22

Hope

Je ris alors que Tay me raconte comment est-ce qu'il a annoncé à Nasir – et aux autres – qu'on était ensemble. L'air de rien, ça me fait hyper plaisir ! Parce que je savais qu'il n'en avait pas envie. Et cette façon de l'avoir dit, prouve encore sa jalousie. 

Je repose mon sandwich sur le sachet et écarte ses bras en m'imposant sur ses cuisses.

Son regard gris me dévore et je pense que le mien doit être tout aussi incandescent.

—Je suis contente que tu ais sauvé mon honneur.

Il lève les yeux au ciel et secoue la tête. Il fait l'exaspéré mais je le connais assez pour savoir qu'il aime jouer avec moi.

—J'ai juste mis les choses au clair.

—Et je suis contente que tu l'ais fait.

Un sourire en coin se dessine sur sa belle bouche et il s'allonge dans le champ, m'attirant avec lui.

—Pourquoi ?
Je caresse sa bouche, le creux juste au-dessus de sa lèvre supérieure et dépose un baiser sur ses lèvres.
Parce que je suis folle de toi.
—Parce qu'il ne m'emmerdera plus.

Ses mains glissent par-dessous ma fine blouse et ses doigts chauds qui caressent mon dos me fichent des frissons.

—Parle-moi de toi, murmure-t-il.

—J'ai vingt-trois ans.

Il rit en mordant le bout de mon nez.

—Je le sais ça. Dis-moi quelque-chose que je ne sais pas...

Il est tellement mignon là, que je ne peux pas ignorer sa demande.

—J'aime chanter, même si je chante hyper mal et faux. Et j'aime danser aussi. Mais juste pour déconner.

Un sourire illumine son visage et je décide que c'est ma récompense. J'adore le voir sourire.

—Continue.

—Je suis en dépression depuis cinq ans. C'est ça les cachets que je prends chaque matin. Et ma pilule aussi.
—Ok, dit-il en enroulant une mèche de mes cheveux autour de son doigt. Pourquoi ?

Je baisse les yeux sur son menton, regarde sa mâchoire carrée, bien marquée avec sa barbe de trois jours. J'aime bien les ombres qu'elle forme sur ses joues. Ça le rend encore plus sexy que sans sa barbe. Et puis... Cette sensations quand il la frotte contre ma peau est exquise. 

—Je ne suis pas prête à t'en parler, chuchoté-je. Parce que tu changeras de regard sur moi, comme tous les autres.

—Bien sûr que non. Et déjà... Je te regarde comment, hein ?

Un sourire malicieux nait sur ses lèvres et je souris à mon tour.
Il essaye de me piéger. Je sais qu'il doit sûrement attendre une réponse à ce qu'il m'a dit hier, sauf que je ne peux pas lui dire que je l'aime. C'est une façon de me protéger. Il me regarde amoureusement, voilà.

—Je ne sais pas, je mens.

—Ca a voir avec ta famille ?

—Oui, soupiré-je.

—C'est grave alors...
Je hoche la tête silencieusement, alors qu'il me serre dans ses bras. Mon oreille sur son cœur, j'écoute les battements forts et réguliers de ce dernier. C'est étrangement apaisant.

—Tu sais, dit-il doucement, quand j'ai rencontré Steph... On était jeune tous les deux. On avait dix-sept ans. Rapidement, je suis tombé amoureux d'elle. Elle était tout ce que je voulais, vraiment.

Je me crispe légèrement, mais je veux savoir. Parce que je ne sais pas grand-chose de cette histoire mis à part qu'ils ont eu un accident de voiture.

—Un jour, je suis rentré des cours et... je l'ai entendue. Elle baisait avec mon père.
Je me redresse, le regarde avec horreur.

—Hein ?

—Ouais, ça parait dingue. Mais c'est bien réel.

