiance. Mais pour le moment, je préfère m'enfoncer un peu plus dans cette « peut-être » relation et faire évoluer encore plus mes sentiments. Histoire de bien souffrir, si au final l'intuition était la bonne. Je ne peux que croiser les doigts, et attendre de voir si je suis condamnée à souffrir à cause de ce bad boy, ou bien si j'aurai moi aussi le droit à mon happy end, avec lui de préférence.

Je mets de côté toutes mes questions quand la voiture se gare devant moi. Je monte, un peu stressée. Aujourd'hui, après de nombreuses séances seule, je commence à suivre des cours dans la même salle que j'occupais jusqu'à présent. Il va falloir que j'assure les mouvements demandés, que je sois à la hauteur, tout simplement, afin de ne gêner ni mes camarades, ni mon professeur. C'est nouveau pour moi. Je n'ai jamais eu de mal à suivre un cours de danse. Mais j'ai perdue l'habitude, et j'ai peur de devenir un boulet, et de me ridiculiser. Je ne sais pas si ce dernier point m'embête par rapport aux autres élèves, ou bien à Scott qui va me regarder une nouvelle fois.

Sa main qui se pose sur ma cuisse alors qu'il conduit me détend instantanément. Je tourne ma tête vers lui pour voir son sourire en coin.

- Arrête de t'inquiéter. Tu vas être bien meilleure qu'elles.

Je souffle en secouant la tête. Je suis contente de ce qu'il me dit, mais il faut être réaliste.

- Ces filles s'entraînent plusieurs fois par semaine depuis des années, si j'arrive à suivre, ce sera déjà un bon début.

Il ne me répond rien, prenant un visage qui semble signifier que je dis n'importe quoi. Et pourtant, c'est bien vrai.

Nous arrivons vraisemblablement un peu en avance, car personne ne se trouve dans les vestiaires au moment où j'y rentre. Je me dépêche, espérant pouvoir faire quelques mouvements avant que mes nouvelles coéquipières n'arrivent.

C'est raté, puisque quand je rentre dans la pièce, une dame d'un certain âge s'y trouve déjà. Elle m'analyse quelques instants avant de venir vers moi. Son apparence austère se brise dès qu'elle affiche un sourire, en faisant tout de suite une femme beaucoup plus sympathique.

- Vous devez être Mademoiselle Zoé, notre nouvelle élève.

J'acquiesce et la salue comme il se doit. Elle me pose quelques questions sur mon parcours ainsi que l'école dans laquelle je me trouvais plus jeune.

- C'est une grande école, vous deviez être une petite étoile pour y rentrer.

En effet, les concours d'admissions étaient très sélectifs. Mais je ne me considérais pas meilleure qu'une autre. La chance a fait que j'ai été prise, voilà tout. De toute façon, l'avenir d'une danseuse ne se jouait pas à la seule admission dans cette école.

- Je me débrouillais.

- Et bien j'ai hâte de voir comment vous dansez à présent.

Je lui souris et j'espère au fond de moi réussir à répondre à ses attentes. Ce qui risque d'être compliqué si elle se base uniquement sur le niveau de mon ancienne école pour les déterminer.

Des jeunes filles d'environ mon âge entre dans la pièce, grand sourire aux lèvres. Elles n'ont pas l'air méchantes, ce qui me rassure un peu. La compétition dans les salles de danses, pour des rôles ou des auditions poussent souvent les filles à se détester en elle. Je serai ravie si cette école passe au travers de cette habitude peu appréciable.

La professeur me présente et je rougis un peu quand tous les regards se tournent vers moi. Mais leurs sourires me rassurent vite.

Je ne mets pas longtemps à me remettre dans le bain. Je comprends assez bien les exercices, même si je dois ré-apprendre à composer en groupe. J'ai eu cette salle pour moi seule durant des semaines, devoir maintenant penser que plusieurs personnes dansent à côté de moi et ont besoin d'espace n'est pas mince affaire.

A ma grande satisfaction, les mouvements demandés sont encore ancrés dans mon corps, et à en croire le regard de la prof, ils sont bien exécutés. Elle me félicite à plusieurs reprises et je suis ravie que ce premier cours se passe ainsi, du moins au niveau de la danse.

Car un détail n'échappe pas à mon attention. Une fille du groupe passe son temps à jeter des regards en direction d'une certaine personne au fond de la salle, et cela m'agace particulièrement.

Après presque 1h30 de cours, ce dernier se termine. La professeur vient me voir tandis que les autres récupèrent leurs affaires tranquillement pour se diriger vers les vestiaires.

- Je dois dire que je ne m'attendais pas à un tel niveau. C'est presque comme si vous n'aviez pas cessé de danser toutes ces années.

Je la remercie chaleureusement, et tandis qu'elle me parle de quelques points techniques, je vois la jeune fille de tout à l'heure se diriger vers Scott. Mon attention se tourne entièrement vers la scène, si bien que j'écoute à peine la femme.

N'étant pas trop loin, la conversation arrive à mes oreilles sans trop de mal. Scott détache ses yeux de moi pour les poser sur celle qui s'approche de lui, et j'ai presque envie de crier pour qu'il me regarde de nouveau. Jalousie ? Oui.

