Chapitre 16

Pas le temps de corriger, désolé ! Bonne lecture !

PDV Zoé

Quand je rentre dans la pièce quelques secondes après lui, il est là, m'attendant de pied ferme près de la porte. Je la passe en le regardant, essayant de sonder son état d'esprit. Est-il calme, ou sur le point d'exploser ?

Je suis à peine sorti du champ de la porte qu'il la referme dans un claquement. Je commence à douter du fait qu'il puisse être calme. Il s'avance ensuite vers la table de nuit, sort une cigarette du paquet et l'allume rapidement. Pendant ce temps, je l'observe, silencieuse. Je savoure ce silence, quand bien même il est pesant, car je redoute plus la discussion que ce dernier. Il expulse la fumée de sa bouche et s'adosse au rebord de la fenêtre. Puis finalement, ses yeux noirs et puissant se plongent dans les miens.

Sa voix vient faire frissonner ma peau et accélérer mon cœur.

- Vas-tu parler de toi même ou bien dois-je poser des questions ?

Je crois qu'il sous-entend que je devrais prendre la première option. Cependant, je ne peux que faire l'autruche encore un peu. Comme je l'ai déjà dis, je ne peux pas lui céder tout ça si facilement. C'est la dernière chose qui le retient encore près de moi.

Je croise les bras, et je ne sais pas bien si c'est pour lui paraître forte et déterminée ou bien pour me protéger de ses mots.

- De quoi veux-tu parler exactement ?

Et comme d'habitude, il n'y va pas par quatre chemins.

- De ta mère.

Je détourne les yeux.

- Il n'y a rien à dire sur ma mère.

Au contraire, il y aurait tellement de chose. A quel point c'était une bonne mère avant. A quel point ce n'est plus qu'une loque humaine maintenant. Elle n'a jamais été forte, mais elle a toujours persévéré pour nous. Mais quand elle a décidé d'abandonner, de baisser les bras, ce jour là elle nous a abandonné aussi en un sens.

- Tu vois, peut-être que les autres gobent tes mensonges ou bien font au moins semblant, mais cette mascarade tu peux te la garder avec moi.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Alors regarde moi dans les yeux et redis-le. Redis moi qu'il n'y a rien à dire sur ta mère. Que tout va bien dans ta vie. Allez Zoé, regarde-moi, et dis-le moi.

Sauf que je ne peux pas. Parce qu'à la minute où je croise ses yeux, je sais qu'il ne croira à aucun de mes mensonges. Je sais qu'il ne lâchera pas l'affaire. Je sais que je finirais par craquer.

Mais j'ai encore un peu de volonté. Parce que je m'accroche à cette envie de le voir rester dans ma vie.

- Je ne peux pas.

- Pourquoi donc ?

Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il a écrasé sa cigarette, pourtant peu réduite, pour être devant moi à une distance peu raisonnable.

- On va faire quelque chose Zoé. Tu vas me le dire, ou je te jure que je sors de ta vie maintenant, et il n'y aura pas de retour en arrière.

Mon cœur se sert à cette seule pensée. Celle même qui me fait garder ma bouche close. Mais si je ne dis rien, partira-t-il vraiment ? Il n'est pas du genre à mentir. Si il le dit, il le fera. Alors quelle est la meilleure option ? J'ai l'impression que cela revient au même dans tous les cas.

Je plonge mon regard dans le sien, tentant de voir si il est vraiment sérieux. Mais il est tellement profond, que je ne peux que m'avouer vaincue, et me raccrocher au mince espoir qu'il ne me laissera pas une fois qu'il saura tout.

Résignée, je baisse la tête et avance jusqu'à la fenêtre, ne voulant pas avoir à affronter son regard pendant mes déclarations.

J'essaye d'éteindre mes émotions. Je lui raconte. Je lui explique tout, sans ressentir le moindre mal. Il ne dit rien, et m'écoute raconter cette histoire de façon détachée comme si ce n'était pas la mienne.

Et pendant que ma bouche assemble les mots, ma tête ne peut que penser à ce qu'il va faire quand le dernier de mes mots franchira mes lèvres.