—Je suis désolée, bébé...
C'est tellement nul comme réponse, mais je ne sais pas quoi lui dire. Il sourit et je me rends compte que c'est la première fois que je l'appelle comme ça.

—Laisse-moi tout te raconter. Peu de gens savent tout de cette histoire. Encore moins le fait qu'elle était la maitresse de mon père.

J'acquiesce et le laisse continuer.

—Bref, quand j'ai su, quand ma mère a su... Ca a été le bordel. Mon père s'est barré et...
Il se tait. Je l'imite en essayant de cacher la peine que j'ai pour lui.

—Elle m'a quitté. Elle m'a dit que je n'étais en rien l'homme de sa vie et que mes conneries ne l'aidaient pas à changer d'avis.

—Conneries ?

—Les courses. J'aime les courses illégales. Je m'éclate, je me fais du fric et ça me donne une excuse pour conduire comme un con. Sauf que son père est flic, alors il ne me portait pas dans son cœur et ça a fini par déteindre sur elle, je suppose. Putain Hope. Tu sais ce qui m'échappe ?

Je secoue doucement la tête, ressentant toute sa peine, toute sa rage aussi. Ses doigts se font plus brutaux dans mon dos, plus rapides. Il évacue.

—C'est que j'n'ai rien vu venir alors que c'était d'une évidence ! Je lui ai dit que je voulais me marier avec elle, avoir des gosses. Et tu sais ce qu'elle répondait ? On verra. Ou alors elle changeait de sujet. Quand il était là, elle était plus distante avec moi, elle refusait que je la touche dans ma piaule parce que tu comprends « On va nous entendre Taylor ». Mon cul ouais ! Elle avait juste pas envie QU'IL entende ! Et moi ? Et moi là-dedans ?

—Tay...
—J'étais sûr qu'elle allait continuer à le voir, j'en étais certain ! Et tu sais où je les ai trouvés ?

—Tay...
—Dans le lit où je te fais l'amour chaque soir.
Ses yeux se voilent de larmes et j'en ai la gorge nouée.

—Pourquoi tu ne me l'as pas dit, ça ? demandé-je en me détachant de lui. Je m'assieds à ses côtés, choquée. Il aurait dû me le dire. Ça me semble... Je ne sais pas... Est-ce qu'il la voyait elle quand il c'est moi qui étais sous lui ?

—Je suis allée dans cette baraque débile, je me suis battu avec mon père et j'ai attrapé Steph. Je l'ai balancée dans la voiture.

Sa voix se brise et mes pensées partent dans tous les sens.

—J'ai roulé comme un con. Je voulais l'emmener loin de lui, pour qu'elle me revienne, qu'elle l'oublie lui...
Et... J'avais pas vu le camion en ciseau.

Ses larmes me déchirent. Je m'agenouille devant lui et le prends dans mes bras.

—Je ne voulais pas la tuer, je n'ai jamais voulu ça. Je le jure.

—Je sais Tay...
Je prends son visage entre mes mains, essuie ses larmes de mes pouces.
—Ne pleure pas, Tay.

—Désolé.
Il repousse doucement mes mains et s'essuie les yeux avec le dos des siennes.
J'ai le cœur serré, je ne le pensais pas si sensible, et que son histoire était si terrible que ça.

—Tay...

—Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi je t'ai raconté ça. Je suis désolé.
Il se relève après regardé l'heure sur sa montre et ramasse le sac.

—Viens, on va être en retard.
Je me relève à mon tour, gardant ces mots qui me brûlent le bout de la langue pour moi.
Ce n'est pas le bon moment, et puis, lui dire ça maintenant, ce serait tellement pathétique.

******

Il est vingt heures et j'attends toujours que Taylor vienne. Je regarde ce qui me sert de lit d'un mauvais œil, imaginant ce que Tay m'a raconté plus tôt dans la journée. J'ai la nausée rien qu'à voir défiler ces images. Tant pis, je changerai le lit. Je ne peux plus dormir dans ce truc qui a brisé le cœur de Taylor.

