34
Taylor
Le silence qui règne dans la voiture est pesant, lourd, écrasant. Elle n'a pas envie de parler, je le sais mais moi, oui. J'ai envie de l'entendre rire, de la voir redresser les épaules.
Là, elles sont voutées, basses, comme si elle portait à elle seule toute la misère du monde et ça me broie le coeur. Je me sens inutile alors qu'elle souffre.
J'allume la radio, soupire quand un morceau de Biffy Clyro passe. Evidemment, il fallait que ce soit un morceau hyper doux, de ceux qui te foutent la chair de poule rien qu'à les écouter.
Je tends la main pour la couper mais Hope la saisit au vol.
—Laisse, j'aime bien.
Mes doigts se glissent entre les siens, et je pose nos mains jointes sur mon levier de vitesses.
—Je ne savais pas que t'aimais ce genre de musique.
—J'aime à peu près de tout. Tu serais même étonné.
Elle m'intrigue. Je remonte mes lunettes de soleil qui glissaient de mon nez, caresse du pouce ses doigts.
—Vas -y, dis-moi. Je suis curieux de voir si on a les mêmes goûts.
—Bah déjà Biffy Clyro, dit-elle. Ensuite t'as tous les lovers du r'n'b.
Je ris en penchant la tête sur le côté. Les quoi ?
—Genre quoi ? Justin Timberlake ?
—Entre autres. T'as meilleur encore. P.Daddy, Akon, Mario Winans, Usher.
—Ouais, j'ai vu son poster à celui-là. Sérieux ? Usher ?
—Il chante trop bien ! s'extasie Hope, en plus il n'est pas mal, vraiment.
J'arque un sourcil, me mords la lèvre.
—Je suis quand même plus canon que lui, non ?
Elle glousse et j'ai envie de klaxonner tant je suis heureux de l'entendre rire. Putain que ça fait du bien !
—Oui, t'es bien plus canon, Tay.
Mon sourire s'agrandit et elle rigole doucement quand je klaxonne comme un con.
—J'n'arrive pas à croire que t'es content juste parce que je te dis ça.
—Bah t'es ma meuf, merde, dis-je en jouant les innocents. Je suis tellement fier que tu me trouves bien plus canon que ce chanteur qui ornait les murs de ta piaule.
—Si tu veux, dit-elle en réprimant un rire, je mettrai un poster de toi.
—Ça serait utile à mon ego, bébé, en effet.
—Tu n'as pas besoin de ça, il est surdimensionné.
—Comme ma bite !
Nous rions tous les deux et je suis fier de moi, encore une fois. Elle a l'air plus légère qu'en partant de Jools et de savoir que j'arrive à lui changer les idées avec mes conneries me ravit.
—J'espère que t'aimes les plages rocailleuses, le vent en pleine tronche et tout ce qui va avec...
Je sens son regard se poser sur moi et j'esquisse un sourire en coin.
—Les fientes de mouettes dans les cheveux ?
Je ris en secouant la tête par la négative. Elle arrive toujours à dire un truc auquel je ne m'attends pas. Elle est aussi barge que moi.
—Euh... C'est possible, oui. Alors ça te dit ?
—Oui, répond-elle en souriant.
******
Quand je me gare sur un des nombreux parkings payants, Hope bondit hors de la voiture.
Nous marchons ensemble dans le village aux vieilles bâtisses, traversons les ruelles de vieux pavés et arrivons bien vite à la plage. Elle s'arrête au beau milieu des rochers, pose ses poings sur les hanches tout en contemplant l'océan devant nous.
—C'est magnifique, souffle-t-elle.
—Ouais, j'adore cet endroit.
Je me colle à son dos, pose ma tête sur son épaule et entoure son ventre de mes bras. C'est vrai que ce lieu est splendide. Je m'y verrai bien y vivre jusqu'à la fin de ma vie tant j'aime cette ville.
—Tu sais que je n'avais jamais mis un seul pied ici ?
J'hausse un sourcil, étonné.
—On est à une heure de Jools.
—Je sais, oui. Mais sans voiture, tu ne vas pas loin. Dès que j'ai eu ma bagnole, j'ai voulu venir mais je n'ai jamais osé débarquer toute seule.
