Chapitre 20
Coucou mes psychopathes, ce chapitre contient des passages qui peuvent être difficiles à lire. Si vous préférez, vous pouvez le sauter sans que cela ne gêne la compréhension des prochains chapitres. Pour celles et ceux qui le souhaitent, je proposerai un court résumé au début du prochain. Mais si vous décidez de plonger dans la folie des frères, bon courage... et bonne lecture ! 😈 ♥♥
Mes yeux s'accrochent aux leurs, et je ressens comme une décharge électrique parcourir mon corps, figé entre l'instinct de survie et la terreur pure. Jørgen esquisse un sourire lent, carnassier, tandis qu'Ulrik me fixe avec une intensité glaciale, son regard lourd de reproches.
— Tu es venue vérifier si j'avais fini ? demande Jørgen, sa voix dégoulinant de sarcasme.
Sa question reste suspendue dans l'air, mais je ne peux pas répondre. Mes lèvres s'entrouvrent, mais aucun son n'en sort. Ulrik lève une main, arrêtant tout commentaire supplémentaire de son frère, et s'avance vers moi.
— Retourne à l'intérieur, m'ordonne-t-il, chaque mot soigneusement articulé. Ce n'est pas un conseil, Peyton.
Je hoche la tête mécaniquement, mes jambes flageolantes, et recule de quelques pas.
— Non... s'il vous plaît, gémit la serveuse en se redressant maladroitement, ses mains tremblantes s'agrippant à tout ce qu'elles peuvent trouver pour garder l'équilibre, pitié..
Elle me lance un regard suppliant. Son visage est livide. Le sang a imprégné le tissu de sa robe, s'étalant en larges taches sombres avant de s'écouler en filets le long de ses jambes, laissant des gouttes rougeâtres sur le sol à chaque mouvement désordonné.
Mais avant de pouvoir faire demi-tour, un bruit sourd retentit derrière moi. Une silhouette apparaît à l'arrière du Diner, c'est le cuisinier, une batte de baseball dans les mains.
— Qu'est-ce que vous foutez là ? crache-t-il, son regard oscillant entre moi et les deux frères.
Lorsqu'il voit la serveuse, son expression change instantanément.
— Espèce d'enfoirés..., murmure-t-il, sa voix tremblante de rage.
Sans prévenir, il s'élance vers eux, il est maladroit, animé par une colère brute. D'un mouvement précipité, il brandit la batte de baseball, prêt à attaquer. Mais avant qu'il ne puisse faire un geste, Ulrik est plus rapide. En un instant, il dégaine un couteau et le glisse sous sa mâchoire, enfonçant la lame dans son menton avec une précision glaçante. Un râle de douleur échappe sa gorge tandis que le sang jaillit, éclaboussant la main d'Ulrik.
Jørgen éclate d'un rire bref et sans joie, tandis que la serveuse s'enfuit tant bien que mal par la porte d'où venait l'homme.
Le cuisinier se tient un instant, figé, les yeux écarquillés de terreur, mais le corps finit par céder sous l'impact. Ses jambes se dérobent sous lui, et il s'effondre lourdement sur le sol au moment où Ulrik retire la larme, impassible. Ses gémissements sont faibles, étouffés par la douleur, alors que son hémoglobine commence à se répandre en une flaque autour de lui, inondant le béton.
— Jørgen, articule-t-il froidement, tendant le couteau à son frère sans même un regard pour lui.
Jørgen récupère la lame. Un éclat malsain traverse son visage, une lueur de plaisir cruel qui me glace le sang. Je reste figée, le cœur battant à tout rompre, tandis qu'il me fait un clin d'œil en passant à côté de moi, son sourire énigmatique s'étirant davantage. Puis, sans un mot de plus, il se met à courir vers l'avant du Diner.
Je tourne la tête vers Ulrik, qui est accroupi, observant sa victime qui tente de ramper tant bien que mal sur le sol. Des glapissements gutturaux s'échappent de sa gorge, un mélange de douleur et de désespoir, des bruits à peine humains. Ses mains s'agrippent au gravier alors qu'il se traîne sur quelques centimètres.
