Alors qu'il déambulait dans les rues du Londres Moldu, n'attirant guère les regards des rares curieux qui osaient sortir par ce froid pinçant de fin décembre, le brun laissa vagabonder son esprit et fut ramené sur terre en arrivant sur une placette où un vendeur de marrons chauds avait installé son fourneau. L'odeur titilla les narines du brun qui alla en acheter un cornet et, voyant que l'homme n'était visiblement pas du tout aisé - il y avait un énorme caddie derrière lui remplit de cochonneries en tous genre -, Harry, tout en prenant son cornet dans la main gauche, posa sa main droite à plat sur celle de l'homme, comme s'il lui donnait le montant de son achat.

- Joyeux Noël, mon brave, dit-il avec un clin d'œil tout en reculant.

Il s'inclina élégamment dans une profonde révérence et se détourna dans un tourbillon de capes.

Le vendeur de marrons chauds resta surpris un moment puis regarda au creux de sa paume et découvrit un petit lingot d'or, une « savonnette » comme on appelait ça.

- Ah mais... Joyeux Noël à vous aussi, monsieur ! s'exclama-t-il en serrant le petit morceau de bonheur entre ses mains froides. Joyeux Noël !

Harry agita la main sans se retourner et dégusta ses marrons chauds en longeant la tamise. Il distribua, d'un claquement de doigts, épaisses couvertures et nourriture aux clochards qu'il croisait, jouant les mystérieux bienfaiteurs en tournant les talons rapidement ou en agissant de loin. Nul doute que le lendemain, le Londres Moldu allait être agité et Harry voyait déjà le gros titre du Times « Un mystérieux bienfaiteur offre couvertures et nourriture aux sans-abri de Londres ! Mais qui est-il ?! »

C'est avec le sourire qu'il transplana derrière un panneau publicitaire et regagna ses pénates. Narcissa s'étonna de son sourire en le voyant apparaître entre le placard et le frigidaire, la faisant sursauter.

- Vous, vous avez fait des vôtres, dit-elle en le regardant déposer son manteau sur une chaise.

- J'ai juste fait une bonne action, répondit le brun. Le dîner est encore chaud ?

- Oui, nous venons à peine de terminer le nôtre. Votre plat est dans le four.

Harry lui sourit et la contourna pour s'approcher du four. En passant il lui effleura la nuque et dit :

- Joyeux Noël, Mrs Malefoy.

La femme sursauta et porta une main à un magnifique collier de diamants et d'argent qui ornait désormais son élégant cou racé.

- Mr Potter ! s'exclama-t-elle, surprise. Mais que... D'où sort-il ?

- Pas d'une bijouterie, rassurez-vous, dit le brun en souriant. Il vous plait ?

- Il est... magnifique.

La femme blonde le décrocha de son cou en disant cela et le caressa presque tendrement.

- Ce sont des diamants ? dit-elle.

- Des vrais de vrai. Grâce à vous je peux désormais faire tout ce que je veux et même plus et je tenais à vous remercier pour tout ce que vous faites en plus dans ma maison. Vous n'êtes pas une Gouvernante, vous ne devriez pas faire les repas ni même ranger mes affaires, mais...

- Mais cela m'occupe l'esprit et j'aime bien me sentir utile dans une maison, coupa la femme.

Elle serra le bijou dans sa main et lança son bras autour du brun en l'embrassant longuement sur la joue. Drago choisi ce moment-là pour reparaître à son tour entre le frigo et le placard.

- Que vois-je ! fit-il. Ma mère et mon petit-ami qui fricotent ! C'est du joli !

- Oh Drago, je remerciais simplement Harry pour son cadeau, dit Narcissa en souriant. Regarde...

- Hé bé... dit le Serpentard en touchant le collier étalé sur la paume de sa mère. Harry...

- Je ne l'ai pas acheté si c'est ce que tu demandes, répondit le brun en prenant son assiette et en allant s'asseoir à la table de la salle à manger. Il est mystérieusement apparu autour du cou de ta mère...

- Tu l'as... fait apparaître ? De nulle part ?

- De nulle part, en effet. Tu en veux un ? demanda Harry avec un sourire en coin.

Le blond haussa un sourcil puis secoua la tête en souriant. Narcissa remercia à nouveau Harry d'un franc sourire puis elle disparut dans son appartement. Malefoy, lui alla chercher un couvert et s'assit en face de son compagnon.

