Jour 27
Je me réveillai doucement, un rayon de soleil caressant mon visage. J'ouvris petit à petit les yeux puis fus prit de panique ne reconnaissant pas l'endroit où je me trouvais. Je m'assis brusquement en me rappelant que j'étais en Ecosse. Ma tête s'appuya contre le mur derrière moi alors que je tentais de calmer ma respiration. Après quelques secondes, je regardai rapidement l'écran de mon gsm qui m'apprit qu'il était 15h17. Je passai une main sur mon visage, veine tentative me réveiller et me levai lentement.
Je descendis reprendre ma valise abandonnée en bas et la montai dans ce qui était maintenant ma chambre pour l'année à venir. J'en profitai déjà pour faire le lit, défaire ma valise de tout ce qui devait se ranger ici après avoir rapidement retiré les poussières. La chambre n'était pas très grande ni très remplie, seulement une armoire, un petit bureau et un lit mais ça allait vite changer dès que j'aurai ranger tous mes livres et quelques autres affaires personnelles que je ne jugeais pas de première nécessité et qui pouvaient donc encore attendre. De plus, mes cours n'avaient pas encore commencé, j'avais la fâcheuse tendance à laisser trainer mes feuilles et mes bics un peu partout.
Quand je jugeai que j'en avais fini ici, j'ouvris la fenêtre pour aérer et descendis voir ce qu'il y avait à faire en bas. Les escaliers menaient directement au corridor. À ma droite, sur le mur d'à côté, se trouvait une porte qui menait aux toilettes et à gauche, en face de la porte d'entrée, il y avait une porte vitrée que j'ouvris et qui me mena à la pièce principale. Le reste de la maison n'était qu'une grande pièce en forme de L, d'abord il y avait le salon, dans lequel je me trouvais, ensuite derrière le coin que formait le mur, la salle à manger avec l'espace cuisine. Une porte arrière donnait sur dehors et les bois un peu plus loin. Partout, que ce soit ici ou à l'étage, le sol était du parquet et les meubles, de manière générale étaient en bois. Il n'y en avait pas beaucoup, simplement le strict nécessaire mais c'était suffisant pour moi vivre tout seul.
Je trouvai dans les placards en dessous de l'escalier des produits de ménage et c'est parti pour le grand nettoyage de printemps en été ! La suite n'est pas très intéressante, simplement plusieurs heures à tout repasser de fond en comble, beaucoup de rangements,... Au moins maintenant j'étais sûr de savoir où tout se trouvait et de connaître la maison par cœur. Je m'assis quelques instants dans le seul canapé pour souffler un peu quand mon ventre grogna. Je me levai donc avec effort me cuisiner quelque chose. Venant d'arriver, les placards et le frigo étaient évidemment vides mais j'avais pu emmener un paquet de pâte avec moi le temps d'aller faire des courses. Je mangeai donc mes pâtes, puisque je n'avais rien d'autre. Il était vraiment urgent que je fasse des courses mais vu l'heure qu'il était, ça devrait attendre demain matin, la plupart des magasins étaient fermés maintenant. Mais de toute façon, j'aime bien les pâtes, j'adore les pâtes même !
Et c'est là que ça à commencer, vous vous demandez sûrement de quoi je parle, de ces impressions bizarre, comme si quelqu'un m'observait. Ça n'a duré que quelques secondes alors je décidai de l'ignorer. Je montai dans ma chambre regarder une série, n'ayant pas grand chose d'autre à faire. Je pouvais aller explorer le bois mais le soleil commençait déjà à se coucher et je préférais attendre le jour pour une première exploration. Mais je ne dis pas que je n'y retournerai pas la nuit, j'aime bien les forêts la nuit, les sensations que ça donne, l'impression d'être dans un autre monde mais d'abord je préfère bien connaître les lieux avant de m'y aventurer dans le noir, pour éviter de me perdre par exemple.
Le lendemain de mon arrivée, je décidai de descendre au village un peu plus bas. Le sentier qui y menait était plutôt joli, en gravier et personne ne l'empruntait jamais. Le village n'était pas très grand et tout le monde avait l'air de se connaître. Chacun se disait bonjour et souriait à chaque passant, ça changeait énormément de chez moi. Je me rendis d'abord à la boulangerie où la dame qui y travaillait m'accueillit avec un grand sourire chaleureux. Elle me demanda si j'avais besoin de quelque chose avec son accent écossais qui lui faisait rouler ses "r". J'ai été surpris au début mais je trouvais cet accent plus joli que celui de New York où j'avais passé une petite partie de mon enfance. J'achetai un pain puis me rendit ensuite à l'épicerie. Le monsieur qui m'y reçu n'avait pas l'air de très bonne humeur mais il resta malgré tout poli et essaya de se montrer amical. Je décidai de ne pas trop le déranger et partis dès mes courses finies.
Sur le chemin du retour, une dame m'interpella. Elle devait avoir dans la septantaine mais malgré tout en pleine forme. Ses cheveux courts étaient blancs et bouclés, elle portait un fin chemisier fleuri avec un pantalon en tissu.
