Chapitre 10
PDV Zoé
En quelques jours, tout devient plus... bizarre ? Enfin, ce n'est pas vraiment ça. Mais son comportement à lui, je ne vois pas d'autre mot pour le décrire.
Son regard n'est pas le même. Il est plus posé, plus attentif. Plus protecteur.
Il ne dit rien. Mais il est toujours là.
Le premier matin, alors que je marchais vers l'arrêt de bus, il était là, garé le long du trottoir. Il n'a pas parlé, seulement ouvert la portière. Quand on est descendu, il attrapé mon sac, et ne l'a lâché qu'une fois que nous étions installés en classe. Il l'attrapait à chaque sonnerie, sans rien dire.
Au réfectoire, il a porté mon plateau, encore une fois sans rien dire. Et puis à la fin de la journée, il m'a ramené. Il s'est arrêté là où il m'avait prise le matin, un peu plus loin que chez moi, comme si il avait compris que je ne voulais pas qu'il voit ce qu'il s'y passait.
Et ça a continué pendant tout le temps de guérison. Heureusement, ma brûlure étant considéré du deuxième degré, il faut entre une et trois semaines pour qu'elle soit guérie. J'ai eu de la chance car il n'aura fallut dans mon cas que 1à petits jours.
Je n'étais pas sur de supporter cette attention permanente autour de moi. C'est trop de stress, ça engendre trop de questionnement. Pourquoi ? Je ne comprends pas pourquoi il fait autant attention à moi alors qu'il a passé des mois à m'éviter. Ça n'a aucun sens.
Mais il faut dire que comprendre Scott n'est pas la chose la plus facile à faire. Il a une carapace si épaisse autour de lui que je me demande si un jour quelqu'un sera capable de passer au travers.
Pour la première fois depuis plusieurs jours, j'ai enfin un instant où je ne sens pas ses yeux sur moi. Il est parti je ne sais où et je me retrouve donc seul avec Jonathan. Je dois dire que cet instant de répit me fait le plus grand bien.
Manque de bol pour moi, il semble que je ne puisse pas avoir un instant sans qu'il ne soit là, que ce soit physiquement ou pas, puisque le français semble avoir envie de tourner la discussion sur le mystérieux jeune homme.
- Je crois que Scott ne m'aime pas beaucoup.
Comment lui dire que j'ai l'impression que c'est très largement de ma faute ? Enfin, pas que Scott soit une personne sociable, mais le fait que ce soit moi qui ramène, un mec par dessus le marché, dans notre groupe, n'est pas forcément un bon point de départ. Vraisemblablement, il y a de la possessivité chez lui, même si je ne le comprends pas forcément.
- Il n'aime pas grand monde.
- Il est différent avec toi.
Je tourne le regard vers lui.
- Comment ça ?
- Il tient à toi.
- Ça m'étonnerait.
- Ça crève les yeux Zoé. Regarde comment il s'est comporté avec toi ces derniers jours.
Je hoche les épaules, n'ayant pas de réponse à lui apporter.
- Il s'est déjà passé quelque chose entre vous ?
Je sens mes joues rougir sans que je ne puisse rien n'y faire.
- Non.
Il rit.
- Tu mens très mal. Allez raconte-moi petite cachottière.
Et sans que je ne le contrôle, les mots sortent d'eux-même. Je lui raconte tout, sans me rendre compte qu'à présent il sait des choses dont même mes meilleurs amis ne sont pas au courant. Comme l'attaque de Ryan et ce qui en a suivit. Ou comme le collier qui est présentement caché sous mon col. Enfin, j'ai un jour raconté l'épisode de Ryan à Lucy et Marie, ne pouvant plus le garder pour moi. Mais la suite, jamais.
Il m'écoute sans m'interrompre une seule fois et je réalise à quel point j'ai gardé chaque détail en mémoire. A quel point tous ces moments sont gravés dans mon esprit.
Quand je m'arrête, il me sourit affectueusement.
- Ça fait du bien non ?
Je lui souris en retour. Oui, ça libère. Peut-être que j'en avais besoin en fin de compte, de me décharger en quelques sortes sur quelqu'un. De parler de ce qui tourne dans ma tête. Même si c'est loin d'être la seule chose qui me ronge l'esprit.
- Il s'en est passé des choses avec Scott.
Je hoche la tête.
- Et ce Ryan... quel salaud.
- Hum. J'aurai aimé ne jamais l'avoir rencontré. Il m'a fait tellement souffrir.
