Chapitre 3

               J'ai passé le reste de l'après-midi assise derrière le volant de ma Chevrolet. Mes mains tremblent tellement que j'aie été incapable de pouvoir conduire pendant au moins une heure. J'ai réussi par rentrée en fin de journée.

Cela fait quinze minutes que je me tiens sous la douche. Les paupières fermées, je laisse l'eau ruisseler sur moi. Les larmes commencent à couler sur mes joues alors qu'Ulrik envahit mes pensées. Cela doit surement être dû à mon esprit tourmenté, mais je ne me suis jamais sentie aussi seule que depuis sa disparition.

Le Dr Brown m'a informée que le syndrome de Stockholm pourrait entraîner un sentiment de manque. Elle avait raison. Je finis par fermer le robinet refusant de me laisser persécuter par les souvenirs d'Ulrik. Je sors de la douche et m'empare d'une serviette pour m'essuyer et sécher ma chevelure.

D'un geste de la main, je dissipe la buée qui recouvre le miroir. Je baisse le regard sur mon corps marqué. L'inscription sur mon avant-bras est à présent devenue un enchevêtrement de stries, presque illisible. Au-dessous de ma clavicule, on peut voir une cicatrice, légèrement boursouflée, bien moins visible que celle que m'a faite Cyriane au ventre. Je fais glisser mes cheveux humides sur le côté et me tourne pour pouvoir apercevoir les fines lignes blanchâtres parcourant mon dos. Rien qu'à les contempler, un frisson glacial me traverse. Je peux encore sentir la morsure du fouet s'abattre sur ma chair.

Soudain, un bruit retentit à la porte d'entrée. J'enfile rapidement un tee-shirt et un short en coton qui me passent sous la main et pars voir qui sait. Candace se trouve de l'autre côté de la porte. Dès qu'elle croise mon regard, elle esquisse un sourire empreint de tristesse.

— Je suis vraiment la pire des amies, s'écrie-t-elle de dehors.

Lorsque j'ouvre la porte, Candace paraît anxieuse. Ses bras sont repliés sur sa poitrine.

— S'il te plaît, pardonne-moi, Peyton. Je sais que je fais n'importe quoi, mais je te promets que je vais me ressaisir.

— Allée, rentre, dis-je d'une voix douce.

Candace passe devant moi et semble toujours autant tendu. Elle ne cesse de gigoter tout en se mordant la lèvre. Cette histoire avec Chester doit énormément la stresser.

— Est-ce que ça va ?

Elle secoue la tête, les larmes aux yeux.

— Non... En ce moment, je perds le contrôle sur tout, se sanglote-t-elle, j'ai l'impression d'être une merde.

Je m'approche d'elle et la prends dans mes bras.

— Hé, ne dis pas ça. Tu traverses simplement une mauvaise période. Ça arrive à tout le monde.

Candace se blottit contre moi, continuant de pleurer.

— Je suis désolée d'avoir été aussi méchante avec toi, parvient-elle à articuler, je sais que tu veux seulement m'aider, et moi, qu'est-ce que je fais... Je t'envoie balader...

— Ce qui compte, c'est que tu prennes soin de toi, lui dis-je doucement.

Elle renifle, puis m'annonce avec résolution en s'écartant de moi.

— Je vais arrêter la drogue et toutes mes conneries. Je te jure que c'est fini pour moi. Je vais devenir une bonne mère pour Sadie.

— Je te promets que je vais t'aider, mais avant il faut qu'on te sorte de cette histoire avec Chester.

Je récupère mon sac à main et y retire les billets.

— Je n'ai pu récolter que cent soixante-quinze dollars, avec ce que je lui ai donné hier il va nous manquer six cent vingt-cinq dollars, prononcé-je dépiter, je ne suis pas certaine que Chester soit du genre à nous laisser plus de temps.

— Ne t'en fais pas j'ai l'argent, s'extasie-t-elle si soudainement que son changement de comportement me déroute.

