8

Taylor

 4 ans plus tôt. 

J'ai aimé Stéphanie dès que je l'ai vue, dès que ses yeux bleus ont croisé les miens. Elle a un sourire à se damner. Et à chaque fois qu'il m'est adressé, je tombe un peu plus amoureux. Comme ses parents sont de véritables cons, elle vient chez moi. Mes parents l'acceptent bien et je crois que tant que ma mère découvre les capotes dans la poubelle de ma chambre, elle est rassurée. Pas que je m'envoie en l'air sous son toit, bien sûr mais de savoir que je prends mes précautions. 

Après avoir mangé devant la télé, nous sommes remontés dans ma chambre. Je lance un film et je l'attire contre moi. Elle me grimpe dessus, sa bouche m'aspire comme si elle voulait que j'entre en elle, pour toujours. Ses baisers sont entrecoupés de mots d'amour qui me font devenir dingue. Mes mains parcourent son corps nu sous sa fine et courte robe de nuit en coton. Je voudrais tant m'endormir comme ça chaque soir mais tant que je n'ai pas assez de fric pour mettre de côté, c'est mort. Je ne veux pas que ce soit elle, avec son salaire d'infirmière qui paye tout. J'ai besoin de gagner plus qu'elle, pour lui offrir tout ce dont elle désire, même si ça peut paraître misogyne. 

Ensemble depuis près de cinq ans, elle a été la première. 

La première que j'ai embrassée, la première que j'ai pelotée, que j'ai invitée à un rencard et que j'ai possédée. Mon coeur lui est dédié, pour toujours, je le sais. 

******

J'enfile mon blouson de cuir quand il est vingt-trois heures. Comme tous les vendredis, avec les mecs on se réunit sur le terrain dédié au cross. Ce n'est pas très loin de chez Hope, je pourrais lui demander de venir sauf que je n'ai pas envie de la voir ce soir. Elle me casse les couilles.
Ce midi, elle n'a pas arrêté de tirer la gueule en chipotant avec sa fourchette dans salade. 

Je n'arrive pas à comprendre son fonctionnement, ni ce qu'elle cache. Il faut que j'arrive à découvrir ce qui l'a amenée ici, dans cette ville. Mais ça attendra demain, là j'ai autre chose à foutre de mon temps.

Quand je sors de la maison, une pluie fine me tombe dessus, et je rage. Le terrain va être infect et je n'ai pas vraiment envie que ma caisse s'embourbe. J'entre dans ma voiture et pousse le chauffage à son maximum, avant de mettre ma casquette. De l'orage est prévu et j'espère que ça attendra que je sois rentré. 

******

—Voilà le brûleur de culottes !
Je lève les yeux au ciel et salue les mecs. En plus d'être mes collègues, Dorian et Nasir sont deux de mes amis. On se connait depuis gamins et je sais que ce soir, ils vont me charrier. Pourquoi ? A cause de la superbe brune qui a passé la moitié de son temps au garage.

—Elle n'est pas là ta chérie ?

Et ça commence.
—Cette fille n'est pas ma chérie. Loin de là. On ne se blaire même pas.
J'attrape une bière dans le frigo-box et Nick me la décapsule.

—Une nouvelle meuf ? demande-t-il en riant.

—Nan, je ne veux plus de meuf.

Les mecs acquiescent parce qu'ils savent très bien ce qu'il est arrivé la dernière fois. N'empêche que Dorian est pire que ma mère. Il rêve de me voir enfin en couple.

—Si tu ne la veux pas, renchérit Nasir, moi je fonce.

Je hausse les épaules. Il n'a qu'à la draguer si ça lui chante, je m'en branle d'elle.

Nous nous taisons et regardons les motos qui passent derrière nous. On n'a pas le droit d'être ici la nuit normalement, mais comme le terrain est dans un terrain bien isolé, on ne dérange personne.

Nous rions en grimaçant alors que Dun se cartonne et lançons les paris.
Dorian met quinze dollars sur Luigi, Nasir sur Crew et moi sur Owen. Ce dernier n'a que dix-sept piges mais il sait manier une bécane comme personne. Il a toute mon admiration d'ailleurs.
La discussion va de bon train quand les filles arrivent. Stacy, Mégane et Laura sortent de la petite voiture et viennent rapidement nous rejoindre.

—Salut !
—Vous êtes dingues de rester ici, il fait dégueulasse.
Mégane rouspète alors que ses talons aiguilles s'enfoncent dans la boue. Je ne comprendrai jamais les meufs. Quelle idée de mettre ce genre de pompes pour venir ici.

Stacy s'approche de moi, un sourire en coin. Je n'aime pas baiser avec les mêmes, tout le temps. Mais là, j'ai envie de sexe comme jamais auparavant. Surtout depuis ce matin, où j'ai cru qu'Hope...
Putain fait chier elle aussi !
J'attrape Stacy par la taille, regarde avec délice la peau dénudée de son ventre plat. Son nombril percé me donne envie de lécher chaque parcelle de son abdomen, de la voir frémir sous ma langue.
Sa bouche s'écrase rapidement sur la mienne et je lui rends chaque coup de langue. Ma queue me fait mal tant je bande alors je me calme. J'n'ai pas envie de perdre mes quinze dollars.

Elle se blottit dans mes bras et je ferme les yeux. J'aimerais, non je n'aimerais rien.

