Chapitre 25
PDV Scott
Je possède sa bouche comme pour lui montrer depuis quand j'attends ce moment. Depuis quand je me retiens. J'ai essayé, mais je ne tenais plus. Nos lèvres se mouvent ensemble pendant que je la serre contre moi. Une de mes mains passe dans ses boucles, collant un peu plus nos lèvres en appuyant sur sa tête. Je sens ses doigts serrer mon t-shirt et son cœur battre contre ma poitrine. Je pense que le mien bat tout aussi vite. J'avais presque oublié cette sensation. J'en ai embrassé des filles. Mais je n'ai jamais ressenti ce genre de chose avec aucune.
Je passe ma langue entre ses lèvres, réclamant le contact de sa jumelle. J'entends la rousse gémir et ce son résonne jusqu'au fond de moi.
Son corps frêle entre mes mains, je le sens si fragile. Comme si je pouvais la briser d'un instant à l'autre.
Ma conscience reprends le dessus à ce moment là. Ne pas la briser. C'est exactement pour cela que je dois me retenir.
Je mets fin à notre baiser et me recule d'elle. Je vois l'incompréhension dans ses yeux, mais je préfère encore qu'elle ne comprenne pas plutôt qu'elle soit blessée parce que je ne sais pas retenir mes pulsions.
- On devrait rentrer.
Je pars avant elle de la salle, la laissant là, à sûrement se demander ce que veut dire mon comportement. C'est de ma faute. Je n'aurai jamais dû céder. Je vais prendre l'air en l'attendant, essayant de faire redescendre la pression en moi. Si j'écoutais seulement mes désirs, je retournerais là-haut et ne la laisserai plus partir.
Mais les désirs des Deans sont meurtriers.
Et cette simple pensée suffit à me calmer.
PDV Zoé
Je reste seule, haletante, le goût de ses lèvres encore frais sur les miennes. J'ai l'impression de revivre notre premier baiser, où il a fuit en me demandant d'oublier. Mais je ne peux rien oublier qui le concerne. Comme il peut toujours s'éloigner, il finit par céder.
C'est plus fort que nous. Plus fort que notre volonté. Cela je le comprends sans mal. Mais je comprends aussi qu'il est déterminé à ne jamais céder plus que cela. C'est sûrement déjà trop pour lui. Et ça fait mal. Parce que comme il y a des mois, l'espoir qui naît en moi chaque fois qu'il est attentionné, attentif, simplement près de moi, ou comme aujourd'hui, qu'il m'embrasse, se fait piétiner par la réalité. Il ne veut pas de moi. Son corps peut-être, son cœur je n'en sais rien, et son esprit pas du tout. Et il semble déterminé à écouter son esprit.
Et son esprit semble toujours le contrôler quand après deux semaines, rien ne change. Ou plutôt, tout a changé. Il est toujours là, il m'emmène danser trois fois par semaine, il me prend le matin et le soir. Mais il ne me regarde plus danser. Il ne me regarde plus tout court. Il a créé une distance, un mur invisible entre lui et moi. Il est là sans être là. Une présence factice qui me fait penser à ces mois d'absences. Ces mois de douleur.
Son comportement tourne en boucle dans ma tête. Il m'énerve. Tellement, que même maintenant, alors que je me balade pour essayer de me détendre, je l'ai dans la tête.
Pendant que je rumine en avançant dans le parc, je vois un homme assez âgé chuter devant moi. Je mets de côté instantanément tout ce que j'ai en tête pour me précipiter vers lui. Après mettre assurée qu'il n'est pas blessé, je l'aide à se relever en lui demandant si il va bien.
- Ça va aller, pouvez-vous m'aider à m'asseoir quelques instants ?
Je l'emmène vers le banc le plus proche et m'installe à côté de lui, ne voulant pas le laisser seul après une chute. Parfois, il faut un peu de temps pour que des effets soient visibles.
- Vous êtes bien gentille Mademoiselle.
- C'est normal. Vous êtes sûr de n'avoir mal nul part ?
Il me sourit, et je trouve ce sourire chaleureux. Comme celui d'un grand-père.
- Tout va bien.
Bon, c'est au moins une bonne chose. Il me surprend cependant en me retournant la question.
- Moi ?
- Oui. Dites-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que vous avez mal.
- Où ça ?
- Au cœur.
Je hausse les sourcils, ne comprenant pas comment un inconnu peut comprendre ce genre de chose en à peine quelques minutes.
Je finis par lui sourire.
- Je suppose qu'à mon âge, c'est plutôt courant.
Il hoche la tête.
- En effet, c'est le plus bel âge, mais aussi le plus difficile. Il faut croire que l'un ne va pas sans l'autre.
