Chapitre 11

 PDV Zoé

Je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'ai fais que me repasser en boucle la scène de hier. J'ai même du retenir mes larmes, plusieurs fois, en imaginant qu'il pourrait ne jamais me laisser la chance de tout mettre au clair.

Je me rends compte à quel point sans m'en apercevoir je me suis accrochée à cet espoir que tout redevienne comme avant quand il a recommencé à m'accorder de l'attention. Comme j'ai rêver reprendre ma vie là où elle s'est arrêtée il y a de nombreux mois.

Je ressemble à un zombie en me préparant. Même Inna qui n'a pourtant pas souvent conscience de l'état maussade des autres remarque que ça ne va pas. Elle reste silencieuse, me laissant un peu me reposer.

En arrivant devant les grilles, mes yeux sont déjà à l'affût. Leurs voitures sont là, mais sa moto est absente. Peut-être est-il venu avec l'un d'eux ? Je connais déjà la réponse mais je m'accroche tout de même à cette idée futile. En arrivant vers les autres je reste silencieuse. Je le cherche des yeux, mais aucun des corps devant moi n'est le sien. Le désespoir prend de plus en plus de place en moi. Ils me saluent, et je m'entends vaguement répondre. Lucy apparaît devant mes yeux. Je déglutis. Fais comme si de rien n'était Zoé, reprends toi. Des mots qui ne résonnent pas en moi. Elle me parle. Ses lèvres bougent devant moi mais je n'entends rien. Je la coupe. J'ai besoin d'une réponse.

- Où est Scott ?

Elle arrête de parler. M'observe un instant les sourcils froncés. Puis elle répond.

- Il n'est pas là. Il est dans une colère noire depuis hier et on ne sait pas pourquoi. Il s'est enfermé et ne sort de sa chambre que pour aller cogner le punching-ball en bas.

Ma faute. Et comme je le craignais, aucune opportunité de rétablir les choses. Que pense-t-il de moi à présent ? Me laissera-t-il lui expliquer ?

J'ai presque l'impression de suffoquer.

- Zoé ça va ?

Je ne répond rien, il n'y a pas de réponse, elle la connaît déjà.

Mais elle ne pose pas plus de questions heureusement.

Les jours passent et son absence me ronge. Il ne revient pas, il ne décolère pas, et moi je suis en mode automatique. Je ne fais qu'attendre qu'il ne revienne, comme éteinte.

Mes amies n'ont pas demandé de réponse, ils ont bien compris que nos deux états étaient liés. Mais ils ne peuvent rien y faire. Et je ne suis plus sur de pouvoir y faire quelque chose moi aussi.

Il est sûrement déjà trop tard.

En me réveillant ce matin je n'ai goût à rien. Je suis fatiguée. Il me manque. Oui, sa présence me manque, quand bien même il ne m'abordait pas. Mais il était là, ses regards étaient là. Maintenant il n'y a plus rien. Ça me manque de ne plus sentir la chaleur de ses yeux dans mon dos. De ne plus pouvoir plonger les miens dans ses iris ténébreux. Les questions ont quitté mon esprit. Je ne veux plus savoir pourquoi il se comportait ainsi. Je veux juste qu'il le fasse à nouveau. Juste qu'il revienne, silencieux si il veut, mais sans colère. Qu'il me laisse lui dire. Lui expliquer.

Mais les jours passent et il ne revient pas. Alors ce matin je n'ai aucun espoir de le voir. Je m'habitue à la détresse, au manque. Et c'est peut-être le plus triste là dedans.

Inna ne me réveille pas ce matin. Elle ne le fait plus depuis quelques jours, pourtant elle ne fait aucune crise. Peut-être a-t-elle compris malgré son âme d'enfant que j'avais besoin de solitude. Je n'en sais rien.

Sans envie aucune je me lève, et vais dans sa chambre. Elle n'a pas bougé de son lit. Je m'approche doucement.

- Inna ? On se réveille ma puce.

Elle lève sa petite tête vers moi et je la vois me faire des yeux de biches.

- Zozo, ça va pas.

Je fronce les sourcils et m'assois à côté d'elle.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai mal au ventre.

Je pose ma main sur son front, non, pas de fièvre. Elle ne transpire pas.

- Envie de vomir ?

- Non, juste mal.

- On va aller manger, c'est peut-être ça.

Elle secoue la tête.

- Je veux rester à la maison me reposer.

Je souffle. Inna fait souvent ça. Dire qu'elle est malade de façon à louper l'école. Elle adore. Sauf que je ne peux pas sécher sur la simple supposition d'une maladie imaginaire.