- Bonjour jeune homme ! Dit-elle en trottinant vers moi.
- Bonjour Madame, vous avez besoin de moi pour quelque chose ? Répondis-je poliment.
- Non, pas du tout, je viens seulement vous saluer. Je connais tout le monde dans ce village mais c'est la première fois que je vous vois, c'est rare que nous ayons des visiteurs. Vous venez des Etats-Unis ?
- Oui, en effet... Lui dis-je prudemment, me demandant comment elle le savait. Elle sembla comprendre mon trouble et ajouta :
- Vous avez l'accent du Texas, très reconnaissable. Au fait, je ne me suis pas présentée, quelle impolie je fais, je m'appelle Aileas !
Elle me tendis sa main que je serrai en lui disant mon nom, elle avait une sacrée poigne pour son âge !
- William, mais tout le monde m'appelle juste Will.
- Vous êtes de passage ou restez un peu ici ?
- Je reste un an, pour mes études de médecine, j'en avais marre de la ville, j'avais besoin d'air.
- C'est vrai qu'ici vous êtes sûr d'en avoir, de l'air. Aucune ville à moins de 30 km ! Et encore, des petites. Je le sais, je vis ici depuis que je suis enfant ! Il est vrai que tout a un peu changé depuis le temps. Enfin soit, je ne devrais pas vous déranger plus longtemps, vous avez sans doute des choses à faire. Si vous avez besoin de quoi que ce soit ou d'une visite du village, j'habite la maison blanche juste là, Elle me montra une maison derrière elle au bout de la rue, N'hésitez pas à venir me demander, je serais ravie de vous aider ! Vous savez à mon âge, je suis assez seule et un peu de compagnie me fait parfois du bien.
- Je n'hésiterai pas, merci pour tout !
- Passez une bonne journée et bonne chance pour vos études ! Dit-elle déjà en tournant les talons.
Elle s'éloignait à petit pas et je l'entendais murmurer "Médecin , quel beau métier quand même !". Je retins un petit rire et me retournai en souriant. Elle avait l'air gentille cette dame, comme à peu près tout le monde ici. Je sentais que j'allais vite m'attacher à cet endroit, et je ne me trompais pas.
Je rentrai vers la petite maison de ma grand-mère, enfin chez moi maintenant et rangeai toutes mes courses. De nouveau, la sensation d'être observé revint, un peu plus forte que la dernière fois mais toujours qu'une fraction de seconde. Je décidai de ne pas y faire gaffe mais je ne pouvais m'empêcher de me poser des questions.
Après avoir tout ranger, je sortis par la porte de derrière pour visiter le bois. Je n'avais vraiment rien à faire de mes journées et après presqu'un jour assis dans les transports, j'avais besoin de me dégourdir les jambes.
La forêt était paisible et rassurante, j'entendais le bruit des oiseaux résonner entre les arbres, sentais la forte humidité dans l'air, signe qu'il avait plu cette nuit, j'aimais beaucoup cette odeur, quelques rayons passaient à travers les branches, le décor était féérique.
Je marchais sans vraiment de but, un peu au hasard, redécouvrant ce bois où j'étais déjà allé enfant pour jouer. Je reconnaissais quelques rares endroits mais les souvenirs étaient flous. J'essayais de regrimper aux arbres mais il semblerait que j'avais un peu perdu de mon agilité. Après être tombé au moins dix fois par terre, dans la terre et les feuilles mortes mouillées, je décidai d'abandonner et de continuer mon chemin. Mes vêtements étaient maintenant tout sales mais je m'en fichais, j'avais l'impression de ravoir dix ans et ça me donnait envie de rire, là, tout seul dans cette forêt, quitte à avoir l'air d'un fou. Mais je restai silencieux, dans l'espoir d'apercevoir un petit animal. Je recommençai à essayer de déterminer l'espèce des insectes que je croisais mais cette fois-ci, je rajoutais la difficulté de reconnaitre les oiseaux en plus. Après avoir marché presque une heure, j'entendis le bruit d'un ruisseau. Il fallait que je le trouve. J'avais enfin trouvé un but à ma journée. Comme un gamin, je courais vers le bruit dans l'espoir de trouver le cour d'eau. Il résonnait partout autour de moi, ce qui compliquait ma tâche mais je n'allais pas abandonner aussi facilement.
Vingt minutes s'étaient bien écoulées quand je le trouvai enfin. C'était une rivière moyenne qui serpentait entre les arbres. Le courant était plutôt rapide et on entendait l'eau frapper contre tous les rochers qui parsemaient son lit. Des branches flottaient à sa surface, ainsi que des feuilles mortes, et quelques arbres plus audacieux tentaient par leurs branchages de passer au dessus. C'était tout simplement magnifique. Je m'approchai plus près dans l'espoir de voir des petits poissons à travers l'eau parfaitement transparente mais je ne vis rien. Je retirai mes chaussures et mes chaussettes afin de pouvoir mettre mes pieds dans l'eau. Elle était glacée, je retins un petit cri quand je le découvris mais ça ne me dérangeait pas plus que ça, c'était rafraichissant. Je tentai de braver le courant et de marcher entre les cailloux mais faillis glisser plusieurs fois. Oh et puis zut, ce n'est pas si grave au final si je tombe dans l'eau, le but est de s'amuser un peu ! Pour une fois que je n'ai pas mes parents sur le dos, autant en profiter. Je restai encore peut-être quinze minutes dans l'eau mais finalement ressortis, mes pieds étaient gelés et je commençais à avoir froid.
