Taylor

4 ans plus tôt...

Je deviens fou à ne pas la trouver. Et le pire ? C'est que je sais qu'elle est avec lui. J'ai envie de vomir l'alcool que j'ai ingurgité en masse, envie de gerber cette putain de tristesse et de m'en débarrasser. Elle m'a quitté. Steph ne veut plus de moi. Elle le préfère lui...

J'essuie mes larmes, d'une main, renverse du cognac sur mes genoux et accélère en hurlant. Putain ils sont où ?

Je réfléchis, encore et encore. Faut que je sache quelle est leur planque pour baiser tranquillement alors que ma mère pleure, alors que je suis détruit.
Elle doit revenir avec moi, c'est dans l'ordre des choses. Putain elle m'a dit qu'elle m'aimait ! Merde ! Elle est à moi, pas à lui ! Il n'a pas le droit de respirer son odeur, de la goûter, de l'aimer. C'était ma femme, putain, la mienne... 

Je roule encore longtemps, m'avance vers le lac. J'ai besoin de calme et c'est le seul coin de Sakloi qui le permette. Je m'enfonce dans la forêt, hurle en voyant la voiture de mon père devant le chalet. Je m'arrête, gueule avant de finir le reste de la bouteille. Je sors de ma voiture, jure quand je me trébuche dans la boue. Putain de terrain de merde ! 

J'entre dans la maison, titube jusqu'à la chambre qu'ils n'ont même pas pris la peine de fermer. Je les regarde baiser, je m'inflige cette douleur qui me transperce l'âme. Quand elle se cambre, plantant ses ongles dans le dos de mon père, je leur balance la bouteille, saute sur mon père, le martèle de mes poings, laissant sortir toute la rage que j'ai en moi. Je le hais ! Je le hais ! Je frappe jusqu'à ce qu'il ne me rende plus les coups,  jusqu'à ce qu'il crache du sang et qu'il devienne inconscient.
J'attrape Steph par le bras, elle se débat en hurlant mais je m'en branle. Je hurle quand elle crie, la soulève du sol et la jette sur mon épaule même si elle me frappe.

Je sors de cet endroit de misère, ouvre ma portière et la fous sur la banquette arrière.

—Taylor ! Arrête ! Je te déteste pauvre type ! T'es qu'un connard ! T'es un taré ! 
Je referme la portière en serrant les mâchoires et grimpe derrière le volant.

******

Les vagues devant moi se déchainent, se brisent sur les rochers en contre-bas, poussées par le vent. Les rayons de soleil se reflètent dans l'eau, réchauffent la peau nue de mes bras. Je regarde ce spectacle, perdu dans mes pensées. Ce matin, je sais que j'ai foiré.
J'aurais dû tout stopper, mais pas de cette manière. Même si dans le fond, je suis dorénavant certain qu'elle ne m'approchera plus. 

J'ai été trop loin avec Hope. Dans tout.
Dans le rapprochement, dans le désir mais surtout j'ai été faible. Elle a vu un côté de moi que je ne voulais pas qu'elle découvre. Un de ceux que je cache bien au fond de moi. Et il a fallu que je la vois apeurée à cause d'un putain d'orage pour que je lui montre. 

C'est à partir de là, que tout à déconner. Dès que mon corps a été contre le sien, dès qu'elle m'a embrassé, c'en était fini de ma raison. Si elle m'avait dit « tant pis pour les capotes », je l'aurais possédée. Si elle m'avait demandé de rester alors que j'étais en train de me rhabiller, je me serais recouché à ses côtés.

Je suis dans la merde. Complètement perdu entre le « je la veux » et le « je ne peux plus la voir ».

Sauf que... Sauf que rien. Hope n'est pas faite pour moi et quand elle découvrira ce que j'ai fait, elle arrêtera de suite de me regarder avec des yeux en cœur. Personne ne sait l'histoire dans son entièreté. Personne, mis à part ma mère, ma sœur et ce connard de géniteur. Et c'est déjà beaucoup trop. Je ferme les yeux, tente de ravaler mes larmes puis, j'avale une bonne rasade de whisky.
Je veux tout oublier.
Parce que même si Steph m'a fait du mal, et même si une part de moi la hait, elle me manque. Je ne voulais pas la tuer. Je n'ai jamais voulu faire ça.

*****
Il est dix-neuf trente quand je rejoins ma chambre au motel, avec une bonne dose d'alcool dans le sang. Je ne marche pas vraiment droit mais je m'en tape. Je me sens un peu mieux. Je m'affale dans le lit, balance mes pompes d'un coup de pied et fixe le plafond jauni par la nicotine.

Je prends mon portable que j'avais laissé ici, lis plus ou moins les messages.
Lisa m'insulte de connard. Je m'en branle. Elle n'a rien à me dire celle-là.
Franck qui se demande où je suis passé. Le garage est débordé de boulot. Je m'en fous aussi.
Nasir me dit de ramener mes jolies fesses au boulot. Ta gueule, toi.
Rien d'elle.
J'aurais adoré avoir de ses nouvelles, savoir qu'elle pense à moi. Je tape un rapide message et lui envoie.

Moi : Je suis désolé Hope. Tu me manques.

Mon cœur bat à tout rompre en attendant sa réponse. Elle me manque, vraiment. Son rire, son caractère de cochon, ses doigts d'honneur, tout me manque chez elle. Et ça, sans que je n'aie eu besoin de la baiser. Ce qui prouve à quel point je suis sincère.
Je ferme les yeux, pleure encore en pensant à ce que je n'ai même pas eu, et que j'ai dorénavant perdu.

******

Ce matin, j'ai envie de me foutre une torgnole en regardant mon portable.

PUTAIN JE LUI AI DIT QU'ELLE ME MANQUAIT !

Plus jamais je bois. Plus jamais de la vie ! Merde quelle couille molle je suis ! Comme si on pouvait se permettre d'envoyer ce genre de message stupide à une meuf après l'avoir fait souffrir. Quel con, sérieux !

Le pire ? C'est sa réponse : « Va te faire foutre connard ».
Ouais, du Hope tout craché. N'empêche qu'elle a raison, je devrais lui dire en face que je suis désolé, pas comme ça.

Je m'étire encore une fois, baille en émettantun bruit d'homme préhistorique. Je repousse les couvertures de mes pieds,grogne quand je vois que j'ai dormi habillé. Putain j'ai rien pour me changeren plus. Tant pis. Je ferais bien cette journée comme ça encore.
Je me lève, me déshabille et file me laver. J'aibesoin d'enlever cette odeur d'alcool collée à ma peau. Sous l'eau je pense àelle, encore.
Bordel cette fille ne quitte jamais ma tête,même pendant deux secondes. Je vais devenir dingue à force. Il faut que je luiparle, que je lui dise que je suis désolé et que je n'ai pas couché avecNatacha. Je sais qu'elle m'enverra chier, mais au moins elle le saura.