Chapitre 56
Harry resta couché toute la journée et ne consentit à quitter ses chaudes couvertures qu'à l'heure du dîner. Il ne prit cependant pas la peine de s'habiller et Narcissa lui en fit la remarque.
- Il n'est pas très plaisant de dîner avec quelqu'un vêtu pour la nuit, Harry, vous le savez ? Chez moi, je vous aurais renvoyé vous habiller.
La femme blonde déposa au centre de la table une grande soupière en biscuit blanc et retira le couvercle. Elle plongea dans la soupe aux potirons une grande louche et prit l'assiette de son fils qu'elle remplit généreusement du liquide orangé.
- Je sais, Narcissa, répondit Harry en tendant à son tour son assiette. Faites exception pour cette fois, je ne suis pas souvent fatigué.
- Je l'admets, répondit la femme avec un sourire. Passe pour cette fois.
Harry sourit et récupéra son assiette. Il regarda Kezra, assise en face de lui, faire la grimace quand sa grand-mère lui servit la soupe et il allait pour parler quand Drago le devança avec la tirade classique qu'on les parents sur les soupes.
- La soupe ça fait grandir, chérie, dit le blond. Ton frère adore ça et regarde ce grand échalas.
Rodolphus jeta un regard courroucé à son père qui lui sourit. L'enfant, du haut de son mètre soixante-dix-huit n'aimait pas qu'on lui rappelle sa taille hors norme pour un jeune garçon de quinze ans qui devrait faire huit centimètres de moins.
- Ne l'écoute pas, dit Narcissa en caressant les cheveux de son petit-fils. Tu tiens ta taille de Lucius. Mangez maintenant, la soupe ça refroidi rapidement.
Assis en bout de table, Harry sourit. Malefoy avait naturellement pris la place à l'autre bout de la table et les autres s'étaient repartis de chaque côté en prenant leurs aises.
- À quelle heure dois-je aller au Ministère demain ? demanda Harry.
- A seize heures. Je t'y accompagnerais, j'ai un rendez-vous de travail à seize heures trente, répondit le Serpentard en servant du vin à sa mère.
- Parfait alors. Bon appétit.
Tout le monde répéta la phrase et le silence se dit ensuite, chacun savourant la délicieuse soupe que Narcissa avait elle-même préparé. Même elle s'étonnait que les repas qu'elle préparait pour Harry en guise de remerciement, puisse plaire autant. Elle n'avait pourtant jamais cuisiné même un gâteau pendant la jeunesse de Drago, et encore moins les vingt-six dernières années, trop affligée pour songer à faire cuire quoi que ce soit.
Le repas fut vite expédié, car la soupe étant épaisse, cela suffisait largement pour un dîner. Les deux enfants descendirent chez Narcissa sitôt leur dessert avalé et les trois adultes restèrent entre eux, émigrant dans le salon pour un petit digestif.
- Dis-moi, Harry...
Le Gryffondor regarda son compagnon qui venait de sortir d'un minibar une bouteille de Xérès et une de Scotch.
- Oui ? Qu'y a-t-il ?
- Rien de grave, je t'assure, je me demandais simplement ce que tu allais faire maintenant...
- C'est-à-dire ? demanda Narcissa, un peu étonnée. Faire, dans quel sens ?
- Travailler ? demanda Harry.
- Pourquoi pas ?
- Je n'en ai pas besoin, chéri, répondit le brun avec un sourire. J'ai largement de quoi subvenir aux besoins de ma famille pendant de très longues décennies...
- Certes, dit le Serpentard. Mais maintenant que tu es une nouvelle personne, est-ce que tu...
- Je t'arrête tout de suite, le coupa Harry. Je suis toujours Harry Potter, et gare à vous si vous vous mettez à agir différemment avec moi parce que je suis désormais le sorcier le plus puissant d'Angleterre.
- Ok, ok, ne t'énerve pas, dit Malefoy en levant une main innocente. C'était juste une supposition. Cependant, en ayant tous ces nouveaux pouvoirs, une fois que tu les auras bien en main, qu'est-ce que tu vas en faire ?
