Chapitre 19
PDV Zoé
- Allo ?
- Salut Marcus... C'est Zoé.
- Je sais ma puce, j'ai vu ton numéro. Que se passe-t-il, il y a un problème ?
Oh, tu sais, des problèmes, je pense qu'on en a eu notre lot depuis qu'aucun de vous ne s'occupe de nous. Je me retiens de lui dire ça.
- Non non. Rien de grave. C'est juste que je voulais te parler de quelque chose.
- Je t'écoute.
Je souffle un grand coup et prends mon courage à deux mains.
- Voilà... ça devient compliqué ici... alors, j'ai décidé de me renseigner auprès d'un centre d'aide. Ils nous propose de faire soigner maman, et de nous assigner un tuteur à domicile en attendant. Je l'ai rencontrée, c'est une dame qui a l'air très bien, et puis elle est spécialisée dans les cas comme celui d'Inna.
Il reste silencieux.
- Ils payeront tout. Les frais de maman, et les nôtres. Et ils proposent aussi de te fournir une aide médicale si tu obtiens la garde d'Innaya. Je marque un temps d'arrêt. Tu en penses quoi ?
Il met lui aussi un moment à me répondre, ce qui me stresse énormément.
- Zoé... C'est une très bonne idée que tu as eu. Je suis désolé de t'obliger à faire ce choix.
Je décide alors de lui parler à cœur ouvert, pour une fois.
- Marcus je... je ne veux pas être séparée d'Inna. Si tu obtiens sa garde je veux dire.
Je sens l'émotion dans sa voix quand il me répond.
- Oh ma puce. Je ne comptais pas vous séparer. Je sais qu'il y a peu de chance que j'obtienne ta garde. Mais d'ici que le jugement ai lieu, tu seras sûrement majeure, et tu auras évidemment ta place à la maison. D'ailleurs, j'ai bien réfléchis. Je veux trouver une maison dans le même quartier. Je ne veux pas changer vos habitudes et vous séparer de vos amis. Et puis, quand votre mère sera soignée, vous pourrez la voir souvent. Peut-être même en garde alternée.
Je sens un poids s'enlever de ma poitrine. J'ai l'impression d'être libérée de cette pression qui me serrait le cœur.
- Et c'est vraiment une bonne nouvelle qu'il me propose une aide. J'en suis ravi. Oh, et ma puce, puisque le centre paie vos dépenses, utilise donc celui que je t'envoie pour vous faire plaisir.
Après quelques mots de plus nous finissons par raccrocher. Je me rends compte qu'une larme solitaire a coulée sur ma joue. Peut-être est-ce parce que je vois enfin le bout de ce tunnel dans lequel je marche depuis des mois.
Même si je sais qu'il faudra de nombreux mois pour que ma mère aille mieux et que le jugement soit prononcé, le fait de savoir que le ciel n'est plus gris derrière me fait du bien.
Je décide de passer un coup de fil à mes amis. Rapidement, ceux-ci sont devant ma porte. Je reste un instant hésitante à leur ouvrir. Si je le fais, ils ne pourront que voir ma mère dans le canapé. Alors évidemment, ils savent tout, mais c'est toujours différent de voir la réalité en face.
Je finis par me motiver et ouvre la porte. Nous montons directement jusqu'à ma chambre, et comme les bons amis qu'ils sont, ils ne disent rien en voyant la loque à demi-vivante qu'est devenue ma mère.
Comme quand nous étions enfants, nous nous asseyions en tailleur sur mon lit. Même si celui-ci est plus grand, on se rends rapidement compte que l'on a bien grandi et que nos jambes ne nous laisse pas vraiment de place. Mais tant pis.
Je leur annonce quand même la grande nouvelle.
- Bon, et bien... vous aviez raison.
Ils me regardent en se demandant de quoi je veux parler.
- Je me suis rendue au centre d'aide.
