Chapitre 2


PDV Alec

Cette sensation d'être complètement ailleurs, de se sentir contrôler par une force extérieure à vous-même... Par l'Ange ce que ça faisait du bien. La douleur était partie, je ressentais d'ailleurs plus rien, et putain ce que c'était bon. J'ouvris les yeux. Je n'avais aucune idée d'où je me trouvais. Je savais juste qu'il devait sûrement pleuvoir car mes vêtements étaient trempés, ainsi que mes cheveux. Ma vue était encore légèrement floue, j'avais toujours des difficultés à distinguer les contours de ce qui m'entourait. Je levais une main que je passais sur mon visage . Mes gestes étaient lents, très lents. Pourtant je sentais que les effets de mes pilules magiques commençaient à se dissiper. Je pris appui sur mes mains pour me relever. Au prix de nombreux efforts, je réussis à me mettre debout. Je pris appui sur l'arbre le plus proche. Je me trouvais sur la berge d'un lac. Le soleil se levait... ou bien se couchait... Je n'arrivais pas à me situer ni dans le temps, ni dans l'espace. Où étais-je ? Depuis combien de temps étais-je allongé sur le sable ? Comment étais-je arrivé là ? Je fouillais mes poches à la recherche de ma stèle et de mon portable. Rien... Je me laissais glisser le long du tronc d'arbre, fondant à nouveau en larmes. J'avais oublié l'effet « d'après ». C'était comme après une cuite. Sur le coup tu te sens bien, tu te sens ailleurs, invincible, déconnecté, tu ne réfléchis plus, mais après... après tu te sens mal, plus bas que terre... Je repliais mes genoux contre ma poitrine, essayant de me calmer. La migraine qui suivait toujours ces moments-là, pointait le bout de son nez. Après je savais ce qui suivrait : les nausées, les douleurs musculaires, des tremblements. Puis une fois que tout cela passait, cette envie plus forte à chaque seconde de reprendre une pilule et de replonger dans cet état de déconnexion totale. J'agrippais mes cheveux, tirant dessus. J'avais arrêté putain, j'avais réussi à arrêter ! Catarina était la seule à savoir, elle m'avait aidé, m'avait désintoxiqué de cette merde. Mais j'avais replongé... Et la raison tenait en un seul nom : Magnus Bane.

Appartement-Brooklyn

Le grand sorcier de Brooklyn se regardait, s'admirait, dans l'immense glace qu'il venait de faire

apparaître dans sa chambre.

- Je pense que je vais rester comme ça... Je pensais me changer, mais finalement... Non ? Qu'est-ce que tu en penses ? Demanda-t-il à Catarina. Cette dernière, assise au bord du lit, sa peau ayant retrouvé sa couleur bleue originelle, et portant une longue robe blanche, les cheveux détachés et coiffés sur le côté, leva les yeux vers lui.

- De ?

- De ma tenue ! Tu ne m'écoutes pas ou quoi ?!

- Non, pas vraiment ! J'ai des préoccupations plus importantes que la tenue que tu vas porter à ta soirée !

Magnus soupira et se tourna vers elle.

- Qu'est-ce qui te préoccupe comme ça ?

- Alec !

Le sorcier leva les yeux au ciel.

- Oublie le tu veux !

- Tu aurais pu le rattraper, lui parler !

- Il ne m'a pas laissé le temps, il est parti aussi vite qu'il était venu ! Et de toute façon, je n'ai rien à lui dire ! Je ne parle pas avec les chasseurs d'ombres !

- Magnus ! S'exclama Catarina avec colère, et en se plantant devant lui.

Avec ses hauts talons, elle faisait pratiquement sa taille. Elle planta ses yeux, assombri par la colère, dans les siens.

- Arrête tes enfantillages ! Il est bien plus que ça à tes yeux, alors arrête de faire comme s'il t'était indifférent !

- Il m'est indifférent ! Et il était plus que ça ! Était, Catarina, était ! Depuis il a essayé de me tuer !

- Faux, et tu le sais très bien ! Il n'a fait ça que par amour pour toi, par peur de te perdre !

- Il m'a trahi ! Point ! Si tu comptes encore en discutait, je vais être au regret de te demander de sortir...

- Parfait !

