Jour 21 Partie 1

Encore deux jours étaient passés et il ne se passait toujours rien. Le vide complet et je me sentais seul. Parfois mes parents et mes amis appelaient mais ce n'était pas pareil et avec le décalage horaire, c'était compliqué. Aileas était partie une semaine pour voir sa fille qui vit en Norvège, je n'avais pas revu ce Nico di Angelo et je pouvais dire que les sensations d'être suivi ou que quelqu'un soit dans mon angle mort à me regarder avaient totalement disparues ! Ça devait sûrement être du au fait que je vive seul pour la première fois, je ne suis pas habitué au silence, j'entendais chaque petit bruit qu'habituellement j'ignorais, mais là, n'ayant rien à faire d'autre... Il me restait donc le vide. Et le silence. Et beaucoup d'ennuies. Rien de bien intéressant. Si vous êtes toujours là à me lire, bah vous êtes vachement courageux car même moi je me fais chier de ma propre vie. Mesdames et Messieurs, je vous présente ce magnifique livre que vous êtes en train de lire "La vie passionnante de William Andrew Solace où il ne se passe strictement rien."

Je m'allongeai dans le canapé en grognant.

- Je m'ennuiiiiiiie !

Ma propre voix me fit bizarre dans le silence de la pièce. Je n'avais pas remarqué la légère résonnance, faut dire que je n'avais pas l'habitude de parler tout seul chez moi, enfin si, mais dans ma tête, je ne parlais que très rarement tout haut dans cette pièce. Je me relevai brusquement, il fallait que je fasse quelque chose ! Je regardai dehors, il drachait comme je n'avais jamais vu. Je ne savais pas qu'il était possible qu'il y ait autant d'eau qui tombe du ciel. Je me dirigeai donc dans la cuisine me disant que je pourrais faire des cookies. Je n'étais pas très bon cuisinier, une fois j'ai réussi à faire brûler des pâtes, mais ça me permettrait au moins d'apprendre et puis je m'ennuyais et j'avais faim ! Deux choses étrangement liées, je n'avais jamais compris pourquoi d'ailleurs. Peu importe, je veux des cookies ! 

J'allai donc dans la cuisine voir si j'avais bien tout les ingrédients, habitude que j'avais fini par prendre après plusieurs mauvaises expériences que je ne vous raconterai pas, j'ai encore un tout petit peu de réputation à tenir, pas beaucoup mais quand même ! Je secouai la tête essayant de me concentrer plutôt sur ma tâche. 1 œuf, de la farine, du sucre, de la cassonade brune (oui, je mets de la cassonade dans les cookies, j'trouve que ça rajoute quelque chose), du beurre, du sucre vanillée et le plus important, le chocolaaat ! J'avais tout, c'est bon, je pouvais commencer. Je revérifiai quand même une deuxième fois pour être sûr. Où était la recette déjà ? Je l'ai. J'avais bien la bonne quantité de farine ? C'est bon, maintenant c'est parti. Où est le - ? Calme-toi, Will, ce sont juste des cookies ! Et dans tous les cas tu sais que tu vas les rater !

Je sortis un bol avec des mains tremblantes, ouvris ensuite le tiroir à couvert. Cuillère ou fourchette ? Va pour la fourchette ! J'essayais de respirer calmement mais tous mes membres tremblaient. Je savais que j'allais sûrement raté mais je voulais quand même que tout soit parfait. Que tout soit raté à la perfection ? Je ne sais déjà plus ce que je dis... On pouvait dire que je suis quelqu'un de perfectionniste et que j'ai l'art de me mettre la pression pour des petites choses futiles. Si je tremble déjà autant pour des cookies, qu'est-ce que ça va être quand je vais me retrouver dans un bloc opératoire avec la vie d'une personne entre mes mains ? Il faut que je pense à autre chose. Je mis de la musique pour me calmer. Les premières notes de "When the day met the night" par Panic! at the disco commencèrent à résonner dans la pièce et je me détendis un peu. J'adorais cette musique, elle me mettais toujours de bonne humeur. À chaque fois que je l'écoutais, j'avais l'impression d'être en été, en une chaude soirée, je me rappelais tous les bons moments passés avec mes amis, la dernière soirée d'été où on se retrouvais toujours tous ensemble une dernière fois avant la rentré. On revoyait ceux qu'on avait plus vu pendant le mois car ils allaient en colonie de vacances. Je me rappelai alors Long Island, là où j'allais quand j'étais enfant. C'est à cette colonie que j'ai eu l'envie de devenir médecin. Je me rappelai des soirs autour du feu de camp à faire brûler des marshmallows. J'avais l'impression d'être de retour chez moi et je fus pris d'une vague de nostalgie. Ça ne faisait pas tellement longtemps que j'étais parti mes tous ces souvenirs me rappelèrent brusquement ma solitude et que je ne les reverrai pas avant l'année prochaine. Je posai mes mains sur le rebord de la table de cuisine en respirant calmement. Je secouai la tête pour me changer les idées, je me ferai pleins de nouveaux amis ici ! Mais mon chez moi me manquait déjà... Il fallait que je pense à autre chose, comme mes cookies. Je changeai la musique et pris la recette en mains. Je commençai à la lire rapidement mais j'avais du mal à me concentrer sur les mots. Mes gestes étaient crispés et brusques. Finalement, comme je pouvais m'y attendre, je fis tomber le sucre par terre. Je me penchai pour le ramasser en soupirant. 

- Tu n'es pas dans le bon état d'esprit.