Les cris provenant du restaurant retentissent. Ulrik, implacable, récupère la batte que le cuisinier a laissée tomber. Le métal claque contre le sol, résonnant dans l'air, alors qu'il se redresse sur ses jambes. Son regard est toujours aussi froid, mais il y a cette lueur dans ses yeux, un éclat sombre que je reconnais trop bien.
— Ulrik... attend.
Il ne m'écoute pas et le frappe sauvagement, un craquement d'os qui me retourne l'estomac. L'homme gémit à peine, ses râles étouffés par la violence qui s'abattent sur lui. Ulrik continue. Encore. Et encore. Je voudrais détourner les yeux, mais je ne peux pas. Mes jambes tremblent, mes poings se crispent, mes ongles s'enfoncent dans mes paumes, mais je reste figée, pétrifiée par l'horreur qui se déroule devant moi.
Le visage du cuisinier, encore humain un instant plus tôt, devient une masse informe, un mélange grotesque d'os éclatés, de cervelle éparpillée et de morceaux de peau qui pendent inutilement. Le son des coups est insupportable, un craquement sinistre suivi de ce bruit visqueux, presque liquide, qui me retourne les tripes à chaque impact. Ulrik continue, méthodique, implacable, comme un bourreau exécutant une tâche banale. Je sens une nausée montée, une combinaison de dégoût, de peur, mais aussi de colère, une colère brûlante qui se fracasse contre ma propre impuissance. Enfin, il s'arrête. La batte, maintenant tordue et couverte de chair, glisse de sa main pour tomber. Il reste debout, le souffle court, son torse se soulevant rapidement.
— Ce sera toujours comme ça, hein ?
Il lève lentement son regard bleu pâle sur moi, son visage éclaboussé de gouttelettes rougeâtres. La lueur froide dans ses yeux contrastant avec le carnage qu'il vient de commettre.
— Toi, prenant du plaisir à massacrer des gens, chaque fois qu'on met un pied dehors, lancé-je, ma voix se brisant sur les derniers mots.
Ma gorge se serre. La peur, le dégoût, la colère... tout se mélange, formant une boule qui me brûle de l'intérieur. Je le fixe, incapable de détourner les yeux, consciente que rien de ce que je dirai ne l'arrêtera.
Ulrik enjambe les restes du cuisinier, ses pas mesurés résonnant dans le silence étouffant de la nuit. Ses mains tachées de sang encadrent mon visage, le contraste du liquide chaud sur ma peau froide m'électrise. Il m'embrasse, un mélange troublant de douceur inattendue et de sauvagerie contenue. Je pose ma paume contre son torse et le repousse.
— Non, murmuré-je.
Ulrik se redresse, ses yeux me fixant avec une intensité qui me transperce. Mais avant qu'il ne puisse répondre, un hurlement perçant fend la nuit. Il provient de l'autre côté. Ulrik soupire, une lueur d'exaspération traversant son regard.
— Attends-moi ici, ordonne-t-il, sa voix rauque et basse, presque indifférente.
Il sort son revolver et fais le tour du bâtiment. Je le suis et vois que c'est la plus âgée des serveuses qui s'enfuient du restaurant. Il tente d'ouvrir la portière d'une vieille Toyota Corolla, mais la panique la submerge. Ses mains tremblent si violemment qu'elle n'arrive pas à insérer les clés dans la serrure, les faisant tomber au sol avec un tintement désespéré. Ulrik, impassible, lève son arme avec une précision glaciale. Le tir retentit dans la nuit, un bruit sec et assourdissant qui semble faire vibrer l'air lui-même. Un cri déchirant s'échappe de la serveuse alors que la balle la frappe à la cuisse. Elle s'effondre presque instantanément, ses mains agrippant sa jambe dans un effort futile de contenir le flot rouge qui coule de sa plaie.
Elle tente de ramper, laissant derrière elle une traînée sombre de sang qui imprègne le gravier. Ses supplications s'élèvent en un murmure brisé ;
— À l'aide !
