Chapitre 9
Hermione soupira profondément.
- Quel soupir...
- Bordel ! s'exclama la jeune femme, une main sur le cœur. Severus... Tu m'as fichu une peur bleue ! Ne refais jamais ça !
- Toi tu as besoin de prendre des vacances... marmonna alors l'homme.
- Et des longues... marmotta la jeune femme.
- Tu dis ?
- Non, rien... Tu veux quelque chose en particulier ? Je suis débordée... Au passage, les gens civilisés frappent aux portes avant d'entrer chez les gens...
Rogue haussa un sourcil puis esquissa un sourire et croisa les bras.
- Hermione, ne va pas me faire croire que tu as du travail par-dessus la tête un samedi après-midi, si ?
- Si. J'ai une centaine de copies à corriger pour lundi... répondit la jeune femme. Alexandre refuse de s'endormir, Jason me fait la tête...
Rogue décroisa les bras et s'approcha de son ancienne compagne.
- Jason te fait la tête ? Pourquoi ?
- A ton avis ? siffla la Gryffondor en regardant vers le berceau posé sous la fenêtre de son bureau. Depuis qu'Alex est né, Jason a l'impression d'être invisible...
- C'est un peu normal, non ? Il était comme ça quand tu as eu tes jumelles ?
- Oui... Mais il avait six ans de moins et à cet âge-là on peut comprendre mais maintenant, il a onze ans...
- Hermione... Peut-être que Jason a pensé t'avoir à lui tout seul en allant à l'école dans le même établissement où tu travailles...
- Tu es en train de me dire que je ne suis pas assez présente pour mon fils ?
- Déjà c'est notre fils, dit Rogue. Et ensuite, oui. Toute ta vie tu as bossé de septembre à juin ici, en ne rentrant que pendant les vacances de Noël et quelques fois le weekend quand l'un de tes enfants était malade ou je ne sais quoi d'autre. Rappelle-moi combien de fois tu as passé deux semaines entières chez toi sans mettre les pieds à Poudlard ?
Hermione serra les mâchoires. Il avait raison et elle le savait parfaitement.
- Ok, dit-elle. T'as raison, j'ai besoin de vacances... mais un peu, deux trois jours seulement...
- Non Hermione, pas deux ou trois jours, deux ou trois mois !
- Mois ?! Non, non, Severus, il est hors de questions que je quitte mon travail pendant trois mois !
- Hermione nom d'un Dragon ! tonna soudain l'homme. Tu as eu un bébé il n'y a même pas une semaine et tu es restée moins de vingt-quatre heures à l'Infirmerie ! Tu as besoin de te reposer !
- Pour Jason aussi... se défendit la jeune femme en croisant les bras.
- Mais tu avais dix ans de moins et j'étais là !
Hermione serra les mâchoires et plissa ses yeux chocolat. Rogue reprit :
- Et ne me regarde pas de cette façon, tu me connais, je ne céderais pas.
- Tu n'es pas mon mari, Severus...
- Non, je le sais parfaitement, cependant je te connais depuis trente ans ! Je sais que tu es une acharnée du travail et que tu serais capable de donner tes cours depuis un lit d'hôpital, mais là non Hermione, je dis stop. Tu as eu un bébé, tu dois te reposer et t'occuper de lui. Et Lewis dans l'histoire ? Il a vu son bébé quand ? Pendant les deux jours qu'il a passé ici alors que tu venais d'accoucher ? Non, ça ne doit pas se passer comme ça.
- Et comment ça se passerait autrement ? Hein ? répliqua la jeune femme.
- Je vais aller voir McGonagall et on verra ce qu'elle en dit.
Hermione serra violemment les mâchoires. Elle était furieuse, hors d'elle, mais elle savait aussi que, quoi qu'elle dise, l'homme en face d'elle ne courberait pas l'échine. Elle aura beau lui sortir toutes les raisons et excuses qu'elle connaissait, il ne céderait pas d'un pouce et l'enverrait de force chez elle, quitte à l'y emmener lui-même si elle opposait une quelconque résistance.
- Ok, dit-elle soudain. T'as gagné, je vais aller me reposer.
- A la bonne heure ! Va faire tes bagages alors.
- Non, non, je n'ai pas l'intention de partir maintenant.
Rogue serra les poings.
- Hermione !
- Et arrête d'aboyer comme ça ! dit la brunette en fronçant les sourcils. J'ai bien trop de travail pour partir sur le champ. Qui me remplacerait hein ?
- Nous feront venir un professeur du Ministère, comme à chaque fois que l'un de nous manque à l'appel.
La jeune femme soupira. Elle chassa soudain l'homme d'un geste de la main et Rogue tourna les talons, en colère. Il traça ensuite jusque chez McGonagall et trouva celle-ci en train de boire le thé avec deux femmes de son âge.
- Au pardon, mesdames, j'ignorais que vous aviez de la visite, Minerva...
- Ce n'est rien, Severus, répondit la Directrice avec un signe de tête. Vous avez à me parler ? demanda-t-elle en posant sa tasse devant elle.
Toutes trois se trouvaient autour d'un petit guéridon de bois au pied en fer forgé et elles piochaient allègrement dans une boîte de gâteaux qui avait dû être pleine quelques heures plus tôt.
- Rien d'urgent, je voulais simplement vous parler d'Hermione...
- Ah ? Que se passe-t-il ?
- Il se passe qu'elle a eu un bébé et qu'elle est encore ici !
- Vous parlez de Miss Hermione Granger ? demanda la vieille sorcière à droite de McGonagall. Vous avez eu un autre enfant ensemble ? Tu ne nous en avais rien dit, Minerva !