—Et t'es là, maintenant. Finalement je suis content que tu ne sois jamais venue, je t'aurai fait découvrir quelque-chose.
Elle ferme les yeux, je l'imite en souriant quand une rafale de vent souffle sur nous. Le bruit des vagues est apaisant après une journée comme celle-ci, les mouettes qui hurlent dans le ciel me font rire.
—Viens, je n'ai pas très envie de manger de la merde de volatile.
Hope rit aussi et prends la main que je lui tends. Nous longeons la plage et je lui explique que c'est ici que je viens quand j'ai besoin d'être seul, que je suis venu ici quand steph est morte. Je lui dis à quel point ce lieu m'est important dans le sens où il n'y a qu'ici que je me sens véritablement bien.
—Pourquoi ?
Je prends le temps de réfléchir à sa question qui est pourtant simple.
—Parce que c'est ici qu'on venait quand j'étais gamin, je suppose. C'était l'endroit de nos vacances, celui où on était tous bien, détendus, heureux.
—Je comprends.
Je l'aide quand nous entamons la descente des rochers, souris quand elle s'assied pour enlever ses converses. Je l'imite, retrousse le bas de mon jeans, dépose dans mes chaussures mes clés, mon portable et tout le bordel.
—Elle est hyper bonne !
Je regarde Hope s'avancer dans l'eau, reprends mon portable et la mitraille avec l'appareil photo. Le soleil donne des reflets acajou dans ses cheveux. Elle est magnifique et quand elle se retourne vers moi, le sourire aux lèvres, je sais que j'ai eu raison de l'amener ici. Elle avait besoin de ça.
Je la rejoins dans l'eau, lui saute dessus, éclate de rire quand on se relève trempé. Son t'shirt blanc devient transparent, moulant parfaitement son soutif rose fluo. Elle est vraiment belle.
—T'as de la chance qu'il fasse chaud et que ça va vite sécher.
—Au pire on rentre à poil, dis-je en me marrant.
Elle me saute dessus à son tour et je trébuche dans l'eau encore une fois en la tenant contre moi. Nos bouches se rejoignent rapidement et je grogne de plaisir en sentant ses lèvres douces et salées par l'eau sur les miennes.
—Merci, Tay.
—De quoi ? susurré-je avant d'embrasser la peau fine de son cou.
—D'être là, d'être toi.
Je resserre mes bras autour d'elle, ne sachant pas trop quoi répondre. Je n'ai rien fait de spécial, en fait, je ne vois même pas pourquoi elle me remercie.
—Embrasse-moi au lieu de déblatérer des âneries.
Elle tape mon torse en riant malgré son froncement de sourcils.
—Je ne dis pas de bêtises, me gronde-t-elle, t'es là, avec moi. Et ce que tu as dit à Baptiste était...
Elle baisse les yeux sur ses mains posées sur mon torse et mon cœur s'emballe.
—C'était beau, juste waouh.
Je repousse ses cheveux mouillés en arrière, prends son menton entre mon pouce et mon index et relève son visage vers le mien.
—Quand on pot de terre quelqu'un, c'est ce qu'on fait non ? Etre près de cette personne quoi qu'il arrive ?
—Si, soupire-t-elle dans un sourire.
—Donc, je ne fais rien d'exceptionnel ou qui mérite un quelconque merci, Hope. Je suis dingue de toi, de ce que t'es et de même de ce que t'as fait. Et si Baptiste, Nora ou ta mère sont trop cons pour se rendre compte de la personne que t'es, tant pis pour eux. C'est eux qui y perdent, pas toi.
J'essuie une larme sur sa joue, dépose un petit baiser sur ses lèvres. Cette fille est tout ce dont j'avais secrètement espéré. Voilà pourquoi ce lien entre nous a été rapide, fort dès les premiers jours malgré nos piques, malgré le fait qu'elle m'a énervé un maximum en balançant son pot de terre dans mon pare-brise. J'ai d'un seul regard qu'elle allait être dangereuse pour moi, qu'elle allait briser les barricades formées autour de mon cœur. Je ne me doutais pas que ça allait être aussi rapidement, mais ça en est que meilleur. Parce qu'on en est qu'au début de notre couple, qu'on connait déjà nos plus sombres côtés et qu'on s'aime quand même.
