Chapitre 55

Le garçon hocha la tête. On se transmettait de génération en génération les anecdotes célèbres sur le charismatique leader de Serpentard que fut son père autrefois.

- Cependant, nous avons vécu des moments très difficiles pendant nos études à Poudlard, moi plus que d'autres et lorsque j'ai enfin réussi à vaincre Voldemort, le mal était fait, reprit Harry. J'ai été empoisonné, il m'a transféré ses pouvoirs et pendant de nombreuses semaines, j'ai alors vécu auprès de ton père des moments qui resteront gravés dans ma mémoire. Alors que nous étions des ennemis, il est venu vers moi et m'a aidé. C'est lui qui m'a dit que ces taches sur mon corps et ces affreuses démangeaisons n'étaient autre que la magie noire dans mon corps. Alors trop petit pour la contenir, mon pauvre corps a commencé à changer. Petit à petit, des grandes taches noires sont apparues un peu partout sur moi, et ton père a passé des jours et des nuits entières à éplucher tous les livres de Poudlard, même ceux de la Reserve, pour m'aider. Peu à peu nous nous sommes rapprochés jusqu'à ne plus éprouver de haine l'un envers l'autre. Pressentant ne plus avoir alors beaucoup de temps, je me suis permis des choses avec ton père que tu aurais peine à entendre et que je vais donc taire.

Rodolphus sera les mâchoires.

- Si vous avez couché avec mon père à l'époque, vous pouvez me le dire, lâcha-t-il sur ton tranchant.

Harry se racla la gorge, un peu choqué. Il ne vit pas la gifle partir mais entendit son bruit, sec comme un coup de trique.

- Ne t'avise jamais de parler encore une fois de cette façon ! s'exclama Drago en ramenant son bras. Tu n'es pas un Moldu, Rodolphus Malefoy !

Le garçon, la joue rouge, baissa la tête en serrant les lèvres.

- Redescend voir Hermione et Ron, Drago, dit alors Harry calmement.

- Quoi ? Mais...

- S'il te plait.

- Bon...

Le blond quitta le lit et la chambre. Harry regarda la porte et agita la main. Elle se referma en douceur, la poignée s'abaissant même pour ne pas claquer. Harry sourit. Il se reprit cependant et fit approcher Rodolphus de lui.

- Écoute, mon garçon, fit-il.

- Je ne suis pas...

- Je sais que tu m'en veux, que tu me tiens responsable de tes malheurs, le coupa Harry. Mais encore une fois, je ne suis pas l'instigateur du divorce de tes parents. Drago n'a jamais aimé ta mère et elle non plus, j'en suis certain sinon elle ne serait jamais permise de ramener son amant dans la maison de son mari.

- Ils s'aimaient suffisamment ! répliqua le garçon. Il n'était pas utile qu'ils soient amoureux l'un de l'autre !

Harry fronça les sourcils.

- Cela me blesse que tu sois ainsi avec moi, dit-il en baissant le nez un instant. Mais saches que quoi que tu dises ou fasse, jamais je n'abandonnerais Drago, c'est clair ? Ton père et moi nous nous aimons depuis bien avant qu'il ne soit marié à ta mère et pendant toutes ces années, il ne m'a jamais oublié. Il me savait vivant, il me savait caché quelque part, il ne m'a jamais enterré...

Les mâchoires du jeune garçon bougèrent et il passa sa langue sur ses lèvres. Harry se redressa et passa une main dans ses cheveux.

- Fiston... fit-il. S'il te plait, ne te monte pas contre moi... Je ne désire qu'apprendre à te connaître, toi et ta sœur aussi. Vous êtes les enfants de celui qui compte le plus dans ma vie et j'ai vraiment envie que vous vous sentiez chez vous dans cette maison.

La pomme d'Adam de Rodolphus remua le long de sa gorge et soudain il eut un soupir saccadé. Harry sourit légèrement et attira le garçon contre lui.

- Viens-là... fit-il. Ça va aller... Pleure un bon coup et tout va rentrer dans l'ordre...

Le nez écrasé dans la veste de pyjama de Harry, Rodolphus ne laissa échapper aucun sanglot mais les larmes qui inondaient son visage et trempaient Harry étaient bel et bien réelles.

Harry le berça quelques secondes entre ses bras et, quand il le pensa calmé, il le repoussa et lui prit le visage entre ses mains en disant :

- Dès que le divorce de tes parents sera effectif, ton père viendra habiter ici en permanence et je te promets que vous pourrez venir tous les week-ends. Je ne veux que ton bonheur, Rodolphus, même si tu portes le prénom du mari de celle que je hais le plus au monde...

- Lestrange ? dit le garçon en se dégageant des mains d'Harry qui les laissa retomber sur les couvertures. Ils sont morts, vous savez ?

