Chapitre 6
L'âme sœur, ce concept flou auquel les plus romantiques d'entre nous ont une Foix absolue. Il désignerait un être qui s'adapte parfaitement à nos goûts et à nos valeurs, celui ou celle avec qui nous allons former un couple, espérant que l'amour dure toujours. C'est du bonheur, de la tendresse, du plaisir... On a tous une âme sœur, là, quelque part. Certains finissent leur vie avec, d'autres meurent avant de l'avoir trouvé. Parfois on peut déjà l'avoir près de soi mais ne pas s'en rendre compte, et continuer à chercher désespérément. Mais cet amour que l'on partage avec son âme sœur est aussi fort et magnifique, que dévastateur et mauvais. Lorsqu'on vit ce type d'amour, on se rend vite compte qu'il est très loin du rêve doux qu'on s'était imaginé. Il est pulsionnel, violent. Les disputes y sont plus intenses, plus destructrices. Mais peut-être est-ce nécessaire pour maintenir la flamme qui brûle entre ces deux cœurs liés à vie, et même après la mort. Cet amour est si fort qu'il peut parfois se traduire en haine. Mais celle-ci disparaîtra lorsque vos yeux se poseront sur l'élu de votre cœur. Tout est amplifié. Vous avez besoin de lui, son absence est insupportable, vous le cherchez autour de vous, le suivez du regard, calez vos mouvements sur les siens. De l'extérieur cet amour peut paraître malsain. Vous y perdrez forcément des plumes, vous souffrirez et le ferez souffrir, mais la vérité est que, malheureusement, vous ne pouvez survivre sans lui. Il est à la fois votre soleil, votre oxygène. Le seul qui provoque chez vous les sourires les plus magnifiques, les rires les plus sincères, et surtout, il est le seul qui arrive à voir derrière le masque que vous portez à longueur de journée. Le seul à vous connaître réellement comme vous êtes. Il connaît vos points forts comme vos points faibles. Il peut facilement vous mettre à terre, mais c'est pourtant grâce à lui que vous dépassez vos limites, que vous êtes prêt à tout sacrifier, à prendre tous les risques. La vérité c'est que celui qui vous a détruit, est aussi le seul qui peut vous sauver....
Maison de Ragnor- PDV Magnus
Catarina m'avait arraché à son corps. Je n'avais pas résisté car je n'arrivais pas à y croire. Le voir allongé là, sous mes yeux, livide, sans vie... Sa famille nous avait trouvés. J'entendais des cris, des hurlements, mais c'était comme s'ils étaient étouffés. Je crois que son père avait essayé de me tuer, mais je ne m'en rendais même pas compte. J'avais l'impression qu'une partie de moi était morte avec... lui... Je tombais à genoux sur le sol de la chambre. Quand y étais-je retourné ? Il y avait des gens autour de moi, j'entendais des gens m'appeler. Mais seule sa voix pouvait me sortir de ma torpeur. Il ne pouvait pas être mort ! Non, non, non ! Je pris sa main dans la mienne, elle était encore chaude, mais aucun battement de cœur... Il était parti... Je l'avais mérité, je l'avais abandonné, il ne faisait que me rendre l'appareille, comme on l'avait toujours fait, sauf que cette fois le jeu était fini... Et j'avais perdu. Mourir n'était pas une option pour moi, c'était trop facile. J'allais... survivre. Je me lèverais le matin, je travaillerais, mais j'arrêterais de vivre, je souffrirais car je ne mérite que cela. Une larme roula sur ma joue et vint s'écraser sur nos mains entrelacées. Ces voix qui m'appelaient m'agaçaient. Ne pouvaient-elles pas me laisser seul avec lui, en paix ? Elles se firent plus insistantes. Je me retournais, mes yeux de démons posaient sur ceux qui avaient osé me déranger. Jace tendait son bras, où était censé se trouver sa rune Parabataï, devant moi. Je savais qu'il était mort, je n'avais pas besoin qui me donne la preuve de cette dure réalité. Je ne voulais pas voir la disparition de cette rune, dont j'avais si souvent suivi le tracé sur le bras de mon ange, de celui de son Parabataï.
- Regarde ! Regarde !
Votre volonté vous faisait parfois faire des choses étranges : je baissais les yeux. Mon cœur rata un battement, avant de battre à nouveau à toute vitesse. Elle n'avait pas disparu, elle était toujours là, presque invisible, certes, mais toujours là. Je me retournais aussitôt vers mon néphilim, dont je n'avais pas lâché la main. Je posais une main sur sa joue.