—Bébé, t'as pas envie ? me susurre-t-elle à l'oreille.
Elle referme ses lèvres sur le lobe de mon oreille et je grogne.
—Ouais, viens.
Je prends sa main dans la mienne et nous nous éloignons du groupe. Au bout du terrain, se trouve une caravane abandonnée. Ça fera l'affaire. 

Je l'attire derrière, nous coupant de la vue de qui ce soit et la plaque contre la caravane. Sa bouche est déjà sur la mienne, ses mains se précipitent sur mon pantalon et les miennes sous sa jupe. Je glisse un doigt en elle, exalte quand je la sens trempée. Je ferme les yeux, imagine ses fines jambes hâlées autour de ma taille, sa bouche d'insolente autour de ma queue. Putain comme j'ai envie d'elle. Je fouille ma poche arrière, lui donne l'étui de la capote. Elle essaye de l'ouvrir pendant que mes doigts s'activent en elle, elle gémit et lâche la capote.
—Putain, Hope.

—Hope ? C'est qui Hope ? 

Je la relâche même si elle râle. Merde. Quel con! 

—Ne pars pas ! Je suis désolée, dit-elle essoufflée. Viens bébé.

—Non, c'est mort.
Je me barre, la laissant là en rageant. Putain fait chier ! Mon putain de karma n'a apparemment pas envie que je baise ces jours-ci ! Et pourquoi cette conne s'est immiscée comme ça, dans ma tête ? Parce que tu rêves de la prendre depuis que tu l'as vue, me raille ma conscience à la con. Je reviens énervé à ma voiture et voie en plus de ça, que Nasir amasse le fric. Fait doublement chier !
—Oh. Toi, t'as pas su tirer ton coup, balance Nick en riant. Il jette sa bouteille dans le frigo et je grogne.

—Ta gueule.
Je grimpe dans ma voiture, râle parce que mes pieds étalent la boue sur mes carpettes et démarre. 

******
Je roule, frustré sexuellement. Putain mais le bon dieu ne veut pas que je baise avec Stacy, c'est pas croyable. Par contre, je sais bien avec qui j'ai envie de m'envoyer en l'air.
Je m'arrête devant chez elle, nerveux. Elle en a envie autant que moi, je suis sûr. On ne s'aime pas, on ne se blaire pas du tout mais nos corps réagissent à chaque frôlement de l'autre. Il n'y a aucune lumière chez elle, mais tant pis. Je frappe à sa porte, assez fort pour que ça la réveille bien.
Je suis à deux doigts de défoncer la porte quand elle m'ouvre.

—Putain vingt ans pour ouvrir une porte ? dis-je en entrant.

Ses yeux ensommeillés me foudroient quand elle me contourne pour aller dans la cuisine.

Elle prend l'horloge sur le mur et me la balance à la gueule. Le bruit sourd qu'elle fait en éclatant sur le sol me tire de ma contemplation.

—Il est une heure du matin, débile. 

PUTAIN. ELLE EST EN CULOTTE DEVANT MOI ! 

—Et arrêtes de me regarder comme ça, gros porc.
En deux enjambées, je la plaque contre ses placards. Mon souffle est bien trop rapide, mon sang pulse dans mes tempes.

—Tu me rends dingue, Hope.

—Recule.
—Non.
Je caresse du bout des doigts la ligne de sa mâchoire, descends ma main sur la bretelle de son débardeur.

—Qu'est-ce que tu fais ? souffle-t-elle.

Mes yeux plongent dans les siens quand je me penche vers elle.

—J'ai envie de...
Ses doigts glissent par-dessous mon t'shirt et j'arrête de parler, de respirer, de penser, de tout. Sauf de bander.
—T'as envie de moi ?

Sa question me prend de court. Elle a toujours des questions hallucinantes cette fille.

—Ouais.
Elle inspire brusquement, se hisse sur la pointe des pieds en caressant mon ventre. Sa bouche n'est plus qu'à quelques millimètres de la mienne, et je ferme les yeux quand ses lèvres les effleurent doucement.

—Va falloir te branler Tay.

J'ouvre les yeux de stupéfaction et elle rit en se reculant.

—Tu déconnes.

Ce n'est pas une question, mais une affirmation. Parce que forcément elle plaisante.

—J'ai l'air de rire ? Non. Je ris de toi mais pas de ce que je viens dire.

—Salope.

Elle ouvre la bouche, la referme avant de me coller une gifle.

J'accuse le coup, sans rien dire pour une fois. J'avoue que je ne l'ai pas volée.  
—Tu croyais quoi Don Juan ? Qu'en arrivant ici avec une trique d'enfer que j'allais changer d'avis à ton sujet ? Et ben non. T'as qu'à aller baiser celle qui t'a excité.

La colère émane de son corps minuscule et je la dévisage. Comment peut-elle croire que je viendrais ici, si je n'avais pas envie d'elle ?

—J'ai envie de toi depuis que je t'ai vu Hope. Tu le sais.

Elle rit nerveusement en me contournant, ramasse ses livres sur la table basse et les balance sur le canapé.
—Faux ! T'avais envie de m'étrangler la première fois.
—Et encore là ! Mais merde !

—Ah oui ? Ben dégages !

—Fous-moi dehors. 

Je croise mes bras sur mon torse, elle sur sa poitrine. Je crois qu'elle n'avait jamais été aussi belle que maintenant avec ses joues en feu et ses yeux menaçants. Elle finit par tendre son index vers la porte.

—Pars ou j'appelle les flics.

J'arque un sourcil, la toise avant de sortir. 

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