PDV Scott

Je ne suis pas fier de moi. Utiliser une technique aussi fourbe que le chantage n'est pas dans mes habitudes. J'ai tenté le tout pour le tout. Elle ne m'aurait rien dit, pour une raison que j'ignore, elle était déterminée à résister encore. Je ne savais pas si cela serait suffisant pour qu'elle me révèle son histoire. Je me suis accroché à cette idée, que si elle porte encore cette rose noire, c'est qu'elle n'a pas forcément envie que je disparaisse dans sa vie, encore une fois.

Elle ne dit rien quelques instants avant de se diriger tête baissée vers la fenêtre. Elle ne dit rien pendant un instant, alors que mon regard est planté sur son dos. Je me demande alors si elle compte parler ou juste tenté d'esquiver une nouvelle fois. Peut-être que je me trompe et qu'elle se fiche de ma présence dans sa vie.

Et puis sa bouche s'ouvre et son histoire en sort.

- Mon père s'est barré quand j'étais jeune. Je ne me souviens même plus de son visage. Ma mère m'a élevée seule pendant quelques temps. Ça a été dur. Je ne m'en souviens pas parfaitement, mais je me rappelle l'avoir entendu pleurer la nuit. Avoir vu son visage défait par la fatigue et l'angoisse de ne pas réussir à s'en sentir. Et puis elle a rencontré Marcus, le père d'Inna. Ils sont tombé amoureux, ont eu ma sœur, puis il m'a adopté. Tout se passait à merveille. Et puis Innaya a eu son accident. C'était il y a 6 ans maintenant. Je dirais que c'est là que les choses ont commencé à mal tourner. Souvent, l'handicap ou la perte d'un enfant fait sombrer un couple. C'est ce qui s'est passé. Ils ont commencé à se disputer, de plus en plus souvent. Mais ils s'aimaient. Alors pour Inna et pour moi, ils résistaient.

Plus le temps passait, plus la situation se dégradait. Ma mère... ma mère n'a jamais été forte. Si elle n'avait pas rencontré Marcus, elle n'aurait pas réussit seule. Elle gérait bien Inna, mais elle avait de plus en plus de mal à garder la tête haute. Elle s'est mise à penser qu'il la trompait. Marcus n'arrivait plus à la supporter, à supporter ses crises alors qu'il n'avait jamais été voir une autre femme. Elle était la mère de sa fille et il n'aurait pas pu.

Elle marque une petite pause, puis reprend.

- Malgré le fait qu'ils essayaient de nous épargner au début, ma mère a commencé à ne plus se soucier de notre présence pour lui faire des reproches et des scènes. Son comportement a fait empirer les crises d'Inna. Heureusement, elle parvenait toujours à la calmer sans utiliser ce putain de médicament, pas comme moi. Marcus a commencé à partir de plus en plus souvent pour le travail, surtout pour échapper au calvaire de la maison. Mais elle ne se gênait pas pour le descendre malgré son absence. Elle a commencé à boire. Pas beaucoup au début, mais elle devenait une personne différente au fil du temps. J'ai compris à quel point elle était fragile psychologiquement.

Je comprends alors comment finie son histoire, mais je la laisse aller au bout de son récit.

- Un jour, il est partit et n'est pas rentré. Il a demandé le divorce. Et elle a sombré. Dans l'alcool, dans la drogue, dans la dépression. Elle passe ses journées inertes dans le canapé, elle ne s'occupe et ne se préoccupe plus de rien. Elle n'est qu'à peine consciente la plupart du temps. Marcus aime profondément Innaya, et sûrement moi aussi. Mais il est incapable de s'occuper correctement d'elle. Je pense que cette situation qui a durée des années l'a tellement usé qu'il ne serait pas capable de s'occuper de n'importe quel enfant, alors une enfant comme Inna. Il a simplement baissé les bras, et compte sur moi pour prendre soin d'elle. Il nous envoie de l'argent, donc dans un sens, c'est lui qui nous fait vivre. Il a tout de même demandé sa garde, sachant que notre génitrice n'était pas capable de subvenir à nos besoins. Avec une aide médicale à plein temps pour elle. Mais temps que le divorce n'est pas prononcé, nous sommes sous la garde de notre mère. Et puisque qu'elle ne risque pas d'aller chez un juge, la procédure est d'autant plus longue.