Elle le dépassa et quitta l'appartement, furieuse. Le sorcier serra les dents. Décidément, même séparé de lui, le néphilim arrivait à lui pourrir la vie ! Depuis qu'il le connaissait, il lui était arrivé plus de mauvaises que de bonnes choses ! Il aurait dû tenir la promesse qu'il avait faite à Ragnor il y a des siècles : ne jamais tomber amoureux d'un chasseur d'ombres !

Institut

Jace, assis à la table face aux écrans de contrôle, les pieds dessus, lisait un dossier posé à plat devant lui. Sa sœur se planta devant lui. Elle portait une robe noire, qui lui collait à la peau et épousait parfaitement ses formes, et qui lui arrivait au-dessus des genoux. Ses lèvres étaient recouvertes de rouge à lèvres rouge cerise, et ses cheveux relâchés, lui tombait en cascade sur les épaules. Et bien sûr, comme à son habitude, elle était perchée sur des talons de dix centimètres de haut. Si Jace n'avait pas été son frère, et que son cœur n'avait pas été pris par une belle rousse dénommée Clary, il l'aurait probablement trouvée plus que séduisante.

- Izzy ! Pourquoi es-tu planté devant moi ?

- Parce que j'ai un truc à te montrer !

Elle s'avança vers les écrans de contrôle, toucha deux, trois boutons, avant de faire glisser une annonce sur l'écran principal. Celui-ci affichait à présent en gros et en lettre dorée « La plus grande rave obscure de l'année ».. Jace haussa les sourcils.

- Je suis censé avoir une réaction particulière ?

- C'est au Pandémonium !

- Oui, merci, je me doute !

Exaspéré par la lenteur du cerveau de son frère, la jeune fille lui mit une tape derrière la tête.

- Aieee ! Non, mais ça va pas ?!

- C'est Magnus qui organise cette fête !

- Et alors ? Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?!

- Tu veux que je t'en mette une deuxième ou quoi ? Alec, triple buse !

- Ben quoi Alec ?

- Tu te fous de moi là ?!

Jace allait lui envoyer une réplique cinglante, lorsque le déclic se fit dans sa tête.

- Oh... Oui..Heu, ouais... Mais il l'a oublié depuis longtemps tu sais...

- C'est ce qu'il t'a dit ?

- Non, il n'en parle jamais, mais... Ça fait deux ans, je pense pas que...

- Je n'en serais pas si sûre que toi !

- Vous parlez de quoi ? Fit une voix derrière eux.

Se retournant, ils virent leur frère s'avançait vers eux.

PDV Alec

Par miracle, je réussis à retrouver le chemin de l'Institut. J'espérais qu'une fois encore, le hall soit désert. Il était tard après tout... Malheureusement, je tombais sur ma sœur et mon frère, et ce n'était pas la peine d'espérer passer discrètement, il m'apercevrait à un moment ou en un autre, et vu l'état dans lequel je devais me trouver, valait mieux leur faire croire que ce n'était qu'un simple incident.

- Alec, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? S'inquiéta Izzy en me sautant pratiquement dessus, et me tournant autour pour s'assurer que je n'étais pas blessé.

- Rien, j'ai glissé dans un ravin à cause de la pluie, et je vous déconseille de rire ! Ça ne m'a déjà pas mis de bonne humeur, pas besoin que vous en rajoutiez !

Je détestais leur mentir, mais je ne voulais pas qu'ils sachent. Ils ne devaient se doutait de rien. Je constatais avec soulagement, mais aussi un léger pincement au cœur, qu'ils crurent à mon explication. Je levais alors les yeux vers ce qui était affiché sur l'écran de contrôle principal. Magnus faisait une fête... Je n'aurais su dire ce que je ressentais à cet instant... Je me sentais vidé...

- Tu sais on pourrait y aller et lui botter les fesses ! Me fit Jace. Ou alors on y va, et tu t'amuses, tu souris, tu lui montres que tu es heureux, que tu n'as pas besoin de lui !

Je lui fis un faux sourire. J'avais l'habitude à force et il n'y voyait que du feu.

- Oui, faisons ça ! Mais pas pour lui, mais pour nous ! On n'est pas sorti depuis une éternité, ça va nous faire du bien de s'amuser !

- Tu es sûr ? Me demanda Izzy en mettant sa main sur mon bras.

- Certain ! En plus tu en meurs d'envie, avoue !