Je me relevai en sursaut. Je me cognai la tête en dessous de la table dans ma précipitation et me retournai rapidement retenant un hurlement de surprise. Ma tête me tournait. Je tentai de reprendre mon équilibre et de dire quelque chose. Seulement, j'avais tellement de questions dans ma tête que tous les mots se mélangeaient et ce que je réussis finalement à articuler devait plutôt ressembler à Que-bah-gah-quoi-tu-bah. Ses grands yeux noirs me fixaient amusés.

- Tu n'es pas dans le bon état d'esprit, répéta-t-il. Pour cuisiner. Tu peux pas cuisiner convenablement si tu es stressé ou distrait, tu vas juste faire des catastrophe et après ton stress va se gouter dans la nourriture. Tu dois être calme et parfaitement concentrer sur ce que tu fais, si tu cuisine dans la bonne humeur, ça va se ressentir quand tu mangeras, Puis il ajouta en baissant la tête et rougissant légèrement, En tout cas c'est ce que répétait ma maman.

Il paraissait parfaitement calme, comme si c'était tout à fait normal qu'un gamin débarque dans la cuisine de quelqu'un comme ça. Nico di Angelo était assis sur le rebord de la table, derrière moi quelques instants plus tôt, et me regardait innocemment. Il avait des yeux curieux qui me scrutaient, comme s'il essayait de lire en moi. Ce qui ne devait pas bien fonctionner puisqu'il ne semblait pas comprendre mon trouble. Qu'est-ce qu'il faisait là ? On ne lui a jamais appris à sonner chez les gens et attendre qu'ils acceptent de nous laisser entrer avant de s'installer dans leur cuisine ?

- Que- Qu'est-ce que tu fais là ? Comment tu es entré ? Balbutiai-je.

Il regarda derrière lui puis se retourna vers moi en haussant les épaules, l'air de rien, comme si tout était parfaitement normal.

- Par la porte de derrière. C'était ouvert.

Je continuai à la fixer, attendant d'autres explications. Après quelques minutes de silence, il sembla comprendre et continua.

- Il pleut beaucoup dehors, alors je suis venu ici... Désolé de t'avoir dérangé, je ne devais peut-être pas venir sans ta permission.

Il avait murmurer la dernière phrase de sorte que j'avais du tendre l'oreille pour l'entendre. Il avait la tête baissée et faisait une moue tellement mignonne, innocente et malheureuse que j'étais incapable d'être fâché sur lui. Et puis j'ai noté deux choses : il a fini par se rendre compte de sa bêtise ET il s'était excusé et avait l'air de vraiment s'en vouloir. Est-ce que ça fait trois choses ? Peu importe, je n'avais pas remarqué directement dans ma surprise mais il était trempé de la tête au pied. Ses cheveux ainsi que ses vêtements dégoulinaient et il tremblait de froid. Ses lèvres avaient prises une teinte bleutée. J'essayai de prendre la voix la plus douce possible.

- Où sont tes parents ? D'où viens-tu ?

Sa voix était toujours aussi basse et tremblait lorsqu'il me répondit. Son regard refusait toujours de croiser le mien, fixant obstinément le sol. 

- Je sais pas, je suis orphelin.

- Oh... Je suis désolé... 

- D'aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours vécu ici. J'aime bien la forêt et j'ai jamais osé la quitter. Comme cette maison n'est habituellement pas habitée, j'ai pris l'habitude de venir m'abriter ici quand il fait trop froid dehors. Ou qu'il pleut. 

- Et tu fais comment tout seul ? Pour manger par exemple ? Quelqu'un sait que tu es ici ? Je ne pouvais pas m'en empêcher mais un flot de questions venaient à moi, amenant toujours plus de questions.

Il semblait perdu, n'avait plus cette confiance en lui qu'il arborait d'habitude. Il avait l'air si fragile que j'avais envie de le protéger, de le prendre dans mes bras, maintenant, et de défier quiconque ose s'approcher de lui ou lui faire du mal.

- Je me débrouille, j'aime pas descendre au village et les gens m'ignorent souvent. C'est rare que je croise quelqu'un, mais quand ça arrive, je me cache. J'ai l'impression qu'ils ne m'aiment pas trop... Tu es la première personne à me parler depuis longtemps, Pendant un instant, son regard croisa le mien puis il baissa rapidement les yeux, Quand on s'est parlé dans la forêt... Tu avais l'air... Je sais pas, je me suis dit que... Peut-être... 

Il commençait à bafouiller et je l'interrompis :

- Tu t'es dit que comme j'avais accepté de te parler, peut-être que j'accepterais aussi de t'aider ou au moins que tu puisses venir t'abriter ici ?

Il hocha lentement la tête. Il avait l'air sincère. En venant ici, j'habitais dans le seul endroit qu'il avait pour s'abriter, c'était pour ça qu'il était venu, il n'avait pas trop le choix.
C'était bizarre, j'avais l'impression qu'il s'ouvrait à moi mais gardait une certaine retenue, comme s'il se dévoilait mais sans se dévoiler. C'est difficile à expliquer comme sentiment, disons qu'il parlait facilement mais je me rendais compte que ce n'était que de choses plus générales, sans entrer dans les détails. Je le regardai de nouveau et mes pensées s'arrêtèrent lorsque je le vis qui tremblait et dégoulinait. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. J'allais d'abord m'assurer qu'il aille bien et puis seulement je verrai ce que j'allais faire de lui. Mais pour l'instant, il avait besoin de se changer, être au sec et de dormir.

- Allez, va prendre une douche, je vais t'apporter des vêtements secs.

Il leva les yeux et me regarda perplexe, sans vraiment comprendre ou plutôt n'osant pas comprendre.

- Ensuite tu me montreras comment on fait de bons cookies ! Lui souriais-je. Ensuite j'ajoutai, Si tu es d'accord, bien entendu.

Il hocha la tête en souriant légèrement, murmurant un "merci" à peine audible.

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