- On va manger et on verra d'accord ?

Elle finit par accepter et se lève. Je l'observe marcher. Rien n'a l'air de la gêner.

Une fois à table, elle mange sans se plaindre, sans grimacer, et avec appétit. Elle ne me reparle de son mal de ventre qu'une fois qu'elle est sur le point de s'habiller.

- Je te jure j'ai encore mal.

- Je te crois.

Ou pas vraiment, mais évitons de la braquer.

- Mais je ne peux pas louper l'école.

Je pourrais, mais la situation n'est pas franchement un cas de force majeure.

- Maman peut me garder.

Comme ça on peut être sur que quand je reviens tu as fait brûler la maison et toi avec. Non merci.

- Elle est trop fatiguée.

Je m'agenouille devant elle.

- Écoute, ce qu'on va faire, c'est que tu vas aller à l'école, et moi je vais appeler le médecin. Je viendrais te chercher pour l'heure du rendez-vous.

Elle semble d'accord avec moi, ce qui me rassure. Je ne vais appeler un quelconque médecin, certaine que d'ici ce soir, sa maladie sera oubliée. Je lui dépose un baiser sur le front.

- Allez, on se prépare.

Elle finit de se préparer sans mal, ce qui me confirme dans mon idée que son état est purement imaginaire.

Une fois que Karen est passée la chercher, je me rends sans envie au lycée. Devant l'enceinte, je ne m'attends plus à rien, alors je ne regarde même pas si sa moto est présente. Au temps éviter une nouvelle désillusion.

Je marche en regardant mes pieds. Par un coup de chance, je ne me prends personne et arrive sans mal jusqu'à mon groupe d'amis.

Et je m'arrête. Je connais cette paire de chaussure. Je relève la tête et il est là, il me transperce du regard.

PDV Scott

Voilà quatre jours que je me terre ici. Que je refuse de l'affronter. Je suis bien trop en colère. Bien trop sur les nerfs. Mais je ne peux pas me défouler sur elle, alors je le fais dans le sac de sable du sous-sol. Mes poings sont dans un état pas possible. Je m'en fous, je ne sens aucune douleur.

J'évacue comme je peux. Personne ne comprends mon énervement. Mais ils ne posent plus de questions et me laisse me défouler. Seul.

Tant mieux, je ne veux pas risque de passer ma colère sur l'un d'eux.

J'ai défoncé le verrou de ma porte hier. Je crois que je l'ai claquée trop fort. Heureusement, personne n'a l'idée de venir m'emmerder dans ma chambre.

Enfin c'est ce que je croyais. Ce soir, la porte s'ouvre et je tourne la tête pour Josh s'avancer à l'intérieur. Je tente de lui faire comprendre d'un regard que je ne veux voir personne.

- Remballe ton regard noir.

- Fous moi la paix.

- J'y réfléchirai quand tu arrêteras de jouer au con.

- T'es venu pour me faire une leçon de morale ? Parce que tu peux repartir alors.

- Comme si je pouvais te résonner. Je suis pas maso. Je viens te donner un truc.

- Quoi donc ?

J'ai juste envie qu'il sorte et me laisse seul.

Je le vois sortir un papier de sa poche.

- Le français m'a donné ça pour toi.

Le français ?

Je ne dis rien et Josh enchaîne.

- Il est venu me voir à la pause, pendant que je fumais tout seul, Matt discutant avec Lucy. Il avait l'air un peu stressé.

Je le laisse faire son monologue, de toute façon si je le coupe, il va faire exprès de rallonger l'histoire pour me faire chier.

- C'est pas un méchant tu sais.

Rien à faire, je l'aime pas et c'est comme ça. Donne moi donc ce papier que je le brûle et on en parle plus.

- Il m'a tendu ce petit papier et m'a dit que c'était important. Que tu avais mal interprété et qu'il fallait que tu le lises pour comprendre.

Je vois pas trop ce qu'il y a à comprendre. C'est plutôt clair comme situation.

Il pose le papier sur mon lit et se dirige vers la porte.

Il s'arrête dans l'embrasure et comme si il savait de quoi retournait toute cette histoire, il ajoute.

- Zoé est vraiment dans un sale état depuis quelques jours.

J'essaye de me convaincre que j'en ai rien à foutre. Il sort et je regarde le papier. Comme si j'allais lire cette merde. Je le saisis entre mes doigts et attrape mon briquet. J'approche la flamme du mot et la contemple un instant.

Je m'arrête. 

Je ne le lirai pas.

Je ne le lirai pas.