- Oui, j'avoue ! Fit-elle en sautillant comme une petite fille et en tapant des mains. Je vais me changer, et j'arrive !

Jace me fixait étrangement.

- Tu es sûr que ça va mec ? T'as l'air bizarre...

- C'est rien, c'est juste que de le savoir à nouveau en ville, c'est... étrange... Mais tout va bien, ne t'inquiète pas.

J'avais dit cela sans oser le regarder dans les yeux.

- Heu, je vais me changer moi aussi, à toute... Lui annonçais-je après un moment de silence.

- A toute...

Je rejoignis ma chambre et m'assis sur le lit. Je ne devrais pas y aller, je le sais, mais c'était plus fort que moi, j'avais besoin de le voir... Je pris une douche, mis des habits propres, arrangeais légèrement mes cheveux dans le miroir. J'avais des cernes sous les yeux. Tant pis, je mettrais ça sur le compte de la fatigue. La salle de bain était toujours en désordre, et le meuble renversé. Je n'avais pas le temps de ranger. Je sortis, mais m'arrêtais soudain, la main sur la poignée. Juste une petite, encore... Ça ne pouvait pas me faire de mal, après j'arrêterais, après cette soirée. Non, non il ne fallait pas... Mais bon, juste au cas où, au cas où ça devienne trop dur... Sans que je ne m'en rende compte, j'étais déjà en train de mettre ma chambre sens dessus dessous, à la recherche d'un nouveau flacon rempli de mes si précieuses pilules. Catarina m'avait tout fait jeter il y a un an, mais j'en avais caché, j'en étais certain. La preuve, il en restait bien une dans le meuble de la salle de bain. Je retournais les livres, les tiroirs, et enfin je trouvais l'objet que je convoitais, dans le double fond du tiroir du bureau. Poussé par le manque, j'en avalais immédiatement une. Je refermais le flacon et le mis dans la poche de ma veste. Il était temps de rejoindre les autres.

Pandémonium- PDV Magnus

Tranquillement installé dans le carré VIP, et très bien accompagné, je regardais mes invités se déhancher au rythme de la musique. Catarina ne savait pas ce qu'elle ratait. L'Apollon à côté de moi caressa mon torse dénudé, déclenchant en moi des frissons. Je vais le laisser mariner un petit peu, puis je l'entraînerais en haut, dans mon bureau. Il avait un corps de rêve, de beaux abdos bien dessinés, une peau hâlée, des cheveux bruns, des yeux marron qui me regardait avec admiration et désir : tout ce que j'aimais. A ma droite se tenait une jeune sorcière brune. Elle aussi me voulait. Elle déposa des baisers dans mon cou. Qui choisir : elle ou lui ? Et pourquoi pas les deux après tout ? J'aperçus alors une chevelure rousse dans la foule. Dites-moi que je rêve ! Qu'est-ce qu'ils faisaient là ?! C'étaient pire que des sangsues ces chasseurs d'ombres ! Je me levais, écartant mes prétendants, et m'avançais vers ces satanés néphilims.

- Je vais vous demander de sortir, les chasseurs d'ombres ne sont pas les bienvenus ! Fis-je à ce Jace Herondale.

Lui un Herondale, c'était à mourir de rire. Il ne valait pas un quart de Will. Enfin, qu'est-ce que vous voulez, il y a toujours un vilain petit canard dans une famille, aussi noble soit-elle.

- On a le droit d'être ici, rien ne nous en empêche ! Me lança-t-il, en croisant les bras devant moi.

Croyez-moi, il fallait un self contrôle pas possible, pour ne pas exploser de colère.

- Moi je te l'interdis, cela devrait te suffire.

Du coin de l'œil, je voyais Clary me regardait d'un air inquiet, une main sur le bras de son... petit ami ?Mon dieu, mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui trouver ? Pauvre Alec, peut-être avait-il espéré qu'après moi, il réussirait à avoir son blondinet favori dans son lit. Où était-il d'ailleurs celui-là ? Il n'avait pas eu le courage de venir ? Toujours aussi lâche...

- Ouais mais tu vois, je suis bien ici ! Alors tu vas faire quoi Sorcier ? Tu vas me jeter un sort ?

Je lui fis un sourire cruel en apercevant Alec un peu plus loin. Contrairement à ce que je pensais, il était venu et... semblait s'amuser.