Elle me sort une énorme liasse de billets enrouler ensemble avec un élastique.

— Comment as-tu fait ?

— J'avais encore quelques économies et ma tante a bien voulu me prêter le reste de la somme.

— Marie ?

— Hé oui, j'ai même assez pour te rembourser.

Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils sachant pertinemment que Mairie n'est absolument pas du genre à donner de l'argent, surtout pas à sa nièce. C'est une femme assez spéciale, au franc-parler déroutant. Lorsque ce n'est pas moi qui garde Sadie, c'est elle. Elle a toujours été très dure avec Candace, lui reprochant sans cesse ses erreurs. Maintenant, je comprends mieux pourquoi elle était ainsi avec elle, c'était uniquement pour l'aider.

Sa mère était une alcoolique notoire où la plupart du temps partait de chez elle. Elle n'a jamais réellement élevé Candace et un jour, elle a disparu, comme ça lui arrivée souvent, sauf que cette fois, elle n'est pas revenue. Malgré les appels à l'aide de Marie, la police s'en fichait, tout comme le reste du monde. Marie a dû s'occuper de Candace par la suite, en plus de ses cinq enfants. Cela n'a pas été facile pour elles, et avec le comportement autodestructeur de Candace ça n'a fait qu'envenimer leurs relations déjà fragiles.

Candace retire plusieurs billets pour les poser sur la table de la cuisine, avant de se tourner vers moi en me faisant un sourire crispé.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je vais reprendre ma vie en main, et pour commencer, je veux arrêter de faire le tapin, de travailler pour Chester, prononce-t-elle d'une voix tremblante, s'il te plaît, vient avec moi. Toute seule, je ne suis pas sûre d'en être capable.

— Bien sûr que je t'accompagne, lui répondis-je avec assurance. C'était une évidence pour moi, je ne t'abandonnerai jamais.

Soudain, Candace s'élance de joie dans mes bras. Son geste me surprend, et je reste figée pendant quelques secondes. Depuis mon enlèvement, le contact physique m'est devenu difficile à supporter. Cependant, Candace semble ne pas s'en rendre compte. Elle recule d'elle-même pour ajuster ses vêtements.

— On est censé le rejoindre où Chester

— Dans moins d'une heure au parc Riverside.

— Donne-moi juste quelques instants pour revêtir quelque chose.

Je laisse Candace dans la pièce de vie et me dirige vers ma chambre. Là-bas, je délaisse mon short pour un jean sombre et enfile une paire de baskets. Je passe un soutien-gorge sous le tee-shirt et noue mes cheveux en queue de cheval. J'attrape une veste vert foncé et retrousse les manches jusqu'à mes coudes.

Je retourne dans le salon et trouve Candace en train de fumer à l'extérieur. Je remarque que le fric que j'avais laissé sur la table a disparu. Un soupir m'échappe, ce n'est pas la première fois qu'elle fait ça, mais ce n'est pas grave. De toute façon, il me reste assez d'argent pour racheter la bague. Même si je sais maintenant qu'elle est fausse, c'est un bijou qui me relie à ma famille. Je fouille dans mon sac et en sors le 9 mm que je glisse dans la ceinture de mon dos, le cachant sous ma veste.

— Tu comptes lui tirer dessus ?

Je me tourne vers Candace qui vient de rentrer, elle me lance un regard confus.

— C'est juste au cas où.

— C'est comme pour les préservatifs, réplique-t-elle sérieusement ce qui me fait rire.

— Quoi ?

— Bah ouais, il vaut mieux en avoir sur soi et ne pas en avoir besoin que l'inverse.

— On peut dire ça, lui souris-je avant de reprendre mon sérieux, est-ce que tu es prête ?

La peur soudainement se lit dans les yeux de Candace. Ses doigts triturent le tissu de son haut. Elle expire bruyamment, comme pour se donner du courage avant de prononcer ;

— On peut y aller.