- Mon ange... Reviens vers moi....
Aucune réaction. M'étais-je fait un faux espoir ? Je baissais la tête, puis alors que mes larmes coulaient à nouveau, je sentis une légère pression sur ma main. Sa main serrait la mienne. Je tournais le regard vers son visage. Ses yeux étaient ouverts.
- Mag... nus... Murmura-t-il d'une voix faible.
Je pris son visage en coupe, le forçant à tourner le regard vers moi.
- Je suis là mon ange... Mon amour...
Je posais mon front contre le sien, m'effondrant dans ses bras. Il posa une main sur ma joue, essuyant mes larmes.
- Tu... pleures... C'est la... première... fois...
- Tu m'as tellement fait peur...
- Magnus, je dois l'examiner ! Me fit soudain Catarina.
- Ok... Vas-y...
- J'ai besoin que tu sortes , Magnus !
- Non, je... veux... qu'il... reste... Lui dit Alec.
Je me levais et lui déposais un baiser sur le front.
- Je serais juste à côté...
- Menteur...
- Non, Alec, je te le jure, je ne pars pas !
- Alors... reste...
Je me tournais vers Catarina.
- Laisse-moi rester...
- Parce que j'ai le choix ? Jace va prévenir ta famille qu'il s'est... réveillé... Mais restez à l'extérieur pour le moment !
Jace, qui était resté appuyé contre la porte, nous fixant comme s'il avait vu un fantôme, acquiesça et sortit. Catarina examina alors Alec pendant plusieurs minutes. Au bout d'un moment, elle prit la parole. Anxieux, je serrais la main de mon ange un peu plus fort.
- C'est un miracle auquel nous venons d'assister... Tu étais mort Alec, j'espère que tu t'en rend compte... Tu es encore très faible. Par conséquent, tu vas devoir rester allongé quelques jours, aucun effort physique, de quelques natures que ce soit, ni de contrariété !
En disant cela, elle me lança un regard appuyé. Je baissais les yeux : le message était passé.
- Je suppose que je n'ai pas besoin de préciser que la kétamine, ou autres, c'est fini ! Tu devras également éviter les « existants » du genre café ou «énergisants ». Cela serait trop dangereux pour ton cœur, tu dois te ménager ! Tu es jeune, et avec le pouvoir de tes runes et de mes talents, tu ne devrais pas avoir de séquelles et tout devrait revenir dans l'ordre dans quelques mois. D'accord ?
- Oui...
- Bon... Je vais te laisser te reposer, nous parlerons plus tard de ton problème de... dépendance...
Il hocha la tête, et Catarina sortit.
- Ta famille veut sûrement te voir, je vais te laisser avec eux, mais je te jure que je ne quitte pas cette maison !
J'enlevais une de mes nombreuses bagues, et la lui mit dans la main.
- Tu sais que j'y tiens énormément, je ne partirais pas sans elle !
Il me sourit.
- Juste Jace... et Izzy... Me fit-il.
- D'accord... Tu ne veux pas voir tes parents ?
Il resta un instant silencieux, puis :
- Si, ma mère... Mais pas...mon père...
- Ok, comme tu veux... Je vais les chercher...
Je sortis à mon tour. Isabelle était assise dans le canapé du salon, pleurant silencieusement dans les bras de Jace. Maryse et Robert se tenaient chacun dans un coin de la pièce. Simon et Clary parlaient un peu plus loin avec Catarina. Ils se tournèrent tous vers moi.
- Jace, Isabelle... Ils voudraient vous voir... Vous aussi Maryse...
Ils se précipitèrent tous les trois dans sa chambre, et Robert les suivis. Je le stoppais.
- Non, pas vous ! Je regrette, mais il ne souhaite pas vous voir !
Il blêmit.
- Vous croyez vraiment que vous pouvez m'empêcher de voir mon fils ?
- Je ne ferais jamais une chose pareille ! C'est son choix, pas le mien ! Je le respecte, et vous devriez en faire autant. Pour son bien...
- Pour son bien ?! C'est à cause de vous s'il en est là !
- C'est vrai, je le reconnais... Mais ce n'est pas la question... Il ne veut pas vous voir pour le moment !
Robert me fusilla du regard.