Harry tordit sa bouche en une grimace comique puis dit :
- Ron m'a suggéré ce matin de faire le bien autour de moi. Et Hermione m'a dit de voir si je pouvais retirer une certaine marque d'une certaine génération ainsi que guérir une certaine infirmité sur une certaine jeune femme de notre connaissance.
- Voilà beaucoup de « certain », dit Narcissa en haussant un sourcil. Cela dit, pourquoi pas ? Vous avez des dons inépuisables, autant vous en servir.
- Oui, je le ferais sans aucun doute, mais quand je l'ignore, dit Harry en prenant le verre de Xérès que lui tendait Malefoy. Merci, chéri...
Le blond donna ensuite un petit verre de Scotch à sa mère et s'assit près d'Harry, le dos contre l'accoudoir en disant :
- Je discuterais avec Rodolphus et Jason un de ces quatre...
- Pourquoi ?
- Ils ont tous les deux la Marque et il serait bien de savoir s'ils veulent la voir disparaître...
- Hermione ne supporte pas la vision de cette chose sur le bras de son fils, dit Harry. Et Rogue non plus. Après pour ton fils, tu es son père, tu fais ce que tu veux, mais je sais que la première personne à qui je ferais ce cadeau sera ton père, Drago.
- Mon père ?
- Lucius ? dit Narcissa. Mais pourquoi ?
- Lui ou un autre, dirons-nous, répondit Harry. Mais je désire rendre la vie plus tranquille à ceux que la Magie Noire a torturés du temps de Voldemort. Il y a probablement des milliers de Mangemorts qui ont échappé à Azkaban en prétextant l'Imperium et certains, comme Maya, se seront mutilés dans l'espoir d'avoir l'esprit apaisé.
Malefoy haussa un sourcil.
- T'es bien un Gryffondor, dit-il avec un sourire. Toujours prêt à te mettre en quatre pour les autres. Si mon père a fait de la prison c'est bien parce qu'il n'était pas innocent...
- Si bizarre que cela puisse paraître, je suis d'accord avec Drago, Harry, renchérit Narcissa. Que vous désiriez l'aider à oublier la prison, je veux bien, je ne me serais pas installée ici sinon, mais il y a plus urgent que retirer une Marque à des Mangemorts confirmés.
Harry serra les lèvres.
- Si vous le dites. Je m'occuperais donc des plus jeunes en premier.
- Sage idée, dit Malefoy. Maintenant, trinquons.
- Et à quoi ?
- Hum, voyons voir... réfléchit le Serpentard. À Harry tout d'abord.
- À moi ? Allons bon...
- Et puis à tout le reste.
Le « tickling » des verres résonna dans la pièce, accompagné du léger bruit produit par les glaçons dans les deux verres de Scotch puis chacun vida son verre en silence après quoi on passa la soirée à discuter de tout et de rien. Seul, Harry aurait regardé la télévision mais Narcissa n'aimait pas cette technologie. Autant elle trouvait pratique le réfrigérateur ou encore le broyeur à ordures, autant l'idée de rester sans bouger devant une boîte qui diffuse des images animées ne l'intéressait franchement pas.
Le lendemain, Harry, après s'être activé toute la journée en rangeant sa maison à l'aide de ses nouveaux pouvoirs, à la fois pour les tester, à la fois pour les répertorier, fut surpris de voir débarquer son amant, vêtu de son complet noir strict, revenant du Ministère après sa journée de travail habituelle.
- Il est déjà quinze heures ? dit le Gryffondor comme le Serpentard retirait son vaste manteau noir et le déposait sur une chaise.
Le blond s'était arrangé pour toujours rentrer tôt afin de passer un peu de temps avec ses enfants lors de ces vacances.
- Sur la patère, le manteau, dit Harry en agitant la main droite.
Aussitôt le manteau s'envola et alla se suspendre de lui-même au crochet de bois près de la porte. Malefoy haussa un sourcil un peu étonné en regardant son habit s'en aller et dit :
- Je vois que tu n'es pas resté inactif aujourd'hui... Tu sais faire autre chose ?
- Du genre ?