Mon téléphone signale l'arrivée d'un message que je m'empresse de lire.

Taylor : On se voit demain ? Je suis H. S.

J'ai envie d'hurler en voyant son message, de lui dire d'aller se faire foutre mais je me retiens. Il est mal. Et je suppose que c'est parce que d'avoir reparlé de tout ça lui a ré-ouvert ses plaies. Je prends mes clés de voiture, attrape mon sac et sors.

******

J'arrive rapidement chez Taylor et je soupire de soulagement en apercevant sa voiture dans l'allée. Je ne devrais pas être ici, il n'est pas seul, je le sais. Cependant je m'en veux. Parce que j'ai conscience que s'il m'a parlé de tout ça, c'est uniquement pour que je lui balance ce que je préférerais qu'il ne sache jamais.

Je frappe doucement à la porte, cherche une excuse à présenter à Eva qui justifierait ma présence chez elle, à cette heure-ci. Quoi que je n'en ai pas le temps puisque Lisa m'ouvre dès que mon poing se décolle de leur porte.

—Hope ? Comment vas-tu ?

Son sourire est radieux et je lui en rends un. Je ne sais pas comment fait cette fille pour paraitre toujours de si bonne humeur après ce qu'il est arrivé à sa famille. Même Nora n'est pas comme elle.

—Je vais bien.
Elle s'efface pour me laisser entrer et de suite, mes yeux parcourent le salon.

—Il est en haut.
Grillée.

—Euh... Je peux monter ?

Elle glousse en acquiesçant. Sans attendre, je grimpe les marches et entre dans la chambre de Taylor. Il n'y est pas mais je devine qu'il doit être sous la douche.

J'enlève mes chaussures, dépose mon sac sur son bureau et m'assieds dans son lit. Je ramasse le magazine posé sur sa table de chevet. Tiens, un livre de mécanique. C'est étonnant, ça. Quelques minutes après Tay sursaute en entrant dans sa chambre, ce qui a le don pour me faire rire.
—Putain, tu m'as foutu la trouille.

Je ne réponds pas, bien trop occupée à observer les gouttes d'eau couler le long de son torse. Elles finissent leur course sous le drap de bain noué autour de sa taille. Très bas puisque je peux voir quelques -uns de ses poils dépasser.

Seigneur ! Un ventilateur ! Je crève de chaud d'un coup !

—T'es en train de me reluquer, Hope.

Il s'avance dans la chambre et je hausse les épaules.

—Et ? T'es mon petit-ami, non ?

Un sourire timide apparait sur ses lèvres. Comment a-t-elle pu lui faire tout ça ? Il est... Bordel il peut être chiant quand il en a envie mais sinon, il est parfait !

—Si.

Il se penche au-dessus de moi et je m'allonge dans son lit.

—Pourquoi tu n'es pas venu ? dis-je doucement en caressant son torse. Il grimpe sur mes cuisses, pose ses bras de part et d'autre mon visage et m'embrasse doucement.

—Parce que je suis vraiment crevé. Et que si je passais la nuit avec toi, on n'aurait pas dormi.

Je souris, parce qu'il a raison. Sauf que ce n'est pas la seule raison, j'en suis sûre.

Ses yeux gris me regardent intensément quand je noue mes bras autour de son cou.

—Tu veux que je parte ?

—Non, tu restes ici.

—Tu veux dormir, dis-je en écarquillant les yeux.

—Avec toi, dans mon lit, ajoute-t-il d'une basse et rauque. 

—Il faut que je te dise quelque chose, Taylor.
Sa mâchoire tressaute imperceptiblement tandis qu'il me questionne du regard.

—Quoi ?

—C'est hyper important... Et... Bref, te dire ça me fout la trouille parce que j'ai peur que tu me jettes.

—Hope, crache le morceau. T'es chiante à douter de moi à chaque fois.

—Moi aussi, lâché-je. 

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