Ulrik avance d'un pas rapide, ses mouvements mesurés et déterminés, comme s'il n'y avait aucune urgence. Il s'arrête juste derrière elle, la surplombant. Sans la moindre hésitation, il saisit violemment ses cheveux, tirant sa tête en arrière avec une force brutale. La serveuse pousse un cri déchirant, ses hurlements se mêlant au bruit de la pluie qui martèle le sol. Ses mains se débattent frénétiquement dans le vide, tandis qu'elle se contorsionne, incapable de briser l'emprise d'Ulrik.
— Non ! Non, par pitié !
Ulrik, implacable, reste sourd à ses supplications. D'un geste sec, il commence à la traîner sans ménagement vers le Diner. Malgré la plaie béante à sa cuisse, elle agite désespérément ses jambes dans tous les sens, ses ongles griffant le béton glissant pour tenter de s'échapper. Ses cris, étouffés par la pluie diluvienne, s'effacent presque dans le martèlement incessant de l'eau contre le sol.
La porte du Diner se referme derrière eux dans un bruit sourd, et je reste là, paralysée. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va éclater.
Je me mords l'intérieur de la joue, si fort que le goût métallique du sang se répand dans ma bouche. La douleur m'ancre un instant dans la réalité, mais elle ne suffit pas à calmer le tumulte dans ma tête. Je sais ce qu'il va faire. Je sais que ce sera atroce, insupportable, mais je ne peux pas rester là sans rien faire.
Une part de moi hurle de faire demi-tour, de m'enfuir. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Je prends une inspiration saccadée et avance d'un pas. Puis un autre. Chaque mouvement est lourd, comme si mes pieds pesaient des tonnes. J'hésite encore une seconde, mes doigts tremblent posés sur la poignée. Puis je pousse la porte. Les pleurs déchirants de la jeune serveuse envahissent la salle, se mêlant au bruit sourd de la pluie qui martèle les fenêtres. Jørgen la plaque violemment contre le mur, sa main serrée autour de sa gorge fine, l'immobilisant avec une force terrifiante.
Ses yeux brillants d'une lueur malsaine, presque extatique. Avec une lenteur insupportable, il fait glisser la lame sur sa peau, jusqu'à ses lèvres frémissantes.
— Ouvre la bouche, ou je t'enfonce ce couteau dans ta chatte.
— S'il vous plaît..., murmure-t-elle, sa voix à peine audible, brisée par la douleur et la peur.
Son regard, noyé de larmes, cherche une once de compassion qui n'existe pas. Jørgen, implacable, ne réagit pas. Son rictus s'étire davantage, comme s'il savourait le désespoir pur qu'elle dégageait. Elle obéit avec hésitation, ses mouvements maladroits trahissant une terreur qui la paralyse presque. Ses lèvres s'entrouvrent. D'un geste brutal, Jørgen abat le dos du couteau contre sa mâchoire dans un claquement sec qui résonne dans la salle. Le bruit est atroce, un mélange de craquements d'os et d'éclats de douleur qui me donne la chair de poule. La serveuse s'effondre presque, ses mains se portant à son visage alors qu'un filet de sang s'échappe de sa bouche.
Un gémissement étouffé sur ma droite me fait tourner instinctivement la tête. Mon estomac se noue en voyant l'autre femme, la plus âgée, plaquée sur une table. Håkon est au-dessus d'elle.
Ses larmes coulent en silence, traçant des sillons brillants sur son visage déformé par la terreur. Celui de Håkon n'est qu'à quelques centimètres du sien, si proche que je peux presque entendre son souffle rauque. Il murmure quelque chose en norvégien, des mots froids et inaccessibles qui semblent la briser encore plus. Puis, d'un mouvement brusque, il enfonce deux doigts dans la plaie à sa cuisse. Le hurlement qu'elle tente de pousser est étouffé par sa main.
Je tourne la tête, et mon regard tombe sur le cadavre du costaud. Maintenant, sa gorge béante laisse apparaître une blessure si profonde que je distingue sa trachée. Son corps est affalé sur une chaise, les bras ballants, une mare de sang s'étendant sous lui comme une nappe rouge sinistre.
— Lâchez-les tout de suite ! intervient le vieil homme, sa voix vacillante, presque brisée.