Et puis il n'obtiendra sûrement pas ma garde, même si il m'a adopté. Je me demande ce qui adviendra de moi une fois qu'il aura récupéré Inna et que ce serait seule avec le déchet qui me sert de mère.

Elle se stoppe une nouvelle fois, comme si elle voulait me permettre de digérer tout ça.

- Je suis sûre que tu te demande pourquoi je n'ai pas demandé d'aide. Envoyé ma mère en désintox. Mais si je faisais ça, ils me prendraient Inna. Ils l'a mettraient en centre ou dans une famille d'accueil, et ce serait sûrement la même chose pour moi. Il est hors de question qu'il me sépare de ma sœur. Alors j'essaye de m'en sentir. M'occuper d'une jeune fille de 11 ans avec un handicap mentale, d'une mère malade, de la maison, des cours, de faire à manger, de gérer les crises de ma sœur, de m'assurer qu'elle ne manque de rien. Et tout un tas d'autre choses. Mais tout devient tellement dur à gérer. Et maintenant je me demande seulement combien de temps je tiendrais.

Cette fois-ci, je sens qu'elle a finit de parler. Qu'elle a dit tout ce qu'il y avait à dire. Et je comprend à quel point j'ai été con de la laisser et de lui créer de nouveau soucis alors même qu'elle était dans cette situation.

Mon corps bouge de lui-même. Je m'avance vers elle et la retourne vers moi. Elle me regarde un instant et j'attire son corps entre mes bras. Sa tête se cale dans mon cou et je sens que son corps n'est pas détendue. Qu'elle ne sait pas comment réagir. Les mots franchissent mes lèvres sans que je les retiennent, mais ils sont tous absolument vrai.

- Je te promet d'être là. De te protéger toi et ta sœur. Je te le promet Zoé.

Sa petite voix se fait entendre.

- Alors tu ne vas pas partir maintenant que tu sais tout ?

Et à cet instant je comprends à quel point elle avait peur que je la laisse encore. Je comprends pourquoi elle refusait obstinément de tout me dire. Alors je ne peux que la rassurer quand je la sens si frêle entre mes bras.

- Non. Je ne partirais plus jamais.

Et dans mon cou, je sens une seule et unique larme couler alors que son corps se détend enfin.

Je l'écarte un peu de moi et la récolte de mon pouce, avant de plonger mes yeux dans les siens. J'observe ses joues rougir alors que je la regarde intensément pendant plusieurs minutes. Ma main reste sur sa joue et je ne peux rien faire d'autre que la regarder.

Et puis sa voix gênée s'élève et je ne peux m'empêcher de sourire quand son corps s'éloigne de moi.

PDV Zoé

Il me regarde et moi je reste là, à rougir devant ses mots, devant ses yeux si profonds et déstabilisant. J'ai l'impression qu'on m'a retiré un poids. Le fait d'avoir parlé de tout ça à quelqu'un est libérateur. Mais la fait de savoir qu'il ne va plus partir me fait plus grand bien encore.

J'espère seulement qu'il ne reviendra pas sur cette parole.

Sa main sur ma joue me brûle la peau, d'une façon tout à fait agréable. J'ai l'impression de revenir des mois en arrière, quand notre relation était bien différente de celle que nous avons eu, ou pas eu ces derniers mois.

Et quand je le regarde, je n'ai qu'une envie, c'est de poser mes lèvres sur les siennes, de voir si elles ont encore la même saveur qu'autrefois.

Mais je ne dois pas craquer, il ne le faut pas. Il me repousserait de toute façon. Revenir dans ma vie ne veut pas dire reprendre les choses là où nous les avions laissées.

Gênée, je sors quelques mots et me dégage de son corps auquel j'aimerais au contraire me blottir. La sensation de son corps qui entoure le mien, bien qu'elle n'ai duré qu'un cours instant, était si reposante et si réparatrice que j'aimerais y retourner. C'est comme une bulle où tous les problèmes cessent.

- Ça doit faire 15 minutes, on devrait y retourner.

Là-dessus, je quitte la pièce rapidement et en marchant dans les couloirs, mon cœur battant à toute allure dans ma poitrine, je ne peux que me rendre à l'évidence.

J'ai encore énormément de sentiments pour Scott Deans.

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