- Je vous déconseille d'insister, que vous soyez l'Inquisiteur m'importe peu, je n'hésiterais pas une seule seconde à employer la force si vous m'y obligez !
- Vous me le paierez !
Il tourna les talons et partit en claquant la porte.
- Catarina, comment va Alec ?
- Et bien comme je l'ai dit tout à l'heure, il est encore très faible, son cœur ne bat pas encore à un rythme normal. Il va lui falloir beaucoup de repos et de tranquillité.
- Il est sorti d'affaire ? Demanda Simon.
- Je ne sais pas... Il est trop tôt pour le dire, mais... C'est en bonne voie...
Clary me serra dans ses bras.
- Il va s'en sortir... On le croyait tous mort et pourtant il est revenue vers nous... vers toi...
Je lui souris. Après Alec, c'était la chasseuse d'ombres que j'appréciais le plus. Puis, bon, il faut dire que je l'avais vu grandir. J'aimais aussi beaucoup Isabelle et sa perpétuelle bonne humeur. Quant à Jace, même si ce n'était pas non plus l'amour fou, je ne le détestais pas. Isabelle sortit de la chambre, suivie de Jace qui soutenait une Maryse qui semblait au bout du rouleau.
- Il te demande... Me fit Izzy, avant de me serrer à son tour dans ses bras.
- Merci ! Merci de nous avoir prévenu, merci de l'avoir sauvé !
- Je... ce n'est pas moi, je n'ai rien fait, je le croyais mort autant que toi !
- Tu l'aimes !
Je la regardais sans comprendre et elle me fit signe d'aller le rejoindre. Jace me lança un « Fais le souffrir à nouveau et je te jure que ce sera la dernière chose que tu feras ». Ça avait le mérite d'être clair. Je fermais la porte de la chambre derrière moi, et m'assis sur le lit, près de lui.
- Comment tu te sens ?
- En... pleine... forme...
- Je vois ça oui ! Ne me refais plus jamais ça !
- J'ai... gagné !
- Oui, tu as gagné... Comme toujours...
Il ferma les yeux.
- Dors mon ange....
Une semaine plus tard- PDV Alec- Appartement Magnus
Par l'Ange, j'avais l'impression qu'un camion m'était passé dessus. Le moindre mouvement me faisait un mal de chien. Il y a deux jours, j'avais insisté pour que Magnus me ramène chez lui, mais je n'aurais peut-être pas du : prendre un portail magique quand on revient d'entre les morts, ce n'est pas du tout une bonne idée. J'avais passé le reste de la journée dans les toilettes, à vomir. Très charmant comme retrouvaille. Je me levais du lit, et enfilais un jogging et un sweat bleu marine. Chaque effort, même minime, que je faisais, faisait battre mon cœur à 100 à l'heure, me fatiguant dix fois plus vite. Vous l'aurez compris, ce n'était pas la grande forme. Les effets du manque de kétamine se faisaient également ressentir. Outre les douleurs musculaires, j'avais une migraine qui ne me lâchait plus. J'essayais le plus possible de cacher mon état à Magnus, mais c'était comme cacher un éléphant dans un 30m²: impossible. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Puis de toute façon, Catarina, mon infirmière attitrée, passait tous les jours, et à elle aussi il était difficile de cacher quoi que ce soit. A ça s'ajoutait Jace, qui, s'en voulant de n'avoir rien vu plus tôt, veillait sur moi un peu trop. Mais bon, je ne pouvais pas lui en vouloir. J'avais aussi droit à une Izzy qui passait tous les jours pour m'emmener des gâteaux qu'elle avait fait elle-même. Il fallait donc que je trouve chaque fois une excuse différente pour ne pas le manger devant elle, et pouvoir le jeter quand elle aurait le dos tourné. Pourquoi ? Et bien, de un, parce que je n'avais pas spécialement faim, et de deux, parce qu'ils sont immangeables. Mais bon, c'est ma petite sœur chérie, donc je fais un effort pour sourire même si je sais très bien qu'elle n'est pas dupe. Quant à Magnus, et bien il était aux petits soins avec moi, et je dois bien avouer que je ne m'en plaignais pas, bien que j'aurais aimé qu'il se comporte un peu moins comme un « ami ». Je rejoignis le salon. Magnus était assis à son bureau, un livre ouvert devant lui et des parchemins traînant à côté. Je m'assis dans le canapé. Je venais de faire à peine 5 mètres et j'avais pourtant l'impression d'avoir couru un marathon. Il leva la tête vers moi, un air réprobateur dans le regard.