Lorsque nous sortons, le soleil commence déjà à se coucher. Sur la route, Candace reste silencieuse, trépignant nerveusement. Bien que j'essaie d'être calme devant elle, mon cœur bat de plus en plus fort. Je ne peux pas lui montrer la panique qui m'envahit. Je me mords anxieusement l'intérieur de la joue alors que je gare la Chevrolet. Je fourre mes mains dans les poches de ma veste tandis que nous traversons le parc. L'obscurité a pris possession de cet endroit, le rendant encore plus angoissant. Le silence est rompu par le bruit des jeux d'enfants qui s'animent au gré du vent.

Candace s'arrête brusquement en voyant Chester approcher, une cigarette coincée a la commissure de ses lèvres. Candace se tourne vers moi, le regard empli de peur, et prononce d'une voix si faible que je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ;

— Pardonne-moi, dit-elle précipitamment.

Je fronce les sourcils tandis qu'elle passe sa main dans mon dos et saisit mon 9 mm.

— Qu'est-ce que tu fais ? demandé-je, l'incompréhension grandissant en moi.

Elle ne me répond pas et s'approche de Chester pour lui donner mon arme.

— Candace ? l'appelé-je, cherchant des explications dans son regard, mais elle est silencieuse, les yeux rivés sur Chester.

— Comme promis, dit Chester en tendant à Candace un sachet transparent rempli d'une sorte de poudre blanche.

— Qu'est-ce qui se passe ? demandé-je d'une voix tremblante, sentant la panique monter en moi.

— Ta chère amie t'a vendu pour sauver son cul, répond Chester d'un rire sinistre.

— Quoi ? Comment ça elle m'a vendue ? Candace ?

Malgré mes supplications, elle refuse de croiser mon regard. Chester étire ses lèvres, laissant voir ses dents jaunies par la nicotine. Il expire une dernière fois une fumée blanche et jette négligemment sa cigarette sur le sol.

— On a fait un deal tous les deux, j'oublie la tune qu'elle me doit et je lui fournis un peu de cocaïne et en échange elle t'emmener dans un endroit isolé.

Je déglutis en entendant ces mots, mes yeux ne cessant de faire des va-et-vient entre Chester et Candace. Je ne peux pas croire qu'elle m'ait trahie.

— Candace, prononçai-je une fois de plus, mais voyant qu'elle n'arrive toujours pas à lever la tête vers moi, mon sang se met à bouillonner.

— Regarde-moi ! hurlé-je.

Ses iris entourées de rouge finirent par enfin se baisser sur moi, mais je me retrouve sans voix.

— Enlève ton tee-shirt, m'ordonne Chester attirant de nouveau mon attention sur lui.

— Tu peux aller te faire foutre, articulé-je lentement avant de tourner les talons.

Je n'ai pas le temps de faire trois pas qu'un déclic me parvient à l'oreille. Je reconnais trop bien ce son, c'est celui que fait un cran de sureté en train d'être retiré. Figé, un frisson parcourt mon échine. Mes poings sont serrés si fort qu'ils me font mal.

— Je t'ai dit d'enlever ton putain de haut, perd patience Chester, ne m'oblige pas a me répéter chérie.

Malgré mes jambes devenues soudainement en coton, je m'avance de nouveau. Cependant, je m'arrête immédiatement en sentant quelque chose me frôler. La balle qui vient d'être tirée s'est plantée dans la terre à quelques centimètres de moi.

— La prochaine je la loge dans ton crâne, crache-t-il.

Je me tourne lentement vers lui, faisant naitre un sourire narquois étire ses lèvres tandis qu'il continue de pointer mon propre 9 mm en ma direction. Il me fait un mouvement avec sa main pour me faire comprendre d'obéir. Malgré le tremblement de mes mains, je fais glisser ma veste sur mes bras, avant de le lui jeter.

— C'est tout ce que tu auras de moi, exprimé-je avec dégoût, ce qui semble l'amuser.