A partir de là, je leur raconte tout, et je vois à quel point ils sont fiers que j'ai enfin franchit le pas.
- Quand vas-tu y retourner pour faire toutes les démarches ?
- Le plus tôt possible. Il faut qu'Inna rentre à la maison. Elle ne peut pas rester infiniment dans cet hôpital.
Ils acquiescent seulement et finissent par me laisser, non sans m'avoir proposé de dormir chez Jérémy tous les trois.
Quand je me couche, j'ai hâte d'être au lendemain. J'ai hâte de pouvoir enfin dire que ça va mieux.
Quand je sors au petit matin, je me stoppe au milieu de l'allée devant la maison. Je ne sais pas si c'est de surprise, ou parce que la vision est vraiment alléchante. Scott est là, appuyé contre sa moto, une cigarette entre les doigts.
Je m'avance vers lui et il me regarde droit dans les yeux. Il écrase sa cigarette au sol, et me tends un casque. Je le prends entre mes doigts.
- C'est que... je comptais sécher les cours ce matin...
Il enfourche seulement sa moto sans rien dire et me fait signe de monter. Cependant, je ne bouge pas. Il souffle et m'enfonce le casque sur la tête. Mes cheveux me barrent la vue et il les écarte du bout des doigts.
- Je sais. On y va.
En même temps, est-ce que ça devrait m'étonner ? Il sait toujours tout celui-là.
Je me place derrière lui et je ne sais pas trop où mettre mes mains. Je l'entends souffler et il les attrape pour les entourer autour de lui. Je sens mes joues rougir, pourtant je resserre la prise quand il démarre. Je sens mon cœur battre et j'espère que lui ne le sent pas.
Heureusement, le trajet ne dure pas longtemps. Je suis rapidement devant le centre, et cette fois, je ne met pas lentement à rentrer.
Et Edward ne met pas longtemps à venir à ma rencontre, un grand sourire aux lèvres, comme si.
- Te revoilà. Est-ce pour une bonne nouvelle ?
Je lui rends son sourire, pour la première fois.
- Je crois bien que oui.
Il m'amène dans son bureau et nous remplissons tout un tas de paperasse avec Florence. Il me présente quelques brochures de l'endroit où ils veulent envoyer ma mère. N'y connaissant pas grand-chose, je décide de leur faire confiance.
Edward les appelle devant moi pour savoir si ils ont de la place pour accueillir ma génitrice. Il finit par raccrocher.
- Bien. Ils peuvent venir la chercher dès ce soir. Je te propose que nous te rejoignons à la fin de tes cours. Nous préparerons ensemble une valise pour ta mère, et Florence pourra découvrir les lieux avant que nous n'allions chercher ta sœur.
- Merci.
C'est tout ce que je trouve à dire. C'est un tout petit mot, pourtant, il contient une multitude de chose.
Durant toute l'après-midi, je pense à ce qui m'attends le soir. Comment ma mère va-t-elle réagir ? Va-t-elle se laisser faire ou résister ? Est-ce que Innaya va accepter Florence ?
Comment va se passer la vie avec elle ? Il faut dire que je ne suis plus habituée à avoir une adulte qui fait tout à ma place. Il va falloir que je réapprenne à laisser les autres gérer.
Évidemment, Scott me ramène chez moi. Quand nous arrivons, je vois que Edward et Florence sont sur le parvis, attendant mon arrivée. Le bad boy me regarde attentivement, me demandant silencieusement si je veux qu'il reste. Mais à quoi cela servirait-il ?
Je descends et lui redonne son casque. Avant de partir, il regarde attentivement ceux qui m'attendent. J'ai l'impression qu'il leur fait passer un message silencieux.
- Je serais là demain.
Et avant même que je n'ai pu lui répondre, il est déjà parti. Est-ce qu'il aurait accepté un refus de toute façon ? Sûrement pas.
