8.
Larmes séchées chaque matin avant de partir à l'entrainement. Sourire faux plaqué sur son visage. Douleur impossible à oublier. Gorge nouée. Écran du téléphone qui s'allume. Appel rejeté.
— Il faudrait que vous discutiez.
Il sursaute.
— Il n'y a rien à dire.
Soupir de l'ami.
— Il y a beaucoup à dire. C'est très certainement un malentendu, Robert t'aime plus que tout.
Regard noir lancé. Peine qui revient. Larmes qui montent. Ça roule sur les joues pâles.
— Marco...
Corps entrainé dans une étreinte. Tête enfouie dans le torse.
— Non, tu comprends pas. Des personnes qui ont tenté de l'embrasser par surprise il y en a eues, et je lui en voudrai jamais pour une personne qui serait intéressée par lui et lui tournerait autour. Mais là ils étaient qu'à deux... dans une chambre... Et...
Sanglots qui entrecoupent la phrase. Image qui flotte devant ses yeux. Les doigts de Joshua sur lui. Leurs bouches liées.
— Et j'étais pas censé être à la soirée. Peut-être qu'il était parti parce qu'il ne m'aimait plus.
Bras qui le plaquent un peu plus encore. Il étouffe presque.
— Je t'accorde qu'il n'est pas doué pour les relations à distance. Mais j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi amoureux. Je te rappelle que j'ai compris votre relation aux regards que vous échangiez. Et il a toujours le même regard quand il te regarde. Ses yeux ne se sont pas décrochés une seule seconde de toi pendant le match. Il avait son sourire débile à chaque fois que tu t'intéressais à lui, même si ce n'était qu'une seconde.
Ce n'était pas suffisant. Il pouvait faire autre chose. Il pouvait avoir envie de ne pas finir ses soirées tout seul. Il pouvait l'avoir remplacé pour ça.
— Peut-être qu'il s'ennuie.
Menton relevé. Larmes essuyées.
— Parle avec lui Marco. Tu ne vas pas bien et lui non plus. Thomas m'a dit qu'il ressemble à un zombi à l'entrainement et qu'il ne sort plus.
Rire las.
— Pas la peine de sortir si t'as l'amant à domicile.
Regard levé au ciel.
— Peut-être, mais Joshua est aux soirées, il les finit seul avec ses deux débiles de meilleurs amis donc ce n'est clairement pas pour ça qu'il ne vient pas.
x x x
Cloche de l'entrée qui sonne. Il se déplace sans envie. Porte entrouverte. Rapidement refermée. Pied qui s'y glisse. Ça force de l'autre côté. Épaule pour l'en empêcher.
— Marco. Ouvre-moi. S'il te plait.
Cette voix. Grave. Douce. Fébrile. Blessure au cœur qui se réouvre.
— Laisse-moi Robert. Je ne veux pas te voir.
Larme écrasée. Sanglot étouffé.
— Marco. S'il te plait.
Mains refermées. Ongles s'enfonçant un peu dans la chair. Ne pas céder. Être fort.
— Coco, il faut vraiment qu'on discute. J'ai fait huit cent kilomètres pour te voir.
Il rêve d'ouvrir cette porte. L'ouvrir et se jeter dans ses bras. Et l'embrasser. Et être aimé. Mais c'était terminé. Il éclate en sanglots. La porte cède. Il se laisse tomber au sol. Genoux recroquevillés. Mur dans le dos. Visage inquiet distingué au milieu des yeux brouillés de larmes.
— Coco...
Plus grand qui s'assoie un peu plus loin. Silence brisé par les sanglots. Il aimerait qu'il le serre dans ses bras. Qu'il lui dise que ce n'était qu'un cauchemar. Le fruit de son imagination. Il le voit se rapprocher. Mouvement enclenché dans sa direction. Il éloigne son épaule de cette main. Bras repliés autour de son ventre. Protection contre l'ancien amour.
— Pour toi.