- Alexander, on avait dit aucun effort ! Traduction : cela signifiait que tu devais rester couché !
- Quel effort ? J'ai quitté le lit pour le canapé ! Râlais-je.
- Je vois que monsieur a retrouvé son mauvais caractère ! C'est que ça va mieux !
- Oh oui, c'est génial ! Je pouvais pas rêver mieux ! Je suis au top de ma forme ! Ironisais-je.
- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même !
- Merci, je sais ! Mais je te signale que c'est aussi, beaucoup, de ta faute !
Il ne répondit pas. J'avais touché un point sensible ? Tant mieux ! Il s'agenouilla près de moi et caressa ma joue.
- Je m'en veux, tu sais... Je ne voulais pas te faire de mal ! Enfin, si, peut-être, mais...
- Ça va, ce qui est fait est fait !
Je sortis un flacon orange de ma veste et l'ouvris. Il m'attrapa violemment le poignet.
- Tu te fous de moi, là, Alec ?!
- C'est des bonbons... Soupirais-je.
- Ben voyons !
- Prends-en si tu ne me crois pas ! Tu verras bien !
Je le vis en mettre un à la bouche.
- Hum... Désolé...
- Catarina dit que c'est surtout le geste qui va me manquer. Alors elle a remplacé les pilules par des bonbons ! Ça fait deux jours que je me gave de sucre !
- Et c'est efficace ?
- Pas le moins du monde, mais les bonbons sont délicieux !
- Elle n'avait pas dit que tu ne devais rien prendre d'énergisant ?
- J'ai l'air d'être, « énergique », là ?!
- Non, pas trop ! Me fit-il en riant.
Génial, il se fout de moi maintenant !
- Tu devrais manger quelque chose...
- J'ai pas faim !
- Et bien tu vas te forcer.... Pour moi... Je vais quand même pas encore manger tout seul, si ?
- Si t'es pas content, je peux aussi partir !
- Ok, vas-y alors !
Je détournais mes yeux humides de larmes de lui. Il s'assit à côté de moi.
- Viens là...Me fit-il en m'ouvrant ses bras.
Je me blottis contre lui. Il commença à caresser me cheveux. Ça me rappelait tellement de souvenirs de nous deux de l'époque où on était encore ensemble, que mes larmes coulèrent encore plus.
- Qu'est-ce que tu as ?
- Rien ! Mentis-je.
- Oh, donc tu pleures sans aucune raison particulière ? C'est inquiétant, je devrais peut-être en parler à Catarina !
- Je suis fatigué, c'est tout !
- Hum... Repose-toi alors...
- Je fais que ça ! Répondis-je, assez agressivement, en m'éloignant de ses bras.
Il me ramena aussitôt contre lui.
- Calme-toi... Tu veux qu'on aille prendre l'air ?
Je me retournais et fixais son visage à la recherche d'un éventuel signe de mensonge.
- Vraiment ? Tu m'autorises à sortir d'ici ?
- Oui, si tu t'en sens capable !
Heu, pas trop, mais je n'étais pas assez fou pour le lui dire et rater la chance de sortir de ma « prison ». Je séchais mes larmes et me levais... un peu trop vite. Je retombais dans ses bras, mes lèvres à quelques millimètres des siennes.
- Je crois qu'on peut laisser tomber l'idée... Tu n'es visiblement pas assez en forme....
- Visiblement...
Je ne l'avais qu'à moitié écouté. Toute mon attention était focalisée sur ses lèvres qui m'attiraient inexorablement vers elles. J'avais envie de l'embrasser, mais me laisserait-il faire ? Tant pis, je prenais le risque... Je frôlais tendrement ses lèvres. Il me poussa doucement.
- Il faudrait qu'on parle avant, tu ne crois pas ?
- Parler de quoi ?
- De nous...
Je me rassis, m'écartant de lui.
-Ok... Parlons alors ! Pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu m'as abandonné dans ce métro puis ensuite dans cette chambre ?!
- Parce que j'ai eu peur... Les deux fois... j'ai eu peur de la force des sentiments que je ressentais envers toi. J'avais peur que mon cœur soit brisé une fois de plus. Alors j'ai fui...
- Tu me détestes pour ce que j'ai fait ? Avec Camille...
- Je t'en ai voulu, énormément. Et encore aujourd'hui ça a du mal à passer...
