23

Taylor

J'arrête de respirer, la fixe dans les yeux en ayant peur de mal interpreter ses paroles.

—Moi aussi ? De quoi ?

Ma voix n'est que chuchotement mais je ne peux faire autrement. La dernière fois qu'une nana m'a dit qu'elle m'aimait, elle s'envoyait en l'air avec mon connard de géniteur en même temps. 

—Pour ce que tu as dit hier soir...
Ses yeux fuient les miens, regardent mes lèvres. Mon cœur s'accélère, mes mains deviennent tellement moites que je suis obligé de les essuyer dans mes draps avant de saisir ses poignets pour les clouer par-dessus sa tête.

—Dis-moi Hope...
—Je ne peux pas, Tay. Pas encore.

Je déglutis parce que là, je suis perdu. Je ne sais plus ce qu'elle pense, ni pourquoi est-ce qu'elle refuse de me dire ce simple mot. Elle m'aime? Mais ne peut pas le dire? C'est absurde... 

—Je dois me contenter d'un « moi aussi » ?

—Les sentiments sont là mais ce mot est beaucoup trop fort pour que je te le donne, tu comprends ? Ca me fait peur de tomber amoureuse de toi, Tay, ça me fout vraiment la trouille. Sauf que t'es là et que je suis là. Que tu m'énerves et que je te t'énerve. Et j'aime ça. J'aime ce que nous formons ensemble, cette complicité qui s'installe entre deux piques bien senties. Et je ne veux pas que tu doutes de moi ou de mes intentions. Je ne te ferais pas un sale coup, Tay.

—T'aimes quand je t'emmerdes, c'est ça ?dis-je pour détendre un peu l'atmosphère. 

Elle glousse doucement en hochant la tête. Tout ça s'est beaucoup trop à gérer d'un coup, surtout pour moi tout seul. Sauf que c'est en train de se passer, que je ne peux pas me relever et faire comme si de rien n'était. Elle et moi avons un passé lourd, une douleur en nous que nous ne pourrons jamais oublier et puis... 

Ne dit-on pas qu'on est plus fort à deux? Si elle m'aide à reprendre confiance en la race humaine et en la gent féminine surtout, je ne vois pas pourquoi moi je ne pourrais pas l'aider à reprendre confiance en elle. Dans le fond, nous sommes pareils: deux âmes torturés récalcitrants aux sentiments. 

—Tu veux qu'on en reste au « moi aussi » ? Si ça te stresse moins qu'un « je t'aime », ça me va.

—Comme une sorte de dialogue secret ? demande-t-elle en croisant ses doigts aux miens.

—Ouais, soufflé-je, on peut genre se dire « moi aussi connasse ». Ca restera du nous tout craché.
Elle rit et je me délecte de ce son. Elle est encore plus belle comme ça, sous moi, charmée par mon sourire. 

—Non, pas de gros mots. On peut trouver un truc plus secret encore.
Sa voix rauque me fout la chair de poule, je dépose un bisou sur son nez.

—Pot de terre. Ça me semble approprié, non ?

—Pot de terre ? T'es sérieux ?
Elle rit et je l'imite.

—Oui, je suis sérieux. Pot de terre Hope.
—C'est nul, dit-elle en riant. Je préfère le « moi aussi ».
Ses yeux noisettes plongent dans les miens et je craque, la laisse entrer carrément dans mon cœur, dans mon être, dans tout ce qui fait que je suis encore là aujourd'hui.
—Je te dirais ce mot un jour, j'espère. Si tu as toujours envie d'être avec moi quand tu sauras tout.

—Je ne vois pas ce que ton passé pourra changer, Hope. Alors raconte-moi.

—Je ne peux pas, murmure-t-elle, pas maintenant du moins. Sois patient avec moi. 

Je soupire, enfouis mon visage dans son cou. De la patience.... Je ne sais même pas ce que c'est tellement j'en suis dépourvu. 

C'est très troublant et frustrant de savoir qu'elle est en dépression pour quelque chose, qu'elle craigne que je ne veuille plus d'elle pour ce même truc mais qu'elle refuse de me dire ce que c'est. Elle ne m'a pas jugée alors qu'elle sait ce que j'ai fait à Stephanie. Alors pourquoi le ferais-je pour elle ?

Ses doigts se resserrent autour des miens, me tirant de mes pensées.

—Tu m'écrases, couine-t-elle.

—Je m'en fous.