Il surgit du couloir, tenant un pistolet qu'il peine à stabiliser. Ses yeux, écarquillés par la peur, oscillent entre les frères et leurs victimes.
Aussitôt, Håkon tourne lentement la tête vers le vieillard. Il le fixe son regard avec une indifférence dérangeante. Un sourire cruel tord ses lèvres, mais il ne dit rien. Il retourne son attention à la serveuse sous lui, ses doigts tatoués s'enfonçant encore plus profondément dans la plaie béante de sa cuisse. Le bruit visqueux de la chair malmenée accompagne les gémissements brisés de la femme, sa tête se secouant frénétiquement comme si elle pouvait échapper à cette douleur insupportable.
— Regarde ça, murmure Jørgen, un éclat de folie illuminant ses yeux. Sa voix, pleine de mépris et de plaisir, emplit le Diner, résonnant comme une moquerie sinistre.
Le vieil homme recule d'un pas, sa main tremblante peinant à garder le pistolet en joue. La peur dévore son visage, ses lèvres s'agitant sans qu'aucun mot ne parvienne à sortir.
Jørgen, toujours hilare, agrippe la tête de la jeune serveuse avec une brutalité insensée. Il la pousse violemment contre le mur, son crâne heurtant le carrelage dans un bruit sourd. Le choc la laisse désorientée, du sang coulant en une ligne sombre le long de sa tempe.
— Cours, chuchote-t-il finalement, sa voix pleine de moquerie et de mépris, avant de la lâcher d'un geste dédaigneux.
La serveuse s'effondre au sol, haletante et sanglotante, avant de ramper frénétiquement à quatre pattes. Ses mains glissent dans son propre sang, laissant des traces poisseuses derrière elle alors qu'elle tente désespérément de s'éloigner.
— Je vous préviens, je vais tirer ! ajoute-t-il, mais son ton craque sur les derniers mots, dévoilant la panique qui l'envahit.
Håkon murmure quelque chose en norvégien tout en plongeant encore plus profondément ses doigts dans la plaie de sa victime sans prêter attention à rien d'autre. La femme hurle derrière sa paume massive, un son guttural, presque animal, étouffé par la force implacable qui lui écrase la bouche. Le vieil homme, incapable de détourner les yeux, vacille.
Ulrik apparaît derrière lui, son arrivée si silencieuse que l'homme ne remarque même pas sa présence. Il se tient là, immobile. Ses mains, encore tachées de sang, se relâchent à ses côtés. Le vieillard, toujours tremblant, garde le pistolet pointé vers Håkon et Jørgen, avant de se tourner lentement vers moi, ses yeux écarquillés, débordant d'une peur viscérale. Il ouvre la bouche pour parler, mais aucun son ne sort, sa voix étouffée par la panique qui l'étreint.
Ulrik le pousse violemment en avant, le faisant trébucher et perdre l'équilibre. Il vacille et tente de se rattraper, mais s'effondre lourdement dans un bruit sourd. L'arme à feu lui échappe des mains et glisse sur le sol. Avec son calme glacial, Ulrik avance d'un pas avant de lui asséner un coup de pied puissant dans les côtes, lui arrachant un grognement de souffrance. Sans un mot, il saisit brutalement sa veste et commence à le traîner vers le centre de la salle. L'homme se met à supplier, sa voix brisée par la peur et la douleur.
— Pitié... je voulais juste...
Ulrik reste sourd à ses paroles. Il s'accroupit doucement, sa silhouette massive plongeant la pièce dans une tension oppressante.
— Tu n'aurais jamais dû la viser.
Il enfonce la lame dans la gorge de l'homme. Le cri de terreur qui lui échappe est, presque aussitôt, remplacé par un gargouillis sinistre alors que le sang jaillit en une cascade épaisse et sombre. Lentement, méthodiquement, il fait glisser le couteau vers le bas, lacérant la chair avec une précision froide. Le bruit des tissus qui se déchirent, mêlé aux râles d'agonie et à ses hurlements étouffés, emplit la pièce, transformant l'atmosphère en une scène d'horreur insoutenable.