- Oui, je l'ai su... Regarde-moi, Rodolphus...

Le garçon aux cheveux noirs leva les yeux vers Harry qui lui sourit doucement.

- Nous sommes une famille maintenant et je suis certain que tu t'y feras très vite. Je ne te demande pas d'oublier ta mère mais elle a commis un impair injustifiable et fais du tort à Drago... Sais-tu de quoi je parle ?

Rodolphus hocha vivement la tête.

- Kezra... dit -il simplement.

- Oui... Pour cela Segma est impardonnable et désormais, elle n'est plus une Malefoy. Je sais que c'est malheureux à dire mais c'est ainsi...

- Vous savez, des fois je me dis qu'elle est morte... dit alors le jeune garçon. Cela fait bien moins mal...

- Je devrais te dire qu'il ne faut pas dire une telle chose, malheureusement c'est presque le cas. Segma Malefoy est morte, et la Segma qui reste n'a plus ni nom, ni héritage, ni famille et elle devrait s'estimer heureuse d'être encore une sorcière.

Rodolphus déglutit.

- Vous aller être notre « nouvelle maman » ? dit-il avec une petite pointe d'ironie.

Cela dit sourire Harry.

- En quelque sorte, répondit-il. Et cette maison sera la tienne, et celle de Kezra, jusqu'à ce que vous soyez en âge de voler de vos propres ailes et même après.

Rodolphus se mordit la lèvre inférieure. Il hocha la tête lentement puis, sans un mot, quitta la chambre en refermant la porte sur lui. Harry entendit la porte de la chambre de Drago se refermer à son tour et la sienne se rouvrit au même moment et il sourit à Hermione et Ron qui s'approchèrent.

- Salut, vieux, dit Ron en lui serrant vivement la main. Comment tu te sens ?

- Pas différent en tous cas, dit le brun en souriant.

- C'est le fils de Malefoy qui vient de s'enfermer dans l'autre chambre ? demanda Hermione en s'asseyant sur la chaise.

- Oui, nous avons eu une petite discussion et j'imagine qu'il a besoin d'y réfléchir un peu, répondit Harry en serrant les lèvres. C'est un bon garçon, vous savez, mais le départ en catastrophe de sa mère l'a complètement bouleversé et il m'en veut terriblement.

- Ce n'est pourtant pas de ta faute s'ils sont séparés, si ? demanda Ron en invoquant une seconde chaise et en y prenant place.

- Pas entièrement, répondit le brun.

- C'est-à-dire ? demanda Hermione. Si je me souviens de ce que tu nous as expliqué, toi et Malefoy ça date depuis longtemps, tu étais le premier...

- J'étais le premier à lui avoir ravi son cœur, je suis d'accord, dit Harry. Mais pour Rodolphus, ses parents s'aimaient suffisamment pour rester ensemble. Selon lui, peu importe qu'ils soient amoureux ou non. Seulement, ce n'est pas qu'une question d'amour dans l'histoire. Drago aurait parfaitement pu rester avec Segma s'il avait voulu, et surtout s'il n'avait pas voulu de moi. Mais il n'a jamais aimé cette femme, elle lui a fait un enfant dans le dos, et en plus elle se permet de ramener chez eux son amant qui est le père de l'un de leurs enfants. Famille ou pas famille, si j'avais été Drago, je n'aurais pas attendu dix ans avant de chasser une femme comme ça.

Hermione baissa les yeux.

- Je comprends, dit-elle. Tout va s'arranger maintenant, non ? Tu vas bien, tu as de nouveaux pouvoirs... Oui, hein ?

Harry pouffa devant l'air incrédule de la jeune femme.

- Oui, fit-il. Tout à l'heure j'ai refermé la porte d'un geste de la main. Apparemment ce que Narcissa a tenté sur moi a fonctionné. Je n'ai plus mal nulle part, je n'ai plus mon tatouage sur le ventre...

Il montra son ventre à ses deux amis et Ron dit :

- Et... Est-ce que tu crois que tu serais en mesure de faire le bien autour de toi ?

Harry le regarda de travers.

- C'est-à-dire ?

- Retirer une Marque des Ténèbres, par exemple ? demanda Hermione. Ou faire disparaître une cicatrice et redonner la vie à une main abîmée par la terreur d'une enfant de dix ans ?

Harry regarda ses amis tour à tour. Il semblait surpris et, haussant les sourcils il dit :

- Eh bien... Je l'ignore mais... je pourrais toujours essayer...

- S'il te plait, dit Hermione en lui prenant la main. Mon fils a beau ne pas haïr cette marque incrustée dans son bras, moi je la hais et Severus aussi. Les enfants de Mangemorts n'auraient jamais dû recevoir cette marque à la naissance, quoi que tu en penses.