Il se met à siffler très bruyamment attirant deux autres hommes du même gabarit que Chester. Les trois s'avancent, m'encerclant de toute part. La tension dans l'air est palpable. Mon cœur bat la chamade alors que je cherche désespérément une issue.

— On parie, lance-t-il en se léchant sa lèvre tandis qu'il cesse enfin de me m'être en joue.

Sans prévenir, l'un d'entre eux, le plus costaud des trois, tente de m'attraper par le bras, ses doigts rugueux se refermant sur ma peau. D'un mouvement rapide, j'esquive sa prise, me glissant hors de sa portée. Cependant, à peine ai-je le temps de me tourner qu'un violent choc percute à la tête. L'impact est si brutal que ma vision devient floue pendant un instant. Le coup me fait tituber, mes jambes vacillent sous moi, et avant que j'aie pu comprendre ce qui se passe, on m'agrippe par la queue de cheval, tirant mon visage en arrière avec une force brusque. La douleur irradie depuis ma tête.

— Tu es à ma merci, me souffle Chester au creux de mon oreille.

Mes paupières se ferment de dégoût au moment où je sens sa bouche se poser sur mon cou.

— Ne me touche pas, murmuré-je les dents serrées.

Sous la pression de sa poigne, il me force à tourner mon regard vers lui, sous les rires moqueurs des deux autres.

— Tu crois que ton misérable avis m'importe, tu n'es qu'une pute de plus.

À ses mots, je ne peux réfréner la répulsion que j'ai pour lui et lui crache au visage.

— Sale garce !

Il réagit avec une brutalité inouïe, me jetant violemment au sol. Avant même que je puisse me relever, son pied s'abat sur mon ventre. Ma respiration devient laborieuse, comme si chaque inspiration était un effort.

— C'est tout ce que tu as ? articulé-je difficilement en me remettant sur mes genoux.

Il me frappe une nouvelle fois dans l'abdomen avec plus de force que la précédente. Allongées sur le dos, les larmes me brouillent ma vue. La douleur qui se propage est horrible.

— Ça te suffit ou tu en veux plus !

De manière incontrôlable, un rire s'échappe de mes cordes vocales attirant le regard de tous sur moi. Chester fronce les sourcils et serre la mâchoire.

— Je peux savoir ce que tu trouves drôle ! gronde Chester, son agacement perceptible dans sa voix.

Mon fou rire se calme peu à peu, bien que mes épaules tremblent encore de l'amusement refoulé. Je plante mon regard dans le sien.

— Tu veux te donner des airs de dur, mais tu n'es qu'un minable, je crache avec dédain, tu n'arrives même pas à la cheville d'Ul..

Soudain, le visage de Chester se crispe de colère, et avant que je puisse réagir, sa main s'abat violemment sur ma joue. La force du coup est telle que ma lèvre se fend instantanément, laissant une sensation de brûlure et un goût métallique envahir ma bouche.

— Je vais t'apprendre à fermer ta gueule.

Chester me contraint à m'allonger sur le dos, et s'installe lourdement sur moi. Son poids écrasant entrave complètement mes mouvements, me laissant presque immobile et impuissante. La paume de sa main appuie fermement contre ma gorge m'empêcher de reprendre de l'air. J'essaie par tous les moyens de me libérer de son emprise, qu'il tente d'ouvrir le bouton de mon pantalon. Mes doigts arrivent à saisir une pierre. Sans réfléchir, je la projette de toutes mes forces en direction de sa tête. Le projectile atteint sa cible avec un bruit sourd, et il s'écarte immédiatement en grimaçant de douleur. Une fine ligne de sang commence à se propager sur son front.

