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Hope

Je suis super nerveuse. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de dire à Taylor de venir me rejoindre cette nuit. Si je le sais, j'ai envie de lui. Faut pas que je cherche plus loin. Mais merde ! On a bien le droit de coucher ensemble sans que ça implique plus, non ? Parce que clairement, aucun mec ne serait prêt à vivre avec moi et mes angoisses et lui ne veut pas de relation. Alors qui de mieux que lui pour satisfaire mes besoins immédiats ?

Avec Nasir, ça ne pouvait pas le faire. Quand Taylor est parti, je l'ai fait entrer, lui ai servi à boire et je lui ai clairement dit que lui et moi, ce n'était pas possible. Il m'a demandé pourquoi et je lui ai bêtement dit que j'étais déjà en couple et que j'avais trop bu la veille.
Ouais, c'est archi nul de mentir, même si j'étais vraiment saoule la veille. Mais je ne pouvais pas lui dire qu'en vérité, je n'avais pas aimé la façon dont son ami avait réagi.

Même si Tay assure le contraire, je sais qu'il est jaloux. Je le ressens jusqu'au plus profond de mon être. Il a un regard possessif sur moi et même si je ne devrais pas aimer cela puisqu'on n'est pas en couple, c'est le cas. Même pire : j'adore ça. 

******

Pour la peine, je me suis parfaitement épilée même si la douleur des bandes arracheuses de poils m'a fait haïr le fait d'être une femme, je me suis lavée dans tous les coins possibles et inimaginables, et j'ai même fait un brushing. Mais il a foiré quand la brosse s'est emmêlée dans mes cheveux. Donc j'ai fini par devoir couper une mèche et je les ai attachés en un chignon informe.
Aussi, j'ai farfouillé dans toutes ma lingerie, en quête du truc parfait. Mais entre les culottes spéciales règles, celles à pois roses et les strings en dentelles inconfortables tant ils me rentrent dans les fesses, je n'ai pas su faire mon choix. Alors, je n'ai rien mis. Enfin si, j'ai quand même enfilé une robe de nuit en coton qui s'apparente plus à un long t'shirt.
Bref, je ne suis pas au top, je suis ultra stressée et j'ai envie de l'étrangler à chaque minute de retard qu'il a. Déjà quarante. Je vais devenir dingue à ce rythme-là. 

Je tourne en rond dans la petite maison qu'est la mienne, découvre même une trappe dans un mur renfermant les compteurs d'électricité. Ah. Je ne savais même pas qu'ils étaient là. Je m'endormirai moins conne aujourd'hui.
Je parcours chaque pièce, refais le lit, vais voir à la fenêtre avant de défaire le lit.
Je n'ai pas envie qu'il sache que je suis impatiente. Il serait encore plus fier qu'il ne l'est. 

Je finis par m'asseoir dans le canapé, prends le carnet dans lequel j'écris des conneries qui me passent par la tête. Ce ne sont pas des histoires, je suis bien incapable d'en écrire mais des petites phrases, des mots qui me font voir la vie autrement. Comme par exemple : Sur le chemin de ta vie, il n'y aura que des épreuves que tu pourras traverser. C'est une phrase que ma mère n'a cessé de me répéter ces derniers mois et j'essaie bien souvent de me dire qu'elle a raison. Sauf que... Non rien.
Dans ce carnet, il y aussi les petits moments que je ne veux pas oublier. Comme la fois où Nora a chanté tellement fort durant un orage, que le voisin a fini par appeler la police pour tapage nocturne. Ma mère était furax mais moi, j'avais eu un des plus gros fou rire de ma vie.

Et puis, il y a cette note qui me dit très clairement :

« Tu me dois 200dollars pour le parebrise, Hope.
Taylor »

Je ris, en repensant à ce début de semaine où je l'ai rencontré. Mouais, n'empêche que je ne lui ai jamais rendu son fric et qu'il rêve pour que je le fasse. Après tout il l'a bien cherché le coup du pot de terre. 

Il est minuit quarante et ça fait une semaine pile qu'on s'est serré la main chez lui, une semaine pile que je lui ai dis que si je ne le supportais pas, il dégagerait de ma vie. 

Bref, je ne suis pas amoureuse de lui, donc il n'a pas gagné, mais je le supporte. Même plus que supporter...

