Tout le reste de la journée son regard reste figé dans ma mémoire. Ses deux yeux gris, si beaux mais autant intriguant que perturbant. Jenny remarque très vite mon malaise et me demande:

- Tout va bien ?

Je me contente d'hocher la tête. Puis je baisse les yeux vers le sol qui me paraît très intéressant tout un coup. Soudain une main se pose sur mon épaule. Je me retourne et me retrouve face au visage radieux d'Harry, le sourire jusqu'aux oreilles.

- Hey ! Luna !! Comment ça va ?

Je ne peux m'empêcher de sourire. Il faut avouer que ce garçon est très séduisant; ses cheveux blonds platine retombe frénétiquement sur son front, ses yeux sont d'un bleu azur, il a un petit nez retroussé et une bouche aux contours très fins.

- Oui ça va et toi ? je finis par répondre.

- Moi ça va. Allez venez on va se chercher un p'tit truc à la cafétéria.

Jenny lui sourit et nous nous enfonçons dans la foule de lycéens en pleine conversation. Il m'attrape par la main et me fraye un chemin entre tous ses adolescents.

Je suis mal à l'aise, mais je le laisse me tenir la main. Il semble le sentir et il l'a lâche. Nous déposons nos plateaux sur une table ronde près de l'entrée. Jenny s'assoit et je m'empresse de m'installer à coté d'elle. Harry se positionne face à moi. Il regarde son assiette et commence à jouer avec ses haricots verts à peine cuits. Jenny rigole. Je reste de marbre trop perturbée par mes rêves et ce garçon aux yeux gris. Harry essaye d'attirer mon attention en prenant des accents différents. Et il y parvient!

- Pourquoi fais- tu la tête petite lune ? Il me demande avec l'accent canadien.

J'explose de rire. Il imite l'accent à la perfection et son regard insistant très sérieux ma fait craquer. Il sourit et rit à son tour.

- Je t 'ai trouvé un surnom.

- Lequel ? dis-je.

- Petite lune. Ça sonne si bien !

Je ris à nouveau. Mais soudain Éden apparaît dans mon champ de vision. Je me retourne et l'observe. Il s'assoit, seul à une table derrière moi. Et son regard argenté me fixe. Des filles viennent le rejoindre, il se tourne vers elles et répond poliment à leur question mais se retourne très vite pour me faire face, écoutant leur conversation d'une oreille distraite. Les filles soupirent et finissent par s'en aller. Je suis réveillée par un claquement de doigts juste devant mes yeux.

- Luna ? me dit Jenny

- Oui pardon.

Je me retourne une dernière fois mais Harry le remarque et se décompose. Il en pince pour moi cela se sent. Pour l'instant j'ai juste besoin d'amis, pas de relation sérieuse.

Ce soir là, je me dépêche de rentrer.
Sur le chemin du retour, je sens une présence derrière moi. Comme si j'étais surveillée. Je me retourne à plusieurs reprises. Rien. Je secoue la tête, pensant que ce n'est que mon imagination qui me joue des tours.

Arrivée à la maison je dis bonjour à ma
mère et lui demande si je peux commander un truc et le manger dans ma chambre, je n'ai aucune envie d'assister à une réunion familiale. Elle soupire et finit par dire oui.

Je m'engouffre dans ma chambre, me jette sur mon lit et m'endors. Je suis très vite réveillée par des petits cognements à la fenêtre. J'ouvre et me retrouve nez à nez avec Éden. Il porte un simple t-shirt noir dévoilant son torse musclé et un pantalon qui lui va parfaitement. Il me lance un sourire malicieux. Je me méfie.

- Que veux tu ? Et puis comment as -tu trouvé où j'habitais ?

- Bah je viens pour l'exposé tu te rappelles?

- Oh l'exposé c'est vrai j'avais oublié ! Mais ça ne t'empêche pas de prévenir! Tu verrais la tête de ma mère si elle apprenait qu'un inconnu a escaladé le mur pour venir faire un exposé! Il rit timidement.
- Oui et je t'ai suivi. Pour  te surveiller.

-Quoi pour me surveiller ? Je m'exclame.

Éden s'empourpre et baisse les yeux sur ses chaussures.

Bon allez viens! dis-je . Tu as faim ?

- Oh que oui !

Nous commandons des pizzas et passons une petite heure à travailler qui est vite suivit d'une longue discussion d'ado. Je me détends au fil de la soirée. Je suis très vite à l'aise.

Lorsqu'il commence à se faire tard, Éden se lève et se dirige vers le balcon. Je le rejoins. Il se retourne et me contemple d'un air interrogateur.

- C'est vrai que tu es surnommée "petite lune " ?

Je rougis se qui le fait éclater de rire. Mon visage décomposé par la honte doit l'amuser.

- Je trouve ça mignon... Il lance avant de partir.

Je le regarde descendre le mur aussi habile qu'un chat jusqu'à ce que son ombre remplisse les ténèbres.

Je soupire, retourne dans ma chambre et souris. Pendant quelques instants je me suis sentie importante à ses yeux. Il a le don de me rendre heureuse.

De quoi sera -fait demain ?