(Pdv Nico)

Je sombrai dans le sommeil mais cette fois-ci tout était différent. Je ne voyais pas des images flous s'emmêler sans aucune logique comme j'en avais l'habitude mais j'étais plutôt ancré dans un seul endroit d'un réalisme troublant. Je ne savais pas où j'étais, tout ce que je savais c'était l'immense douleur que je ressentais dans tout mon corps. Je n'arrivais plus à réfléchir correctement.

- Doucement, Nico, bientôt ça ira mieux, je te le promets.

- J'ai mal, Articulai-je.

C'était comme si ce n'était pas moi qui avait parlé. Les mots étaient sortis tout seuls de ma bouche, comme si je n'étais que spectateur de la scène. Alors je compris que j'étais en plein flash-back, je ne faisais que revivre un moment que j'avais déjà vécu.

- Je sais, j'en suis désolé, j'ai échoué. J'ai tout essayé pour te garder en vie mais je n'ai pas réussi. Pour être honnête, je m'étais attaché à toi, Il soupira. Faut croire que je ne suis pas un si bon médecin. 

Je ne percevais aucune empathie dans sa voix. Je ne me rappelais plus de qui il était et j'étais incapable de regarder autour de moi, ne serait-ce que pour voir son visage. Tout ce que je pouvais ressentir était un sentiment de rancune à son égard. Je voulus bouger mais gémit de douleur sous l'effort. J'étais incapable de crier sinon je l'aurais fait. J'avais l'impression que tout mon corps était en feu. 

- Reste tranquille, dans quelques minutes tu ne sentiras plus rien, plus aucune douleur.

- Je vais mourir ?

Même si je ne le voyais pas, je pouvais sentir son regard peiné sur moi.

- Je préfère dire que tu seras en paix, dans un monde sans guerre, sans souffrance. Tu reverras ta maman qui te manque tant. 

D'un coup, la douleur s'intensifia et j'hurlai. Je sentis une main apaisante se poser sur ma peau nue.

- La douleur ira en empirant mais dans quelques minutes ça atteindra ton cœur et alors tu ne sentiras plus rien. Ce n'est pas une mort douce, tu es très courageux. Plus que quelques minutes.

- S'il te plait, peut-on dire ça autrement ? Quelques choses de plus agréable.

- Comme tu voudras, comment veux-tu qu'on dise ?

- Le couché du soleil, j'ai toujours adoré le regarder avec Bianca.

- Très bien, dans ce cas-là le soleil se couchera dans quelques minutes.

- Magnifique. J'espère que je pourrai le voir.

Je n'entendis jamais la réponse. À la place je pouvais percevoir que la douleur s'intensifiait mais je la ressentais de moins en moins. Mes forces me quittaient et je sentais la paix me gagner. La dernière chose que j'entendis fut ces mots :

- Le soleil a passé l'horizon, le couché était magnifique aujourd'hui.

Et alors je sombrai dans le noir, un sourire flottant sur mes lèvres.