Oh ça va, oui je l'aime bien. Mais j'insiste sur le bien! 

Je baille, ferme le carnet en même temps que les yeux et pense qu'il faudrait que j'appelle maman. Je ne lui ai pas encore parlé depuis que je suis ici et elle me manque. Nora me manque aussi. Trop. Si les choses s'étaient passées autrement, je serais toujours à Jools avec ma famille, entourée des personnes qui ont été mon quotidien depuis ma naissance. 

La pièce plongée dans une semi obscurité s'éclaire un peu plus quand Taylor arrive. Je me lève, lisse ma robe de nuit et tire dessus pour qu'on ne voit pas mes fesses et vérifie que c'est bien lui.
J'attends qu'il sorte de sa voiture avant de lui ouvrir et... je fais bien. Parce que quand j'aperçois qu'il n'est pas seul, mon ventre se tord. 

Putain il déconne là ? 

Une brune est assise à ses côtés et je peux aisément voir qu'ils s'embrassent langoureusement.
Je plaque ma main sur ma bouche, reste paralysée à ma place. Je ne peux pas détacher mes yeux de leurs bouches, de leurs langues qui s'enroulent et de leurs mains qui ne savent plus où se caresser.
Je ferme les yeux. 

Un.
Calme-toi, Hope.
Deux.
Inspire.
Trois.
Expire.
Quatre.
Respire Hope.
Cinq.
Ne regarde pas.
Six.
Ne pleure pas. 

Et je serre les mâchoires jusqu'à m'en faire mal, et je serre les poings pour ne pas lui en coller une, et je plisse des yeux, fort. Pour éviter à ces maudites larmes de couler.
Respire.
J'essaie. Il ne me doit rien. Je ne lui dois rien.
Respire.
On n'est pas en couple de toute façon !
Respire Hope.
Quel connard ! Merde ! Quel connard de mes deux !
Respire. 

J'ouvre les yeux, me dirige vers la porte et la verrouille. Je me retourne, cherche des yeux je ne sais pas quoi. Je ne veux pas qu'il entre ici. Mais quelle conne je suis ! Putain mais qu'est-ce que je croyais ? Sale enculé !

Je m'arrête devant la fenêtre, regarde encore à travers les fins rideaux. Elle est sur lui. Elle doit probablement le chevaucher, ou que sais-je ! Va te faire foutre Taylor ! Je tire le canapé, jure en le poussant contre la porte.

J'éteins les lumières, pars dans mon lit et fonds en larmes. 

******

Je guette le moindre bruit, recroquevillée dans mon lit, sous mes draps. Je me force pour ne pas encore regarder, parce que je sais que j'en souffrirais. Pourquoi d'ailleurs? Pourquoi je me fais du mal pour un minable comme lui? 

 Je ne comprends plus rien. Pourquoi me promettre de venir si c'était pour faire ça ? Mon téléphone vibre plusieurs fois mais je ne prends pas la peine de décrocher. Il savait que j'allais l'attendre, il savait que j'allais le voir. Alors pourquoi ?
En attendant, j'ai mal. Il m'a prise pour une grosse conne, a voulu m'amadouer pour que je lui cède et c'est tout. Et moi en bonne grosse débile, j'étais prête à coucher avec lui. Quelle imbécile je suis ! La fille la plus stupide ! Merde !

Respire Hope.

Je respire, mais j'ai mal. Parce que d'unecertaine manière, je m'attachais à lui. Et je pensais que c'étaitréciproque. Sauf que non, pas du tout. Pourquoi m'apprécierait-il ? CommeTaylor le dit lui-même, je suis une casse-couilles, une emmerdeuse.
Alors qu'est-ce que j'avais cru ?
Quand le bruit d'un moteur se fait entendre, je me lève et le vois repartir,comme si de rien n'était. Mes larmes coulent silencieusement sur mes joues sansque je ne puisse les contrôler. Une heure. Il est resté presque une heure, àbaiser cette fille, devant chez moi ! Sous mes yeux !
J'attrape mon portable, lui dit tout ce que je pense de lui, qu'il n'a plusintérêt de m'approcher. Je coupe montéléphone, et vais prendre un calmant pour dormir. Je n'en peux plus.     

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