Chapitre 12
PDV Zoé
Les heures s'enchaînent, les cours passent, longs et ennuyants. Je n'arrive à me concentrer sur rien, à part sur la sensation encore vivace de sa peau contre la mienne. Un geste que je ne comprends pas, un geste qui fait naître mille et une question en moi, ou plutôt qui ravive celles mises en sommeil par son silence. Mais pour une fois je ne cherche pas les réponses. Rien que le fait de savoir qu'il ne se méprends plus me suffit pour m'apaiser. Je dois dire que j'en avais bien besoin, d'un moment où mon corps et mon cœur peuvent se reposer. A défaut du corps, j'ai l'esprit et le cœur tranquille. Enfin vide de cette peur de le perdre alors qu'il n'est pas à moi.
La sonnerie retentit, annonçant une heure de pause pour ma classe. Ce n'est pas le cas de nos amis, mais au moins, ça nous, ça me permettra de souffler encore un peu. A quatre, Jonathan étant encore avec nous, nous nous dirigeons vers un banc à l'ombre, le soleil tapant encore bien en ce mois de rentrée. Je m'installe près de Marie, avec le français, tandis que Scott reste un peu derrière, contre l'arbre qui nous abrite. Je me retiens de me retourner pour lui jeter un regard, il n'y aurai pas moins discret. Mais j'en meure d'envie. Cela fait des jours que je n'ai pas eu l'occasion de le voir, alors maintenant qu'il est là, j'ai cette foutue impression qu'il pourrait disparaître à tout moment.
Je vois Marie me lancer un regard, avant de s'exclamer :
- Ce que j'ai soif ! Je vais nous chercher un truc au distributeur, John, tu viens avec moi.
Elle se lève et attrape le jeune homme par le coude, l'entraînant avant qu'il n'ai le temps de donner son avis. Très subtil comme manœuvre Marie.
Je reste assise sans bouger, tandis que leurs ombres disparaissent au détour d'un couloir. Je joue avec mes doigts, essayant d'attirer mon attention ailleurs que sur l'apollon derrière moi.
Je viens vraiment de penser ça ? Mon cas est plus désespéré que je ne le pensais. Bon, il faut le dire, il est beau, mais est-ce que c'est vraiment le plus important à penser alors qu'il vient juste de me faire comprendre qu'il ne m'en voulait plus ? Pour quelque chose que je n'avais pas fait d'ailleurs.
Mon téléphone me coupe et je pense qu'il vaut mieux car on ne sait pas ce qu'aurais pu devenir mes pensées. Le numéro est inconnu. Je me demande un instant si je dois répondre avant de passer mon doigt sur la bulle verte.
- Oui ?
- Mademoiselle Martins ? Ici les urgences pour enfants. Nous vous appelons car votre sœur vient d'être admise et vous êtes son numéro d'urgence. Pouvez-vous venir ici ?
Mon cœur cesse de battre, tandis que mes yeux s'ouvrent en grand.
- Mademoiselle Martins ? Vous m'entendez ?
J'ai l'impression d'être sous l'eau. Les sons et les formes sont floues.
- Mademoiselle Martins ?
Inna. Je dois aller voir Inna. Je me sors la tête de l'eau et reprends ma respiration.
- Oui. Oui pardon j'arrive de suite.
Elle raccroche et je me lève affolée. J'ai du mal à respirer. Je dois aller là-bas, au plus vite, mais comment ? Je regarde autour de moi en me serrant le crâne, comme si la solution allait m'apparaître par miracle.
Et c'est peut-être ça.
Une silhouette masculine rentre dans mon champs de vision et saisit mes mains pour me les faire redescendre.
- Qu'est-ce qu'il y a, Zoé ?
Je ne fais même pas attention d'à quel point j'aime entendre mon prénom dans sa bouche, trop perdue.
- Je...
- Calme-toi, respire. Regarde-moi. Il me saisit le visage pour me faire relever les yeux vers lui. Calme-toi.
La vue de ses iris noirs me calme instantanément. Me voyant reprendre ma respiration, il reprend.
- Dis moi ce qu'il se passe.
Je recommence à m'affoler, légèrement seulement, et pose mes mains sur ses avants-bras qui me maintiennent toujours la tête.
