16
Taylor.
Quatre ans plus tôt
Quand un homme entend sa femme jouir, il adore, il exalte même.
Et c'est mon cas. Les bruits que Stephanie fait quand nous faisons l'amour sont juste... Sublimes.
Je pourrais les reconnaitre entre mille tant je les aime. Tant je l'aime elle.
Alors quand je les entends aujourd'hui, je me fige. Je les entends et ce n'est pas avec moi qu'elle est.
Mon cœur rate quelques battements, mes mains deviennent moites et je suis certain que mon sang a déserté mon corps pendant plusieurs longues secondes.
Je ferme les yeux, je respire lentement, sans qu'aucun son ne s'échappe de ma gorge. Pourtant, mon cœur se met à tambouriner tellement fort dans sa cage et mes tempes, que je suis certain qu'on les entend à travers la porte de cette chambre.
Je me concentre. Je dois avoir une hallucination, ou un truc dans le genre. C'est impossible autrement.
—Tay ? T'es rentré ?
Le calme revient dès que ma mère m'appelle. Je regarde vers la chambre de mes parents, recule de dégoût avant d'y entrer.
Et l'image de mon père, baisant ma copine se dessine clairement sous mes yeux.
Stephanie écarquille tellement les yeux en me voyant que c'en est ridicule, mon père hurle mais je n'entends plus rien. Seul la rage qui coule dans mes veines me fait réagir. Je fonce sur lui, écrase mon poing dans son nez qui craque.
******
Hope : Sale porc ! je te hais connard ! T'as plus intérêt à m'approcher ou je te castre sale enfoiré!
Je ne sais plus vraiment quand j'ai respiré pour la dernière fois depuis que j'ai eu son message. Je ferme les yeux, balance mon portable sur le siège passager et m'enfonce dans le mien.
Je n'avais pas le choix. Je n'avais vraiment pas le choix de faire ça. On allait trop loin, trop vite et on ne se connait même pas. Je ne veux pas d'elle.
Pas pour l'aimer en tout cas.
Et ce soir, alors que mes grands-parents me parlaient d'avenir, mariage, gosse et toute cette merde, c'est Hope que je voyais. Hope et moi.
Je n'arrivais pas à me l'enlever de la tête et je savais qu'il fallait que j'arrête ça. Il ne faut plus que je la voie.
Je suis sorti marcher, j'en avais besoin. Prendre l'air peut être salvateur et plus que nécessaire des fois.
J'ai croisé Natacha, une de mes amies d'enfance et nous avons parlé. De steph, de boulot et de tout le reste. Et là, ça m'est venu comme ça, je lui ai demandé de me rendre service. M'embrasser devant chez Hope, lui faire croire qu'on s'envoyait en l'air.
C'est tordu, j'en ai conscience mais à voir son message, je sais que ça a marché. C'est le principal. Elle doit rester loin de moi, c'est mieux pour elle, pour nous.
Je soupire, pousse le son de la radio. Je voudrais oublier cette soirée de merde, oublier Hope, oublier Steph, oublier tout. J'ai besoin de faire le vide. De partir.
Et c'est ce que je fais.
A Portchast, une ville à deux cent bornes de la mienne, on a une vue magnifique sur l'océan. Même la nuit le paysage reste splendide. On venait ici quand j'étais gamin. Lisa et moi se disputions sans cesse pour les coquillages qu'on ramassait et nos parents devenaient fous en moins de deux.
J'aime cet endroit, tout comme je déteste le lac. Je déteste me rappeler de tout ce qu'a représenté Steph, de tout ce que j'ai aimé en elle et de tout ce que j'ai haï.
Si j'avais su que ça finirait comme ça, je me serais protégé, je ne l'aurais jamais invitée chez moi, ni présentée à mes parents.
Mais c'est fait. Et à part vivre avec ça, avec cette déception qu'est l'amour, il n'y a rien à faire.
Comment refaire confiance à une fille ? Comment pourrais-je encore un jour prendre le risque d'aimer une personne sans avoir peur qu'elle me détruise ?
Hope représente un réel danger pour moi. Elle s'en rend forcément compte.
Sympa mais énervante, belle et rebelle, putain ! Je jure en frappant du poing dans le volant.
Je ne voulais pas d'elle dans ma putain de vie ! Je ne voulais plus jamais ressentir quoi que ce soit pour une meuf ! Merde !
Je jure, gueule dans l'habitacle avant de me calmer. Ma respiration est saccadée, je suis essoufflé et en colère.