- Je ne suis pas idiot pour m'en prendre directement à un chasseur d'ombres, Herondale ! Mais je doute que tu veuilles que ton frère souffre !

- Tu viens toi-même de dire que tu ne pouvais pas t'en prendre à un chasseur d'ombres !

- Physiquement... Oui ! Mais vois-tu, ton frère est encore fou amoureux de moi, et je peux le faire souffrir sans pour autant toucher à un seul de ses cheveux...

Alec se tenait à présent à notre hauteur. Je fronçais les sourcils, il y avait quelque chose qui clochait dans son attitude. Il semblait agité. Il tendit une main vers moi.

- Magnus ! Allez, on fait la paix, après tout je n'ai failli que te tuer, ce n'est pas si grave ! Me fit-il en éclatant de rire.

Il voulait jouer à ça ?

- Crois-tu vraiment que c'est pour cela uniquement, que je t'ai quitté Alec ?

- Pourquoi d'autres sinon ?

- Oh je sais pas, peut-être parce que tu ne me servais plus à rien ?

Sur ce, je les plantais là. Ils ne voulaient pas partir, soit ! J'avais d'autres chats à fouetter... Je pris la main de mon apollon et l'entraînais dans mon bureau. A peine la porte passée, je le plaquais contre elle, le déshabillant en deux, trois mouvements. Je n'avais pas envie de prendre mon temps. Après tout pour quoi faire ? Je n'allais pas lui faire l'amour, j'allais le baiser, là contre cette porte. Il m'était insignifiant. Je l'aurais oublié une fois tout cela fini. Je l'entraînais avec moi et me couchais sur le bureau, me mordant la lèvre.

- Mag...

- Chut ! Lui fis-je en mettant un doigt sur ses lèvres. Je ne veux rien entendre !

Je l'attirais à moi, et l'embrassais sans aucune délicatesse. Mais alors que sa bouche descendait sur mon ventre, mes pensées voguaient vers Alec. Fait chié... Je détestais ce néphilim. Il allait gâcher ma soirée ! Non ! Non, il en était hors de question. Je secouais la tête, essayant de le chasser de mes pensées, lorsque la porte du bureau s'ouvrit à la volée. Mon apollon et moi tournions la tête d'un même mouvement. Alec, se tenait sur le seuil. Sans que je n'ai le temps de réagir, il avait empoigné mon amant et l'avait violemment projeté contre le mur.

- Ne le touche pas, connard ! Lui cracha Alec. Dégage !

Mon apollon se tourna vers moi, en quête de soutien. Mais j'étais incapable de dire quoi que ce soit. Je gardais mes yeux posés sur Alec, le scrutant plus attentivement que je ne l'avais fait jusqu'à présent. Il y avait bien quelque chose qui n'allait pas dans son attitude...

- Magnus, dois-je le mettre dehors ?

- C'est toi qui sors... Lui répondis-je.

- Mais, Magnus...

- Sors ! Hurlais-je à mon bel inconnu.

Il m'obéit, me lançant tout de même un regard noir. Je descendis de mon perchoir. Alec affichait un air victorieux que j'avais envie de lui faire ravaler. Ne crois pas que tu as gagné... Je l'envoyais voler à son tour contre le mur et m'approchais, menaçant, de lui.

- Pour qui tu te prends ? Tu viens de me faire gâcher un très bon coup !

- Ben alors vas-y, rattrape-le ! Va te faire baiser par ce type si ça t'éclate, je m'en tape !

Wow, pause. Il me faisait quoi là ?

- Ta jolie bouche sort bien de mauvaises choses !

- Va te faire foutre !

- J'aurais bien aimé, mais à cause de toi, je vais devoir attendre encore un peu !

- Fallait pas t'en prendre à mon frère !

- Oh, parce que tu es là pour défendre les intérêts de ton parabataï ?!

- Tu croyais que j'étais là pour toi ?!

Il s'avança vers moi. La lueur que je lisais dans ses yeux me faisait peur. J'avais déjà vu ça quelque part, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Il semblait comme en transe. Je reculais d'un pas.

- Tu as peur de moi, Sorcier ?

- De toi ?

J'éclatais de rire.

- Tu t'es regardé dans une glace récemment ? Tu fais peur ! On dirait une.. une loque ! Oui voilà, c'est ça ! Tu es pathétique mon pauvre !