Le liquide écarlate s'étale rapidement autour d'eux, formant une mare poisseuse qui s'infiltre dans les fissures du carrelage. Ulrik, imperturbable, continue jusqu'à ce que le corps cesse de bouger, laissant la lame plantée au milieu de la poitrine dans un geste presque cérémonial.
— Je t'avais dit de rester dehors, Peyton, prononce Ulrik sèchement.
Il se redresse lentement, chaque mouvement empreint d'une maîtrise terrifiante. Ses mains tachées de rouge glissent sur son pantalon avec nonchalance. Je demeure figée, incapable de répondre, mes jambes vacillant sous le poids de la scène qui se déroule devant moi. Mon regard oscille entre le cadavre et la froideur implacable d'Ulrik, une boule de peur et de colère se formant dans ma gorge.
L'odeur âcre et métallique du sang sature l'air, imprégnant mes narines avec une intensité suffocante.
— Il n'allait pas tirer..., murmuré-je, ma voix tremblant alors qu'une larme glisse lentement sur ma joue.
— Je sais, répond-il calmement, sans la moindre trace de remords, avant que les cris déchirants de la serveuse ne retentissent à nouveau dans le Diner.
Ulrik tourne légèrement la tête, le regard sombre.
— Håkon, dépêche-toi de finir, ordonne-t-il d'un ton glacial.
Jørgen éclate de rire, un rire rauque et moqueur qui vibre dans la pièce comme une insulte. Il s'avance nonchalamment vers Håkon, son sourire tordu trahissant un plaisir malsain.
— Quoi, Håkon ? Tu galères ? lance-t-il d'un ton sarcastique.
Il s'arrête à quelques pas, croisant les bras, un rictus narquois étirant ses lèvres. Les sanglots de la jeune femme redoublent d'intensité, résonnant en écho. Elle halète, ses pleurs saccadés manquant de la faire suffoquer, chaque inspiration se transformant en un gémissement désespéré.
— On dirait que t'as un problème... d'efficacité, mon frère. Ça arrive à tout le monde, hein ? Pas de honte à avoir.
Son regard devient plus acéré, et son ton se fait plus tranchant, presque méprisant.
— Si t'arrives même pas à finir ça, faut peut-être te poser des questions... Tu sais, sur ta virilité. Peut-être qu'au fond, t'es pas aussi dur que tu veux le faire croire.
Håkon relève lentement la tête, ses yeux lançant des éclairs, mais il reste silencieux. Jørgen, implacable, poursuit, son rire se transformant en une litanie moqueuse.
— Sérieusement, si tu peux pas gérer une pauvre serveuse qui saigne comme un porc, faut qu'on t'aide ? Ou c'est juste toi qui deviens... impuissant ?
Cette fois, la provocation semble atteindre Håkon, dont les mâchoires se serrent. Ses mouvements se font plus brusques, sa poigne sur elle se raffermit, comme s'il voulait prouver quelque chose, à lui-même autant qu'à Jørgen. Il se penche davantage sur elle, ses doigts encore enfoncés dans sa plaie, tirant un cri déchirant à sa victime.
— Ça suffit ! crié-je en tentant de m'interposer.
Je fais un pas en avant, mais Ulrik réagit immédiatement. Son bras surgit, attrapant le mien. La force de son geste me stoppe net.
— Ne t'en mêle pas, murmure-t-il, sa voix basse et tranchante, presque un avertissement, alors que ses iris sombres se posent sur moi.
J'essaie de me dégager, mais sa prise est implacable, me laissant clouer sur place, témoin impuissant de l'horreur qui continue de se dérouler sous mes yeux. D'un geste brusque, Håkon retire ses doigts ensanglantés, mais seulement pour les essuyer lentement sur son pantalon, comme s'il prenait son temps, savourant le moment. La serveuse, haletante et en larmes, tente de parler, mais ses mots sont asphyxiés par la douleur et la peur. Håkon attrape un couteau sur la table.
— Nyt døden din*, gronde-t-il finalement, sa voix glaciale. * Savoure ta mort.
Il saisit brutalement sa tête, tirant ses cheveux en arrière pour exposer sa gorge. La jeune femme hurle, son cri s'étouffant en un gargouillis lorsqu'Håkon tranche lentement, sa trachée.
