32

Hope

Je le regarde dormir, encore sous le choc. Putain il s'est fait tatoué mon prénom.
Il est... Dingue, c'est impossible autrement.


Pourtant, j'adore ça. Parce que moi aussi je l'ai dans la peau, même sans encre. Tay est un homme... Surprenant et ça depuis le début.

Il est là pour moi, alors que jamais je n'aurais parié un seul dollar sur lui quand je l'ai rencontré. Comme quoi, les impressions premières ne sont pas toujours les bonnes. 

Une boule se forme dans mon ventre, remonte dans ma gorge quand je pense à lui, à ce qu'il fait pour moi, à ce qu'il compte faire aussi. Je caresse du bout des doigts sa mâchoire bien dessinée, et souris quand un soupir paisible s'échappe de ses lèvres.
Bordel, Taylor m'aime vraiment. C'est hallucinant. Et fou. Et surréaliste.

Et je suis amoureuse de lui, bien plus que je ne le pensais encore. Je ne pourrais même pas mettre de mots sur mes sentiments tant ils sont intenses et c'est la première fois que j'aime un homme si fort, si sincèrement et profondément. 

L'avenir me fait peur parce que je ne me leurre pas, je sais que ce qui m'attend va être dur, horrible même mais j'y arriverai avec lui à mes côtés.
Je ferme les yeux, tente de ne pas penser à tout ça et cherche le sommeil, en vain.
Trop de choses ressortent de mon passé pour que je sois sereine.
Je ne sais pas à quoi je m'attendais en venant ici... Sérieusement pourquoi j'ai voulu faire plaisir à ma mère en revenant... Elle n'était même pas ravie que je sois là, de toute façon. Son invitation ne devait être qu'une formule de politesse. J'aurai dû dire non, que j'avais déjà quelque chose de prévu, mais j'ai été trop conne encore. Et je regrette. Amèrement. Je ne pensais pas que ça allait être ainsi. Et maintenant je sais que si avant, cela se passait plus ou moins bien, c'est seulement parce qu'on n'abordait tout simplement pas le sujet. 

Je fixe le plafond, ressassant les évènements de cette journée de taré. On aurait dû rester à Sakloi, ça nous aurait évité les cris, les larmes, et Tay n'aurait pas de tatouage sur les côtes. 

—Tu ne dors pas ?

Je tourne la tête vers Tay, lui souris et devine le sien malgré l'obscurité dans laquelle nous sommes plongés.

—Il fait trop chaud pour que je dorme.

—Ouais, fait étouffant ici.

Il s'étire en baillant et je m'allonge sur le ventre, les bras coincés sous mon oreiller.

—Tay... Tu penses que si j'écrivais simplement une lettre ça irait ?

—Une lettre de quoi ? dit-il en se retournant vers moi.
Sa main se pose dans le bas de mon dos, descend sur mes fesses dans une caresse.

­—Pour ce que j'ai fait...

—Genre t'écris une lettre et tu te barres ?

—Oui, ce serait vraiment bien. Mais je sais très bien que l'enquête sera relancée et que je serai encore harcelée.

Il soupire, m'embrasse sur le front et m'entoure de son bras.

—Je ne sais pas, Hope. Dans tous les cas, l'enquête sera relancée comme tu dis, mais pour le harcèlement... Je ne sais pas, on peut se barrer bien loin, tu sais.

C'est une offre alléchante, vraiment, sauf que je ne peux pas lui demander ça.

—T'as ton boulot, ta famille aussi.

Il grogne et je ris.

—D'abord, faut que je voie ton frangin. Il est autant concerné par cette histoire que toi. On avisera après.

—D'accord, soufflé-je.

Je repousse Taylor et attrape mon portable sur la table de nuit.

—Tiens, dis-je en ayant cherché le numéro dans mon répertoire.

—T'as son putain téléphone ?

—Bah oui, affirmé-je en levant les yeux au ciel, c'est juste qu'il ne répond plus quand il voit que c'est moi qui l'appelle. Enfin, peut-être qu'il a changé de numéro depuis, je n'en sais rien.

Tay prend son portable, recopie le numéro de Baptiste et l'enregistre.

—Ok, je l'appellerai plus tard parce que là, ça m'étonnerait qu'il réponde.

Je regarde l'heure : Trois heures quarante. En effet, c'est trop tôt, ou tard.

—Tu vas lui dire quoi ? demandé-je.

—Je ne sais pas... Je n'ai pas trop eu la tête à réfléchir en fait. Et encore moins là, quand t'es à poil sous des draps avec moi.

Je ris et me colle à lui. Son corps est brûlant contre le mien et je lui vole un baiser, un deuxième et un troisième avant qu'il ne m'attire sur lui. Je me penche, il ferme les yeux en souriant quand mes cheveux chatouillent son visage. Taylor est vraiment beau, un homme comme on en rêverait toutes et me dire qu'il est avec moi, qu'il m'aime moi est la chose la plus exceptionnelle qui m'ait été donnée jusqu'à présent.

Je dépose doucement mes lèvres sur les siennes, soupire de bien être quand d'une main il entoure ma nuque, me rend mon baiser. Il est doux, chaud, exaltant. Mes mains caressent ses épaules, descendent sur son torse. Je sens son cœur battre sous ma paume, presse mon buste nu contre le sien quand je remonte mes mains.

Sa langue s'enroule tendrement autour de la mienne, nos souffles se mélangent, nos salives se mélangent. Je soulève doucement les hanches, m'enfonce lentement sur son érection en laissant échapper un cri silencieux.

