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Hope

L'orage gronde et son énorme craquement me fait crier. Je me cache sous les draps de mon lit, apeurée. Je serre le plus fort possible mon attrape rêve entre mes mains, sanglote. 

Je hais les orages, je les hais autant que je le hais lui.

Comment peut-il venir ici, après avoir vu cette blonde ? Il pensait que je ne les avais pas entendus tout à l'heure ? Quand ils se promettaient de se voir le soir ? Quel connard ! 

Je pensais vivre plus sereinement ici, que rien ne me ferait regretter mon départ de Jools et ma venue à Sakloi, mais je m'étais bien trompée.
Au moins là-bas, on ne m'approchait pas, on me laissait seule et c'était beaucoup mieux comme ça.
Je passe mon bras par le trou que j'ai laissé pour respirer, et tâte la table de nuit pour attraper mon portable.

J'envoie un message à ma sœur ainée, Nora. Elle me manque.

Moi : Il y a de l'orage...

Elle sait à quel point j'ai peur de la foudre, elle sait à quel point les orages me rappellent de mauvais souvenirs. Pourtant elle ne réponds pas et quand je vois l'heure qu'il est, je m'en veux. Elle doit dormir, là. 

Inconnu : Je suis désolé. Tay

Putain le con. Comment est-ce qu'il a eu mon numéro celui-là ? L'orage gronde encore et je me recroqueville, pleurant encore plus fort. Mon corps se contracte, mes jambes et mon buste tremblent d'effroi. 

Je hais ça, je hais ça, je hais ça. 

Je suis désespérée d'être seule alors que les éclairs se déchainent dans l'obscurité.

Moi : Tu veux bien venir ?

Taylor : Non.

Je frémis, tape une réponse en l'insultant de sale enfoiré avant de l'effacer.

Moi : J'ai peur des orages.

Taylor : T'as pas des langes ? Je suis bien dans mon lit. 

Je ris même si mon ventre se tord à cause de la peur. Mes mains tremblent alors que je tape ma réponse.

Moi : Apporte-les tiens. Je t'en supplie, viens.

Taylor : T'es une casse couilles.

Je ne réponds pas, terrorisée quand un craquement sinistre résonne dans la pièce. Putain grouille-toi. Je me sens pathétique de l'appeler alors que je le déteste. Alors qu'on vient de se disputer et que je l'ai mis à la porte. Mais je ne connais que lui ici, et même s'il reste un enfoiré, je ne voudrais d'aucune autre personne pour me rassurer, là.  C'est nul de ma part, j'en ai conscience. Sauf que là, je m'en tape. J'ai juste besoin que quelqu'un soit là, avec moi. D'habitude, c'est ma sœur qui venait se coucher avec moi, qui me parlait pour combler le silence entre chaque éclair, entre chaque coup de tonnerre. C'est elle qui, de sa voix horripilante chantait le plus fort possible quand le ciel s'illuminait.

Le tonnerre gronde encore plus fort et j'embarque ma couette avant de m'enfermer dans la salle de bain. C'est la seule pièce de la maison où il n'y a aucune fenêtre, où les éclairs ne sauront pas m'opprimer. Je ferme les yeux, et assise contre le mur, je me mets à fredonner en me bouchant les oreilles. Mes larmes coulent sur mes joues quand je le revois entrant dans ma chambre, chaque soir. Je me cachais le visage, pleurais toutes les larmes de mon corps pendant que mes membres tremblaient de peur. Ses cris retentissent dans ma tête, tel un écho qui ne semble pas vouloir cesser.
Un klaxon se fait entendre et je me précipite pour ouvrir à Taylor. Il court à l'intérieur tandis qu'une pluie diluvienne transforme l'allée devant chez moi en marécage.

Je referme aussi vite que possible quand il est entré, sursaute quand l'orage gronde encore.

—Putain quel temps de chien !

Je me retourne, m'adosse à la porte et le regarde enlever ses chaussures trempées. Son t'shirt mouillé colle la peau de son torse, me montre enfin ce que j'ai caressé tout à l'heure.Je déglutis.

—J'espère que tu ne m'as pas fait venir pour me tabasser.

Je détache mes yeux de son corps pour le remonter vers son regard.

—Je suis désolée. Je n'aurais pas dû...

—Ca va, soupire-t-il. Je n'aurais pas dû t'insulter. T'as un drap ?

Je hoche la tête, pars dans la salle de bain et lui ramène ce dont il a besoin.

—Merci d'être venu...
Je m'installe dans le canapé, baisse les yeux quand je sens son regard interrogateur se poser sur moi.