- Ne t'inquiète pas, lui dit celui-ci. Je ne le referais plus. Pas question de me servir de mes nouveaux pouvoirs pour nous couvrir d'or ou de gloire.

- J'espère bien, nous n'avons pas besoin d'être projetés sous les feux de la rampe, n'oublie pas que c'est pour être tranquille que tu as acheté cette maison, répondit Malefoy.

Il tendit le bras en travers de la table et Harry posa sa main dessus en souriant. Ce faisant il effleura le bracelet d'argent au poignet de son amant et demanda :

- Tu as des nouvelles du divorce ?

- Non... dit le blond en baissant le nez. Mais je sais qu'en ce moment tout est plus ou moins en pause à cause des fêtes donc dès qu'elles seront passées, j'irais mettre le holà chez qui de droit. Plus je le vois et moins je le supporte ce bracelet...

- Chéri, tu n'as qu'un mot à dire... dit alors Harry à mi-voix en touchant le cercle de métal de son index.

- Oui mais non. Si tu l'ouvres avec tes pouvoirs, ce ne sera pas comme si un juge l'aurait fait à l'aide du sortilège spécial... Je veux que les choses soient faites dans les règles, d'accord ?

- Entendu. Je t'aime Drago...

- Je t'aime aussi et depuis longtemps.

Harry sourit. Il se pencha par-dessus la table et embrassa son amant. Un raclement de gorge lui dit tourner les yeux, puis la tête et il se rassit en haussant les sourcils.

- Fils ? dit Drago. Que se passe-t-il ?

- Rien, père, je...

- Viens-là, Roddy, dit alors le blond en tendant le bras. J'imagine que tu es là depuis un petit moment, non ?

- Oui...

Drago passa son bras dans le dos de son fils et celui-ci regarda Harry. Il baissa brusquement le nez et dit :

- Je vous ai écouté discuter... Je sais que Mr Potter pourrait briser cet anneau de mariage, Papa, mais que vous ne le voulez pas... Cependant je ne comprends pas, vous vous aimez...

Cette dernière phrase lui fut comme arrachée et Drago le dit asseoir sur le banc près de lui en disant :

- Oui Roddy, nous nous aimons, et c'est pour cela que je veux divorcer dans les règles de l'art. Je pourrais demander à ce qu'on ouvre ce bracelet par la force, à ce que le papier que j'ai signé en épousant ta mère soit brûlé, afin d'être libre au plus vite, mais si je le faisais, je ne vaudrais pas mieux qu'elle...

Harry serra les mâchoires. La discussion qu'il avait eu avec son amant quelques heures plus tôt lui revint et il se mordit l'intérieur de la joue. N'avait-il pas fait une bêtise en le bousculant pour coucher avec lui, la nuit de Noël ? Cette nuit avait été magique, splendide, mais...

- Fils, tu ne devrais pas te mettre martel en tête à cause de nous, d'accord ? Ce sont des affaires d'adultes et tu n'en es pas un. Tu as encore le temps d'en devenir un, et prends-le ce temps...

Harry hocha la tête.

- Nous n'avons pas eu de jeunesse, ton père et moi, fit-il. À cause de la guerre nous avons dû apprendre à nous battre très rapidement, à faire face à la mort aussi et crois-moi, je regrette de ne pas avoir pu passer autant de temps que je l'aurais voulu avec mes amis à faire les pires bêtises du monde. Profite de ta jeunesse, fais-toi des amis, trouve-toi une petite-amie, mais profite-en. Tu as bien le temps pour grandir.

Rodolphus regarda celui qui allait sans conteste devenir son père adoptif sous peu et il hocha le menton lentement.

- Va dans ta chambre maintenant, lui dit Malefoy. Je viendrais vous dire bonsoir tout à l'heure.

Le garçon hocha la tête, se leva, salua les deux hommes d'un mouvement de tête puis disparu dans l'escalier descendant chez Narcissa. Quand la porte se fut refermée sur lui, Harry soupira.

- Tout va s'arranger, dit Malefoy. Il va s'habituer à l'idée d'avoir deux papas, crois-moi.

- Je l'espère, chéri, parce que je ne voudrais pas que ton fils me haïsse et que cela entache notre relation. Je veux vivre mon amour comme tout le monde, je veux pouvoir t'aimer la nuit, t'embrasser la journée, sans sentir constamment un regard furieux sur ma nuque...

Malefoy serra la main d'Harry dans la sienne, en travers de la table, puis ils dînèrent en se racontant leurs réunions respectives.