Je ne le lirai pas.

J'éteins la flamme et déplie le papier en soufflant de ma propre faiblesse.

Je sais qu'on est pas amis toi et moi, mais s'il-te-plaît, lis ce mot jusqu'à la fin.

Tu te méprends réellement sur ce qui c'est passé l'autre jour.

Zoé.. Zoé m'a parlé de tout ce qui a pu se passer entre vous.

Y compris de l'incident avec Ryan.

Je serre les dents. J'avoue ne pas savoir si c'est à cause du souvenir de cette journée, et ou du fait qu'elle lui ai tout raconté.

Je lui ai alors dis qu'il c'était passé beaucoup de chose avec toi, avant d'enchaîner sur le fait que Ryan est un salaud. C'est alors qu'elle a acquiescé, en disant qu'elle aurait voulu ne jamais le rencontrer et qu'il l'a faite énormément souffrir.

Elle ne parlait pas de toi. Oh que non. Tu aurais vu son visage quand elle parlait de toi, jamais elle ne pourrait dire ce genre de chose te concernant. C'était la première fois depuis mon arrivée qu'elle abordait un si joli sourire. Et maintenant, elle semble au fond du trou.

Tu ne te rends pas compte de l'influence que tu peux avoir sur elle. Toi qui semble tenir à elle sans l'avouer, ne la laisse pas ainsi.

J'espère que tu auras lu jusqu'au bout, et que tu prendras la bonne décision.

Jonathan

Je peux dire que je me sens con ? Genre un énorme boulet ? Putain pourquoi j'ai refusé d'écouter ses explications ?

Est-elle vraiment dans un état si mauvais ? A cause de ma stupidité ? Ça m'agace. Énormément. Parce que ce n'est pas la première fois que je lui fais du mal, et que je ne peux m'en prendre qu'à moi.

Il semble que je n'ai plus qu'à me racheter. Reste à savoir comment faire.

Le lendemain, j'enfourche ma moto bien décidé à réparer mon erreur. En arrivant, je fais un signe de tête au français. Un merci silencieux. Il ne sera jamais mon pote mais il m'a évité de faire une connerie. Ou plutôt de continuer celle que j'avais entamée.

Et puis je la vois et je comprends dans quel état je l'ai mise. Je suis le pire des salauds et si je le pouvais, je me mettrais un poing. Je dis vouloir la protéger mais au final, c'est moi qui lui fait du mal. Ça l'a donc autant touchée que je me méprenne ? Pourquoi ? Par peur de me perdre ou de passer pour une personne qu'elle n'est pas ? Ou peut-être les deux. J'avoue que l'idée d'avoir de l'importance pour elle me séduit mais si j'avais pu lui éviter des souffrances inutiles quitte à ne pas le savoir, je n'aurai pas hésité. Et puis au final je ne sais pas le degré d'importance ni le type. Amical, ou plus...

Des questions qui ne sont pour le moment pas ma priorité.

Elle a l'air tellement mal. Et je suis sûr qu'elle n'avait pas besoin de ça en ce moment. Je voudrais revenir en arrière, mais je ne peux pas, alors je me contente de la regarder avancer jusqu'à nous la tête baissée.

Et puis elle la relève, et ses yeux trouvent les miens.

Elle reste un instant là à me regarder, choquée, mais aussi rassurée de me voir. Puis elle semble se rappeler des raisons de mon absence et la panique, ou plus, la détresse envahit son visage.

Elle parle avec empressement comme si j'allais disparaître à tout moment. Je ne peux que la comprendre.

- Scott, il faut que tu saches, ce n'est pas...

Je la coupe.

- Je sais.

Ses yeux s'ouvrent en grand. Elle semble surprise puis comprends ce que je viens de lui dire. Elle se détends un peu mais pas totalement. Comme si elle avait peur que cela ne change rien pour moi.

Sans que je le contrôle, ma main passe sur sa joue, la caressant subtilement, pour remplacer une mèche derrière son oreille. Je sens les frissons de sa peau, son étonnement, et les questions qui reviennent en nombre, du à mon comportement. Des questions que je me pose aussi. Pourquoi ai-je fait ça ?

J'en sais rien, et heureusement, la sonnerie me sauve. Je fais demi-tour et avance vers l'établissement sans me retourner.

Je laisse mes questions sur mon geste et ce que j'ai ressenti en le faisant de côté.

Bon, au moins, elle est rassurée.  

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Heyyyyyy ! 

Alors que pensez-vous de tout ça pour le moment ? 

Je vous dis à dimanche pour la suite, 

Kiss :*

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