Harry eut soudain un sourire gourmand et Malefoy leva les yeux au ciel.
- Je t'en prie, fit-il. Je ne pensais pas du tout à ça...
Le brun le prit par les hanches et l'attira à lui. Il l'embrassa dans le cou et dit :
- Et quoi, on n'a pas remis ça depuis Noël...
- Certes...
Malefoy le repoussa doucement, l'embrassa tout aussi doucement et ajouta :
- Mais moi j'ai encore besoin de réfléchir un peu.
- Très bien, prends ton temps, répondit Harry en levant des mains innocentes.
- Où est ma mère ? demanda alors le Serpentard.
- En ville avec les enfants, elle cherche une idée pour le réveillon du nouvel an.
- Ah oui, le réveillon... C'est dans une semaine... C'est encore toi qui invite ?
- Heu oui, pourquoi ? Cela t'ennuie en quelque chose ? demanda Harry, étonné, comme son amant s'éloignait vers la cuisine.
- Non, non, pas du tout...
- Oh, je vois... Ne t'inquiète pas, ton père sera lui aussi avec nous pour la nouvelle année, dit Harry en le rejoignant.
Il l'entoura de ses bras, dos à lui, et posa son menton sur son épaule en disant :
- Ce soir, je tannerais le Ministre jusqu'à ce qu'il cède. Je sais déjà que ton père a été libéré du sortilège qui l'emprisonnait depuis tant d'années, mais une semaine ne suffit à effacer tout ça. Ton père aura besoin de sa femme, de toi, et de ses petits-enfants pour remonter la pente. De mon côté, je ferais en sorte que cet affreux traitement soit aboli.
- Harry...
Le blond se retourna et, dos au plan de travail il posa ses mains sur les joues de son compagnon en disant :
- Les sorciers emprisonnés à Azkaban le sont une bonne raison, s'ils sont aussi mal traités c'est bien pour quelque chose, tu ne crois pas ?
- Si, bien sûr, mais il existe d'autres moyens pour neutraliser un sorcier, même le plus puissant.
Malefoy haussa un sourcil et baissa ses mains.
- A quoi penses-tu ? demanda-t-il. Une potion, par exemple ?
- Un tue-sorcier serait efficace pour ceux qui ont pris perpette, non ?
- J'imagine mais... et pour ceux qui sont enfermés temporairement ? Même si un sorcier enfermé là-bas a très peu de chances d'en ressortir, vivant, il y a des exceptions comme Rogue, mon père, et tant d'autres...
Harry baissa la tête, mâchoires serrées. Il secoua le nez puis soupira et Malefoy le prit dans ses bras en disant :
- Tu es encore un peu perturbé par tes nouveaux pouvoirs, mais tout va vite rentrer dans l'ordre...
- Cette puissance... dit le brun en reculant.
Il leva la main et une boule d'énergie verte se forma au creux de sa paume.
- J'ai l'impression de pouvoir tout faire...
Malefoy posa alors sa main sur celle du brun et la boule d'énergie se dissipa. Harry le regarda, un peu surpris, et le blond dit :
- Je sais que tu sauras tout gérer parfaitement parce que ça, tu le fais depuis que tu es né, Harry Potter... Cette puissance en toi, tu t'en serviras pour faire le bien, pour rendre les gens heureux et c'est tout ce qui compte. Ne te lance pas à corps perdu dans des causes déjà perdues comme les prisonniers d'Azkaban. Ils sont en prison, pas dans un centre de vacances. Que tu veuilles alléger la cruauté qu'ils subissent, d'accord, mais ils doivent comprendre qu'ils ont fait du mal autour d'eux, et qu'ils doivent désormais le payer, parfois de leur vie.
Harry regarda son compagnon dans les yeux puis hocha lentement la tête. Malefoy lui caressa alors la joue et Harry l'embrassa. Ils échangèrent un long baiser amoureux et restèrent dans les bras l'un de l'autre de longues secondes qui auraient pu continuer si la cheminée n'avait pas vomi une grande langue de flammes vertes en déposant Narcissa et ses deux petits-enfants sur le tapis.
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