Sourire timide. Paquet tendu. Main qui finit par s'en saisir. Soupir de soulagement. Doigts qui détachent lentement le ruban et le papier cadeau. Chocolats. Ses préférés. De sa boutique préférée. De sa ville adorée. Cadre photo. Eux deux. Enlacés. Il avait supplié Mario de lui donner la version haute qualité. Des jours à le travailler. Il avait fini par céder.
— On peut discuter ailleurs ?
Il l'entraine autre part. Maison qu'il connaissait par cœur. Un dans un fauteuil. Un dans le canapé. Et le silence impossible à briser.
— J'étais jaloux d'accord. Parce que t'avais été le voir avant moi comme si je n'existais pas. Parce que tu ne m'avais même pas dit que tu venais, que j'étais plus censé y être et que t'étais là à rire avec Mario à qui j'avais dit que je venais pas. J'ai flippé. J'ai cru que... Je me plaignais de la vie et de cette soirée. Je savais pas qu'il était intéressé. Il m'a embrassé. Je l'ai repoussé.
Regard rougi qui se relève.
— De bien belles paroles. J'ai aucune preuve que tu ne couches pas avec lui à chaque putain de soirées pendant que je suis ici, loin de toi. Que tu lui fais pas les mêmes promesses que j'ai été un imbécile de croire. Celle de l'aimer pour toujours pour te barrer dans le prochain club quand tu te seras lassé de ton nouveau jouet.
Cœur toujours serré. Il voulait y croire. Il avait peur d'y croire. D'être le dindon de la farce. Il repartirait peut-être d'ici une demi-heure quand il l'aurait pardonné. Facile. Il n'était pas là-bas. Mario n'était pas partout.
— Marco...
Doigt qui montre le cadre posé sur la table.
— C'est ça que je veux. Ça dont je rêve toutes les nuits. Je te veux toi. Et un jour, bientôt, je reviendrai à Dortmund et on fera notre vie ensemble. Parce que je sais que c'est ta ville et que tu la quitteras pas. Et parce que je t'aime plus que tout.
Ça se déplace. Main déposée sur sa joue. Cœur qui s'emballe. Ne pas le croire.
— C'est ça que tu lui dis à lui aussi ? Est-ce qu'il est aussi naïf que j'ai pu l'être ?
Mots semi crachés.
— Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus Marco ? Kimmich est un gars entreprenant qui a cru que j'étais célib, rien de plus.
Pause marquée.
— J'ai son message en preuve. Si tu veux.
Regard intéressé. Il tend le téléphone.
Hey Rob. Désolé pour hier, je sais pas ce qui m'a pris, je pensais que toi aussi... Bref. Désolé. Ça ne se reproduira pas. J'espère que tu m'en voudras pas. A+
Plaie brutalement refermée. Il est perdu. Ça ne pouvait pas être juste ça. C'était trop simple. C'était trop débile. Il y avait forcément plus. Il ne pouvait pas avoir pleuré des nuits entières à cause d'un simple malentendu. Peut-être que c'était un faux. Un plan avec le blond du Bayern.
— Marco, je sais que ton ex t'as trompé, mais même si on devait être éloigné pendant un an je ne le ferai pas. Je crois que tu ne comprends pas à quel point les autres me paraissent banals depuis que je t'ai rencontré.
Doigts qui glissent sur son visage. Larmes sur les joues doucement essuyées. Idée éjectée de l'esprit sous le contact.
— Je sais que tu souffres de la distance. Mais je t'aime, je reviendrai bientôt et on sera heureux à deux. Et je ne foutrai jamais notre histoire en l'air pour une aventure inutile en soirée, parce que c'est ton absence qui provoque un vide en moi et pas le fait de ne pas avoir quelqu'un avec qui passer mes nuits. T'es ce qui est arrivé de mieux dans ma vie Marco, ma seule certitude et mon unique source de bonheur. Dis-moi que tu me crois au moins.
