Chapitre 57

En s'écartant de Drago, Harry capta aussitôt le regard furieux que lui balança Rodolphus, mais il n'en tint pas compte. Kezra se rua sur lui et il la hissa sur sa hanche, la petite étant plutôt fluette pour ses onze ans bien sonnés.

- Vous vous êtes amusés en ville avec Grand-Mère ? demanda Drago en souriant à sa fille. Vous avez ramené quoi de beau ?

- Pas grand-chose, soupira Narcissa en retirant ses longs gants de cuir et son manteau de fourrure noire. Il y a un tel monde, c'est étourdissant. Je ne me souvenais pas d'une telle cohue pour les fêtes...

- Les temps ont changé, mère, répondit son fils avec un sourire.

Il regarda alors la pendule et ajouta :

- Harry et moi devons partir, vous restez ici ?

- Oui, bien entendu, j'ai assez crapahuté pour la journée, répondit Narcissa. À quelle heure pensez-vous rentrer ?

- Moi je ne sais pas, dit Harry en déposant Kezra sur le sol.

- Moi non plus, mais ne nous attendez pas pour dîner, mes réunions, je sais quand elles commencent, mais jamais quand elles se terminent, et pour peu que quelqu'un offre un petit en-cas...

- Quant à moi, j'ai pas mal de choses à voir avec le Ministre...

Narcissa hocha la tête. Elle poussa ensuite les enfants vers la cuisine et leur servit leur goûter pendant qu'Harry et Drago disparaissaient à l'étage afin que le Gryffondor se change.

Assis sur le lit d'Harry, Malefoy regardait pensivement un cadre photo sous le verre duquel se trouvaient les parents du brun qui agitaient une main tout en souriant et se serrant l'un contre l'autre. La porte de la salle de bains qui s'ouvre attira l'attention du Serpentard et Harry apparut, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche rentrée dedans.

- Tu es bientôt prêt ? demanda son compagnon.

- Oui. Et puis cinq minutes de retard n'ont jamais tué personne.

- Non, bien sûr.

Harry enfila un long veston noir sur sa chemise et le boutonna jusqu'au col autour duquel il noua une cravate de soie rouge. Il décrocha ensuite d'un perroquet en fer forgé, une longue cape de velours noir doublée de satin rouge et s'en drapa d'un grand geste qui vit voler le lourd tissu.

- Allons-y, dit-il en fermant l'attache de la cape sur son cou, une tête de Gryffon en or.

- On est partis, répondit Malefoy en tendant la main.

Harry posa la sienne dessus et le Serpentard les dit tous les deux transplaner. Ils reparurent devant la cabine téléphonique qui permettait de descendre au Ministère et Harry s'en étonna.

- Le Ministère est désormais pourvu d'un bouclier antitransplanage, comme Poudlard, expliqua Malefoy en ouvrant la porte de la cabine rouge. Cela pour éviter les intrusions intempestives des fanatiques qu'il pourrait encore exister.

- Je vois...

Les deux garçons se tassèrent dans l'étroite cabine et, même si la proximité du corps de son amant provoqua chez Harry quelque frisson inopportun, le Serpentard, lui, resta de marbre, pensant à tout autre chose.

- Ah, monsieur Potter ! Entrez !

- À ce soir, dit Harry en se tournant vers Drago qui inclina la tête et tourna les talons. Bonjour, monsieur le Ministre, je suis surpris que vous me demandiez de venir ici alors que vous êtes passé chez moi il y a deux jours à peine...

- Hum, oui, mais j'ai nombre de papiers à vous faire signer et j'ai trop de rendez-vous cette semaine pour me permettre de quitter mon bureau, fût-ce même cinq minutes pour gagner les commodités...

Harry haussa un sourcil et le Ministre l'invita à s'asseoir de l'autre côté de son lourd bureau placé en travers de la pièce, dos à une des quatre hautes fenêtres à croisées qui reproduisaient magiquement et fidèlement les toits et les rues d'un Londres Moldu pourtant situé à plusieurs dizaines de mètre au-dessus d'eux.

- Bien, pour commencer, monsieur Potter, sachez que monsieur Malefoy Senior va bien, dit le Ministre en tirant un dossier gris de sous une pile d'autre dossiers en équilibre précaire.

- C'est-à-dire ?

- Malgré les années considérables passées sous l'emprise du sortilège que nos prisonniers endurent, Lucius n'a subi aucun dommage mental ou physique quel qu'il soit. Il a été libéré de ce sortilège, comme vous le savez, un peu avant Noël mais est toujours gardé à Azkaban et privé de ses pouvoirs magiques. Il a toute sa tête, se souvient de beaucoup de choses de son époque et a été très coopératif lors de son interrogatoire.