- Inna, les urgences, je dois y aller !
Je suis consciente que ma phrase est un peu brouillon, surtout qu'il ne connaît pas le nom de ma sœur, mais il semble comprendre sans mal. Il me saisit la main et me tire vers l'extérieur du lycée, d'un pas assez rapide, que je suis sans mal vu l'urgence de la situation.
Il attrape son casque de moto et me l'enfile, avant d'enfourcher l'engin. Il attend que je fasse de même, mais quelque chose me bloque.
- Et toi ?
- Et moi quoi Zoé ?
- Un casque.
- On s'en fiche, faisons au plus urgent.
Alors je monte derrière lui, n'ayant pas envie de perdre mon temps à batailler pour une cause que je sais déjà perdue.
- Accroche-toi.
Sans me poser trop de question, j'enroule mes bras autour de son torse. De toute façon je ne suis pas en état de réfléchir maintenant aux sensations de son corps contre le mien. Il démarre et je me doute qu'il roule bien au dessus de la vitesse autorisée, mais je ne dis rien.
Quand il s'arrête devant le bâtiment en question, je descends rapidement et me dirige vers l'entrée, avant qu'une main autour de mon poignet ne me fasse revenir en arrière. Je m'apprête à lui demander ce qu'il fait quand ses doigts se posent sous mon menton pour défaire l'attache du casque. Ah oui, c'est vrai. Il me le retire avec délicatesse et descend de la moto alors que je le remercie. Je comprends qu'il compte m'accompagner.
- Merci mais je peux y aller seule.
- Je viens avec toi. Ne discute pas.
Il me saisit le bras en avance vers le bâtiment sans me demander mon avis. Bien, il semble que je n'ai pas le choix. Ni le temps de batailler avec lui.
Il passe devant les gens qui attendent en les défiant du regard de dire quelque chose. Ça marche plutôt bien, et si je trouverais cela vraiment inacceptable en temps normal, cette fois-ci je ne dis rien.
Sa voix résonne dans le hall quand il s'adresse à l'infirmière, de façon froide, comme à son habitude.
- Inna Martins. Où est-elle ?
Le reconnaissant surement, et ne voulant pas le contrarié, elle tape rapidement sur son ordinateur avant d'ajouter d'une petite voix.
- Je suis désolé je n'ai personne à ce nom.
Comment ça personne ? Où est ma sœur ? Et puis ça fait tilt.
- Innaya. Essayez Innaya Martins.
Trop pressée, j'en oublie les bonnes manières.
Elle cherche et relève la tête.
- Ascenseur 2, étage 3, chambre 543.
Je m'apprête à lui demander de répéter, n'ayant pas tout assimilé, quand Scott me tire par la main, d'un pas décidé. Je le suis, décidant de lui faire confiance. La musique dans la petite boite de fer ne fait qu'augmenter mon angoisse déjà bien présente. Je ne peux m'empêcher de serrer un peu plus la main de Scott, qui ne m'a pas lâché. Je le remercie intérieurement.
Les portes s'ouvrent et nous sortons avec empressement. Le couloir paraît interminable alors que les numéros de chambre défilent sous mes yeux. Je ne me souviens plus de celui d'Inna, j'ai l'esprit trop embué pour réfléchir. Scott tourne et nous entrons dans l'une d'elle. Quand je vois ma sœur au milieu des draps blancs, relié à une espèce de poche en plastique, je lâche la main du bad boy et me précipite sur elle.
- Inna !
Je saisis sa petite main et remarque ses yeux fermés et l'absence de réaction de ma sœur.
Un médecin que je n'avais pas vu jusqu'à lors s'adresse à moi.
- Elle n'a rien de grave ne vous inquiétez pas. Nous l'avons mise sous sédatif afin d'atténuer la douleur le temps de votre arrivée. Elle dort.
Je relève la tête vers lui.
- Que s'est-il passé ?
- Votre sœur a l'appendicite. Cela nécessite une opération bénigne, cependant nous ne pouvions la pratiquer sans l'accord du responsable légal.
- Je vous donne l'accord.
Il sort une petite feuille de sa chemise et la lis.
- Puis-je avoir votre nom Mademoiselle ?
- Zoé Martins.