Yeux bleutés embêtés. Prunelles attristées et terrifiées. Iris attendant la sentence qui allait nécessairement tomber.
— Jure-le moi Rob. Jure-moi que c'est la vérité. Jure-moi que tu ne me feras plus jamais des promesses que tu ne tiendras pas.
Coup de poignard en plein cœur. Référence à son départ. Menton relevé. Regard capturé.
— Je te le jure Marco.
— Pourquoi t'es pas venu me voir quand j'étais avec Mario ?
Véritable curiosité.
— Je pensais que tu voulais pas de moi.
Faux. Ce n'était pas ça.
— Je pensais qu'il m'avait remplacé.
Rire qui éclate. Cristallin, lumineux. Marco...
Iris qui le suivent alors qu'il se déplace. Genoux déposés d'un côté et de l'autre de ses cuisses. Mains qui entourent son cou. Il ose pas aller glisser les siennes au bas de son dos. L'attirer plus à lui. Rapprocher leurs torses. Il laisse faire. Prunelles vertes allumées.
— Sache que je veux toujours de toi Robert Lewandowski. Et aussi que tu es un imbécile d'avoir cru que je pouvais voir Mario autrement qu'en tant qu'ami et confident. Il aura fallu longtemps pour que je découvre que ton pire défaut est ta jalousie maladive envers mon meilleur-ami.
Moquerie dans les iris.
— Tu me pardonnes ?
Léger hochement de tête.
— Laisse-moi y réfléchir un peu.
Petit sourire. Les lèvres se posent sur les autres. Fermes. Assurées. Bonheur indescriptible qui traverse son organisme. Doigts qui encadrent les hanches. Cuisses qui glissent sur les autres. Bassin rapproché. Petit-ami qui était toujours frêle entre ses mains. Comme s'il pouvait le briser. Visage qui se recule. Air réinspiré. C'était vide.
Épaules plaquées dans le canapé. Il avait oublié ce que c'était de se laisser guider. Son blond ne lui laisse aucune autre option. Dents jouant dans son cou. Frissons qui le transpercent. Regard dur qui capte l'autre.
— La prochaine fois que Kimmich te fera des avances. Tu serais bien inspiré de lui rappeler que tu m'appartiens.
Doigts qui se portent là où le blond jouait quelques instants plus tôt.
— Je crois que tu viens de le faire pour moi non ?
Sourire malicieux rapidement capturé. Rire étouffé au passage.
x x x
Il lui plait comme ça. Tête qui tourne. Folie passagère. Désir libéré.
— C'est ça ta définition de l'amour Marco ?
Blond qui a fini par l'écraser. Souffle qui bat rapidement dans son oreille.
— Pas que. Ça c'est aussi ma définition de tu m'appartiens et je te le rappelle au cas où tu l'aurais oublié.
Ça avait fonctionné. Et il s'en rappellerait. Doigts qui caressent le dos dénudé. Organismes comprimés. Lèvres délicatement déposées sur la joue. Et puis sur le nez. Tête qui se niche contre lui. Mains qui s'agrippent à lui.
Et c'était beaucoup trop. C'était tout ce qui lui manquait. Le contact. La douceur. Le silence. Les doux bisous. Le sentir s'endormir contre lui. Passer la nuit à ses côtés. Le réveiller d'un mot chuchoté. Avoir une personne avec qui rigoler. Avoir une oreille à qui se confier. Avoir ses sourires en réponse quand il avait des histoires à lui raconter. Lui à ses côtés en permanence. Ça lui manquait tellement plus. C'était bien mieux aussi. C'était sur la durée. C'était toute la journée.
Lèvres qui se déposent naturellement sur le front. Doigts perdus dans les mèches dorées. Mains qui se mêlent. Il ne veut pas que ça s'arrête. Il le sent qui tombe dans le sommeil. Il l'attire encore un peu plus à lui. Respirations plus lentes. Léger murmure.
— C'est ça, ma définition de l'amour Robert.
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