27
Hope
Ça fait déjà une heure que je conduis alors que Taylor dort. Il lui aura fallu une demi-heure pour me laisser conduire tranquillement et honnêtement, j'ai failli lui en coller une tellement il m'énervait avec ses remarques.
« Va pas trop vite, ralentis, fais attention parce que le parechoc est rabaissé, sois plus douce dans tes tournants ».
En gros et ce même si je l'aime, Taylor est un emmerdeur de première.
Je m'arrête sur une aire de repos, coupe le contact et ferme les yeux. Encore trois heures, plus ou moins et nous serons chez moi. Je suis en stress total. J'envoie un rapide message à Nora, lui dit que Tay sera là. Je ne les ai pas prévenues avant, de peur que Tay ne veuille plus me voir alors maintenant qu'on est en chemin, c'est le moment idéal.
J'essaye de me rassurer, de me dire que tant qu'on reste à l'appartement de ma mère, ça va bien se passer. On ne sortira pas de toute façon, parce que je refuse que Tay subisse le regard des gens de ma faute.
Mes mains tremblent, j'agrippe mes cuisses pour les stabiliser. Je sors de la voiture, marche un peu. Personne n'essayera de voler la voiture avec la bête qui dort dedans.
Je marche sur plusieurs mètres, m'étire et souris quand Tay sort de la voiture. Ses yeux encore fatigués me font fondre alors qu'il s'avance vers moi en se grattant les cheveux. Ce geste soulève le bas de son t'shirt et je mords la lèvre en admirant la fine ligne de poils qui part de son nombril pour s'enfuir sous son jeans. Je repense à hier, encore.
Moi qui pensais qu'il allait fuir en courant, j'ai trouvé en lui un confident hors pair.Il me comprend sans me cataloguer, me fait rire quand je pleure, me réconforte quand je ne m'y attends plus.
Et le bonus à tout ça, c'est que je l'aime. Comme une folle.
—T'aurais dû me réveiller.
—T'avais l'air paisible.
D'un bras il m'attire à lui et je me hisse sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Nous entrons tous les deux dans le shop et prenons une tonne de choses à grignoter, à boire avant d'aller nous assoir dans l'herbe, à côté de sa voiture.
J'ouvre un paquet de crackers, tends mes jambes sur les cuisses de Tay qui les caresse d'une seule main.
—Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais tes jambes me rendent fou.
J'arque un sourcil et regarde mes jambes. Elles n'ont rien de spécial, je n'vois pas ce qui l'excite dedans. Elles sont petites déjà, fines et mon bronzage s'est fait la malle.
—Elles n'ont rien d'exceptionnelles, pourtant.
Taylor remonte sa main sur mes cuisses, plonge son regard dans le mien.
—Elles sont belles, douces et encore mieux... Ce sont elles qui s'enroulent autour de ma taille.
Il repousse mes jambes en déposant sa barre de céréales et me saute dessus.
Je ris en tentant de le repousser, vainement. Il est bien plus fort que moi, c'est peine perdue.
—C'est malin, ça. J'ai pleins de crackers partout dans mon soutif.
—Je peux nettoyer ça.
Nous rions tous les deux avant qu'il ne m'embrasse. Ses lèvres sont sucrées, délicieuses sur les miennes salées par les petits biscuits.
—On va croire qu'on est en train de baiser, murmuré-je.
—On s'en fout de ce que les autres pensent. Toi et moi savons que mon anaconda est bien rangé.
—Modeste en plus de ça.
Il rit et je l'attire encore vers mon visage, capturant ses lèvres des miennes.
—Par contre, souffle-t-il entre deux baisers, si tu continues on va vraiment baiser ici.
Mon sourire reflète le sien, mes yeux le dévorent.
—Tay...
—Oui ?
Ses mains se posent de part et d'autre mon visage, les miennes entourent sa nuque, caressent ses cheveux. De son nez, il frôle le mien.
—Je t'aime.
Ses yeux se fixent aux miens et je frémis sous lui. Il ne s'y attendait pas, et moi non plus à vrai dire. Mais c'est vrai. Il le mérite ce « je t'aime », plus que quiconque. Un sourire discret, timide et surtout adorable nait sur sa belle bouche. Les papillons s'envolent dans mon ventre et mon cœur bat la chamade dans ma poitrine.
—Je t'aime aussi, Hope.
Ses lèvres effleurent tendrement les miennes et je me retiens de pleurer. Jamais je n'aurais pensé avoir quelqu'un comme lui dans ma vie. On dirait que le destin a décidé d'enfin un peu me gâter.
—Je t'aime plus que tout, bébé.
Et voilà comment il arrive à me faire craquer. « Plus que tout », c'est insensé, inouï, divin à entendre.