Le sang jaillit en une fontaine rouge, éclaboussant son visage et ses vêtements, mais il ne cille pas. Il continue à couper, sa main ferme maintenant le couteau alors qu'il l'enfonce plus profondément, jusqu'à ce que la tête bascule légèrement, son corps retombant lourdement sur la table dans un bruit sourd.
Il relâche enfin sa prise, essuyant la lame sur la nappe comme s'il venait simplement de finir un travail ordinaire. Mes yeux balaient la pièce, s'arrêtant sur chaque cadavre qui jonche le sol. Chaque visage, me frappe comme un coup de poing, mais ce n'est pas la tristesse qui me submerge. C'est la rage. Une colère brûlante qui monte en moi, incontrôlable, dévorante. Les larmes coulent sur mes joues, non pas pour pleurer ces vies perdues, mais parce que je suis furieuse. Furieuse contre eux. Contre Håkon, contre Jørgen. Chaque mort ici est leur faute. Chaque cri, chaque gémissement de douleur aurait pu être évité. Personne n'aurait dû mourir ce soir. Mes poings se serrent, et un sanglot m'échappe, un son rauque, déformé par la rage qui gronde en moi. Ces morts ne sont pas un accident. Ce ne sont pas des victimes du hasard. Ce sont des vies brisées par leur folie, par leur besoin de domination, par leur mépris total de l'humanité.
Je voudrais hurler, mais je reste figée, ma poitrine se soulevant sous le poids d'une colère que je ne peux contenir. Håkon tourne lentement la tête vers moi, son regard chargé de dégoût me transperçant comme une gifle silencieuse.
— Putain, ça m'a creusé, balance Jørgen en attrapant une frite dans l'assiette, la mâchant bruyamment.
Håkon se rassoit à sa place, imperturbable, et reprend son hamburger comme si de rien n'était. Les voir manger, tranquillement, à quelques mètres du cadavre encore chaud de la pauvre serveuse me retourne l'estomac. Son regard vitreux, figé dans l'horreur, semble me fixer, et je détourne les yeux, luttant contre la nausée qui monte. Un bruit sourd venant de la cuisine, nous faisant tous tourner la tête.
— Ah, tiens, j'avais presque oublié celle-là, soupire Jørgen, un sourire mauvais aux lèvres, avant de se lever et de se diriger nonchalamment vers les portes battantes.
Un vacarme fracassant retentit et, rapidement un jeune homme surgit, un tabouret fermement serré entre ses mains tremblantes. Son regard affolé balaie la pièce, passant des corps ensanglantés éparpillés au sol à nous, figés dans une terreur palpable.
— Ne vous approchez pas ! J'ai appelé les flics ! hurle-t-il, sa voix chevrotante, brandissant son arme improvisée, le balançant nerveusement dans toutes les directions.
Jørgen éclate d'un petit rire sec, appuyé contre les portes battantes.
— Vraiment ? demande-t-il, le ton chargé de sarcasme.
Il fait un pas en avant, son regard amusé rivé sur le cuisinier qui lui recule. Ulrik s'avance tranquillement vers lui.
— Ça me paraît difficile, tu vois, sachant qu'on a un brouilleur qui coupe tout réseau dans le coin.
Jørgen incline légèrement la tête, son sourire se faisant plus carnassier.
— Donc, soit tu es un menteur, soit... tu as une jolie petite radio planquée quelque part qui permet de joindre directement le poste de police, ajoute-t-il, son ton mielleux teinté de menace.
Le jeune homme recule d'un pas, le souffle court, son tabouret tremblant dangereusement entre ses mains. Jørgen s'avance, lentement, savourant chaque instant, son regard scintillant d'une lueur sadique. Håkon s'essuie la bouche avec une serviette, son geste mesuré contrastant avec l'atmosphère chaotique qui règne dans la pièce. Puis, sans un mot, il se lève, sa silhouette massive ajoutant un poids oppressant à la scène.
Le jeune homme, déjà nerveux, commence à reculer instinctivement, ses yeux s'agrandissant de panique lorsqu'il réalise qu'il est désormais encerclé. Une goutte de sueur perle sur son front, glissant lentement le long de sa tempe.
— Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant, petit chef ? murmure-t-il, son ton moqueur tranchant comme une lame.
— Je ne dirai rien, je vous le promets... laissez-moi partir, pitié.
Ses mots s'étranglent presque dans sa gorge, chaque répétition devenant plus désespérée. Son regard passe frénétiquement de Håkon à Jørgen, cherchant une once de pitié, une chance de s'en sortir. Mais leurs expressions restent glaciales, indifférentes, comme si ses paroles n'étaient qu'un bruit de fond insignifiant.
— Non, on va plutôt s'amuser avec tes tripes, lâche Jørgen, sa voix sonnant comme une sentence.
L'homme blêmit, ses yeux s'écarquillant sous l'effet d'une terreur pure. Sans réfléchir, il se met à courir vers la sortie, ses pas désordonnés résonnant sur le sol collant de sang. Mais je me trouve sur son chemin.
Dans sa panique, il brandit le tabouret, visant ma tête dans une tentative désespérée de se frayer un passage. Avant que je ne puisse réagir, Ulrik surgit. Sa main se referme comme un étau sur l'arme improvisée. Avec une force sèche et brutale, il l'arrache et le projette en arrière. Il perd l'équilibre, son corps s'écrasant lourdement au sol dans un bruit sourd.
Le souffle coupé, il tâche de se relever, mais son regard terrifié croise le mien. Une vague d'impuissance me traverse. Mais avant que je puisse esquisser un geste, Håkon est déjà sur lui.
D'un mouvement implacable, Håkon saisit ses bras et les retourne. Un craquement horrible retentit lorsque ses os se brisent, les fragments déchiquetant la chair. Ses hurlements emplissent la salle, un cri guttural et strident. Ulrik, imperturbable, s'avance. Son regard, voilé par une haine froide et impénétrable, se fixe sur sa proie. Sans un mot, il ramasse une fourchette sur la table voisine et la plante brutalement dans son œil gauche. Le métal déchire la paupière et s'enfonce profondément, un bruit humide et écœurant résonnant à travers la pièce.
Son cri atteint un nouveau sommet, strident et inhumain, tandis qu'un mélange de sang et de liquide oculaire s'écoule en un filet épais et poisseux.
Ulrik tourne l'ustensile avec une lenteur délibérée, broyant les tissus mous, les os de l'orbite craquant sous la pression. Le sang jaillit, éclaboussant Ulrik, mais il ne cille pas. Le silence tombe soudainement lorsque l'homme s'écroule, son corps convulsant une dernière fois avant de s'immobiliser. Ulrik se redresse, essuyant son visage d'un revers de main, son expression toujours aussi glaciale.
La pièce est désormais plongée dans une atmosphère oppressante, le bruit des gouttes de sang tombant sur le sol se mêlant au martèlement de mon propre cœur.
— Ah, t'étais là, ma jolie, murmure Jørgen en se penchant par-dessus le comptoir.
Il fait le tour de celui-ci et y tire la jeune serveuse par la cheville. Son visage se tord de douleur, mais elle ne peut que produire un gémissement étouffé, sa bouche incapable de former un cri.
— T'inquiète pas, souffle Jørgen en la traînant sur le sol visqueux. Ça va être vite fait, promis.
Il la soulève avec une facilité effrayante et la plaque contre le comptoir, son ventre écrasé contre le bois. La serveuse tente de se débattre, ses mains glissant sur la surface poisseuse, mais ses mouvements sont désordonnés, affaiblis par le sang qu'elle a déjà perdu à cause de sa blessure au flan. Chaque effort paraît lui coûter cher, ses gémissements étouffés par la douleur et sa mâchoire fracturée. Ses jambes s'agitent mollement, mais elles n'ont pas assez de force pour repousser Jørgen, dont la posture la domine entièrement.
— Reste tranquille.
Je ne peux pas rester sans rien faire. Pas encore. Mon cœur bat si fort qu'il semble vouloir éclater, et avant même que ma raison ne prenne le dessus, mes doigts tremblants s'emparent du pistolet abandonné par le vieil homme. Le métal froid et lourd contre ma paume me donne un frisson, mais je n'hésite pas. Pas cette fois.