A ce moment je tourne la tête, comme par instinct, je tourne la tête et vois Scott juste derrière nous. Je comprends de par son visage qu'il a entendu la conversation. Mais plus précisément qu'il n'a pas tout entendu, et qu'il se m'éprends sur la tournure de ma dernière phrase.
Il fait demi-tour, le visage déformé par la colère.
Mon corps se mouvent de lui-même et je laisse Jonathan seul pour le suivre.
- Scott ! Scott attends !
J'arrive à sa hauteur et lui saisit le coude mais il se dégage violemment de ma prise. Je ressens un pincement au cœur mais je n'abandonne pas pour autant.
- Ce n'est pas ce que tu...
Il se retourne vivement vers moi ce qui me stoppe dans ma phrase. Ses yeux sont emplis de rage et tout ce que je voudrais, c'est lui expliquer, mais je reste là, bloquée sans rien dire.
Il attrape son casque et enfourche sa moto, partant à vive allure. Je reste là, plantée sur le parking, à m'en vouloir pour je ne sais quelle raison. Après tout, pourquoi cela me touche-t-il ? Ce n'est pas comme si on se parlait encore. Pourtant je suis blessée. Blessé qu'il puisse un instant imaginé que je dises ce genre de chose sur lui, et encore plus qu'il ne me laisse pas m'expliquer. Foutu bad boy têtu.
Jonathan arrive près de moi.
- Que s'est-il passé ?
J'avale ma salive et essaye de reprendre mes esprits, mais tout se bouscule dans ma tête.
- Il a du mal interpréter notre conversation... Mais il refuse de m'écouter.
Je croise les bras, comme pour me protéger. Jon' pose une main sur mon épaule en signe de soutient.
- Désolé... si je ne t'avais pas posé ces questions rien ne serait arrivés...
- Ce n'est pas de ta faute.
Non, c'est la mienne. J'aurai du insister. L'empêcher de partir sans explications. Mais je ne l'ai pas fait, et maintenant je ne peux rien faire d'autre qu'espérer qu'il se calme pour que l'on puisse parler. Je ne sais pas pourquoi l'idée qu'il soit en colère contre moi m'est aussi insoutenable. Peut-être parce qu'après tous ces mois d'absences, il était enfin là, il me montrait enfin l'intérêt que j'ai attendu pendant si longtemps.
Mais je viens de tout gâcher. Et putain comme je m'en veux.
PDV Scott
Je la vois, entrain de discuter avec le jeune français. Je ne peux m'empêcher de détester ce gars. Il est trop proche d'elle. Trop familier, trop tactile. Il est tout ce que je ne peux pas être et ça me fait chier.
- Il s'en est passé des choses avec Scott.
Ils parlent de moi ? Je tends l'oreille. Un groupe de fille passe à ce moment et rit, m'empêchant d'entendre la phrase suivante. Mais j'entends très bien la réponse de Zoé.
- Hum. J'aurai aimé ne jamais l'avoir rencontré. Il m'a fait tellement souffrir.
La colère monte. Elle se retourne, mais c'est trop tard, je pars. Je l'entends m'appeler. Pourquoi me courir après ? C'était assez clair comme ça. Je ne veux pas d'explication, j'ai très bien entendu. Je la remballe sans rien dire. Je vois quelque chose dans ses yeux. De la peine ? Je ne sais pas. Je m'en fous.
Je pars, avant de vriller.
Elle se fout de ma gueule. Elle se fout de ma putain de gueule. J'ai envie de tout casser. La colère qui m'habite n'a pas de limite. Je ne suis pas seulement en colère contre elle. Je lui suis aussi contre moi. D'avoir été touché par ce qu'elle vient de dire. Ça n'aurait pas du.
J'ai tout fait pour me protéger. Je l'ai écarté de moi en comprenant qu'elle prenait trop de place dans ma tête. Qu'elle était en train de mettre à mal ma carapace que j'ai mis tant de temps à mettre en place. Je pensais que j'avais réussi.
Mais il faut croire qu'au final elle a toujours autant d'emprise. Et bordel ça me fait chier.
Parce qu'au fond de moi, je sais que même en me promettant le contraire, je peux céder à tout moment. Lui céder à tout moment. Et il ne faut pas. Pour elle comme pour moi.
Enfin de toute façon, elle a été assez claire. Elle regrette de m'avoir rencontré. J'ai pas envie d'y croire. Par envie de penser qu'elle pourrait dire cela. Qu'elle pourrait ne serait-ce que l'avoir en tête.
Peut-être que je réaliserais que je suis débile de ne pas l'avoir écoutée. Mais pour le moment il n'y a que la colère.
Elle surpasse tout. Et personne ne pourra me calmer.
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Sur ce, à dimanche !
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