10
Taylor
Je ferme les yeux, soupire longuement.
Qu'est-ce que je fous, putain ?
Hope est là, en train de roupiller blottie dans mes bras et nos jambes sont emmêlées. Je ne devrais pas aimer être dans ce plumard, surtout pas avec elle. Pourtant, c'est le cas. J'adore sentir ses mains sur mon ventre, mêler ses cheveux autour de mes doigts, et j'ai adoré encore plus la calmer avec mes baisers. Quant à moi, j'ai une trique phénoménale, et aucun lieu, dans l'immédiat où je pourrais me soulager.
L'orage est terminé depuis plus d'une heure maintenant et son réveil indique qu'il est cinq heures trente. Je n'ai pas envie de me réveiller avec elle, qu'on subisse ce moment de gêne du matin où ne sait pas trop quoi se dire, même si on n'a pas baisé.
Je la repousse doucement, me lève sans faire de bruit. On est samedi, je travaille jusqu'à midi seulement mais je ne compte pas pour autant passer mon après-midi avec elle.
Il ne faut pas que j'oublie qu'elle et moi, on ne s'aime pas.
Quoi que... Si elle ne me kiffait pas, elle ne m'aurait pas appelé cette nuit, pour se rassurer.
Je ramasse mes vêtements qu'elle a fait sécher sur le radiateur et me rhabille avant de filer.
*****
Nasir et moi sommes les seuls à bosser le samedi matin. Franck, lui fait ses factures et passe les diverses commandes pour qu'on puisse être livré de la semaine.
Je suis en train de remplacer une durite quand Nasir prend la parole, me sortant de ma concentration.
—File-moi le numéro de la brune, là.
Mes mâchoires se contactent, même si je déteste que le fait qu'il s'intéresse à Hope m'énerve.
—La quelle ?
—Celle qui est venue hier.
—Je n'ai pas son numéro.
Je mens, et c'est nul. Mais même s'il est mon ami depuis toujours, je n'ai pas envie de le voir avec elle. A chaque fois, c'est pareil : Il séduit rapidement et sans mal les filles. Elles craquent toutes pour sa peau métissée et sa belle gueule d'ange. Sauf, qu'il les baise et les jette.
Moi aussi !
J'avoue, j'avoue mais...
Putain je sais pas pourquoi mais depuis que j'ai embrassé Hope, je la veux pour moi seul. Je ne veux pas qu'un autre lui tourne autour.
—Fouille dans les trucs de ta mère. Je suis sûr qu'elle a son numéro.
Je grogne en plaçant ma pièce. Si déjà ma mère savait que j'avais fouillé pour avoir son nom, son numéro et que j'ai lu chaque phrase du bail, que j'ai regardé avec attention sa signature, elle m'étriperait.
—Ouais, je verrais ce que je peux faire.
Je mens encore bien sûr. Je ne ferais absolument rien pour qu'il puisse approcher Hope. Et c'est exactement le pourquoi je ne compte pas non plus lui dire de passer la soirée avec nous. Mais ça, c'était avant que je ne voie sa caisse toute pourrie s'arrêter devant le garage. Nasir fronce les sourcils, se demandant à qui est-ce cette charrette alors que je sors.
Hope descend de sa conserve et me regarde en souriant tandis que je m'énerve.
—Qu'est-ce que tu viens foutre ici ?
—Et ben, dit-elle en riant. Il y en a un qui est de mauvais poil ici.
Je l'attrape par le bras, prêt à la pousser dans sa voiture.
—Lâche-moi, Taylor.
Elle me foudroie du regard et je l'imite.
—Ne viens plus ici.
—Ah oui. Et pourquoi donc ?
J'ouvre la bouche, la referme. Je ne peux pas lui dire que Nasir veut la baiser et que je veux la garder pour moi.
—Il me semblait bien, dit-elle en souriant, il n'y a pas de raison. T'inquiète, je ne dirais à personne que t'embrasse hyper mal si c'est ça qui te tracasse.
J'arque un sourcil, regarde sa bouche et lèche mes lèvres. Je m'approche doucement alors qu'elle chuchote.
—Il n'y a pas d'orage Tay...
—J'ai envie de te faire un rappel de la nuit et que tu me dises si vraiment, j'embrasse mal.
Ses joues s'empourprent et je ris doucement en reculant.
—Je venais te demander pour ma voiture. J'ai peur qu'elle me lâche alors que j'en ai besoin à partir de lundi.
—Je prendrai des outils et je viendrai demain chez toi.
—C'est vrai ?
Elle a l'air étonnée, mais oui, je suis ultra sérieux. Je préfère regarder son tas de ferrailles chez elle qu'ici. Je hoche la tête quand Nasir arrive.
—Quelle créature de rêve ! Enchanté.
Hope devient aussi rouge que le sang qui boue dans mes veines alors qu'il lui claque la bise.
—On n'a pas eu l'occasion de se présenter hier. Je suis Nasir.
—Hope, enchantée aussi.
Je grimace alors qu'ils se bouffent des yeux, retourne au moteur que j'ai laissé en plan. Putain à quoi il joue ? Et elle ? « Enchantée aussi ». Connasse.
Je serre le joint, me penche sur le côté et manque de balancer ma clé à molette dans la gueule de Nasir quand j'aperçois qu'ils s'échangent leur numéro. Fait chier !
Quand Hope se tourne vers moi, je replonge ma tête dans le capot et soupire.
—Ca te dérange que je sympathise ?
Mes yeux croisent les siens qui pétillent de malice.
—Non.
Elle s'appuie sur la voiture, regarde attentivement ce que je fais.
—On aurait dit.
Je ricane froidement et continue mon boulot en ignorant le sarcasme dans sa voix.
—Je n'en ai strictement rien à foutre, Hope. Tu fais ta vie, je fais la mienne. Je baiserai des tas de filles pendant que tu te feras niquer par Nasir.
Ses yeux perdent leur malice et je me retourne pour attraper une pince.
—Tu n'es qu'un sombre crétin, Taylor.
—Je sais. C'est pour ça que tu m'appelles dès que t'en as besoin.
Ses poings se serrent, elle se redresse et part. Nasir rit doucement en s'approchant de moi.
—Putain, je ne sais pas ce que tu lui as dit mais elle avait l'air en rogne.
—Elle est toujours en rogne. Réfléchis bien avant de vouloir te la taper, mec. Elle risque de te mordre la bite.
Il rit et je l'imite, même si j'ai envie de les étrangler tous les deux.
*****
Ce soir, c'est course. Illégale, mais course quand même. C'est le soir du mois à ne pas rater. Des tonnes de personnes se ramènent, des pilotes viennent de plusieurs villes. Et les meufs sont bonnes et en chaleur. Je sais alors que la soirée va être plus que bonne. Course, baise. Voilà ce qu'il me faut pour arrêter de penser à cette petite brune casse couilles. Je n'oublie pas de refaire le plein de capotes en en glissant dans mon portefeuille et les poches de ma veste. J'en ai même remis dans ma boite à gants, on n'sait jamais que la fille soit aussi douée que Stacy et qu'elle les fasse tomber. J'enfile ma veste en cuir, et descend.
Ma mère est endormie dans le canapé. Je diminue le son de la télévision et la recouvre d'un plaid avant de partir.
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