Je ressentis alors une douleur juste sur mon nez. Je passais la main dessus : je saignais. Il venait de me frapper là ?! Je le plaquais à nouveau contre le mur. Il mit ses mains sur sa gorge pour essayer de retirer l'étau invisible qui se resserrait dessus et l'empêchait de respirer. Je le laissais alors retomber au sol, stoppant ma magie, et me penchais sur lui pour lui murmurer à l'oreille.

- Ne refais jamais ça, ou je te tue ! Tu vas te lever, et toi et ta famille allez quitter ce club. Je ne veux plus te voir ici ! Je ne veux plus te voir ! Est-ce que c'est clair ?!

Il leva ses yeux embués de larmes vers moi. Oui, il avait parfaitement compris ce que je lui avais dit. Je ne le reverrais pas. Et étonnamment, cela me brisait le cœur. Je me surpris à espérer qu'il crie à nouveau sur moi, qu'il s'en prenne à nouveau à moi. Il se leva péniblement, et s'en alla en courant... Baissant les yeux, je vis qu'il avait fait tomber un petit flacon orange. Je le pris et curieux de savoir ce que c'était, je l'ouvris, déversant son contenu dans ma main : de petites pilules y tombèrent. Pris d'un affreux doute, je courus après lui. Pitié faites que ce ne soit pas ce que je crois, pitié...

PDV Alec

Le voir avec ce type, sa haine qui me crachait au visage, ses menaces... Il était prêt à me tuer ! J'avais traversé la piste de danse du Pandémonium sans faire attention aux protestations des gens que je bousculais. Si j'avais croisé ma famille, je ne m'en rendis pas compte. Je courus à travers New York, ne m'arrêtant qu'à hauteur de Central Park. Je cherchais mes pilules dans la poche de ma veste. Rien... Non, non, non, pas ça ! Où les avais-je laissé ? Et si Jace ou Izzy les avaient trouvé ? Ou pire, si...

- C'est ça que tu cherches ?

Je me retournais. Mon pire cauchemar était en train de se réaliser. Devant moi, Magnus agitait mon flacon orange. Les deux choses que je convoitais le plus au monde... Que ce serait bon si j'arrivais à combiner, à avoir les deux... Mais il ne fallait pas rêver, car en cet instant, il me regardait avec un profond dégoût.

- Rends-les-moi !

- Non ! Si tu les veux, va falloir le demander plus gentiment !

Plus gentiment ? C'est-à-dire ?

- Qu'est-ce que tu veux ?

Il s'approcha de moi et caressa ma joue.

- Tu sais qu'à cause de toi tout à l'heure, je n'ai pas pu me faire plaisir... Tu pourrais peut-être remédier à ce problème ?

- Tant que tu me les rends...

Après tout, si c'était le seul moyen pour avoir ce que je voulais, et qu'il s'occupe de moi...

- Ok...

Je voulus le toucher, mais il me repoussa violemment, me faisant tomber à terre.

- Tu me dégoûtes... Non mais regarde-toi... tu fais pitié...

Il disparut, me laissant seul, au milieu de la rue... Je fermais les yeux, je n'en pouvais plus, je n'avais même pas la force de pleurer... J'avais mal, pourquoi avais-je si mal ?

- Alec ! Alec !

Je sentais que quelqu'un me donnait de petites tapes sur les joues, mais je n'arrivais pas à revenir à la conscience, je me sentais partir loin, très loin. Plus que d'habitude. Mon cœur battait à toute vitesse, je n'arrivais plus à respirer.

- Putain, Alec ! Ouvre les yeux !

Je sentis qu'on me soulevait, puis je sentis de l'eau glacée couler sur ma peau. Pourquoi je la sentais autant ? Il ne me semblait pas avoir enlevé mes vêtements pourtant.

- Alec, bon sang ! Alexander !

Alexander ? Il n'y avait qu'une seule personne qui m'appelait comme ça... Sous l'effet de la peur, j'ouvris soudain les yeux. Non, non, je ne voulais pas qu'il me voie comme ça, il allait comprendre ! J'étais sous la douche, ne portant qu'un caleçon noir. Je m'agitais, je voulais me relever, mais des bras m'en empêchèrent.

- Lâche-moi ! Dégage !

- Alec, calme-toi !

- Non, je ne veux pas de toi, va-t-en, lâche-moi ! Hurlais-je, mes pleurs se mélangeant à mes larmes.