Ils discutent quelques instants, bien que Scott ne dise pas grand-chose, avant qu'elle lui pose une question qui fait accélérer mon cœur.

- Tu es célibataire ?

J'ai envie de lui arracher les cheveux. Il vient avec une fille à un cours de danse, à partir de là, à moins qu'elle ai 10 ans, il est fort possible qu'ils soient liés d'une manière autre que familiale !

Mais tout de même, je ne peux m'empêcher d'attendre la réponse de Scott. J'ai peur de l'entendre.

Et il semble que j'avais raison de la craindre.

- Oui.

J'ai l'impression de recevoir un couteau en plein cœur. Il se considère célibataire. Donc que suis-je ? Un passe-temps ?

Il en avait marre que je le colle, alors il s'amuse un peu en attendant ?

Je ne m'attendais pas à cette réponse. Ou peut-être que si en fait. Je n'avais aucune certitude sur le fait qu'on forme ou non un couple dans son esprit. Mais je pensais au moins que son attachement pour moi était sincère. Assez pour au moins préciser à cette fille qu'il n'est pas ici pour mettre l'une d'elle dans son lit.

Je suis blessée. Si bien que durant toute la route, je ne dis pas un mot. Et je maudirais presque mes amis de m'avoir invitée à rester sur place le soir. Et je me maudirais presque par la même occasion d'avoir accepté. Mais comment aurais-je pu imaginer ce qui allait se passer ? Je pensais rentrer heureuse de mon cours, passer une bonne soirée avec mes amis, pour ensuite me coucher dans les bras de ce garçon si particulier. Je crois que le plan va devoir être revu.

Quand il se gare devant la villa, je le vois se pencher vers moi. Je sais qu'il compte m'embrasser, sûrement pense-t-il que cela suffira. Mais non.

Je me tourne vers la portière, avant de sortir de l'habitacle et de rejoindre la maison, sans un mot.

Quand j'arrive dans la pièce principale, tous me demande comment ça c'est passé. Je leur réponds sans grand entrain, et je vois leurs visages interrogateurs. Un grognement s'élève derrière moi et un main saisit mon bras, me faisant presque trébucher en me tirant.

Je me retrouve de force emmenée dans la chambre de Scott. Il claque presque la porte, comme si il avait le droit d'être énervé.

Et il se retourne vers moi, les bras croisés, prêt à avoir une discussion, que je n'ai pas envie de partager.

PDV Scott

Ça m'énerve. Tout se passait bien. On profitait, tranquillement sans se prendre la tête. On a passé de bonnes semaines, et aujourd'hui, une bonne journée. Elle dansait bien, elle aimait ça, la prof était fière d'elle. Mais elle fait la gueule. Elle est triste. Elle me repousse.

Pourquoi ? J'ai pas envie d'attendre pour savoir. Je veux des réponses maintenant. Je n'ai aucune patience avec elle, encore moins quand elle refuse que je l'embrasse, quelque chose qui ne c'était encore jamais produit. Je découvre alors qu'elle peut me mettre encore plus en colère que je ne le pensais.

- Qu'est-ce que tu as ?

Elle souffle, croise les bras, et évite mon regard, trois actions qui ne me plaisent absolument pas.

- Zoé !

Pour une fois, elle décide de ne pas faire l'autruche, et elle me répond. Un peu.

- Cette fille...

- Quoi cette fille ? Quelle fille ?

- A la danse.

Je ne saisis pas bien, et commence à imaginer des choses.

- L'une d'elles t'a posé des problèmes ? Dans les vestiaires ?

Elle souffle, comme si j'étais idiot de ne pas comprendre de quoi elle veut parler.

- Non ! Celle qui est venue te voir, à la fin.

Je comprends alors de qui elle veut parler, même si je ne saisis pas bien le rapport entre elle et le fait qu'elle fasse la tête.

- Oui, et donc ?

- Pourquoi tu as dis que tu étais célibataire ?

C'est donc ça. Tout s'éclaire dans mon esprit.

- Parce que c'est le cas. On a jamais dit être ensemble.

- Oui, mais...

- Mais quoi ? Ça me paraissait assez clair.

Elle ne dit rien de plus, et je ne rajoute rien non plus. Tout est dit. Ça me fait chier de lui faire du mal, mais je ne dis que la vérité. Nous n'étions pas ensemble. J'ai laissé parler mes envies, mais mon cœur ne bat pas pour elle. Il n'en a pas le droit, je ne le laisserai pas faire. C'est trop risqué. Je ne tomberais pas amoureux d'elle, j'en suis persuadé.

Ce n'est que du désir. Rien d'autre.

« Reste à savoir si c'est ce que son esprit lui soufflait, ou bien ce qu'il soufflait à son esprit. Mais une chose est sûre, c'est le cœur qui a le dernier mot. Alors, que dit son cœur ? »

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Bah oui, il aurait été trop beau qu'ils filent le parfait amour comme ça. Je ne suis pas aussi gentille vous le savez x) Alors que dit le cœur de Scott ? Saura-t-il l'entendre ?

A dimanche,

Kiss :*

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