C'est vrai. On ressent tout plus profondément. Les joies comme les peines.
- Parfois, parler fait du bien. Et se confier à un inconnu est souvent plus facile.
La perche est à peine dissimulée. J'affiche un sourire, lui rendant par la même occasion le sien.
- Le sous-entendu est assez visible.
Il rit.
- Oui, mais au moins je suis sûre que vous l'avez compris.
Je le rejoins dans son rire. Mais je me demande si il n'a pas raison. Me confier à mes amis a été extrêmement dur, mais aussi très apaisant. Peut-être que le faire avec un inconnu, que je ne recroiserais sûrement jamais, aura les mêmes effets sans la difficulté.
Et puis cet homme... je ne saurais dire. J'ai la vive impression de pouvoir lui faire confiance les yeux fermés. Un peu comme Inna, qui accorde sa confiance plus vite qu'il ne faut de temps pour le dire. C'est quelque chose qui se ressent parfois, alors que d'autre fois, il faut du temps.
Alors je décide de me lancer.
- Il y a ce garçon. On est très différent. Mais, depuis que l'on se connaît, c'est comme un aimant. Il y a quelques mois, nous nous étions rapprochés, puis il m'a fuit. Et là, il recommence. Il est attentionné, prends soin de moi, me montre de l'intérêt. Il fait des promesses. Puis quand cela devient un peu plus sérieux, il fuit. J'ai l'impression qu'il se retient. Que quelque chose le bloque. Je ne sais pas quoi.
Il ne dit rien pendant un moment et je savoure cet instant, celui où l'on se sent léger d'avoir partagé un peu de son fardeau.
- La peur.
Je tourne ma tête vers l'homme.
- Il a seulement peur de ce que tomber amoureux de vous peut engendrer.
Oui. Cela paraît logique. Mais que pense-t-il que cela peut engendrer de si grave pour qu'il se retienne comme ça ?
Je ne dis pas qu'il m'aime. Je n'en sais rien, je ne peux être sûre que de mes propres sentiments. Cependant, je sais que je l'attire énormément. Tellement qu'il préfère s'éloigner. Je me laisse alors penser que c'est parce que je suis différente de toutes ses filles qu'il pût rencontrer.
- Mais si je vous écoute...
Je me reconcentre sur le grand-père.
- Il finira par céder. Il suffit que vous le vouliez vraiment.
Je garde ses paroles au fond de ma tête. Il finit par se lever, m'annonçant qu'il doit partir.
- J'ai été ravi de cette discussion Mademoiselle...
- Zoé.
- Zoé. Il sourit. Vous êtes une bonne personne.
Il s'en va sans me donner son nom en retour, et je le regarde partir. C'est étrange. J'ai l'impression de le connaître.
Je souffle un bon coup. Il n'a pas tort. Mais avant de savoir si je veux vraiment le faire céder, je veux que mes questions ne soient pas sans réponses.
Je décide donc de me rendre à la villa. Si Scott n'a pas l'air décidé à me donner d'explications, j'aurai peut-être plus de succès auprès de ses amis, et des miens accessoirement.
Quand j'arrive et que je frappe, il faut un bon moment pour que l'on vienne m'ouvrir. C'est Jack qui le fait, et il me saute presque dans les bras. Ce type est un amour.
- Ma Zoé !
Je ris et rentre après lui, allant jusqu'au salon où se trouve seulement Josh. Ils répondent à mon interrogation silencieuse.
- Matt et Lucy sont sortis, Marie fait une sieste, et Scott un tour en moto.
Je m'assois donc dans le canapé. Parler avec eux de ce qui m'intéresse ne me dérange absolument pas. Jack est quelqu'un que j'adore, et je sais que Josh est de très bon conseil. C'est en partie grâce à lui que Lucy et Matt en sont où ils en sont aujourd'hui.
Ils voient que j'ai quelque chose à dire, alors Josh éteint la console pour se tourner vers moi.
- Dis-nous tout.
- Quoi qu'ai fait cet imbécile, si il faut que je le rende fou en te faisant dormir avec moi comme l'année dernière, je suis partant.
Jack me fait rire. C'est vrai que cela avait eu un grand effet. Ils ont compris sans mal de quoi je voulais parler, alors je me lance.
Mais pour qu'ils comprennent, il va falloir que je leur explique tout. Vraiment tout. Ryan, ce qui en a suivi, le comportement de Scott, le baiser à la danse, et son changement d'attitude depuis.
Il va falloir que j'arrive à mettre des mots sur des événements qui sont encore douloureux. En particulier ce qui a pu se passer avec Ryan. J'espère que j'y parviendrais. En tout cas, il va falloir.