—Je sais que t'as horreur quand je dis ça, Tay, mais t'es trop adorable.
Je la pousse dans l'eau, ris quand elle m'envoie de l'eau dans la tronche avant de lui sauter dessus.
Putain, je suis fou de ma nana.
*****
Le soleil a déjà cédé sa place à la lune qui se planque derrière des nuages sombres quand nous rentrons chez Hope. Le vent s'est levé depuis déjà une bonne heure et je sens l'orage à plein nez.
Hope aussi apparemment puisqu'elle est devenue stressée d'un seul coup.
Quand elle referme la porte de sa vieille baraque, elle se détend un peu. J'enlève mes pompes, la suis dans la salle de bain où nous prenons une douche ensemble. On se lave mutuellement et ses mains sur mon corps me font frémir. J'adore quand elle me touche, quand elle caresse ma peau tandis que je rince son shampoing.
Quand nous sortons et que je l'enroule dans son drap de bain tel un durum, je savoure son sourire.
Je la porte jusqu'à son lit, grimpe sur elle en dénouant la serviette qui l'entoure et embrasse sa peau douce, ses seins, son ventre plat. J'aime tout chez elle, elle me fait perdre pieds juste en posant ses jambes sur mes épaules.
Je glisse ma langue le long de son sexe, la regarde fermer les yeux en s'agrippant aux draps. Je la pénètre d'un doigt, bande en sentant à quel point elle mouille pour moi, pour ce que je lui fais et continue à laper sa petite boule de chair. Je concentre mes coups de langue dessus, l'aspire, le suçote entre mes lèvres et plonge ma langue en elle, remplaçant mes doigts.
Ses jambes tremblent autour de ma tête, me disant qu'elle n'est pas loin de jouir.
Un éclair illumine la chambre, suivit du tonnerre. Hope se fige, et intérieurement, je jure après cet orage de merde.
—Regarde-moi, bébé.
Elle fixe ses grands yeux aux miens, esquisse un pâle sourire. Je dénoue moi aussi ma serviette de bain, m'allonge sur elle.
—Il n'y a que toi et moi, Hope. Ne pense à rien d'autre.
—J'essaie, gémit-elle quand je m'enfonce doucement en elle.
Je pousse un râle de plaisir, en la sentant se contracter autour de ma bite. Bordel, le sexe avec elle est la meilleure des choses que j'ai vécues. Elle m'embrasse quand je bouge lentement sur elle, gémit en se goûtant sur ma langue. Mes doigts se plantent dans ses hanches quand son bassin vient à la rencontre du mien.
Ses cris se font de plus en plus forts, sa respiration se saccade au même rythme que la mienne. J'avale chacun de ses souffles, me régale de chacune des sensations qu'elle me donne.
—Je vais...
—Vas-y, bébé...
Ses ongles s'enfoncent dans mes épaules et je jouis quand elle se cambre sous moi.
Je la prends dans mes bras quand elle a récupéré son souffle, nous allonge sous le fin draps de lit et l'embrasse sur le front quand l'orage reprend de plus belle.
—Je suis content d'être venu avec toi.
Elle relève son visage vers le mien, et je me retourne pour allumer la lampe.
—Eteins, grimace-t-elle. Ça attire la foudre !
Je ris en la reprenant dans mes bras.
—Mais non, et puis tu verras moins les éclairs comme ça.
Elle se laisse tomber sur le matelas et je m'allonge sur le flanc.
—Je l'ai tué un soir d'orage.
Je fronce les sourcils, m'appuie sur mon coude et la regarde en train de fixer le plafond. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle balance ça, comme ça.
—L'accident a eu lieu un soir de pluie. Je n'aime pas la pluie non plus, mais plus parce que c'est emmerdant de rester cloitrer chez soi.
Elle tourne son visage vers moi et me sourit tendrement.
—Elle te manque, des fois ?
Si j'étais un mytho, je dirais que non. Mais je ne veux pas mentir à Hope.
—Oui. Souvent, en fait. Mais je ne sais pas, c'est tellement confus dans ma tête.
—Racontes, ça va me distraire.
Je dépose un baiser sur ses lèvres, pose ma tête contre la sienne et nous fixons ensemble le plafond en bois de la chambre. C'est très bizarre de parler de ça avec elle, mais je lui dois bien ça après ce week-end de dingue.