Je me dirige vers les deux adultes qui m'attendent. Aucun d'eux ne dit rien sur la personne qui m'a ramenée, même si je sais qu'ils l'ont reconnu.
J'ai un peu honte de les faire entrer chez moi, mais je suppose qu'ils ont l'habitude de ce genre de vision, car ils ne disent rien à propos de l'état de ma mère. Je monte dans la chambre de ma génitrice avec Florence pour lui préparer un sac, et une fois que c'est fait, nous retrouvons Edward qui s'est installé dans la cuisine.
Ma mère, amorphe, n'a même pas remarqué que deux inconnus se trouvaient dans notre maison, c'est dire comme nous étions en sécurité sous sa garde. Il ne faut pas longtemps avant que les infirmiers viennent frapper à notre porte.
Je constate qu'ils sont assez robuste, sûrement pour pouvoir maîtriser les patients récalcitrants.
Edward se tourne vers moi.
- Tu peux monter si tu ne souhaites pas voir cela.
Je secoue la tête. Non. Je veux voir, au contraire.
Quand les deux hommes s'approchent de ma mère, elle ne réagit pas. Ils tentent de l'appeler mais celle-ci ne répond que par des grognements.
Elle parvient tout de même à sortir une phrase, totalement détachée de la situation.
- Ramène moi une bière.
Ils la prenne par les bras et la soulève, avec de la délicatesse tout de même. Complètement dans les vapes, elle se contente de rire.
- Héhé, quelle force beaux gosses.
Je voudrais me cacher au fond d'un trou tellement j'ai honte de ce qu'elle est devenue. Elle ne fait rien pour les empêcher de l'emmener et elle se trouve bien vite dans leur véhicule. Je le regarde s'éloigner de moi et je n'ai pas l'impression de quitter ma mère, mais plutôt de quitter mes problèmes.
Après m'avoir laissée seule quelques minutes à regarder la route maintenant vide, le directeur du centre s'approche de moi.
- Bien, je vais te laisser avec Florence. L'hôpital est prévenu que vous passerez dans une heure. Vous avez le temps de faire plus ample connaissance avant.
Je ne fais qu'hocher la tête, et l'homme s'éloigne. Quand je rentre dans la maison, Florence s'affaire dans le salon à tout ranger. Je vais pour l'aider, et elle me sourit. Elle ouvre grand les rideaux de la pièce, et laisse rentrer la lumière. J'ai l'impression de redécouvrir mon salon.
Quand elle a finit, je lui fais faire un tour des lieux et lui montre la chambre d'amis où elle peut s'installer. Ensuite, je lui explique comment on fonctionne ici. Le rituel du matin, celui du soir, ce que je fais. Elle finit par me couper dans mes explications, d'une voix douce.
- Zoé, je suis là maintenant. Tout ça, s'occuper de lever ta sœur, du bain, des devoirs, c'est mon rôle maintenant. Bien sûr, je ne vais pas prendre ta place ou t'empêcher de t'impliquer dans son éducation. Mais même si cela va prendre du temps, j'aimerais que tu délègues toutes ces obligations sur moi, et que tu reprennes ta vie de jeune.
Je tourne la tête, pas forcément convaincue. Je ne me rendais pas compte que j'allais devoir laisser toutes mes petites habitudes à une inconnue. C'est un peu comme si elle prenait ma place, alors qu'au final, ce n'était même pas la mienne.
- Je sais que tu as du t'occuper de tout pendant des mois. Mais maintenant, le ménage, les repas, et tout le reste, je gère. Elle pose une main sur mon bras. Je ne veux pas prendre ta place. Je veux que tu redeviennes une grande sœur. Une adolescente. Et je sais qu'au fond, c'est ce que tu veux aussi.
Je relève la tête vers elle et lui sourit. Oui. C'est ce que je veux, elle a raison. Et comme elle a dit, je risque de mettre du temps à la laisser tout gérer, mais je suis sûre que j'y parviendrais, parce que cette femme me plaît bien.