- Je... J'avais peur que tu me remplaces, j'avais peur de te perdre... C'est la seule raison qui a fait que je me suis tourné vers elle, que j'ai réfléchi à sa proposition. Puis je suis revenu raisonnable, mais... c'était trop tard...
- Tu es pourtant retourné la voir...
- Oui, parce que je crois qu'au fond j'aurais aimé qu'elle me dise qu'il y avait encore une solution... Ce n'était pas contre toi. Je comprends mon erreur, et crois-moi que je la regrette. Je ne voulais pas te faire souffrir... Je suis désolé...
- Je sais, je sais tout ça... Mais je ne crois pas que je pourrais oublier un jour cette trahison...
- Ce qui veut dire qu'il n'y a plus aucun espoir pour nous deux...
- Non, je n'ai pas dit ça ! Je t'ai pardonné, Alec...
Je levais les yeux vers lui. Il avait l'air sincère.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai réalisé que je ne pouvais pas vivre dans un monde où tu n'étais pas. J'ai réalisé que je tenais énormément à toi. Mais je te déteste aussi... Je te déteste de me faire me sentir aussi mal quand tu es loin de moi, je te déteste de toujours réussi à me ramener vers toi...
- Tu voudrais ne pas m'aimer ?
- Oui, j'aimerais. Je pense que ma vie serait plus simple... Malheureusement, tu es le seul pour qui je ressens des sentiments aussi forts. Ma tête te hait, mais mon cœur t'aime plus que tout au monde...
- C'est possible ça ?
- Oui, mais comme tu auras pu le remarquer, c'est un peu compliqué à gérer...
- Et est-ce que tu crois qu'un jour les deux pourront m'aimer ?
Il me fit un petit sourire et m'embrassa sur le front.
- Peut-être...
- Ton « peut-être » sonne comme un « oui »....
- Et si tu me disais pourquoi tu t'aies fait autant de mal ? Me demanda-t-il pour, visiblement, changer au plus vite de sujet. Je ne peux pas croire que ce soit qu'à cause moi...Rajouta-t-il.
- Tu peux mais tu n'as pas envie car ça te ferait te sentir beaucoup trop coupable... Tu te sentirais redevable envers moi et tu ne veux pas...
- C'est vrai ! Mais aussi parce que je te connais et je sais que la raison est beaucoup plus complexe que ça !
Je soupirais.
- Tu as raison... Si tu étais resté, je n'aurais peut-être pas craqué, mais tu n'aies pas vraiment la cause de... tout ça... Enfin, pour la première fois en tout cas, parce que ce qui m'a fait replonger c'est ta haine envers moi...
- Et qu'elle était la raison la première fois, alors ?
- Je ne sers à rien.. Je ne sais rien faire... Confessais-je à mi-voix.
- Pardon ? Comment tu fais pour arriver à sortir des absurdités pareilles ?!
- C'est la vérité !
- Ok, admettons... Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Beaucoup de choses...
- Navré mais, « beaucoup de choses », ce n'est pas suffisant pour moi ! Il va falloir que tu développes un peu plus !
- Tu le sais très bien ! Jace et Izzy avaient déjà tué des tas de démons quand moi je n'en avais pas tué un seul ! Je n'ai pas réussi à sauver Max et... et je suis le pire chasseur d'ombres qui n'ait jamais existé !
- Désolé mon chou, mais ce titre revient, certes, à un membre de ta famille, mais certainement pas à toi ! Ton blondinet et ta sœur sont toujours vivants aujourd'hui grâce à toi, ainsi que beaucoup de gens ! Déjà moi, je suis vivant grâce à toi... Quant à Max, si on raisonne comme toi, c'est autant la faute de tes frères et sœurs, et même de Clary, s'il est mort ! Tu n'es pas plus responsable que qui que ce soit !
- Tout le monde ne pense pas comme toi, à commencer par mon père...
- Comment ça ? Est-ce que ça a un rapport avec le fait que tu ne veuilles pas le voir ?
- Peut-être...
- Alexander, arrête de garder autant de choses pour toi ! Tu as tout fait pour que je sois à tes côtés, alors maintenant que je le suis, tu vas me faire le plaisir de me dire tout ce que tu as sur le cœur !
J'hésitais. J'avais envie de lui en parler. Il avait toujours su m'écouter et me réconforter. Il était le seul à me connaître aussi bien.
- Je... J'ai surpris une conversation entre mon père et... et des membres du Conseil...Il parlait de moi...