Mes larmes coulent sur mes joues et je souris quand il les ramasse.
—Ne pleure pas, je suis sincère. T'es différente de toutes les filles que j'ai connues et même si t'es la plus chiante de toutes, c'est toi qui as mon cœur, Hope.
Je ferme les yeux, pour fuir son regard mais aussi pour mieux accepter ce qu'il me dit. Mon cœur est au bord de l'implosion et je suis tellement émue par ses mots, par sa voix rauque que je pourrais le déshabiller ici même pour lui prouver à quel point moi aussi je l'aime.
—On devrait y aller, non ? demandé-je. Parce qu'à sentir ton serpent se lever, je pourrais faire une bêtise.
Taylor rit, m'embrasse encore et une fois et se relève.
—Sois vilaine, j'adore ça.
Je lui donne une tape dans le ventre et monte du côté passager.
******
Tay a repris le volant, et je chantonne doucement sur le morceau qui passe à la radio. C'est une version d'Adèle en mode reggae que j'aime beaucoup. Le vent s'engouffre dans l'habitacle par nos vitres grandes ouvertes et je finis par attacher mes cheveux pour qu'ils cessent de voler dans ma figure.
—T'as raison, tu ne seras jamais chanteuse.
Je ris et chante encore plus fort, juste pour l'emmerder. Mais Taylor ne se laisse pas faire, augmente le son de la radio et chante avec moi. Je me marre en le regardant, tape dans sa main quand il me la tend tel un micro et bientôt nous chantons en riant. Je frissonne quand sa main se pose sur ma cuisse nue, pose la mienne dessus et serre ses doigts entre les miens.
Pour la première fois depuis longtemps, je me sens réellement bien. Et seulement grâce à lui.
—Alors, tu penses que ça va se passer comment ? Parce que je t'avoue que ça me stresse quand même de rencontrer ta mère.
Je baisse le son de la musique, souris en le regardant. Lui stressé ?
—Elle va sûrement te poser vingt milles questions. Enfin, plus Nora que ma mère, je pense.
Je le vois grimacer et je ris doucement.
—Ok, et pour euh... Le truc ?
—Je pense qu'elles ne se douteront pas que je te l'ai dit, tu sais. Quel homme voudrait d'une meurtrière hein ?
Il grogne, resserre ses doigts sur ma cuisse.
—Moi. Moi je te veux, Hope.
—Et tu m'as, Tay.
—Je sais, alors ne dis pas de trucs aussi cons. T'as défendu ton frère, merde.
—Et j'ai payé ma dette, affirmé-je.
—Tes trois semaines ?
—Et mes dix-huit mois de bracelet, aussi. Tu sais le super truc qu'on t'attache à la cheville pour que les autorités soient certaines que tu restes cloitré entre tes quatre murs?
—Dix-huit mois ? crie-t-il. Mais c'était un pédophile !
—Et j'ai tué.
Je hausse les épaules parce qu'il n'y a rien à ajouter.
J'ai tué, j'ai été punie mais je ne le regretterai jamais. La seule chose que je regrette c'est de ne plus voir Baptiste.
—Tu crois que si...
Je suis distraite par Taylor qui met ses lunettes de soleil, avale ma salive tant il est canon. Il le fait exprès ou bien?
—Que quoi ?
—Mon frère a été placé en famille d'accueil. Alors je ne sais pas si tu peux faire ça mais...
—Ponds ton œuf.
—Je n'ai pas le droit de le contacter moi-même. Si c'est lui qui me contacte, ça peut passer mais pas l'inverse. Sauf qu'il ne le fait pas.
—Tu veux que je le contacte moi ?
Il semble étonné et j'ai envie de me cacher sous le siège pour cette idée débile. Ils ne connaissent pas, alors qu'est-ce qu'il pourrait bien lui dire ?
—Si tu as un numéro, une adresse, n'importe quoi, ok. Je le ferai.
—Tu ferais ça pour moi ?
—Ouais.
Je souris, regarde par la fenêtre et prends de profondes inspirations. Je crois que Tay est un peu devenu mon ange gardien. Quand je l'ai rencontré, je ne me serais jamais doutée qu'il était comme ça. Moi qui pensais qu'il était imbu de lui-même et connard par-dessus le marché, je me suis bien trompée pour le coup.
On est si différents...pourtant si semblables quand on creuse un peu.
Et l'avoir avec moi pour cette bataille contre le monde entier me montre que moi aussi, j'avais besoin de retrouver ça : D'être comprise et aimée.
Parce que je sais que je peux lui confier mon cœur, mes secrets, ma vie et tout le reste, sans avoir peur qu'il ne me rejette.
Tay sait tout mais est toujours là, avec moi.
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