Jour 8

- Will, je peux savoir ce que tu fais encore ?

Je me tenais devant lui, un carnet ouvert et un immense sourire sur mon visage.

- Je me disais, comme de toute façon on ne trouve rien, que Aileas refuse de me dire quoi que ce soit, je suis allé la voir hier, elle se braque à chaque fois que je te sous-entends, et qu'on a rien à faire, j'ai eu l'idée de prendre ce carnet que j'avais fait quand j'étais enfant. Dedans j'avais noté toutes les questions à poser à un fantôme si j'en croisais un pour de vrai ! 

Il soupira et leva les yeux au ciel, ne partageant pas mon enthousiasme.

- Allez, ça va être drôle ! Jamais je n'aurais cru l'utiliser un jour, c'est une chance unique ! Bon, il y en a que j'ai déjà posées, voyons...

Je tournai les petites feuilles délicatement tout en essayant de décrypter l'écriture d'un moi de six ans, venant seulement d'apprendre à écrire.

- Ah, voilà ! Est-ce que tu peux aller au Soleil ? Celle-là je pense que je l'ai pas encore demandée.

- Sérieusement ? Je ne suis pas un vampire ! Et puis on est déjà allé pleins de fois au Soleil ! On s'est même rencontré au soleil !

- Ah oui, pas faux...

Je refermai mon carnet en me traitant d'imbécile quand il ajouta avec un demi-sourire.

- Et puis, je côtoie un mini Soleil tous les jours et pourtant je ne suis pas mort. Enfin si, mais tu vois ce que je veux dire !

Je lâchai un léger rire pendant qu'il croisa les bras en rougissant. 

- C'était mignon, Dis-je pour le taquiner.

Il ne répondit qu'avec un regard assassin ce qui redoubla mon rire.

- Arrête, ce regard te rends encore plus mignon ! Comment veux-tu que je te prennes au sérieux ?

- Je. Suis. Pas. Mignon, Répondit-il en détachant chaque syllabe.

- Si, tu l'es !

Je lui fis un clin d'œil avant de m'éloigner ranger mon carnet, le laissant planté là, encore plus rouge qu'une tomate. Etais-je fier de moi ? Oui, totalement.

Après être redescendu, les mains maintenant vides, je sentis mon téléphone vibré, me prévenant d'un appel Skype. Je décrochai pour me retrouver en face de ma famille. Je m'installai dans le canapé tout en leur faisant un signe de main. Ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus, enfin vus reste un grand mot. Je ne pourrai pas les voir en vrai avant l'année prochaine. Je retirai le coussin en dessous de moi pour m'installer plus confortablement, le jetant négligemment plus loin. Je tournai rapidement la tête et du me retenir de rire voyant que Nico l'avait reçu en pleine tête.

- COUCOU WIIIIILL ! Cria Charlie.

- Saluuuuut ! L'imitai-je.

Je vis de loin que Nico me regardait menaçant. Il eut ensuite un sourire malveillant, signe qu'il avait une mauvaise idée. J'essayai de ne pas y faire attention, me concentrant sur ma famille. Je ne devais rien laisser paraître, je ne pouvais pas leur expliquer et ils ne pourraient pas le voir.

- On est content de te voir ! On peut savoir pourquoi tu ne nous appelles presque plus ? Demanda ma mère d'un ton accusateur.

- Hum... Disons, que j'avais beaucoup de trucs à faire ? Hésitais-je.

Elle me lança un regard méfiant puis se tourna vers mon père qui prit la parole.

- Beaucoup de choses à faire alors que tes cours n'ont pas encore commencé ? Tu veux peut-être parler qu'il y a beaucoup de belles écossaises ? Sourit-il malicieusement.

- Papa ! M'insurgeais-je.

- Je te taquine ! Je sais que c'est pas ton genre.

- Will est tout rouge !! Hurla Charlie.

- C'est pas vrai !

- Si, c'est vrai, Chuchota Nico, pas loin.

Je lui lançai un rapide regard lui disant de ne pas en rajouter.

- Je suis sûre qu'il a une amoureuse ! Continua Charlie.