- Et que disaient-ils ?
- Que c'était dommage que je sois « comme ça », parce que j'aurais été destiné à une belle carrière... Et tu sais ce que mon père leur a répondu ?
Il secoua négativement la tête.
- Qu'ils avaient tort, que c'était Jace le grand Chasseur d'ombres, et qu'il avait remarqué les mêmes qualités chez Max... Puis il a rajouté que s'il avait su que j'allais devenir pire que Benedict Lightwood, il aurait préféré que je meure à la... place...de mon petit frère... Il a dit que je n'étais pas... normal...
Ma voix se brisa au souvenir de cette conversation qui avait entraîné tellement de choses...
- Alec... Alec, regarde-moi...
Il me força à tourner la tête vers lui, et prit ma main dans la sienne.
- J'ai connu Benedict et je peux t'assurer que tu n'as rien à voir avec lui ! Déjà, lui, couchait avec n'importe qui, et que je sache, je suis le seul avec qui tu aies fait quelque chose ! J'ai tort ?
- Non...
- Bien ! Et je ne suis pas n'importe qui ! Je suis le Grand Sorcier de Brooklyn ! Et comme tu le sais maintenant, j'ai certes du sang de démon dans les veines, mais aussi du sang angélique. Asmodée reste avant tout un ange, déchu, mais un ange tout de même ! Puis ma mère était une terrestre ! Alors tu vois, je n'ai rien des démons avec qui couchait Benedict et tu n'as donc, par conséquent, aucun point commun avec lui ! Quant à ton père, c'est son problème s'il est trop idiot pour comprendre son fils ! Il n'y a rien dont tu as à avoir honte ! Rien !
- J'ai déshonoré le nom des Lightwood...
- Ils ne t'ont pas attendu pour ça ! Tes ancêtres, et même tes parents, s'en sont chargés avant toi ! Et franchement, je vais te dire quelque chose : s'ils considèrent tous que tu n'es pas comme eux, que tu les as déshonorés, cela ne peut être qu'une bonne chose, parce qu'à moi ça me prouve que tu es quelqu'un de bien et pas un être perfide et arrogant que je hais plus que tout au monde ! Et peut-être plus que mon père !
- Mais ils ont raison, Magnus ! Je ne sais rien faire ! Les gens meurent par ma faute ! Regarde, même Raphaël est mort à cause de moi...
- Non ! Je ne peux pas te laisser dire ça !
- Il est mort pour me sauver !
- Jonathan lui avait donné l'ordre de te tuer ! Et même s'il l'avait fait, il l'aurait probablement tué lui aussi par la suite ! Puis, s'il ne l'avait pas fait, moi oui, parce que personne ne touche à un seul de tes cheveux ! Et Raphaël le savait...
Il prit mon visage en coupe.
- Tu n'es pas responsable de la mort de Raphaël, ok ?
-...
- Alexander ! Ok ?
- Hum...
- Alec, je veux te l'entendre dire !
- Je ne suis pas responsable de la mort de Raphaël...
- Bien ! Ni de celle de Max !
- ....
- Je t'écoute !
- Ni... ni de celle de Max...
- Parfait ! Et maintenant tu vas bien m'écouter : je ne veux plus jamais t'entendre dire que tu es nul, ou que tu ne sais rien faire ! Ni que tu n'es pas normal ! Ce qu'on faisait ensemble n'avait rien d'anormal, Alec !
- Tu vois, j'aurais eu besoin que tu me le dises il y deux ans ça... Après avoir entendu cette conversation, je t'ai appelé... Mais ce n'est pas toi que j'ai eu, mais cette voix enregistrée qui te dit que le numéro n'est plus attribué...
Il me serra dans ses bras.
- Je ne sais pas quoi te dire à pars que je suis désolé... J'espère qu'un jour tu pourras me le pardonner... Mais sache que maintenant je suis là, et que je n'ai pas l'intention de te laisser ! Sauf si tu le souhaites...
- Non ! Je veux que tu restes ! S'il te plaît...
- Je suis là... Alec, je veux que tu me promettes quelque chose...
- Quoi ?
- Je ne veux plus jamais que tu te détruises comme tu l'as fait ! Si je te revois reprendre une de ces merdes, je peux t'assurer que ça va mal se passer pour toi ! Tu ne m'as jamais vu vraiment énervé, et crois-moi, tu ne veux ni voir ça, ni en être la cause !