Si vous vous posez la question... Je ne suis pas tombé dans l'eau. Pourquoi je crois entendre de la déception ? Peu importe, je suis sorti de l'eau et me suis assis sur le bord le temps que mes pieds sèchent pour pouvoir remettre mes chaussures. J'attendis en silence et en observant autour de moi. Je l'ai déjà dit mais je trouvais vraiment cette forêt magnifique, presque magique. Je sais où je viendrai étudier les jours de beau temps pendant mes blocus ! (NDA : Ici en Belgique, blocus ne veut pas dire bloquer les écoles et tout, non, c'est le nom de la période avant les examens aux études supérieurs où on étudie, on dit qu'on "bloque". Désolé, je sais pas comment vous dîtes en France.) Et même les autres jours, juste pour profiter des bruits de la nature.
Je fermai les yeux quelques instant en respirant profondément quand j'entendis un bruit près de moi. Je les rouvris immédiatement et regardai autour. Je soupirai de soulagement quand je compris la cause du bruit, c'était un petit écureuil curieux qui s'était approché de moi, évidemment, dès que j'avais réagi, il s'était directement enfui. Je n'ai donc pas pu bien le voir et je regardai dans la direction de sa fuite dans l'espoir de l'apercevoir quand je vis quelque chose bouger dans mon angle mort. Je tournai vivement la tête, d'abord je n'aperçu rien puis en plissant les yeux et en regardant mieux, je cru voir une silhouette, à peine visible, pendant une fraction de seconde. Ça ne ressemblait pas à un animal, plutôt à une personne mais à peine avais-je cligné des yeux qu'il n'y avait plus rien. Si ça se trouve il n'y avait rien, j'avais à peine aperçu quelque chose et je n'avais pas bien vu du tout, juste l'esquisse d'une ombre derrière les arbres. Quand je décidai que ce n'était rien, juste mon imagination, j'entendis une branche craquer dans la même direction mais je ne voyais toujours rien. Ça pouvait être n'importe quoi, c'était fréquent d'entendre ce genre de bruit en forêt sans raison particulière mais je remis quand même mes chaussures en vitesse et fis demi-tour pour rentrer chez moi.
Après avoir marcher quelques mètres, je me rendis compte qu'en venant je n'avais pas pris la peine de retenir le chemin. Je dus m'arrêter quelques minutes pour réfléchir de quelle direction je venais. Je regardai autour de moi, tous les arbres se ressemblaient et comme c'était la première fois que je venais, je ne savais pas encore vraiment reconnaître les lieux. Réfléchis, Will, réfléchis, c'est pas bien compliqué. Mais à chaque fois que je voulais me concentrer sur mon chemin, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à cette ombre que j'avais aperçue. Est-ce réel ? Ou simplement mon imagination ? Et qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Et si c'était vraiment une personne, ça pourrait simplement être quelqu'un qui avait décidé de se balader dans les environs. Pourtant j'avais l'impression qu'elle m'observait, ça ne devait qu'être qu'une impression, je l'avais à peine aperçue, je ne savais même pas s'il y avait réellement quelque chose. Reste concentré sur ton chemin, juste ton chemin ! Peut-être je pourrais m'orienter avec le soleil ? Mais quand je levai la tête, je compris le problème. Il était midi passé, le char du soleil était à la moitié de son parcours, c'est à dire au centre du royaume de Zeus. Vous remarquerez que j'ai tendance à faire des références à la mythologie grecque lorsque je suis stressé. Je me rappelai que j'avais mon gsm dans ma poche et qu'il y avait google maps dessus, avec un peu de chance, je pourrais trouver du réseau ! Sauf que la chance n'était pas avec moi, j'aurais du m'en douter qu'il n'y avait pas de réseau dans cette forêt perdue au milieu de nul part.
N'ayant rien d'autre à faire, je décidai de marcher dans la direction qui me semblait être la bonne puis réalisai un truc. Mais oui, pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? La rivière descendait dans le village, je n'ai qu'à suivre le sens du courant et une fois sortie, je pourrai facilement me repérer. Je retournai donc vers la rivière et la longeai. Je n'avais pas réalisé que j'étais parti aussi loin. Après peut-être quarante minutes de marche, j'étais enfin à la lumière crue du soleil. Maintenant je pouvais voir ma maison de là où j'étais et y retourner facilement.
J'ouvris la porte et me dirigeai immédiatement vers le canapé pour m'y effondrer. J'avais l'impression d'avoir vécu toutes les aventures de ma journée, pourtant quand je regardai l'heure, il n'était même pas quatorze heure. J'avais encore tout un après-midi qui m'attendait et qui risquait d'être long, très long.
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