Profitant de cet instant de répit, je redouble d'efforts pour me libérer de son emprise oppressante. Je réussis enfin à bouger légèrement, parvenant à dégager une de mes jambes. Je lui balance un coup de pied dans les côtes, espérant le repousser suffisamment pour prendre la fuite. Cependant, sa main puissante attrape ma cheville et me tire impitoyablement en arrière. Le sol froid et dur se précipite à ma rencontre, et je m'effondre de tout mon long.

— Sale garce, tu vas me le payer !

Un cri de douleur déchire l'air à l'instant où il écrase son pied contre ma cheville. Malgré la souffrance lancinante qui me submerge, je rampe. À peine ai-je aperçu sa ceinture passer sous mes yeux que je parviens à mettre mes mains devant moi, juste à temps pour l'éviter de la serrer autour de mon cou.

— Tu aimes ça !

Malgré tous mes efforts, je suis impuissante à l'empêcher de m'étrangler. Rapidement, ma vue se brouille et des points lumineux envahissent mon esprit. Je distingue Candace au loin, et je tente de l'appeler en vain. Ma voix n'est qu'un murmure vaguement audible.

Alors que je sens perdre connaissance, Chester relâche sa prise laissant un peu d'air emplir mes poumons. Je me mets à tousser violemment, repoussant sa ceinture loin de ma gorge. Ne sentant plus le poids de Chester, moi, je me tourne vers eux. Les trois hommes semblent préoccupés par les buissons épais situés à quelques mètres de nous. Je reste allongée, la tête reposant sur l'herbe fraîche, tentant de reprendre mes esprits. Alors que ma toux se calme peu à peu, je n'arrive pas à comprendre les mots que Chester échange avec les deux autres. Leurs regards inquiets se portent vers les buissons obscurs.

Mon souffle saccadé résonne dans l'air lourd de tension, et j'essaie de rassembler mes forces pour me relever ou appeler à l'aide, mais chaque mouvement est douloureux et difficile. Ses gorilles disparaissent dans la végétation tandis que Chester revient vers moi, mais à l'instant qu'il tente de me saisir de nouveau un crie perçant nous parvient à nos oreilles.

Immédiatement, Chester se redresse et sort le 9 mm de sa ceinture pour viser les buissons.

— Qui est là ! s'écrit-il alors que la peur habite son visage.

Avec précaution, j'arrive à m'agenouiller, prenant garde à ne pas aggraver davantage ma cheville meurtrie. Des bruits de branches se font entendre non loin de moi, suivis par des craquements distincts, comme si quelque chose ou quelqu'un se déplaçait dans les buissons épais. Mon cœur bat la chamade alors que je tâche de rester silencieuse et d'observer les alentours, incertaine de ce qui se cache dans l'obscurité de la végétation. Les secondes me paraissent durer une éternité.

— Candace va voir ce qui se passe !

Je tourne la tête vers elle qui semble terroriser. Elle tremble comme une feuille, ses joues baignées de larmes. Candace tente de répondre, mais les mots peinent à franchir ses lèvres. Sa voix, faible et chevrotante, finit par murmurer un « N... No... Non... » presque inaudible.

— Ne m'énerve pas ! insiste Chester, perdant patience.

— Chester... S'il te plaît... Ne m'oblige pas... supplie Candace les yeux embués d'effroi.

Il lui saisit fermement le bras, la faisant presque vaciller sous la force de sa prise.

— Je te jure que si tu n'y vas pas, je te fracasserai le crâne avec la crosse du pistolet, crache-t-il, son visage dur et impitoyable.

Malgré ses vaines tentatives pour se dégager, Chester la traîne jusqu'à la lisière des buissons et la propulse en avant. Candace tangue avant de s'effondrer sur le sol, laissant échapper des pleurs de plus en plus forts qui percent la nuit noire.

Soudain, un projectile est jeté dans les airs pour atterrir au pied de Chester. Lorsque j'aperçois que c'est la tête tranchée d'un de ses compères, je blêmis. Candace, à côté de moi, hurle de terreur, tandis qu'il regarde ce qui reste de son ami, la respiration lourde.