—Ben... Tu sais... Je suis resté quatre ans avec elle. Et il y a une tonne de choses auxquelles je n'aurais jamais de réponses. Comme par exemple, est-ce qu'elle m'a réellement aimé ? Ou est-ce qu'elle venait chez moi uniquement pour le voir lui ?
—Je pense qu'elle a dû t'aimer, Tay.
—Tu n'en sais rien, Hope.
—Non, parce que je n'étais pas là... Mais c'est impossible de ne pas t'aimer.
Mon cœur se gonfle encore un peu plus d'amour pour elle.
—Ouais, mais ça c'est toi qui le dit. En attendant, je ne pourrais jamais savoir. Ni entendre ses explications. Elle m'a quitté dès que je l'ai trouvée au pieu avec mon père. Je la harcelais de textos, lui demandais « pourquoi ? », la suppliait de revenir avec moi, que je pouvais même faire l'impasse sur ce qu'elle avait fait.
Je déglutis et referme mes doigts autour de ceux d'Hope quand elle prend ma main.
—Elle ne m'a jamais répondu, alors...
—C'est nul, souffle-t-elle. Je suis désolée pour toi, bébé.
—Je sais. Puis t'es arrivée.
Elle glousse et je ris en roulant des yeux.
—J'ai cru que j'allais t'étriper le premier soir.
—T'allais baiser cette connasse devant chez moi, se défend-elle.
—N'empêche que je vais t'avouer un truc. Quand j'ai voulu remettre la chose avec elle, c'est ton nom à toi que j'ai murmuré.
—Nan ?!T'as pas fait ça ?
Elle est morte de rire quand je hoche la tête en souriant comme un gamin de cinq piges.
—Oh si, je l'ai fait ! Bordel la honte !
—J'espère qu'elle t'a foutu une tarte.
—T'aurais voulu ? demandé-je en rigolant.
—Je crois que tu aurais dit le nom d'une autre quand on le fait, je t'aurais coupé la queue, même.
Je grimace en pensant à mon pauvre anaconda. Non mais oh ! Pas touche à mon serpent !
—Non, elle n'a rien dit en fait ou je ne m'en souviens plus. Tout ce que je sais c'est que je suis venu ici, après, que tu m'as chauffé et que tu m'as dit d'aller me branler.
Nous rions tous les deux alors qu'elle feinte l'innocence.
—Je ne t'ai jamais chauffé, Tay. Tu t'excitais tout seul.
—En même temps t'as vu comme t'es gaulée ?
—Quel romantisme ! pouffe-t-elle.
—T'es ma petite-amie, dis-je en levant les mains innocemment aussi, j'ai le droit de te dire que t'es bien foutue.
—Je suis quoi ? demande-t-elle.
Je tourne mon visage vers le sien, plonge mes yeux dans ses magnifiques iris.
—T'es ma petite-amie, Hope.
—Encore, susurre-t-elle.
—T'es à moi, rien qu'à moi.
—Encore...
—Non, espèce de folle, dis-je en me bidonnant. Tu vas choper la grosse tête.
Elle grimpe sur moi et son visage amusé et détendu est vrai baume sur nos blessures, sur ses peurs.
—Je t'aime, Tay. Je t'aime plus que tout, et plus que n'importe qui ayant partagé ton lit avant moi.
Stephanie. Je sais qu'elle parle d'elle.
—Je sais. Et moi aussi je t'aime, Hope.
Le téléphone d'Hope qui sonne sur la table de nuit nous interrompt et je l'attrape avant de lui tendre.
—C'est Baptiste, dit-elle doucement.
Je retiens mon souffle, inquiet. Si jamais, il envoie un seul mot de travers, je retourne à Jools et je l'étrangle.
Baptiste : Je suis désolé pour ce matin. C'est juste dur, tellement dur de devenir un homme après ça... Merci Hope. Merci pour tout, je t'aime.
****
Désolée si je ne réponds pas à vos commentaires aussi vite que d'habitude mais Wattpad bug et ça devient difficile de répondre, cependant je vous lis, et je tenais à vous remercier pour tous vos mots <3
Je vous pot de terre :-p ;-) <3
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