Je me débattais comme je pouvais, mais je finis par abandonner, à bout de forces. Il me serra dans ses bras, me berçant.

- Chut, calme-toi... Je suis là, tout va bien, je vais t'aider mon ange, ça va aller...

Il finit par arrêter l'eau de la douche, et il me fit sortir, m'enveloppant dans une serviette. Pourquoi n'était-il pas mouillé lui aussi ? Étais-je en train d'halluciner ? Encore ?

- Tu n'es pas réel... Murmurais-je.

Il ne répondit pas et m'entraîna dans mon lit, me recouvrant de la couverture. Il se mit derrière moi, me plaçant entre ses jambes, et m'enveloppa de ses bras. Il recommença à me bercer tendrement. Si c'était un rêve, ou je ne sais quoi, je ne voulais pas que ça s'arrête.

- Je suis bel et bien là, Alec...

Il avait lu dans mes pensées ou quoi ?

- Non, je suis sûr que non.. Tu ne voulais plus me revoir...

- Chut, dors, arrête de parler...

Je ne voulais pas m'endormir, je voulais rester conscient, avec lui, mais mes yeux se fermèrent tous seuls. Lorsque je me réveillais, j'étais seul, plongé dans le noir, un mal de crâne comme je n'avais jamais eu. J'allumais la lumière, et gémis. C'était moi ou elle était plus vive que d'habitude ? Je regardais autour de moi : j'étais bien dans ma chambre, mais il n'y avait aucune trace de Magnus. J'avais halluciné, ce n'était pas la première fois, mais ça avait été plus violent que d'habitude. On frappa à ma porte.

- Alec ? Alec ! Tout va bien ?

Jace... Et merde... Je ne pouvais le laisser entrer, la chambre était entièrement retourné, le contenu des meubles et armoires gisant au sol. Quant à moi, je devais faire peur.

- Alec ?!

- Ouais, ouais, deux minutes !

J'enfilais rapidement un jogging et un sweat. J'ouvris la porte, avant la refermer aussitôt derrière moi, une fois sortis.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu as vu l'heure qui l'est ?! On a une réunion avec les responsables de clan dans moins d'une heure ! T'avais oublié ou quoi ?!

- Je... Non, j'arrive c'est bon !

- Mec, t'as foutu quoi hier soir ? T'as une tête à faire peur !

- J'ai... j'ai un peu trop bu, c'est rien !

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé avec Magnus ?

- Mais rien, on s'est juste un peu.... engueulé...

- Tu es encore amoureux de lui ?

Je soupirais. Il n'allait pas me lâcher...

- Tu veux vraiment qu'on discute de ça maintenant ? En plein milieu du couloir ?!

- Ben laisse-moi entrer alors !

Il voulut m'écarter pour entrer, mais je lui bloquais le passage. Devant son air suspicieux, je savais qu'il valait mieux que je trouve une bonne explication.

- Qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi tu ne veux pas que je...

- Parce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur...

Je croisais des doigts pour qu'il me croit et qu'il n'ait pas l'idée stupide d'aller vérifier.

- T'es sérieux?! Qui ? Si tu me dis Magnus, je te jure que...

- Je me fiche de lui, Jace ! Arrête avec ça ! C'est du passé !

- Ok, calme ! Et du coup, tu me le présentes ou pas ? Me fit-il avec un sourire.

- Heu, non... Enfin pas maintenant, plus tard peut-être...

- C'est quelqu'un qu'on connaît ?

- Non ! Je crois pas... Bon, est-ce que tu peux... tu vois....

- Ouais, je dirais rien, promis !

Il me donna une tape amicale sur l'épaule.

- Vu ta tête, vous n'avez pas dû faire que dormir !

J'eus un sourire nerveux. Si tu savais à quoi j'avais vraiment passé la nuit...

- Je suis heureux de voir que tu as enfin tourné la page : « Magnus Bane » !

Il avait l'air si sincère... Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je baissais la tête pour les cacher.

- Je te rejoins dans une demi-heure, le temps de... enfin... j'en ai pas pour longtemps...

Je retournais dans ma chambre, et me laissais glisser contre la porte. Je crois qu'être forcé de mentir à Jace, mon frère, mon parabataï, c'était la pire conséquence de mon addiction à la drogue...

