"Aujourd'hui j'ai pensé à Max en repassant un des sweat de Léo. J'ai rencontré Max il y a déjà 15 ans. On était amoureux, je passais plus de temps qu'il n'en aurait fallut avec lui. J'étais plutôt douée dans les études mais même les élèves les plus assidues peuvent échouer s'ils ne sont plus aussi assidues. Je n'ai pas eu mon diplôme d'art, mes parents qui ne voulaient déjà pas que je suive cette voie m'ont mise à la porte en apprenant que je n'avais même pas eu ce bout de papier si important à mes yeux. 

Trois ans après notre rencontre je suis tombée enceinte. On vivait dans un petit appartement, on galérait pas mal. J'enchainais les petits boulots et Max était déterminé à gravir les échelons. On ne s'est pas vu beaucoup durant ma grossesse mais je préférais cela que d'être totalement seule. Retrouver du travail avec un enfant à été dur, voir impossible. Les jeunes étudiants avaient besoin de ces boulots à mi temps et les jeunes mères passaient à la trappe. Léo était souvent malade petit alors  je me suis fait virée des seul postes que j'avais trouvé. Aucune mère ne laisse sa progéniture seul avec une nourrisse qu'elle connaît à peine quand il ne va pas bien. C'est impensable. J'ai pris une pause et Max a jugé que c'était peut être mieux qu'elle soit définitive.

Assumer le rôle de femme au foyer n'a rien de facile. On s'effectue à des tâches répétitives dont on ne voit pas le bout. Il y'a toujours quelque chose à faire dans une maison. Notre famille part à leur vie active et votre communication avec eux diminue peu à peu comme si vous étiez une bonne. On ne s'intéresse plus à vous ni à vos journées et un jour c'est vous qui ne voyez plus d'intérêt à vous préoccuper de vous même. D'après Max je ne pouvais pas comprendre ce qu'il vivait, "comment une femme au foyer le pourrait?" J'ai bien essayé de retrouver un emploie mais je n'avais pas idée de combien la tâche serait  ardue après avoir prit une pause pour s'occuper de son enfant. Ils vous reprochent de ne pas avoir assez de temps car vous avez un enfant en bas âge  et quand l'enfant grandie et que vous pouvez assumer vos horaires ils ne veulent toujours pas de vous.

Un jour, dans ma chambre vide, j'ai réfléchie. Max et moi étions deux coquilles vides. Il n'y avait plus de communication, plus d'amour. A quoi bon continuer? 

Alors me voilà, 15 ans plus tard, à 38 ans. J'ai parfois l'impression que ma vie est finie. Qu'à partir de la quarantaine on ne peut plus avoir de rêves ni d'objectifs, enfin c'est ce que je me pensais.

J'ai suivie un conseil d'une des ratées du forum. J'ai établie une liste de mes envies et je n'avais pas idée de combien elles pouvaient être nombreuses. 

Plus tard dans la journée. Nathan est arrivé comme tous les vendredi soir. Ma petite tête blonde préférée s'est pointé, pizza et réconfort entre les mains. Il m'a serré dans ses bras et est rentré. Il était en sweat à capuche et jogging comme à son habitude. A 25 ans ce n'est peut être pas surprenant mais je doute que cette habitude le quitte un jour.  

Nathan est mon petit frère. Pot de colle numéro 1, emmerdeur par excellence, professionnel dans l'art de me mettre hors de moi quand il le souhaite mais je ne saurais faire sans lui. Et aujourd'hui il n'était pas seul. Un de ses amis est venu lui aussi. 

Nathan a allumé la console et m'a envoyé une manette. C'est à une bonne vielle partie de Mario que se résume nos vendredis et ça ne me déplait pas. Aujourd'hui Léo est chez son père. 

"Alors petite sœur, comme ça on met à mort un pauvre pc et on cache le corps juste après? " s'est-il esclaffé alors que je choisissais un personnage. 

Je lui ai demandé si Léo lui confiait vraiment tout. Ma question ressemblait d'avantage à un soupire qu'autre chose. Léo lui a lâché une bombe, il ne me lâchera jamais avec le meurtre de Robert. Oui Robert, il fallait bien que je lui donne un nom. 

Plus tard, Nora est arrivée. Nos parties de console sont toujours interrompues par elle. C'est une tradition du vendredi soir. Vendredi soir c'est le jour du bilan, je n'ai jamais Léo ce jour là. Vendredi soir c'est l'instant de l'interrogatoire. Nora ma meilleure amie et Nathan qui ne se supportent soit disant pas s'associent pour se la jouer Sherlock et Watson. On passe en revue mes options, ce qui a bougé. J'ai l'impression d'être aux alcooliques anonyme sauf que moi ce dont je ne peux m'empêcher c'est d'être une ratée. 

Aujourd'hui mes deux enquêteurs n'étaient pas seul. Quelque peu en retraits, un ami de Nathan est venu. Il s'appelle Jake, ils sont amis depuis quelques années, je le connais vaguement. Ils étaient ensemble avant que Nathan viennent alors je lui ai proposé de l'emmener.  

Allongés sur le canapé, il observait du coin de l'œil le soit disant instant confession dont je ne peux échapper. J'aurai pu leur parler du forum, de la liste d'envie que j'avais rédigé mais je n'ai pas osé. C'était trop bête, trop ringard même pour moi. Alors j'ai enfoncé ma petite liste dans ma poche sans dire un mot. 

A la fin de la soirée, quand il a fallut se dire en revoir, Jake s'est approché moi. Il était aussi grand que mon frère si ce n'est pas plus bien qu'ils ai le même âge. Il m'a tendu un petit papier en manifestant toujours cet air indifférent qui le caractériserait presque.

"Viens à cette adresse, j'ai un petit café, ce n'est pas grand chose mais tu auras tout de même un taffe" m'a-t-il soufflé. 

Un des souhaits de ma liste vient de s'exaucer les amis qu'en sera-t-il des suivants?

Aller bonne nuit mes petits ratés, 

Xoxo les loosers"