Elle rit en tentant de me repousser mais je mets encore un peu plus de poids sur elle, l'empêchant de filer.

—Tu sens bon, dit-elle en embrassant ma joue.

—Je sais... T'as eu le temps de prendre ta douche chez toi ?

­—Non, je t'attendais.

Je me redresse un peu, l'embrasse doucement.

­—Viens te laver avec moi, susurré-je.

—T'es déjà lavé.

Elle mordille mon menton et je ronronnerai presque tant j'adore ça.

—J'ai envie de m'occuper de toi, alors on s'en fout. Et ma mère n'est pas là, ma sœur va se barrer pour faire sa garde et ne crois pas que je vais t'attendre bien sagement alors que tu seras à poil dans ma salle de bain.

Elle embrasse mon cou, lèche ma pomme d'adam et je ferme les yeux, ordonnant à ma bite de se tenir tranquille.

—D'accord, mais je veux que tu fasses un massage divin.

—Ca marche.

******

J'entre dans l'eau, regarde avec intérêt Hope se déshabiller. Ses vêtements tombent au sol, et je me marre quand je la vois se couvrir les seins de ses bras. 

—Je les ai déjà vus, ça ne sert à rien de les planquer.

Elle secoue la tête, le sourire aux lèvres et je lèche les miennes en la regardant enlever sa culotte.
Elle s'approche, lève un pied pour entrer dans l'eau, s'installe entre mes jambes. Quand elle est confortablement assise, adossée contre mon torse, je tente ma chance avec mes questions.

—Il y aura qui ce week-end chez toi ?

Mes mains se posent sur ses fines épaules, je commence à la masser doucement en essayant de ne pas penser à son corps nu contre le mien.

—Ma sœur et ma mère. Peut-être ma grand-mère.

—Et ton père ?

—Je ne sais même pas qui est mon père, soupire-t-elle.

Mes mains s'immobilisent et je fronce les sourcils.

—Ah.

—Ma mère a toujours été volage, alors des pères de substitution, j'en ai toujours vu défiler un max.Une dizaine je dirais, peut-être plus.

—T'es la plus jeune ? C'est ça ?

—Et non ! Je suis la deuxième. Nora et l'ainée et Baptiste le dernier.

—Il ne sera pas là ?

Elle gémit quand je dénoue les tensions accumulées dans ses épaules et j'en bande. Putain, elle est obligée de faire autant de bruits sexys quand je la masse et que ma bite est logée contre son cul ? Ca me déconcentre completèment de ma tâche.

—Il ne parle plus à ma mère. D'ailleurs, quand tu viendras, évite de le mentionner, s'il te plait.

Je hoche la tête avant de répondre un « d'accord» quand je prends consciensce qu'elle ne me voit pas.

—Donc ça à voir avec ton frère ?

Elle se crispe légèrement et je m'excuse pour ma question. Ok, il fait partie de l'équation, sinon elle n'aurait pas eu cette réaction. Je prends le pommeau de douche, allume l'eau avant de mouiller ses cheveux. Je ne sais pour quelle raison, je suis content qu'elle va devoir se coltiner mon odeur sur elle. Je regarde l'eau couler de ses cheveux à ses seins, en caresse un de l'autre main. Sa pointe rose se dresse sous mes doigts experts, quand je la tire et roule.

Elle se redresse en toussant, me sortant de mes pensées perverses.

—J'ai cru que t'allais me noyer, criet-elle en riant.

Je coupe l'eau, ris face à ma bourde alors qu'elle se retourne vers moi en repoussant ses cheveux.

Je m'étends, pose mes pieds sur le mur face à moi et l'attire sur mon torse.

—Ce n'est pas de ma faute, tu me distrais.

—Tu te distrais tout seul. Pour des seins en plus.

—Pour tes seins, c'est pas pareil.

Elle me tire la langue et j'attrape celle-ci dans ma bouche, la suçote doucement.

Quand sa bouche se colle à la mienne, elle laisse échapper un souffle, et je sens que si je ne me grouille pas de la laver, on va encore y passer des heures.

Je lui donne une claque sur les fesses.

—Au lavement femme !

—Ouais, cromagnon.

Elle se rassied entre mes jambes et je lui lave les cheveux, massant doucement son crâne. L'air de rien, elle vient de me filer des infos assez importantes sur elle, sur sa famille. Je sens que je me rapproche de plus en plus de son secret et je ne peux qu'en être ravi, même si dans le fond, j'ai peur que la vérité nous sépare.  

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