Dans un élan de colère mêlé à la panique, Chester se met à vider le chargeur de son 9 mm sur les feuillages tout en criant, les traits de son visage déformés par la fureur. La nuit est déchirée par les détonations, et les tirs fusent en direction de l'épaisse végétation. Rapidement, le silence terrifiant prend de nouveau place.

Du coin de l'œil, je remarque la main tremblante de Chester. Mon cœur rate un battement en voyant l'homme ensanglanté qui sort des buissons. Ulrik. Ses iris bleus glacials pénétrants se baissent aussitôt sur moi. Son visage est taché par des gouttes d'hémoglobine, tout comme le reste de ses vêtements. Il passe près de Candace sans y prêter attention et s'avance droit vers moi tel un prédateur sur sa proie.

— T'es qui toi putain ! Crache Chester en le visant.

Face au mutisme d'Ulrik, Chester s'énerve d'autant plus, se laissant submerger par la peur.

— Je vais te buter enfoiré !

Chester sort un couteau de sa poche et tente de se précipiter sur Ulrik, mais ce dernier le maîtrise d'un geste rapide. Il saisit son avant-bras et le brise d'un mouvement sec et brutal. Les hurlements déchirants du proxénète rompent le silence oppressant. Ulrik enfonce la lame dans sa gorge. L'expression d'horreur envahit le visage de Chester alors qu'Ulrik fait glisser le couteau jusqu'à l'autre extrémité. Un geyser de sang jaillit. Du coin de l'œil, je vois Candace s'enfuir.

Chester s'écroule lourdement par terre, et le regard d'Ulrik se tourne lentement vers moi. Tétanisée, je ne parviens pas à bouger. Ma respiration est saccadée, mon cœur bat si fort qu'il me fait mal. Mes yeux sont rivés sur lui, et il semble impossible de les détacher.

Ulrik s'abaisse doucement en face de moi, et ses doigts caressent tendrement ma joue. La chaleur qui émane de lui est si agréable que mes paupières se ferment d'elles-mêmes, comme si mon esprit cherchait à savourer au maximum son toucher qui m'avait tant manqué. Son parfum grisant m'enveloppe de nouveau, éveillant tous mes sens. C'est un cauchemar, un de plus. Il ne peut pas être là, il est mort. Je vais me réveiller dans quelques secondes, c'est ce que je me dis pour me rassurer.

— Ouvre les yeux Peyton.

Je m'exécute, tremblante. Il est bien là, presque inchangé, à part sa barbe de trois jours qui a poussé davantage.

— Tu es mort, murmuré-je en venant poser la pulpe de mes doigts sur son visage maculé de rouge, comment est-ce possible ?

Il ne répond pas, mais efface l'espace entre nous d'un geste déterminé, plaçant sa bouche sur la mienne. Un frisson parcourt tout mon corps. La souffrance que me procure ma lèvre blessée se mêle à l'excitation de ce baiser passionné. Le goût métallique du sang inonde mon palais alors que nos langues se livrent à une danse exaltante, créant un tourbillon enivrant de sensations contradictoires. Soudain, une vive douleur m'envahit sur la cuisse, et je me retire rapidement, confuse. Mon regard descend vers la seringue plantée dans ma chair.

— Qu'est-ce... se perdent mes mots alors qu'un engourdissement se propager depuis le point d'injection.

Ma vision commence à se brouiller, mes mouvements sont lourds, et une profonde somnolence s'empare de moi. Le désarroi me submerge, et il est de plus en plus difficile de comprendre ce qui se passe autour de moi.

Mon corps semble peser une tonne, et je sens que je vais tomber en arrière. Ulrik me rattrape, me tenant fermement dans ses bras pour éviter que je ne m'effondre complètement. La réalité commence à s'estomper, et tout devient flou autour de moi. Mon esprit lutte pour rester éveillé, mais le sédatif prend le dessus, m'emportant dans un sommeil profond et irrésistible.

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