Puisque je n'ai pas le choix si je veux avancer, allons-y.
- Voilà, il y a quelques mois, il s'est produit quelque chose... cela concerne un garçon, Ryan.
Ils se regardent entre eux et ne semble pas surpris que je prononce ce prénom. Cette réaction m'interpelle.
- Quoi ?
Jack semble réfléchir à la façon dont formuler ça.
- Et bien... c'est que tu vois... on est peut-être un peu au courant... on a peut-être un peu écouté aux portes, sans le vouloir, et on l'a peut-être un peu entendu...
Ça fait beaucoup de peut-être et de un peu ça dis donc. Je devrais être énervée. Je n'avais pas envie que tout le monde le sache. De base déjà, je ne pensais pas en parler à autre que Scott, chose que j'aurai faite si il n'avait pas disparu de mon entourage.
Mais dans un sens, cela m'évite de replonger une nouvelle fois dans ce moment d'enfer, pour leur raconter. Et puis ils ont gardés ça pour eux pendant si longtemps, que ça me prouve seulement à quel point ils me respectent et m'apprécient. Mais ils ne savent pas tout, et ça, si je n'ai pas forcément envie de le dire, c'est plus par gêne qu'autre chose.
- Bon... Alors reprenons à partir de là. Après, Scott m'a ramené quelque part. Et on... s'est rapproché. Physiquement je veux dire.
Si la mâchoire de Jack pouvait se décrocher, elle le ferai. Un mélange de surprise et de joie s'affiche sur son visage, ce qui le rends encore plus enfantin. Pas forcément un terme qui conviendrait à un membre d'un gang.
- Et ensuite, il m'a offert ça.
Je sors la petite rose noire de sous mon t-shirt pour leur faire voir. Si encore une fois, cela semble vraiment étonner Jack, Josh ne fait mine de rien.
- Quoi, ça aussi, tu le savais ?
Il fait une petite moue en haussant les épaules. Ça veut dire oui à priori.
- Toujours étant qu'après ça, vous l'avez vu, il a juste changé de cap. Plus de paroles, plus de regards, même plus de présence. Jusqu'au début de cette année scolaire. Il a recommencé. A se soucier de moi, à me dire certaines phrases, faire certaines promesses. Les mêmes qu'avant. Et puis il y a 2 semaines... il m'a fait danser.
Ils ne semblent pas comprendre.
- Je dansais quand j'étais jeune. J'ai arrêté à la suite d'une perte. Je ne voulais plus jamais le faire, mais Lucy en a parlé à Scott. Qui m'a persuadé de reprendre.
Ils se contentent d'acquiescer et d'écouter la suite.
- Et puis un jour à la salle... on s'est embrassé.
Je fais fis du petit cri de joie de Jack et du sourire narquois de Josh.
- Et puis, il a reprit son comportement d'avant. Il s'est éloigné. Il m'emmène toujours, mais il ne parle plus. Il est là sans être là. Il replace la barrière qu'il avait mis entre nous il y a quelques mois.
J'entends un « Oh le con » sans savoir qui l'a prononcé.
- Alors je ne comprends plus rien. Et j'en ai assez de ne pas comprendre.
Ils réfléchissent un instant, mais pas vraiment à ce qu'ils vont me dire. Plutôt, à si ils doivent le dire. Ils semblent très bien connaître la raison qui pousse Scott à agir ainsi, mais n'ont pas l'air de vouloir en parler. Ça a presque même l'air douloureux. Josh finit par prendre la parole.
- Si il est comme ça avec toi... c'est parce que le passé lui fait peur. Mais ça veut aussi dire que tu es suffisamment importante pour faire naître cette peur.
Le passé ? Ne devrait-ce pas plutôt être le futur ?
Je comprends alors qu'un événement antérieur le bloque. Mais quoi ? Ou qui ?
Des dizaines de nouvelles questions naissent dans ma tête, mais je me retiens de les poser. Ce n'est sûrement pas à eux de me parler du passé de leur ami.
Alors je ne leur pose pas de question, mais eux le font. Et ma réponse est toute trouvée.
- Que vas-tu faire maintenant ?
Ce que tout le monde me conseille. Ce qu'eux-même ont envie d'entendre.
- Je vais le faire plier.
Et à en juger par leur grand sourire, je ne m'étais pas trompée.
Allons-y Scott, voyons qui cédera le premier.
En tout cas, moi j'en suis sûre, je t'aurai bad boy.
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Une Zoé déterminée à séduire Scott, ce n'est pas commun !
Mais qu'est-ce qui bloque le badboy ? Est-ce seulement à cause de l'expérience de son frère ? Ou est-ce plus que cela ?
Je vous dis à dimanche prochain,
Kiss :*
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