- Je sais pas si... si je vais y arriver...
- Oh mais moi je te garantis que tu vas y arriver ! Il est hors de question que tu me refasses une peur pareille ! J'ai tellement eu peur...
- Faut croire que tu tiens à moi alors...
- Pas du tout ! C'est juste que si tu étais mort, je n'aurais plus eu personne à faire souffrir !
Je souris.
- Je l'aime ce sourire... Me fit-il en caressant ma joue.
- Magnus ?
- Oui ?
- J'ai faim !
Il rit.
- Ah tu vois ! Je crois qu'il reste du gâteau que ta sœur a fait !
- NON ! Pitié, je mangerais tout ce que tu veux, mais pas ça !
- Pizza alors ?
- Oui, c'est mieux !
Plus tard - PDV Magnus
Je n'arrivais pas à lever mes yeux de son visage. Je m'inquiétais encore pour lui. Il était encore anormalement pâle, et avait des cernes violettes sous les yeux. De plus, il ne mangeait pratiquement pas.
- Alec ?
- Hum ?
- Mange ! Ça fait deux heures que tu regardes ta part de pizza ! Je ne l'ai pas empoisonné, tu sais !
- Je réfléchissais...
- A quoi ?
- Rien...
- C'est un bon sujet, un peu vaste, mais... intéressant ! Lui fis-je en souriant.
- Contrairement à moi... Je me demande ce que tu peux me trouver...
- C'est vrai ça...Attends, viens, faut que je vérifie quelque chose !
J'attrapais sa main et le forçais à se lever, avant de l'entraîner dans la salle de bain. Je le mis face au miroir.
- Je dois reconnaître que ces cernes ne me plaisent pas! Ça me rappelle beaucoup trop que j'ai failli te perdre ! Lui fis-je.
Je les frôlais du bout des doigts et elles disparurent.
- Voilà, c'est mieux... Maintenant enlève ton sweat...
- Pourquoi ?
- Parce que je te l'ordonne !
Il hésita un instant, puis obéit. Je frôlais sa peau de mes mains, les faisant glisser le long de son torse, jusqu'à ses hanches. Je le plaquais ensuite contre moi.
- Tu sens combien mon corps désire le tien ?
-...Oui...
Sa respiration s'était accélérée, et il rougissait.
- Tu es tellement désirable quand tu rougis comme ça... Ça me donne envie de te faire l'amour...
- Je... croyais qu'on devait... rester ami ?
- Tu connais la définition d'un « sex friend» ?
- Pas vraiment, mais je sens que tu vas m'expliquer...
- Mieux, je vais te montrer...
Je le portais jusqu'à la chambre et le déposais sur le lit. Mes lèvres se posèrent sur les siennes, et ma langue retrouva sa jumelle. A bout de souffle, je m'écartais, et fis descendre mes baisers sur son cou, dont je mordillais la peau fine. Il gémit. Je pouvais sentir son cœur battre à cent à l'heure.
- Calme-toi mon ange, je tiens beaucoup à ton cœur, je n'ai pas envie qu'il lâche...
- Ce n'est... pas ma faute ! Cat' a dit aucune activité physique !
- Un point pour toi !
Je lui attrapais les poignets et les relevais au-dessus de sa tête.
- Pas bougé ! Tu bouges et j'arrête !
- Mais...
- Tu es interdit d'effort physique, je n'y peux rien, c'est pour ton bien !
Il rejeta la tête en arrière en se mordant la lèvre inférieure. J'en profitais pour repartir à la conquête de son cou, puis je fis descendre mes baisers le long de son torse, traçant, avec ma langue, chaque rune qu'il portait. Je fis disparaître le bas de ses vêtements, et embrassais l'intérieur de ses cuisses. Il passa sa main dans mes cheveux. J'attrapais sa main et la lui remontais immédiatement, cessant ce que j'étais en train de faire. Il poussa un soupir de frustration.
- Ne me force pas à t'attacher !
- T'oserais pas !
Je haussais les sourcils.
- Vraiment ?
- Non ! Non, oublie ce que j'ai dit !
- Tu arrêtes de bouger alors ?
- Oui ! Promis !
Je mis un coup de langue sur son sexe, ce qui lui arracha un gémissement de plaisir, ce qui me fit sourire. Lorsque je le pris en bouche, je sentis qu'il faisait un effort surhumain pour ne pas bouger ses hanches au rythme de mes vas et viens.
