Chapitre 13

 PDV Scott

Quand elle me parle de sa sœur, je comprends la difficulté de s'en occuper. Malgré tout l'amour du monde, s'occuper d'un enfant, ou même d'une personne ayant des difficultés, mentales ou physiques, ce n'est pas quelque chose de simple. Il faut avoir les épaules suffisamment solides. Mais je ne comprends pas pourquoi j'ai l'impression que c'est Zoé qui porte ce poids sur ses épaules.

Où sont ses parents ? C'est eux qui devraient gérer Innaya, pas une jeune fille de 17 ans. Elle devrait avoir d'autres préoccupations. Ses études, son avenir, ses amis. Je sais qu'elle ment lorsqu'elle dit au médecin qu'ils sont absents. Qui laisserait une enfant à la charge d'une jeune fille pendant autant de temps, encore plus quand l'enfant en question a besoin d'attentions particulières ?

Je doute que ce soit réellement le bon moment pour la questionner. Mais je pense aussi qu'au fond il y aura jamais de bon moment. Et si on ne force pas un minimum Zoé à parler, elle ne le fera pas, jusqu'au jour où la situation sera trop grave pour qu'elle puisse s'en sortir seule. Ce n'est sûrement pas la bonne solution que d'attendre, alors ces questions, je les pose. En essayant de ne pas trop la brusquer tout de même.

- Si j'ai bien compris, Inna et toi n'avez pas le même père ?

Elle secoue la tête.

- Non. Je m'apprête à poser une question de plus mais elle enchaîne, y répondant d'elle-même. Mon père est parti quand j'étais petite. Je m'en souviens à peine. Ma mère s'est retrouvée quelqu'un et ils ont eu Inna ensemble.

Je me demande si le problème pourrait avoir un lien avec ce beau-père, alors je la questionne.

- Tu t'entends bien avec lui ?

- Oui. C'est un chic type. Il m'a adopté quand j'étais jeune.

- Pourquoi ta mère ou ton beau-père ne sont-ils pas ici pour prendre soin d'Inna ?

Je la vois baisser les yeux. Elle sait très bien que ses mensonges ne prennent pas sur moi, pourtant elle s'efforce d'essayer.

- Je l'ai dis, ils sont en voyage, pour affaires.

- Zoé.

Elle relève la tête doucement pour me regarder. Elle a l'air d'un chiot sans défense ainsi, à me supplier de croire à son mensonge.

- N'essaye pas de me mentir.

- Je ne te mens pas.

- Zoé.

Ma voix devient plus froide. Je veux lui faire comprendre qu'elle ne peux pas user du mensonge chaque fois qu'elle n'a pas le courage de dire la vérité. Parfois il faut se donner les moyens, sinon rien n'avancera jamais.

- Quoi ? Puisque je te dis qu'ils sont en voyage !

- Et ils auraient laissé Inna à ta charge vu son état ? Ne me fais pas croire ça Zoé.

Voyant que c'est peine perdue, elle souffle, et je vois qu'un peu de colère pointe chez elle. Elle déteste qu'on l'oblige à parler, je le sais. Ça a été la même chose la dernière fois avec ce connard de Ryan. Alors que si elle m'avait parlé dans ce couloir, tout aurait été différent.

- Ils se sont séparés, son père est parti loin pour le travail, voilà, t'es content !?

Non, je ne suis pas satisfait. Je crois en cette réponse, mais elle n'est pas complète. Et je sens que je me rapproche de plus en plus du problème, celui qui la rends aussi morose et fatiguée depuis pas mal de temps.

- Et ta mère, où est-elle ?

- Mais tu n'as pas fini avec tes questions ? Pourquoi tu veux tout savoir ?

Bingo. C'est sa mère le problème. Reste à savoir pourquoi.

- Réponds moi Zoé.

Je regarde sa moue boudeuse. Elle se pince les joues, et celles-ci sont rouges. Je comprends rapidement que je n'en tirerai rien de plus aujourd'hui, mais moi aussi, je suis en colère. En colère parce qu'encore une fois elle décide de fuir plutôt que de demander de l'aide. Et qu'elle se met en danger à cause de ça. En comprenant l'état d'Inna, la brûlure au bras de la rousse paraît logique. Je comprends sans mal qu'elle s'occupe seule de sa sœur même si je n'en sais pas encore les raisons. Toujours étant qu'elle a déjà été blessée, et qu'Innaya pourrait elle aussi se faire du mal.

Et je ne veux qu'aucune de ces deux hypothèses arrivent parce que Madame a une fois de plus trop d'ego pour dire la vérité.

- Zoé bordel !

J'ai du mal à contenir ma rage. Je n'ai jamais été du genre à me retenir mais cette fille a la faculté de m'énerver plus vite et plus fort que les autres. Et si seulement c'était la seule influence qu'elle avait sur moi...

- Tu es fatiguant ! Ça fait des mois que tu m'ignores et maintenant tu veux tout savoir de ma vie ? Mais qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ?!