Elle me rends mon sourire.
- Bon, et si on allait chercher Innaya maintenant ?
J'acquiesce, et ensemble, nous nous rendons à l'hôpital. Sur la trajet, nous discutons, et je suis contente quand elle me pose des questions sur ma sœur, et sur notre futur fonctionnement. J'ai l'impression qu'elle m'implique dans la gestion des choses, et non pas qu'elle essaye de m'exclure.
- Que voulez-vous manger ce soir ? J'ai un peu fouillé dans les placards, il n'y a pas grand-chose. On pourrait commander, et j'irai faire des courses demain.
J'acquiesce, approuvant l'idée.
- Innaya adore manger chinois.
- Va pour le chinois alors ! Tu me feras une liste de ce que tu as besoin. Oh, veux-tu que je te dépose au lycée le matin ?
Je me sens rougir.
- On vient me chercher, ça ira.
Je la vois sourire.
- Je m'en doutais. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas t'assaillir de question sur ce garçon, je me doute que tu ne me connais pas encore assez pour ça.
Je ne lui répond pas mais la remercie intérieurement. Cette femme a vraiment l'air d'être une perle.
Quand nous arrivons dans la chambre d'Innaya, elle semble interloquée de me voir avec une dame qu'elle ne connaît pas.
- Bonjour, vous êtes qui ?
Florence lui sourit chaleureusement et s'approche d'elle.
- Je m'appelle Florence. Et toi c'est Innaya n'est-ce pas ?
Ma sœur hoche la tête, analysant la femme devant elle.
- C'est un très joli prénom.
Innaya sourit, toujours contente de recevoir des compliments.
- Merci. J'aime bien mon prénom aussi, il me va bien. Pourquoi tu es là Florence ?
Cette fois, je décide de prendre la parole.
- Florence va rester un peu avec nous à la maison Inna, pour nous aider.
- Pourquoi ?
- Et bien, pour faire à manger, s'occuper de nous.
- Mais pourquoi ? On a déjà une maman.
- Maman va devoir partir un peu.
Je la vois attristée et ne sais pas vraiment comment lui expliquer, mais Florence me sauve, et je suis contente en voyant qu'elle sait vraiment s'y prendre avec les enfants.
- Ne t'inquiète pas, ta maman va bientôt revenir. Elle était un peu malade, alors comme toi cette semaine, elle va voir des médecins qui vont l'aider. Et en attendant, elle m'a demandé de venir pour prendre soin de vous. D'ailleurs, elle m'a dit de te dire qu'elle t'aimait très fort.
Je vois le sourire de ma sœur, et j'aurai aimé que ma mère est vraiment tenu ce discours.
- Alors si c'est maman qui l'a dit, d'accord, je veux bien.
Elle frotte les cheveux de ma sœur affectueusement.
- Tu es prête à rentrer ?
Elle hoche la tête vigoureusement et descend de son lit, prenant ma main.
Dans le couloir, tandis que nous avançons main dans la main, je la vois tendre la seconde vers Florence. Je ne peux m'empêcher de sourire en comprenant qu'elle l'a déjà acceptée. Inna reste une enfant, et elle ne met pas longtemps à se faire un avis sur une personne. Je suis rassurée qu'il soit positif pour Florence.
Nous partons ainsi vers la maison, sous l'explosion de joie de ma sœur, quand Florence lui annonce qu'on va manger chinois.
Et pour la première fois, je me dis que je vais enfin, pouvoir redevenir moi.
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Bien, il semble que les choses s'arrangent pour Zoé ! Mais vous me connaissez, un problème réglé, 10 de retrouvés ! (C'est quand même plus vrais que leur truc avec les femmes/hommes)
Mais bon, je ne compte pas vous donner que des soucis, mais peut-être un peu d'amour aussi x) On verra x)
Allez, je vous dis à dimanche !
Kiss :*
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