Je rougis de plus en plus de honte. Je voulus répliquer mais ma sœur continua.

- Peut-être juste une crush ?

- Charlie... Menaçais-je.

- Elle s'appelle comment ? Demanda ma mère malicieusement.

- C'est "il", Marmonnais-je entre mes dents.

Ma mère se pencha en avant, n'ayant pas entendu et je vis du coin de l'œil Nico se figer, lui avait très bien compris ce que j'avais dit.

- Qu'est-ce qu'il y a ? On ne t'a pas entendu, mon chéri.

- Non rien, je disais qu'il n'y a personne et d'arrêter de m'embêter avec ça !

- Oui, laissons-le tranquille, s'il a quelque chose à dire, il le dira de lui-même ! Désolé, c'est moi qui suis venu avec le sujet mais parlons d'autre chose ! Intervint mon père.

Je le regardai avec soulagement avant de soupirer en entendant ma sœur.

- Peut-être qu'elle lui a foutu un râteau et ne voudra jamais de lui !

- Ne dis pas ça, ça ne se fait pas ! La réprimanda ma mère.

- Mais t'as vu sa tête aussi ? Ce serait pas étonnant !

- Charlie ! M'offusquais-je avant d'ajouter, C'est parce qu'on se ressemble !

Ma mère nous lança un regard de reproche à tous les deux pendant que Nico éclata rire. Je lui donnai un regard noir puis me retournai vers les glandus qui me servaient de famille.

- Il y a quelqu'un avec toi ? Questionna ma mère.

- Non, je suis tout seul ! Dis-je précipitamment.

- Il est avec une fille !

- Charlie, arrête. Sinon ça se passe comment à la maison ? Dis-je, désireux de changer de sujet.

S'enchaina alors une discussion banale sur la vie de chacun, sans plus jamais parler d'amourette. J'essayais de rester concentrer sur la conversation, ignorant Nico qui faisait tout pour absolument ne pas m'aider. Je ne pouvais rien lui dire car je devais garder l'illusion que j'étais seul et je peux vous assurer qu'il en profitait bien. Nous nous dîmes finalement au revoir et j'éteignis l'écran de mon gsm. Je le déposai sur la table basse puis me laissai tomber en arrière dans le canapé.

- Elle a l'air chouette ta famille, commenta simplement Nico, s'essayant à côté de moi.

- Elle l'est mais extrêmement gênante et lourde aussi, Soupirai-je. D'ailleurs, toi, faudrait qu'on parle de quelques règles quand je suis en appel avec eux !

- J'ai fait quelque chose de mal ? Demanda-t-il innocemment.

- La prochaine fois, tu fais comme si tu n'existais pas. Je veux dire, tu fais ce que tu veux mais pas dans mon champ de vision ou alors tu reste sage. Et je te vois venir, pas de bruits qu'ils pourraient entendre.

- D'accord, Marmonna-t-il. Et sinon, il y a vraiment une personne qui te plait ? Demanda-t-il faussement détaché.

- Tu vas pas commencer comme eux !

- J'ai entendu ce que tu as chuchoté.

Il chipotait avec une bague à tête de mort, refusant de croiser mon regard.

- Disons que oui, il y a bien une personne, Commençai-je doucement, faisant attention à mes mots.

- C'est un garçon, tu avais dit "il".

Ce n'était pas une question. Il refusait toujours de me regarder et sa voix ne trahissait aucune émotion.

- Nico, je sais que ça peut peut-être te sembler bizarre -

- Ne t'en fais pas, je n'ai rien contre ça. Je ne suis juste pas très à l'aise avec le sujet puisque, tu sais, j'ai grandi dans les années trente. Mais je n'ai jamais été contre ou quoi que ce soit. Je me suis toujours demandé, d'ailleurs, pourquoi les gens n'acceptent pas.

- Maintenant ils acceptent, enfin certains, disons que c'est devenu légal. Ce n'est pas une maladie comme on a pu te l'apprendre et il n'y a aucune honte à ça.

Il hocha lentement la tête, toujours fuyant mon regard. 