- Mag.. . nus... S'il te plaît...
Je savais ce qu'il voulait, je le connaissais par cœur. Je remontais et plaçais mon érection contre son intimité.
- Magnus... gémit-il.
Ses joues rosies par l'excitation, ses yeux bleus brillant de désir et d'envie, le rendaient tellement magnifique. Comment pouvait-il croire qu'il était inintéressant ? Peut-être était-ce moi qu'il lui avait donné cette impression...
- Magnus... Me supplia-t-il.
- Oui ?
- Maintenant !
- Maintenant quoi ? Qu'est-ce que tu veux, Alexander ?
- Toi ! Je te veux toi ! Et pas en ami ! Je veux que tu m'aimes ! Que tu m'aimes vraiment...
Cette soudaine confession me prit au dépourvu. Je ne m'attendais pas à ça. Il me regardait avec des yeux suppliants.
- Je t'aime Magnus, je t'aime ! Je ne veux plus jouer...
Des larmes coulaient à présent de ses yeux. J'avais envie de lui crier que moi aussi je l'aimais plus que tout, mais les mots ne sortaient pas de ma bouche. Quand je l'avais cru mort, j'avais ouvert mon cœur si facilement, mais pourtant, là, je n'arrivais pas à lui dire c'est trois petits mots : « je t'aime » que j'avais pourtant aussi facilement prononcés lorsque son cœur s'était arrêté.
- Alec, tu le sais que je tiens à toi !
- Ce n'est pas ce que je te demande... Dis-le-moi.... S'il te plaît...
- Je t'ai dit que je préférais qu'on reste ami pour le moment...
C'était lâche, je le sais, mais je n'étais pas prêt à recommencer une relation avec lui pour le moment. Il me repoussa violemment et se rhabilla.
- Alec... Où tu vas ?
- Ne t'en fais pas, j'ai compris... Je rentre à l'Institut...
Il sortit de la chambre. Je me relevais et le rattrapais.
- Arrête, tu tiens à peine debout !
- Ça n'avait pas l'air de te déranger il y a cinq minutes !
- Alec, je...
- Tu quoi ?!
- Rien... Laisse-moi au moins te ramener, tu ne feras même pas cent mètres dans ton état !
Il planta ses yeux dans les miens.
- Je n'ai pas besoin de toi ! Merci d'avoir pris soin de moi ces derniers jours, mais maintenant je peux veiller sur moi seul !
- Alec...
- Non, j'en ai marre ! Un coup tu me dis qu'il faut qu'on reste ami le temps qu'on règle nos problèmes, puis tu me sautes dessus ! Tu es capable de me dire que ton cœur m'aime, que tu as peur de me perdre, que tu tiens à moi, mais tu es incapable de me dire « je t'aime ». Je vais te dire où il est ton problème : tu voudrais m'avoir à tes côtés, qu'on couche ensemble, mais tu ne veux pas que je sois officiellement ton petit ami ! Et c'est drôle, parce qu'à une époque, c'était moi qui étais à ta place ! Le jeu du chat et de la souris... Que j'ai gagné ou perdu, peu importe, le jeu est terminé...
Il me planta ensuite là, claquant la porte derrière lui. Je me laissais tomber dans le fauteuil du salon et me pris la tête dans les mains. Je n'étais vraiment qu'un idiot ! Pourquoi était-ce aussi compliqué de le lui dire ?! Je le lui faisais comprendre, je le lui formulais de différentes façons, mais je n'arrivais jamais à le lui dire clairement alors qu'il avait besoin de l'entendre... J'avais une nouvelle fois merdé.... Et s'il faisait une connerie ?
PDV Alec
Je m'écroulais sur un banc de Central Park, en pleurs. Pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à me le dire ? Pourquoi ne voulait-il pas recommencer une relation avec moi ? Il disait m'avoir pardonné, mais il me mentait... Il ne savait faire que ça de toute façon... Et bien, puisque la fuite c'était son truc, j'allais lui montrer ce que ça faisait de se sentir abandonné. Il allait voir ce que ça faisait de tomber toujours sur la messagerie, de laisser des messages qui demeureront toujours sans réponse, de ne pas savoir si cette personne, qu'on essaye désespérément de joindre, va bien. Je pris alors mon portable, souris en voyant que l'écran d'accueil affichait des appels manqués de Magnus, retirais la batterie et la carte SIM, et jetais le tout dans le lac.
- Adieu, Magnus...
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