- Je n'en pense rien, Mione, répondit Harry. Je ferais en sorte d'effacer les blessures que Voldemort a laissé derrière lui mais pas toutes.

- Harry...

- Je sais. Je sais qu'il a tué mes parents et des milliers d'autres personnes, qu'il a fait de ma vie un enfer, mais il ne doit pas être oublié. Les Moldus n'ont jamais oublié les tyrans qui ont provoqué des guerres chez eux, ils en ont fait des films, des livres, ils veulent se souvenir. Parce que sans passé, nous ne sommes rien ni personne et ne pouvons avoir d'avenir...

Hermione déglutit. Elle ne savait pas quoi ajouter. Se passant une main sur le visage, elle hocha la tête.

- Fais ce qui te semble bon, Harry... Moi j'ai confiance en ton jugement.

- Moi aussi...

Ron posa sa main sur celles encore nouées de ses deux amis.

- Et moi aussi, dit une autre voix dans leur dos.

- Drago... Que se passe-t-il ? demanda Harry.

- Tu viens de recevoir une lettre par hibou, dit le bond. Elle vient du Ministre, je me suis permis de l'ouvrir... Elle concerne mon père.

- Ah ? Donne...

Malefoy tendit la lettre et resta près d'Hermione, une main sur son épaule. La brunette lui sourit et lui tapota la main.

- Ah, le Ministre veut me voir à son bureau ? dit Harry en lisant la lettre en silence. Mais pourquoi ? Il est venu hier...

- Peut-être des papiers à te faire signer ? hasarda Hermione.

- Quel genre de papiers, selon toi ? Je fais simplement sortir un homme de prison, je n'adopte pas un enfant...

Malefoy baissa aussitôt les yeux et Harry haussa un sourcil dans sa direction. Il ne dit cependant rien et soupira en repliant la lettre.

- Tu veux lui répondre que je n'irais que demain soir, chéri ? dit-il en redonnant la lettre à Malefoy. Je me sens bien mais je ne sais toujours pas ce que votre intervention à fait donc je ne voudrais courir aucun risque.

Le blond hocha la tête puis Hermione et Ron se levèrent. Ils souhaitèrent une bonne journée à leur ami et partirent en transplanant, disant qu'ils n'étaient venus qu'aux nouvelles.

Harry se retrouva alors seul avec son amant qui, posant la lettre sur la table de nuit, s'assit au bord du matelas dans un profond soupir.

- Ça ne va pas ? demanda Harry en lui caressant le bras.

- Si, si... Je suis juste un peu perdu...

- Perdu à cause de quoi ? De moi ?

Le blond regarda son amant puis baissa les yeux.

- Entre autres, fit-il. Je repense sans arrêt à ce qu'il s'est passé la nuit de Noël entre nous et je... j'ai honte.

- Honte ? Mais pourquoi ?

Harry se redressa dans son lit, surpris.

- Mais enfin, fit-il. Tu n'as aucune raison à avoir honte de ça, c'est tout à fait naturel, c'est...

- Oui, oui, je sais cela, mais depuis j'ai l'impression de ne pas valoir plus que Segma avec son amant...

Harry plissa le nez.

- Je vois, fit-il. Drago, elle et toi êtes séparés, vous n'avez plus de comptes à rendre ni à l'un ni à l'autre et tu fais ce que tu veux de toi-même. Je ne t'ai pas forcé ni bousculé, tu as toi-même pris la décision de coucher avec moi cette nuit-là.

- Oui, je sais, mais je ne sais pas...

- C'est clair ça... dit Harry en fronçant les sourcils.

Il souriait légèrement et le blond leva les yeux au plafond en secouant la tête. Il sourit et Harry dit :

- Ce n'est donc pas encore pour maintenant que tu déménages dans ma chambre ?

- J'ai peur que non... Mais ne t'inquiète pas, dès que mon divorce sera effectif, ce sera la première chose que je ferais. Et je vendrais la maison du Wiltshire aussi, et j'en rachèterais une autre, pour nous.

- J'ai ma maison, Drago...

- Et alors ? Deux maisons, c'est mieux, non ? Je rachèterais une maison en ville, comme ça au lieu de faire comme tout le monde et d'aller passer nos week-ends et nos vacances à la campagne, nous, nous irons en ville. Qu'en penses-tu ?

Harry se mordit la lèvre en souriant. Il rigola doucement puis les deux amants se tombèrent dans les bras sans savoir qu'à la porte, un jeune garçon les regardait, le visage inondé de larmes. Il avait passé les dernières longues minutes à réfléchir, assit en tailleur sur le lit de son père, mais il avait beau retourner la situation encore et encore, il ne s'imaginait pas avoir « deux papas » et encore moins à ce que l'un d'eux soit Harry Potter...

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