- Nous sommes séparés, grogna Rogue. Depuis onze ans...
- Ah oui ! Merlin que je suis sotte, dit la sorcière en rougissant. Quoi qu'il en soit, si elle a eu un bébé, il lui faut du repos...
- Aller lui dire ça... grogna l'homme.
- Miss Granger est comment dire... une droguée du travail, dit McGonagall à ses amies dont l'une sirotait son thé sans sourciller. Parlez-lui de vacances et elle vous répondra qu'elle tâchera de dormir plus tard le matin de temps en temps...
- J'ai entendu parler de sa ténacité, dit alors la seconde amie de la Directrice en levant enfin le nez de sa tasse. C'est admirable chez une aussi jeune femme mais tu as raison Libby, il lui faut du repos.
- Je viens d'aller la voir, dit alors Rogue. Elle m'a presque envoyé balader mais j'ai tenu bon. Minerva, parlez-lui, je ne sais plus quoi lui dire... Elle est épuisée, à ce qu'elle me dit Alexandre a du mal à dormir et j'ai presque eut peur en la croisant ce matin au petit-déjeuner... Elle a des cernes sous les yeux aussi grands que le Lac Noir !
McGonagall jeta un regard à l'homme. Elle soupira puis hocha la tête.
- D'accord mais je ne vous garantis rien du tout.
- Si elle refuse, je l'emmènerai moi-même chez elle, de force, dit alors Rogue. Je refuse qu'elle se tue au travail et que cela nuise en plus au bien-être de sa famille.
- Voilà une noble action, dit Libby en souriant.
Rogue la remercia d'un hochement de tête. Il capta alors que la sorcière avait les cheveux cotonneux d'un rose soutenu... Il se retint de montrer sa surprise puis tourna les talons en s'excusant de les avoir dérangées dans un moment de tranquillité trop rare quand on dirige une école de plusieurs milliers d'élèves déchaînés.
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Harry émergea de sa couchette à cause d'un vent glacial chargé de neige qui rentrait dans sa grotte sans toutefois en ressortir. Malgré les dizaines de fourrures et de peaux entassées dans le recoin où le brun avait son lit, il se réveilla ce matin avec une stalactite devant les yeux. Son feu était bien évidemment éteint et lorsqu'il s'approcha du bord de la falaise, enroulé dans un cuir de vache, il frissonna de haut en bas. En une nuit, trois stalactites épaisses comme un bras s'étaient formées devant l'entrée de la grotte, donnant l'impression d'une porte de prison. Cette image frappa le Gryffondor de plein fouet...
- Une prison... dit -il en caressant la glace du bout des griffes. Une prison... Oui, je suis en prison dans mon propre corps...
Le visage ravagé de Malefoy quand il avait dû le laisser, un mois plus tôt, lui revint en mémoire et il sentit aussitôt sa gorge se serrer violemment.
- Bordel ! jura-t-il en donnant un coup de pied dans un tas de vieux ossements.
Telle une fusée, un tibia décolla et se fracassa contre le mur de pierre gelée.
- Allez, ça suffit ! dit soudain le brun. Y'en a marre !
D'un coup de baguette magique il ranima son feu, jeta dedans des bûches un peu humides puis un vieux morceau de viande séchée. Il s'assit devant le foyer et ferma les yeux, se concentrant.
C'est alors que se produisit un phénomène qui aurait pu paraître splendide aux yeux de n'importe quel spectateur : l'être abominable qu'était Harry, accroupi au milieu de sa grotte, se changea progressivement en une créature tout aussi terrifiante mais tellement magnifique...
En effet, sur la peau carbonisée, poussa une longue, épaisse et dense fourrure noire comme les ténèbres. Ses bras longs et fragiles gonflèrent et devinrent aussi musclés que ceux d'un lutteur professionnel. Ses trapèzes, les muscles reliant ses épaules à sa nuque, s'épaissirent, et la fourrure noire se perdit dans ses cheveux qui raccourcirent légèrement et se hérissèrent en grosses mèches pointues.
Assit sur ses fesses, Harry sentit ses jambes durcir et se transformer. Il ne s'en déconcentra pas pour autant. Les muscles de ses cuisses grossirent, ses tibias s'affinèrent, son talon s'éloigna de ses orteils d'une façon presque grotesque et ces mêmes orteils devinrent progressivement d'énormes pattes dotées de griffes redoutables.
Mais le plus impressionnant fut sans doute la modification de son torse. Déjà large mais maigre, la poitrine du Gryffondor se muscla et devint rapidement si imposante que son bassin semblait avoir rétrécit de plusieurs dizaines de centimètres, si bien qu'à présent, le tronc du Gryffondor avait la forme d'un triangle tête en bas.
La tête d'Harry se modifia alors à son tour. Son nez et sa bouche s'allongèrent vers l'avant et un museau carré et large se dessina. Des dents aiguisées et pointues remplacèrent celle que le brun avait tant bien que mal réussi à garder en ne mangeant quasiment que de la viande, et son nez se mua en une grosse truffe noire et luisante. Ses yeux clos s'étrécirent et se positionnèrent de chaque côté de sa tête comme ses oreilles remontaient sur son crâne, s'agrandissaient et se changeaient en de parfaits triangles.
Soudain, Harry lâcha un râle et s'effondra sur le dos dans un bruit sourd. Sa grande carcasse s'alanguit aussitôt puis un ronflement monta de sa poitrine. Épuisé, il avait sombré dans un profond sommeil...
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