- Interrogatoire ? Cela n'était pas prévu, dit Harry en fronçant les sourcils.

- Je sais, mais je me suis permis de lui en faire subir un, histoire de voir s'il n'avait pas quelques noms en plus à nous fournir avant que nous le relâchions dans la nature.

- Je vois... Sait-il où il va aller vivre ?

- Oui, dit le Ministre en inclinant la tête. Il passe le plus clair de son temps à lire les journaux, principalement des archives, datant des vingt-six dernières années, et cela se comprends parfaitement.

- J'en ai fait autant, répondit Harry avec un sourire.

- Certes. Bien, pour en revenir, voici ce que vous allez devoir signer, rassurez-vous, ce n'est trois fois rien...

Le Ministre déposa deux grandes feuilles de parchemin devant le Gryffondor qui plissa un œil. Il dit apparaître une élégante plume dorée dans sa main et le Ministre sourit, sourcils haussés.

- Pas mal... Vous avez augmenté vos pouvoirs magiques on dirait ?

- Ah oui... Effectivement. Non, en fait, comme vous le savez déjà, j'avais été infecté par les pouvoirs du Lord Noir, d'où ma fuite...

- Oui, j'ai lu tous les articles que vous avez consacrés à la presse ces derniers mois. Vous faites donc usage de ces pouvoirs ? Cela n'est-il pas risqué ?

- Non, grâce à Mrs Malefoy en fait.

- Narcissa ?

- Elle-même. Depuis de nombreuses semaines je me plaignais d'avoir mal au dos, exactement au niveau où j'avais retranché les pouvoirs du Lord pendant que j'étais une... un monstre. La douleur empirait malgré les potions et j'ai été jusqu'à prendre des médicaments Moldus parmi les plus puissants mais le soir de votre visite, juste après votre départ, je me suis écroulé et j'ai sombré dans le coma.

- Merlin ! s'exclama le Ministre, choqué. Mais c'était il y a deux jours, vous... vous allez bien maintenant ?

- Oui, très, mais à ce que m'ont raconté mes amis, sans leur intervention, je serais mort...

Harry serra les mâchoires et reprit :

- Le même rituel qu'il y a vingt-six ans recommençait, mon corps humain ne pouvait pas contenir les pouvoirs du Lord et ils s'étaient à nouveau remis à se diffuser dans mes veines... Seulement cette fois-ci, j'étais auprès d'une femme qui en a, croyez-moi.

- Narcissa a toujours été une femme forte, qui n'hésite pas à se battre pour ce qu'elle aime, répondit le Ministre en hochant la tête. Vous l'avez aidé en la sortant de sa dépression, j'imagine qu'elle n'avait pas à cœur à vous laisser mourir de la sorte. Qu'a-t-elle fait ?

- Je n'étais pas conscient, mais on m'a rapporté qu'après avoir convoqué une partie de l'Ordre du Phénix, parmi les plus puissants, et dessiné un pentagramme sur le sol de mon salon, ils ont profité de mon coma pour me bombarder de magie pure. Ils ont ainsi obligé mes deux magies à s'unir pour me protéger et cela à apparemment fonctionné.

- Vous avez...

Le Ministre pâlit brusquement.

- Vous avez fait fusionner la magie blanche et la magie noire en vous ? fit-il, sous le choc.

- Il semblerait bien, cependant, mis à part un accroissement très important de mes capacités magiques, je ne ressens rien d'anormal.

- Merlin tout puissant... Vous vous rendez compte de ce que cela signifie pour vous ?

- Oui, que je suis désormais un Sorcier Gris, mais personne, vous entendez, ne doit le savoir. Cette conversation ne doit pas sortir de cette pièce. Je ne veux pas que les gens pensent que je suis une sorte de messie qui pourra guérir tous les maux, il n'est absolument pas question de faire usage de ces pouvoirs de cette façon. Moi et moi seul déciderait ce que j'en ferais.

Le Ministre hocha vivement la tête.

- Oui, oui, bien entendu, fit-il, abasourdi. Heu... Merlin, quelle nouvelle...

Il souffla brièvement, se racla la gorge et but un coup d'eau du verre posé en haut de son sous-main en cuir. Il s'ébroua et regarda Harry qui lui sourit.

- Où dois-je signer ? demanda le Gryffondor.

Harry quitta le Ministère bien après vingt heures car, non content de lui faire signer pleins de documents, le Ministre était intarissable sur la nouvelle que le brun avait balancée comme une bombe à son arrivée. Ils avaient donc discuté encore et encore autour d'une bouteille de Scotch qui avait pris une vilaine claque, dans le bureau du Ministre qui avait annulé les huit rendez-vous qu'il aurait dû avoir entre seize heures et vingt heures.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top