Chapitre 4
Mes paupières s'ouvrent péniblement, plongées dans un brouillard confus de sensations. Ma tête tourne, et ma bouche est pâteuse. Les lumières qui défilent à l'extérieur dansent devant mes yeux mi-clos, créant des traînées de couleur floue dans mon champ de vision. Le son de la pluie martelant le pare-brise se mêle au rythme des essuie-glaces qui se déplacent rapidement. Une douleur sourde pulse dans ma tempe, tandis que des fragments de souvenirs désordonnés luttent pour remonter à la surface. Le manteau en cuir m'enveloppe, et je sens instantanément le parfum familier qui s'en dégage.
Je tourne la tête, essayant de comprendre ce qui se passe, et c'est alors que je le vois. Ulrik, assis au volant, concentré.
— Où m'emmènes-tu ? Balbutié-je d'une voix à peine audible.
Gardant son regard fixé sur la route nocturne qui s'étend devant nous, il ne parle pas. Le silence se prolonge, pesant et inquiétant. Avant qu'il ne puisse m'apporter des réponses, l'obscurité s'empare de nouveau de moi.
Le doux toucher du tissu sur ma peau est si agréable. Les paupières toujours fermées, je m'enroule un peu plus dans les couettes profitant de la chaleur qui en émanent. Au moment où je me tourne, une douleur aiguë assaille ma cheville. J'entrouvre lentement les yeux, laissant filtrer la faible lumière ambiante. Il me faut quelques secondes pour me rendre compte que je ne suis pas dans mon propre lit. Mon esprit est embrouillé, mes souvenirs de la veille sont flous.
Une large baie vitrée, dissimulée derrière des voiles transparents, s'étale devant moi. Je m'assois sur le matelas, me sentant légèrement étourdie, et je réalise que mes jambes sont nues, uniquement mes sous-vêtements me couvrent. Ma cheville a été bandée. Ma tête pivote immédiatement en entendant un son provenant de la pièce adjacente. Je ne suis pas seule. Je repère deux portes, dont l'une est entrouverte, révélant une spacieuse douche à l'italienne.
Malgré la douleur lancinante qui me parcourt, je me résous à poser ma voute plantaire au sol et à me redresser, une grimace crispée sur le visage. Je fais de mon mieux pour éviter d'appuyer sur mon pied blessé. Je m'approche ensuite des épais rideaux ocre qui dissimulent le mur en face du lit et les tire. Je découvre un immense dressing rempli de vêtements. Je me hâte d'emprunter un gilet à capuche suspendu à la tringle pour le passer. Je fais remonter la fermeture éclair pour me couvrir.
Je m'appuie sur les murs pour avancer jusqu'à la porte fermée, que j'ouvre aussi doucement que possible malgré son grincement. Les battements de mon cœur résonnent si fort qu'ils martèlent mes oreilles.
Lorsque j'ouvre la porte, une vaste pièce s'étale devant mes yeux. Mon regard est immédiatement attiré par l'escalier en bois rustique sur ma droite. À l'opposé se trouve le salon, légèrement en contrebas, avec un spacieux canapé d'angle jaune qui accapare l'attention. De grandes fenêtres laissent entrer abondamment la lumière naturelle, offrant une vue sur une épaisse forêt. De l'autre côté de la pièce se trouve une table à manger. Avant que je puisse bouger, un nouveau de bruit de casserole se fait entendre.
Je ne m'y aventurerai pas sans un moyen de défense. Je m'empare de la lampe de chevet poser sur le guéridon de la chambre. C'est toujours mieux que rien.
Avec autant de discrétion que je le peux, j'avance en boitillant. Je me progresse silencieusement dans le séjour, je distingue les meubles de la cuisine. Mon cœur bat de plus en plus fort à mesure que je m'approche. Un frisson me traverse en voyant les tatouages que je reconnais trop bien. Ulrik se tient à quelques mètres de là, dos tourné, affairé à cuisiner quelque chose.
Mon sang se glace, mes doigts lâchent la lampe que je tenais comme une arme improvisée. L'objet heurte violemment le sol, produisant un bruit strident qui attire immédiatement son attention. Il se tourne brusquement vers moi et me fixe intensément.
— Tu es enfin réveillé, prononce-t-il alors qu'il dépose deux assiettes remplies de nourriture sur l'ilot, j'espère que tu as faim, je t'ai préparé des œufs brouillés avec du Bacon.