Il fronce les sourcils.
- Vous êtes sa sœur ? Je vois que c'était vous à appeler en cas d'urgence.
- Oui, cela pose un problème ?
Je commence à stresser. Et si il refusait d'opérer ma sœur ?
- A moins d'une autorisation d'un parent ou d'un juge, vous ne pouvez pas signer cet accord.
Je sens mon visage se décomposer. Une voix résonne alors.
- Vous allez la laisser signer et opérer Innaya. Maintenant.
L'homme en blouse blanche relève la tête vers l'homme qui m'accompagne. Il semble qu'il n'avait pas fait attention à l'identité de l'accompagnateur.
Je le vois hésiter un instant.
- S'il-vous-plaît Monsieur, ma mère et mon beau-père sont dans un autre pays pour des affaires, ils ne pourront être là avant des jours !
Le fait de sauver un enfant semble passer au dessus de ses réticences et il me tend l'autorisation avec un stylo. Je le remercie et signe rapidement. Il appelle une infirmière et lui demande de préparer la salle d'opération et Inna.
Pendant ce temps il s'adresse à moi.
- Innaya s'est-elle plainte de douleurs au ventre récemment.
- Oui ce matin... J'ai pensé qu'elle voulait seulement louper un jour d'école. Elle n'avait pas l'air de souffrir. J'aurai du prendre en compte ce qu'elle me disait.
Il me rassure.
- Ne vous inquiétez pas. Il est dur de prêcher le vrai du faux, les symptômes d'appendicite peuvent varier selon les personnes. Votre sœur n'est pas en danger. L'opération va durer entre 20 minutes et 45 minutes. C'est une opération bénigne que nous avons l'habitude de pratiquer. Votre sœur sera placée sous anesthésie générale. Habituellement, nous gardons les patient 3 jours à la suite de celle-ci, cependant, étant donné l'état psychologique d'Innaya, j'aimerais la garder plus longtemps si vous le permettez. Nous ne savons pas quelles conséquences une opération pourrait avoir sur son humeur, et il serait dangereux qu'elle rouvre l'incision en ayant une crise.
- Bien sur docteur.
L'infirmière revient à ce moment.
- Tout est prêt.
Il hoche la tête.
- Bien. Mademoiselle Martins, nous allons emmener votre sœur. Elle sera vite de retour.
Je me baisse afin de déposer un baiser sur son front.
- Sois forte Inna.
Je m'écarte ensuite du lit pour les laisser l'emmener. Une fois qu'ils sont parti, je m'assois sur une chaise dans la pièce et remarque le regarde de Scott sur moi. Je vois qu'il a des questions, mais que vu la situation il se retient de les poser.
Je souffle et décide de lui dévoiler au moins l'état d'Inna, car il en a déjà entendu assez.
- Innaya a 11 ans. Lorsqu'elle avait 5 ans, elle a été renversée par une voiture en échappant à la vigilance mon beau-père. Je le vois s'asseoir sur la chaise à côté et m'écouter attentivement. Les mystères de notre cerveau on fait que depuis ce jour, elle ne grandit plus. Elle a toujours 5 ans dans sa tête. Elle a du mal à faire des choses simples, à évaluer le danger, comprendre les émotions des autres. Physiquement elle grandit, mais ce ne sera jamais plus. Cependant elle est intelligente, alors par mimétisme des cours qu'elle reçoit, elle parvient à avoir un niveau scolaire passable. Ça ne durera pas longtemps, car déjà depuis des années elle a des cours adaptés, et a redoublé. En plus de tout ça, nous ne l'expliquons pas mais elle fait des crises de violences. Elle cherche à faire du mal aux autres et puis à elle-même. Si l'on ne parvient pas à la calmer, on doit lui injecter une préparation médicale. Elle nécessite une constante attention.
Il ne dit rien pendant un moment mais je sais qu'il y a d'autre chose qu'il souhaite savoir. Et qu'il ne va pas retenir ses questions bien longtemps.
Reste à savoir si je serais capable de lui répondre.
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Vous savez maintenant ce qui arrive à Innaya ! Mais que ce passe-t-il avec sa mère et son beau-père ? Suspens x)
Allez, à dimanche !
Kiss :*
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