Que répondre à ça ? C'est vrai, j'ai fais le con pendant des mois. Et ça m'agace déjà assez moi-même. Mais m'excusez ? L'admettre ? Non.

Une infirmière rentre dans la pièce, se demandant sûrement pourquoi nous faisons un boucan pareil dans un hôpital. Je lui lance un regard qui ne fait pas de doute concernant mes pensées et elle fait demi-tour aussi vite qu'elle est arrivée. Zoé ne semble même pas s'inquiéter du fait qu'elle soit venue et elle enchaîne, en colère.

- Pourquoi tu te soucie de moi hein ?! C'est pour mieux partir après, comme tu l'a déjà fait ! Ça t'amuses ?!

Et au milieu de la colère, je distingue de la tristesse, de la peine. Mon comportement de connard l'a touché plus que je ne le pense.

- Désolé.

Elle semble aussi choquée que moi d'entendre ce mot sortir de ma bouche. Il est venu seul, sans que je ne le contrôle. Puisque c'est fait, autant ne pas s'attarder là dessus.

C'est comme si l'étonnement avait chassé la colère en elle. Je devrais peut-être me contenter de ça et arrêter les questions pour aujourd'hui. Mais c'est plus fort que moi.

- Vas-tu me répondre ?

A la fois gênée et agacée, elle souffle.

- Non. Je vais me chercher à boire.

Elle se dirige rapidement vers la porte. Pense-t-elle que je vais abandonner aussi facilement ? Comme si ce genre de diversion allait prendre avec moi. Je la vois courir jusqu'à la porte, bien consciente que je vais tenter de l'arrêter.

Je vois surtout son pied buter dans un caillou imaginaire et son corps part en avant. Avant qu'elle n'ai pu toucher le sol, mon bras passe autour de sa taille et je la retiens. Penchée dans mes bras, mes yeux sont attirés par un objet qui brille, sortit de son t-shirt.

Je reste fixé dessus sans comprendre. En me voyant bloqué, elle baisse le regard pour découvrir l'objet de mon trouble. Je vois du coin de l'œil ses joues rougir.

J'entends à peine ma voix quand elle franchit mes lèvres.

- Tu le portes encore ?

Ce n'est pas vraiment une question, puisque j'ai la réponse sous les yeux. C'est plus la manifestation de mon étonnement. Je pensais qu'elle l'avait retiré, suite à mon comportement de ces derniers mois. Mais il semble que non. Le porte t-elle ainsi caché depuis tout ce temps ? Pourquoi ? Pour me faire penser, et pour montrer à tous qu'elle m'a oublié ? Ce n'est pas le cas ?

Je ne sais comment réagir. Les questions tournent dans ma tête, et je suis tellement perdu par cette découverte que je ne la retiens pas quand elle quitte mes bras et sort de la chambre, gênée. Pourquoi cette gêne ? Parce que j'ai vu qu'elle l'avait autour du coup ?

Une rose noire. Je ne sais pas à quoi j'ai pensé en lui offrant. Peut-être qu'au final je voulais qu'elle le porte pour que tout le monde comprenne qu'elle m'appartenait. Sauf qu'elle ne m'appartient pas, et qu'en plus de ça, je ne suis pas sur que j'avais envie qu'elle le montre à d'autre. Comme si cela devait rester entre nous. Parce que tant que personne ne le sait, les choses inexplicables que je ressens à son contact et que je cherche à réprimer ne sont pas officielles. Cela les rends moins réelles.

Je saisis mon téléphone et compose le numéro de Matthews. Je sais qu'il est en cours, mais je sais aussi qu'il se fichera de décrocher, contrairement à la personne que je cherche à joindre.

Quand il décroche, je ne lui laisse pas le temps de parler.

- Passes-moi Lucy.

Il ne dit rien et quelques secondes après, j'entends la petite voix de Lucy. Je sais qu'elle l'a prit uniquement car elle se doute qu'il y a un problème. Sinon jamais elle ne décrocherait en cours. J'imagine sa tête face au prof en faisant ça.

- Viens aux urgences pour enfants. Innaya y est. Zoé a besoin de quelqu'un.

Et je raccroche. Pas besoin de réponse, je sais qu'elle sait déjà levée et que Matthews la suivit pour l'emmener ici. De toute façon, je n'attendais aucune question, aucun acquiescement, seulement qu'elle vienne ici pour que Zoé ne soit pas seule.

Une quinzaine de minutes plus tard, elle franchit le seuil de la chambre. Mon ami doit être reparti, répudié, afin qu'il ne se doute pas de ce qu'il se passe dans la vie de la rousse. Lucy ne doit pas être au courant de tout, mais elle en sait suffisamment et connaît assez sa meilleure amie pour savoir qu'elle ne veut pas que d'autres l'apprennent. C'est raté pour moi, dommage.

Quand elle entre, je ne lui laisse pas le temps de poser des questions que je suis déjà dans le couloir, me dirigeant vers ma moto. J'ai besoin d'être seul. J'ai besoin de réfléchir à tout ça.

A ce que cela signifie pour elle.

Et ce que ça signifie pour moi.

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