PDV Magnus

Je pianotais nerveusement sur la table du salon de Catarina. J'étais anxieux, mon esprit commençait à imaginer tout et n'importe quoi. Décidément, la soirée d'hier, ne s'était pas, mais alors pas du tout, terminée comme prévu. Après ma dispute avec Alec, et ma petite découverte, j'avais essayé de le rattraper, mais avec tout le monde qu'il y avait dans mon club, je me faisais happer toutes les trente secondes, et je l'avais perdu de vue. Je me doutais bien qu'il avait dû rentrer à l'Institut, ou du moins je l'espérais, parce que vu dans l'état qu'il se trouvait... J'avais alors préféré rentrer chez moi, avec la ferme intention de laisser tomber cette histoire, de faire comme si je n'avais rien vu, mais je n'y arrivais pas. J'avais besoin de savoir... Avais-je raison ? Était-ce bien de la drogue qui était tombée de sa veste ? Peut-être n'était-ce pas à lui après tout, mais à ce type avec qui j'avais failli coucher ? L'espoir me revint, mais il fut de courte durée.... Non, c'était à Alec, j'en étais certain. Il en présentait tous les signes : pupilles dilatées, agitation, tremblements, agressivité... Je me rendis compte que mes mains tremblaient. Je me levais et fis les cent pas dans la pièce. Des tas de questions se bousculaient dans ma tête : était-ce la première fois qu'il en prenait ? Pourquoi l'avait-il fait ? Avais-je été trop dur avec lui ? Non, non, il ne fallait pas que je commence à me culpabiliser. Il m'avait cherché hier soir, s'était mêlé de choses dont il n'aurait pas dû. Il avait amplement mérité ce que je lui avais dit ! Puis, ce n'était pas mon problème, on était plus ensemble, j'étais sorti de sa vie, je n'avais pas à m'occuper de ça... Alors pourquoi bon sang je me sentais aussi mal ?

- Magnus ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Catarina... Elle était enfin rentrée...

- Tu étais passé où ? Cela fait des heures que je t'attends !

Elle haussa les sourcils.

- Pourquoi étais-tu là ? Répéta-t-elle.

Je secouais la tête. Ce n'était pas le moment de me disputer avec elle.

Je pris le flacon orange et en versais le contenu sur la table. Elle baissa les yeux vers les pilules, et se laissa tomber sur une chaise, une main sur le cœur, blême. Je n'avais même pas besoin de poser la question : elle savait ! Vu comment elle réagissait, il n'y avait pas l'ombre d'un doute. Alors une question s'imposa à moi : depuis combien de temps cela durait ?!

- Co...comment tu...

- C'est tombé de la veste d'Alec ! Dis-moi que ce n'est pas ce que je crois, je t'en prie !

- J'ai bien peur que si...

Je m'assis à mon tour et passais une main sur mon visage.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Kétamine...

- ...Depuis quand ?

- Ça a commencé après la fin de la guerre...

- Pourquoi ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose qui...

- Tu l'as quitté alors qu'il t'aimait à un point que tu n'imagines même pas ! Il a perdu son frère, ses parents ont divorcé, il a appris qu'il vivait dans le mensonge depuis toujours, il a vu des personnes qu'il connaissait depuis son enfance mourir sous ses yeux, Raphaël est mot dans ses bras et il s'est senti coupable vis-à-vis de toi ! L'Enclave lui a mis une pression pas possible, ils l'ont destitué du poste de directeur... Je continue ?

J'avais l'impression qu'une main invisible me serrait le cœur. C'était douloureux. Puis, il y avait la réapparition de ce sentiment que je n'avais pas ressenti depuis deux ans : cette envie de le protéger, de prendre soin de lui plus que de ma propre vie...

- Qui ? Demandais-je à Catarina, la colère perçant ma voix.

- Comment ça qui ?

- Qui lui a donné cette merde ?!

- Maureen...

- Maureen ? La Maureen de Simon ?!

- Oui... Camille l'avait transformé en vampire, tu te souviens ?

- Oui...

- Elle a eu vent de ce que s'amusait à faire Camille et ses copains vampires à une époque, en prenant le sang de terrestres drogués... Elle a voulu faire pareil.

- Quel rapport avec Alec ?