— Jørgen, écarte-toi d'elle !
Ma voix éclate, rauque et vacillante, mais elle parvient à briser l'élan du monstre. Il se fige, son sourire disparaissant peu à peu alors qu'il se tourne lentement vers moi. Håkon plus loin émet un bref rire hautain. En revanche, reste immobile. Il ne dit rien, mais son regard intense, presque perçant, est rivé sur moi. Une tension sourde émane de lui. La serveuse pousse un faible gémissement, ses larmes se mêlant au sang qui s'écoule de sa mâchoire disloquée.
— Sérieusement ? Tu crois vraiment que tu vas tirer ? lâche Jørgen, un rictus moqueur déformant ses lèvres, sa voix dégoulinant de sarcasme.
Je lève le pistolet, mes mains tremblant tellement que le canon vacille, mais je le garde braqué sur lui.
— Écarte-toi, Jørgen. Maintenant.
Il ricane, secouant légèrement la tête.
— Fais-le, alors. Tire-moi dessus. Allez, montre-moi que t'en es capable.
Je serre les dents, mon souffle court.
— J'ai dit... ÉCARTE-TOI D'ELLE !
Ma voix se brise sous l'intensité de mes émotions. Pour la première fois, Jørgen semble hésiter.
— Tu sais, tu commences vraiment à m'agacer avec tes interventions moralisatrices.
Malgré la peur qu'il me provoque en cet instant, le regard apeuré que me lance cette fille ne me laisse pas le choix. J'abaisse lentement la culasse du pistolet. Le cliquetis métallique résonne dans l'air.
— Tue-la. On part, maintenant, ordonne Ulrik, son ton sec tranchant comme un couperet.
— Non ! Pas elle ! criai-je, ma voix déraillant sous l'émotion.
Je m'avance d'un pas, mais avant que je ne puisse agir davantage, Ulrik se retourne brusquement. Son regard me transperce, sans âme. Il m'arrache le pistolet des mains avec une facilité déconcertante. Le métal glisse hors de ma prise tremblante, et je reste paralysée, le souffle court.
— Ulrik, s'il te plaît...
Il ne montre rien. Son visage est un masque impénétrable, dénué de toute émotion. Je sais que mes mots ne le toucheront pas.
Jørgen, de son côté, serre les dents, visiblement contrarié par l'interruption, mais il finit par hausser les épaules.
— Très bien. De toute façon, l'ambiance devient ennuyeuse ici.
D'un geste vif, il attrape sa tête, lui tirant les cheveux en arrière avec une force brutale. Ses hurlements, étouffés par sa mâchoire fracturée, se transforment en gargouillis lorsque la lame de Jørgen traverse sa gorge dans un mouvement sec et précis.
Le sang jaillit aussitôt, une gerbe chaude et poisseuse éclaboussant le comptoir et le visage de Jørgen, qui ne cille même pas. Le bois vieilli est taché de ce liquide écarlate, qui coule finalement en une cascade pour former une mare sous leurs pieds.
Je reste figée, incapable de détourner les yeux, je suis paralysée par l'horreur. Les gouttes qui ruissellent sont presque assourdissantes, se mêlant au gargouillis de la serveuse qui s'accroche désespérément à sa vie.
Jørgen relâche son emprise, laissant le corps de la jeune femme s'effondrer lourdement contre le comptoir, ses mains griffant faiblement le bois dans un dernier réflexe.
Je veux crier, mais aucun son ne sort de ma gorge. Mon regard croise celui d'Ulrik. Ses yeux sont impassibles, comme s'il ne voyait qu'un détail insignifiant.
— On y va, maintenant, ordonne Ulrik d'une voix calme, presque blasée.
Jørgen se passe la langue sur les lèvres, le visage éclaboussé de rouge, et éclate d'un petit rire.
— Toujours aussi pragmatique, grand frère, ricane-t-il, avant de s'éloigner nonchalamment, ses pas résonnant sur le carrelage collant de sang.
Je reste là, figée, incapable de bouger, incapable de comprendre comment tout cela a pu arriver.
A suivre...
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