- Tu as quelque chose à me dire ? Demandais-je gentiment, une lueur d'espoir s'allumant en moi sans que je ne le veuille.

- Non, simplement que je suis content que chacun puisse enfin être qui il est.

Je ne savais pas pourquoi, enfin je refusais plutôt de savoir pourquoi mais j'étais déçu de sa réponse. J'essayai de ne rien laisser paraître.

- Il y a encore du chemin à faire !

- Par rapport à quand j'étais enfant, il y a déjà eu un pas de géant !

Il se tourna enfin vers moi, souriant cette fois-ci. Je me sentis rassuré et souris à mon tour puis décidai de changer de sujet.

- Je ne t'ai jamais entendu parler ta langue maternelle !

- Et moi je t'entends parler la tienne tous les jours.

Je soupirai puis repris d'un ton enthousiaste.

- Tu peux me dire quelque chose en Italien ? Je n'ai jamais entendu cette langue en vrai !

- Bon d'accord.

Il réfléchit quelques instants avant de se tourner vers moi, me regardant droit dans les yeux.

- Sei il mio piccolo raggio di sole.

- Et ça veut dire quoi ?

- Ah ça, tu ne sauras pas !

Et il partit comme ça, me plantant là éberlué. Je me demandais bien ce que ça pouvait vouloir dire pour qu'il n'ose pas traduire.

***

C'était le début de l'après-midi et je remettais un peu d'ordre dans le salon. C'est à ce moment-là que je réalisai à quel point je pouvais être bordélique. J'étais le premier à être hyper maniaque avec tout, surtout l'hygiène. Ce n'est pas pour rien que mes amis ont pris l'habitude de m'appeler le "papa poule", à force de leur rappeler cent fois par jour de se laver les mains. Mais malgré tout ça, le rangement n'était pas mon fort malgré que je n'aime pas vraiment le désordre. J'entrepris donc de ramasser et trier tous les DVD par ordre alphabétique quand j'entendis un grand bruit dans les escaliers. Je courus voir ce qu'il s'était passé et tombai nez-à-nez avec un Nico couché à plat ventre sur le sol.

- Tu vas bien, tu es tombé ? M'inquiétai-je.

Il marmonna quelque chose d'inaudible puis tourna la tête vers moi.

- Je voulais savoir si je savais voler.

Il laissa alors retomber sa tête sur le sol. Puis, après un silence étonné, reprit.

- Si tu te poses la question, la réponse est non.

Je retins un rire tout en l'aidant à se relever.

- Tu ne t'es rien cassé au moins ? Tu aurais du essayer de moins haut ! Tu aurais pu te tuer !

Je me mordis la lèvre en me rendant compte de ma boulette. Heureusement, il ne réagit pas à ma dernière phrase.

- Ça va, j'ai peut-être quelques égratignures et bleus mais ça devrait aller.

- Je vais voir ça, viens avec moi.

Je l'aidai à monter les escaliers et l'emmenai dans la salle de bain. Pendant qu'il s'installa, je sortis ma trousse de secours et examinai toutes ses plaies tout en les désinfectant.

- Comme quoi, c'est parfois utile de vivre avec un futur médecin.

- Je crois surtout qu'ils ont tendance à exagérer, ce ne sont que des petits trucs de rien du tout ! Ce ne fait même pas m- Aïe !

J'avais sans faire exprès appuyé un peu trop fort en étalant le désinfectant. Je m'excusai plusieurs fois tout gêné.

- C'est rien, ça va. La douleur est déjà passée.

- Tu as besoins d'un bisous magique ? Rigolai-je.

- Non, c'est bon, je vais m'en passer.

Je fis une fausse moue déçue qui le fit me traiter d'idiot mais je voyais bien qu'il se retenait de rire. Décidemment, je prenais vraiment plaisir à l'embêter.

Après avoir fini, je me levai pour ranger la trousse et lui donnai enfin la permission de descendre de la chaise. Avant de franchir la porte, il se tourna vers moi en murmurant un rapide merci puis descendit les escaliers à la hâte pendant que je fermais les yeux, priant je ne sais quel dieu qu'il ne retombe pas dans sa précipitation.

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