- Après que tu l'aies abandonné dans le métro, il est tombé sur Maureen, elle venait d'assassiner Camille, et donc de ce fait, elle devenait la chef du clan de vampire de Manhattan. Elle l'a avoué à Alec, et après qu'il soit rentré à l'Institut, lui et Jace sont repartis dans le métro pour trouver le corps de Camille. Alec est tombé sur des pilules cachées dans la planque de Camille. Visiblement, Maureen en avait déjà fait son domicile. Jace était en train de transporter le corps de Camille, il n'était donc pas à l'intérieur. Maureen en a alors profité pour apparaître, lui disant que ces pilules étaient la solution à tous ses problèmes, que le temps d'un instant il pourrait être ailleurs, penser à autre chose... Il les a gardé... Et une fois que la guerre a été terminée... Il n'y avait plus rien pour lui occuper l'esprit, pour l'aider à penser à autre chose qu'à la perte de son frère et de l'amour de sa vie... Il n'en pouvait plus, il ne dormait plus, et même les potions que je lui donnais ne suffisaient pas... Il était à bout de nerfs, alors... il a craqué... Ça a commencé par une, puis deux, et... et je pensais qu'il avait arrêté il y un an.... Mais visiblement, je me suis trompée...

Il était difficile de savoir ce que je ressentais en ce moment-là. De la haine ? De la colère ? De la tristesse ? Que devais-je faire ? Rester ? M'occuper de lui ? Ou laisser Catarina s'en occuper seule ?

- Est-ce que Jace, Izzy... Est-ce qu'ils le savent ?

- Non, je suis la seule...

- Tu n'as pas prévenu ses parents?

- Il ne le souhaitait pas, et j'ai respecté son choix...

Je fis tourner une pilule entre mes doigts. Je ne pouvais pas faire comme si je ne savais pas, je ne pouvais pas partir et le laisser dans cet état. Malgré toute la colère et la rancœur que j'avais envers lui, je ne pouvais pas l'abandonner...

- Je vais m'en occuper...Murmurais-je.

- Magnus, je ne crois pas que...

- Je le connais mieux que quiconque... La coupais-je. Je vais m'en occuper.

Je me levais et partis en direction de l'Institut. Arrivé devant le bâtiment, je sentais la boule de stress qui s'était formé dans ma gorge se faire de plus en plus forte. Je sonnais. Une voix inconnue me répondit à l'interphone.

- Déclinez l'objet de votre visite...

- Réclamation !

- Deuxième porte après l'ascenseur !

- Ouais, je sais.... Soufflais-je, impatient.

La porte s'ouvrit et je m'engouffrais dans l'ascenseur. Au moment où les portes allaient se refermer, quelqu'un les bloqua pour pénétrer à l'intérieur. Elles se refermèrent à sa suite, et l'ascenseur s'ébranla. Il n'avait même pas remarqué que c'était moi... Je posais une main sur la cloison de métal, et l'ascenseur s'arrêta. Je le vis appuyer sur plusieurs boutons, ne comprenant pas ce qui se passait.

- Alec !

Il sursauta, et se tourna vivement vers moi. Il était pâle et avait des cernes violacés sous les yeux. Il se prit la tête dans les mains.

- Merde, merde, ça recommence !

Mon dieu... Le voir dans cet état me brisait le cœur... Pourquoi, pourquoi se faisait-il autant de mal ?! Le problème était que même si j'en avais envie, je n'arrivais pas à lui parler gentiment, à le consoler comme avant ou à avoir des gestes tendres avec lui. Ma colère à son égard était encore bel et bien présente. J'étais partagé entre l'amour et la haine... Je lui écartais, sans douceur, les mains de son visage.

- Arrête ! Je ne sais pas à quoi tu joues, mais je n'ai pas le temps pour ça !

Il leva enfin les yeux vers moi.

- Pourquoi.... es-tu là ?

- Parce qu'une bande de chasseurs d'ombres de cet Institut a débarqué dans mon club hier soir, et que je n'ai pas apprécié ! Je suis venu demander réparation !

Pourquoi lui mentais-je et ne lui donnais pas la véritable raison de ma visite ? Je n'en avais aucune idée... Peut-être parce que je ne voulais pas qu'il sache que je m'inquiétais pour lui.... Il me fit alors un sourire qui me fit froid dans le dos. De la folie, voilà ce qu'il traduisait... L' Alec que j'avais connu avait disparu...

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