Je me laisse guider de ses mains sur mes hanches, m'arrête quand il est au fond de moi, savoure la sensation qu'il m'apporte, les frissons qui recouvrent ma peau.

Son regard croise le mien et même s'il fait noir dans la chambre, je peux deviner le désir qu'il en ressort.

Quand je bouge doucement, qu'il gémit en même temps que moi, je sais qu'il ne faudra pas longtemps à mon orgasme pour exploser dans tout mon être.

*****

Taylor.

La voir endormie près de moi me fait du bien, m'apaise d'une manière tout à fait nouvelle.
Je sais qu'il ne faut pas comparer deux histoires, deux filles mais... Putain avec Hope, c'est si différent... Tellement mieux, tellement meilleur et plus vrai. Si j'avais su, je l'aurais attendu elle. Quoi que... Aurais-je autant compris sa peine si je n'avais pas moi-même été un écorché de la vie ?

Je me frotte les yeux, me détache doucement de la magnifique femme qui dort collée à moi malgré la chaleur et me lève sans faire de bruit.

Après avoir enfiler mon jeans, je sors sur le devant de notre chambre et regarde le numéro qu'Hope avait et m'a donné. 
S'il me répond, j'aurais du bol, vraiment. Mais qu'est-ce que je vais pouvoir inventer comme connerie pour qu'il accepte de me voir aujourd'hui ? Non, rien. Je vais lui dire la vérité, on verra.

Je colle le portable à mon oreille, surveille en même temps la manœuvre d'une nana qui parque sa voiture à côté de la mienne.

—Allo ?

Une voix rauque répond et je suis sur le cul. Merde mais parles, Tay !

—Euh... Je me présente : Je suis Taylor, le...

—Le copain de Hope, dit-il en soupirant, je sais.

Hein ? Comment il sait ça lui ?

—Nora m'a appelé hier. Elle m'a raconté ce qu'il se passait et euh...

—Ecoute Baptiste, je vais être franc avec toi. Je n'ai pas de temps à perdre aujourd'hui. Je travaille demain matin et je ne peux donc pas rester ici.

—Je comprends.

—Tu veux voir ta sœur, oui ou non ?

—Non.

Je retiens mon souffle, perdu.

—Mais pourquoi ?!

Je baisse le son de ma voix quand je me rends compte que je gueule.

—Elle a tué pour toi, elle en a morflé, merde !

—Je sais mais...

—Il n'y a pas de mais, putain !

Je jure et me retourne quand la porte derrière moi s'ouvre sur Hope portant mon t'shirt. Mes yeux parcourent son corps, descendent sur ses jambes nues.

—Elle m'a lâché, s'énerve-t-il. Elle n'aurait pas dû se taire quand on lui a demandé ! Est-ce que ma souffrance valait trente mille dollars ? Non ! Elle a fait comme les autres, m'a lâché quand on lui a montré du fric !

—Ça ne s'est pas passé comme ça, grogné-je. Laisse-la te voir et elle t'expliquera.

—Non !

Il a tellement hurlé ce mot si fort que Hope l'a entendu. Son sourire disparait, l'éclat dans ses yeux s'éteint. Putain il ne va pas me faire chier !

Je me retourne pour fuir le regard triste de ma copine et crache mes vérités, tant pis si elles lui sont douloureuses.

—Ecoute-moi bien, sale merdeux. Tu reproches quoi à ta sœur déjà ? Qu'elle t'a défendue ? Qu'elle se soit faite tabasser pour signer un foutu papier que ta propre mère a signé sans rechigner ? Tu voulais quoi ? Qu'elle résiste jusqu'à perdre la vie ? Dis-toi bien qu'elle a été la seule à avoir eu les couilles assez grosses pour arrêter cette ordure. La moindre des choses que tu puisses faire est d'avoir un minimum de reconnaissance envers elle, non ?


Hope m'attrape le bras quand elle voit que je perds mon calme, et je l'attire contre moi. Elle... Putain, elle seule peut me calmer, là.

—Ok, finit-il par dire. Je veux bien la voir, mais sans toi.

—Hors de question, je viendrai aussi.

—Tu l'attendras alors, je n'ai pas envie de parler de tout ça devant un mec que je ne connais pas.

—Et moi je n'ai pas envie de laisser ma femme avec un type que je ne connais pas, même si t'es son frère.

Hope soupire doucement en riant silencieusement. Sauf que là, ce n'est pas même pas une question de jalousie mais je ne fais confiance à personne concernant la sécurité de Hope, même pas à lui. Je frémis quand elle dépose un baiser sur mon pectoral, la resserre un peu plus dans mes bras.

—T'as l'air d'un fameux casse-couilles, grogne-t-il.
—Et encore... Tu ne me connais pas.

—A quelle heure ?

—Dans une heure ?

—Parfait, je t'envoie l'adresse de notre point de rencontre.


Je raccroche, satisfait. Putain il a l'air aussi têtu que sa frangine.

—Merci, Tay.

Hope lève son visage vers le mien, et j'entoure sa taille de mes deux bras.

—C'est normal, je t'ai promis de t'aider.

—Je sais, me sourit-elle. Je crois que t'es un mec adorable en fait.

J'hausse un sourcil taquin, lui pince une fesse ce qui la fait glousser.

—Adorable ? Non, jamais. Amoureux, ça oui.

—Qu'est-ce que je disais ? Adorable, complètement.

Je la soulève en cachant son cul de mes bras et la porte dans la chambre. Une heure pour se préparer et se mettre en route, on a le temps d'un coup rapide sous la douche, non ? 

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