—J'avoue que c'est la première fois qu'une fille utilise la météo comme excuse de drague.

Je sais qu'il tente l'humour mais là, je ne ris pas. Je ferme les yeux quand l'éclair surgit derrière la fenêtre.

—Je plaisantais Hope. C'est seulement que...

—Pas de question. C'est tout ce que je te demande. J'ai peur de l'orage et c'est tout.

—Ok...

Il s'accroupit devant moi et je sursaute en sentant ses mains de géant se poser sur les miennes. Leur chaleur me fait du bien, me rappelle que je ne suis pas seule.

—Je suppose que t'as pas de fringues secs pour moi.

Je ris en secouant la tête ce qui fait briller ses yeux de malice.
—Il est trois heures du matin. Je suis crevé et toi aussi. Ça te dérange si je dors en caleçon dans ton canapé ?
Là, je suis certaine qu'il va exécuter une danse de la joie.

—Non, mais tu dois dormir avec moi. Sinon je vais flipper.
Un sourire en coin étire sa bouche, faisant apparaitre une fossette que je n'avais jamais encore vue chez lui. Merde. Je vais vraiment dormir avec lui. 
—Allez viens, dit-il en souriant.

Il se relève, dépliant son grand corps et me suis dans la chambre.

******

Etre allongée dans un lit avec lui est vraiment bizarre. Je suis tellement sur le bord que si je tentais le moindre mouvement, je me casserais la gueule. Mais de savoir qu'il est là me rassure, me maintient dans le présent et m'évite de sombrer dans mes souvenirs. 

—Tu sais, je ne vais pas te manger Cruella. Tu peux venir plus près.
—Tu garderas tes mains dans tes poches ?

Il rit en affirmant qu'il n'a pas de poches, me tend son bras.

—Allez viens Hope.

Je me blottis contre lui et c'est vrai que ça fait du bien. Il sent bon et sa peau est chaude et douce, en plus. Il se retourne vers moi, pose sa main sur ma hanche.

—J'aimerai bien savoir pourquoi tu flippes comme ça et pourquoi t'es venue ici.

Je déglutis, caresse l'espace entre ses deux pectoraux.

—Je n'ai pas envie d'en parler.

—Même si je te dis tout de moi ?

—Même si tu me dis tout de toi, oui.

Il soupire et je l'imite. Sa présence m'apaise, me fait du bien. Qui l'aurait cru ? Pas moi en tout cas. 

—Bonne nuit, murmuré-je. 

—Bonne nuit Hope. 

Sa respiration devient plus lente, plus régulière et je ferme les yeux. Si je m'écoutais, je coucherais avec lui, juste pour assouvir ce besoin. Mais j'ai peur, peur de m'accrocher à lui et qu'il me détruise. Parce que je suis ce genre de filles qui aiment, qui aiment trop, trop fort, jusqu'à ce qu'on les blesse et tue. 

—Tay ?

—Hmm...

Mon coeur bat la chamade, mes mains se font moites contre son torse. 

—Embrasse-moi. Juste un peu.

Il ouvre un œil, le deuxième.
—Un peu ?

—Juste pour cette nuit... Enfin si...
Et sa bouche fond sur la mienne, coupant court à ma peur, mes pensées et tout le reste.
Ses lèvres sont douces, se moulent à la perfection aux miennes. Son baiser est doux, tendre, rien à voir avec ce que je m'imaginais. Il soupire et je glisse ma langue dans sa bouche, pour le goûter. Il est délicieux, comme je m'en doutais. Il me retourne sur le dos et grimpe sur moi. Son corps me recouvre entièrement, sa respiration saccadée se cale sur la mienne pendant que nos souffles se mélangent, que nos salives s'échangent.

Il embrasse mon cou, remonte sur ma mâchoire et je geins quand sa barbe gratte ma peau. Il pose son front contre le mien, tous les deux à bout de souffle.

—J'ai pas de capote.

Je ris en lui volant un baiser.

—J'ai dit embrasse-moi pas baise-moi.

—Je peux t'embrasser seulement cette nuit ?

—T'es ma distraction ce soir, au moins je n'ai plus peur. 

Il rit et pousse son bassin contre le mien. Je ferme les yeux en sentant son érection contre mon sexe. Si nous n'avions pas de sous-vêtements, il m'aurait pénétrée de cette poussée et j'aurais jouis de suite. J'en suis certaine.

—J'espère qu'il y aura souvent de l'orage alors.
Sa bouche reprend possession de la mienne et je savoure chacun de ses baisers qui me dévorent. 


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