— Ulrik, soufflé-je alors que les événements de la veille me submergent.
La tête décapitée, la mort de Chester, les hurlements de terreur de Candace. Tout me revient. À l'instant où je le vois faire un pas en avant, mon corps réagit instantanément. Malgré la douleur lancinante dans ma cheville, je me mets à courir aussi vite que possible dans la chambre. J'ai à peine le temps de claquer la porte, qu'Ulrik tente de rentrer. J'arrive cependant à la ferme à clés.
— Ouvre, m'ordonne-t-il d'un ton calme glaçant.
Je dois trouver un moyen de m'échapper. Hors de question que je replonge dans cet enfer. Pas encore.
Le bruit du poing d'Ulrik qui s'abat violemment contre la porte me fait sursauter.
— Peyton ne me force pas à la défoncer.
Je n'écoute pas et traverse la chambre pour tirer les voiles transparents. La forêt qui s'éteint devant moi semble interminable. Avec ma cheville douloureuse, je ne pourrais pas aller bien loin avant qu'il ne me rattrape.
— Comme tu voudras, me menace-t-il.
Un frisson glacial se propage l'ensemble de ma peau en entendant de légers cliquetis provenant de la porte. Il tente de forcer le verrou. Je me précipite dans la salle de bain attenante, mais je me rends compte qu'il y a qu'une fenêtre bien trop petite pour que je puisse passer et aucun endroit pour que je puisse me cacher. Je n'ai plus le temps. Sans réfléchir, je rampe sous le lit au même moment qu'un déclic résonne. Je porte instinctivement ma main à ma bouche pour étouffer ma respiration alors que la porte s'ouvre. Le son de ses bottes retentit dans la pièce, amplifiant le martèlement de mon cœur dans ma poitrine. Il s'avance vers la baie vitrée, mais à quelques pas du palier, il s'interrompt, hésitant un instant, puis fait volte-face pour se diriger vers le lit. Je resserre ma prise, me sentant presque étouffée.
— Ne me force pas à te tirer moi-même de sous ce lit.
Je ferme la paupière, terrifiée à l'idée de sortir de ma cachette. Mes poumons me brûlent tandis que je retiens ma respiration. Chaque seconde semble une éternité.
— Peyton, siffle-t-il, l'irritation perçant dans sa voix.
Tremblante, j'enlève ma main de ma bouche et me glisse hors du lit. À l'instant où ses iris perçants se posent sur moi, un mélange de désir et de haine me submerge. Dans un élan désespéré, je tente de m'échapper. Cependant, Ulrik est sur moi en moins de deux secondes, son emprise féroce m'empêchant de m'éloigner. Alors qu'il me soulève, je tente de me débattre.
— Lâche-moi !
Je lutte de toutes mes forces pour me libérer de son emprise. Ses bras m'enserrent la taille, et malgré mes efforts, je ne parviens pas à les déloger. D'un geste brusque, il me fait basculer sur le lit. Avant même que je puisse ramper pour tenter de lui échapper, il saisit fermement mes jambes et m'oblige à me coucher sur le dos. Mes tentatives de résistance sont vaines, il me maîtrise avec une aisance déconcertante. Il maintient mes poignets au-dessus de ma tête, ses genoux bloquant mes cuisses. Malgré sa prise, je continue à me débattre, mais cela semble l'amuser davantage.
— Tu n'as pas perdu ton agressivité, susurre-t-il contre mon oreille me faisant frémir
Son souffle chaud effleure ma mâchoire tandis qu'il remonte lentement. Je me fige alors que son visage frôle le mien.
— Ils m'ont assuré que tu étais mort, chuchoté-je la voix chevrotante.
— Personne ne peut me tuer, rétorque-t-il avec un sourire amusé qui se dessine sur ses lèvres.
Il s'abaisse pour déposer un baiser sur mon cou, et lorsque ses dents mordillent ma peau, je laisse échapper malgré moi un gémissement de plaisir. Prenant sans doute cela comme une invitation, Ulrik m'embrasse sans plus attendre avec une intensité enivrante. Ses mains abandonnent leurs prises pour se glisser dans mes cheveux, les caressant avec une douceur envoûtante, tandis que ses doigts parcourent délicatement ma nuque, envoyant des frissons le long de ma colonne vertébrale. Sans me laisse reprendre ma respiration, sa langue effleure la mienne, jouant avec, me créant des sensations électrisantes dans mon corps. Ulrik finit par s'écarter d'essouffler tout comme moi.