En colère contre moi d'avoir pensé que je ne ressentirai absolument rien pour elle ! En colère contre Hope d'être ce qu'elle est ! Et en rage contre Stephanie qui m'a rendu comme ça !
Je ferme les yeux, encore. Il faut que j'arrête de penser, il faut que j'arrête de penser à elles. Elles m'obsèdent. Jour et nuit. Dans mes rêves, dans mes cauchemars et même dans mes semi-réveils. Je vais devenir fou à lier si tout ça ne cesse pas.
Je sors de ma voiture, marche jusqu'à l'accueil de ce motel miteux.
Il est trois heures cinquante quand je plonge sous les draps.
Je frissonne en pensant à Hope. Je me demande quand est-ce qu'elle nous a vu ? D'un côté je suis content qu'elle ne soit pas sortie de chez elle, sinon elle aurait encore pété ma bagnole ou alors... Ou alors je l'aurais baisée sur le champ. Parce que mon corps la réclame, mes lèvres sont en manque des siennes.
*******
Hope
Lundi. Je travaille. Merde.
Je n'ai pas dormi de la nuit, j'ai essayé pourtant mais l'image de Taylor et de sa pétasse tourne et se retourne encore et encore dans ma tête, inlassablement. Je m'en veux d'avoir été aussi stupide. J'aurais dû sortir, lui foutre une torgnole, lui dire ce que j'avais sur le cœur et qu'il voit ce que ça me faisait.
Mais non. Montrer ses faiblesses aux autres, c'est les aider à nous anéantir, encore plus. Et je ne suis pas encore assez forte moralement pour le faire. Je ne peux pas le laisser m'approcher encore une fois. Sauf... Qu'une nuit entière à pleurer pour un homme n'est pas normal, surtout s'il est censé n'avoir aucune importance dans votre vie.
Je prends mon téléphone, compose le numéro de la maison. Il est à peine six heures, mais je sais que ma mère doit être levée.
—Allo ?
—Maman, dis-je en retenant mon émotion.
—Oh ma chérie ! Comment vas-tu ? Ca me fait plaisir de t'entendre !
Sa joie me fait instantanément du bien, me réconforte comme une douce couverture. Je ferme les yeux en me recroquevillant dans le canapé et l'imagine auprès de moi. Nora et moi lui ressemblons énormément, avec nos cheveux bruns, nos yeux noisettes et nos petites tailles. Elle me manque. Je voudrais la prendre dans mes bras, lui dire que je l'aime et humer son parfum. Puis, elle me ferait un clin d'oeil en disant pour la millième fois que je dois "oser être" dans la vie, sans avoir constamment peur du "quant dira-t-on". Sauf qu'elle ne supporte pas ces regards, elle. Elle ne supporte que ma peine quand je suis présente, c'est tout. Elle, on la voit comme la pauvre maman, la victime. Moi c'est l'inverse.
—Je vais bien et toi ?
—Je vais toujours bien Hope, tu le sais. C'est pour toi que je m'inquiète. Nora m'a dit que tu étais saoule l'autre jour.
Je lève les yeux au ciel. Elle aurait pu garder ça pour elle.
—Pas saoule, non. Elle exagère.
Je mens, mais je n'ai pas envie de la stresser inutilement. Surtout que je ne rendrai plus jamais dans ce genre de soirées!
—Tu t'es donc fait des amis ? Tu m'épates ma fille !
Elle rit et je mords l'intérieur de ma joue en fixant la table basse d'un regard noir.
—Non. Je n'ai pas d'ami ici. Et je n'en veux pas. Je vais vivre ma vie tranquillement, sans copine, sans mec débile et sans larme. Je veux aller travailler sans qu'on se retourne sur moi en chuchotant, sans qu'on me juge et surtout...
—Hope, soupire ma mère, calme-toi. Selon les dires de Nora, je pensais que ce fameux Taylor était un ami.
Rien que d'entendre son prénom me tord les tripes. J'ai envie de vomir quand je repense à cette nuit.
—Et surtout, ajouté-je, ne parle pas de ceconnard.
Elle glousse mais est d'accord. Elle ne me parle pas de lui et c'est tantmieux. Je lui explique que j'ai décroché quelques jours d'essai chez unefleuriste et elle est vraiment contente pour moi. Par contre, avant deraccrocher, elle me demande si je compte venir chez elle dans deux week-end. Jebégaie, lui dis que non, avant de me frotter fort le front et finis par direoui. Je ne peux pas louper son anniversaire. Je serais dégueulasse comme mamère a toujours été un pilier dans ma vie.
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