— Jeg savent leppene dine. *Tes lèvres m'ont manqué.
L'entendre parler norvégien fait ressurgir en moi les souvenirs qui m'ont traumatisée pendant des semaines. De manière incontrôlable, une larme se met à rouler sur ma tempe. Ulrik ne dit rien et caresse ma joue.
— Laisse-moi m'occuper de toi.
Il dépose un dernier baiser avant de se redresser. Mon regard glisse involontairement vers la bosse qui s'est formée sur son entrejambe, et je me mords nerveusement la lèvre, détournant rapidement la tête. Je dois garder le contrôle. Je ne peux le laisser me manipuler, avoir le dessus sur moi. J'ai un léger sursaut alors qu'il glisse ses bras sous mes genoux et derrière mon dos. Sans un mot, il me soulève dans ses bras, me portant avec une aisance surprenante. Il m'entraine dans la salle de bain où il me fait m'assoir sur le siège des toilettes fermé. La pièce arbore une sobriété élégante, avec des nuances de couleurs chaudes. Les murs sont revêtus d'un carrelage crème. Au plafond, plusieurs poutres en bois sont alignées. Au fond se trouve une grande douche à l'italienne.
Ulrik s'agenouille devant moi et avec précaution, commence à retirer le bandage enveloppant ma cheville blessée. À mesure que le tissu se détache, des ecchymoses verdâtres, virant au violet par endroits, ainsi que des écorchures, se dévoilent. On dirait que Chester ne m'a pas ménagée du tout. Lorsque la pulpe de ses doigts effleure ma peau enflée, je me mords la lèvre pour retenir un gémissement de souffrance.
— Il n'a pas été de main morte, fulmine-t-il en fixant ma blessure, j'aurais dû prendre mon temps avec lui, l'ouvrir de part en part et laisser ses viscères se répandre sur l'herbe. Il aurait encore vécu plusieurs secondes dans une douleur incommensurable.
Je pâlis en entendant ses mots. Il se redresse, son regard assombri, et retire son tee-shirt. Observer son torse musclé ravive en moi mon désir pour lui. Lorsque je le vois défaire les boutons de son jeans, révélant l'élastique de son boxer, je tourne immédiatement la tête, embarrassée.
— Je peux savoir ce que tu fais ?
Ulrik ne me répond pas, du coin de l'œil, je l'aperçois enlevé le dernier bout de tissus qui cacher son membre. Il s'avance jusqu'à la douche pour y allumer l'eau. Il revient vers moi pour m'aider à me relever, mais je décide de le devancer.
— Je peux me débrouiller toute seule.
Lorsque je prends appui sur un pied, je tangue légèrement et je suis obligée de me retenir à lui pour ne pas tomber.
— Je vois ça, sourit-il en faisant glisser la fermeture éclair du gilet.
Il retire le vêtement avec une tendresse presque sensuelle, collant presque son corps nu contre le mien. Des frissons électrisent ma peau sous ses caresses délicates. Ses doigts parcourent la ligne de mon ventre, remontant avec une lenteur délibérée. Ils atteignent l'attache de mon soutien-gorge, qu'il défait avec une habileté naturelle. Mon cœur s'affole alors qu'il s'abaisse de nouveau. Son visage se retrouvant face à mon intimité. Ma respiration s'accélère tandis qu'il fait doucement glisser ma culotte le long de mes jambes, prenant soin de ne pas toucher ma cheville blessée. Ses yeux brûlants parcourent chaque centimètre de ma peau dénudée. Avec une force maîtrisée, il me soulève et m'emmène sous la douche, où l'eau chaude s'écoule déjà sur moi. Dos à Ulrik, je prends appuie sur son avant-bras qu'il me temps, collant quasiment nos corps l'un à l'autre. Mes paupières se ferment naturellement. Je me laisse emporter par l'effet apaisant de la chaleur qui m'enveloppe.
Ses doigts déplacent les mèches de mes cheveux humides sur le côté pour exposer ma peau à ses caresses. Ses mains emplies de gel douche glissent sur ma peau, me faisant frissonner. Mon souffle s'accélère alors que la pulpe de ses doigts effleure ma poitrine. Délicatement il me fait tourner la tête vers lui. Ses yeux sont luisant de désir.
— Bienvenue à la maison Peyton.
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