Chapitre 54

Malefoy se réveilla endolori. Il avait passé la nuit sur sa chaise et le dos voûté si bien qu'il avait mal partout. Cependant ses douleurs disparurent en clin d'œil quand son regard se posa sur la main d'Harry, toujours prise dans la sienne. Le pouce remuait doucement, lui caressant le dos de la main.

- Harry !

Le blond se redressa aussitôt et son regard fatigué rencontra celui, tout aussi fatigué, de son compagnon qui lui sourit.

- Harry...

Se levant, Malefoy enlaça solidement le Gryffondor qui l'entoura de ses bras en l'embrassant dans le cou.

- Je vais bien, dit Harry en se détachant du Serpentard. Ne t'inquiète pas...

- Comment veux-tu que je ne m'inquiète pas... Est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé hier soir ?

Harry regarda le blond de travers, étonné.

- J'ai fait un malaise... dans le canapé... non ? fit-il. Non ? répéta-t-il.

- Non, enfin oui, mais...

Malefoy baissa les yeux en se mordant la lèvre inférieure. Il s'assit au bord du lit et Harry lui prit la main, soudain inquiet.

- Qu'est-ce qu'il y a, chéri...

- Hier tu as bien fait un malaise, sur le canapé, juste après le départ du Ministre... Et après...

Il se mit alors à raconter aussi fidèlement que possible ce qu'il s'était passé la veille, l'arrivée des Membres de l'Ordre du Phénix, le dessin du pentagramme dans leur salon, le bombardement magique sur son propre corps inconscient afin d'obliger ses magies à fusionner pour le protéger...

Harry déglutit bruyamment. Soudain il repoussa les couvertures et souleva sa veste de pyjama. Malefoy recula sous la brutalité du geste et, pendant quelques centièmes de secondes il fut rongé par l'anxiété.

- Merlin soit loué ! s'exclama-t-il alors en soupirant.

- Mon tatouage... dit Harry en posant des doigts hésitants sur la peau immaculée de son ventre plat et musclé. Mais... Que s'est-il passé ?

La porte de la chambre s'ouvrit alors et McGonagall, Narcissa, Maya, Lupin et Rogue déboulèrent, affichant tous des visages inquiets.

- Mais ? dit Harry. Qu'est-ce que vous faites tous ici ?

Il vit alors Lupin et son teint devint livide. Celui du Lycanthrope aussi et Malefoy eut juste le temps de se pousser avant que son amant ne bondisse du lit et ne se rue dans les bras du vieux professeur maigrichon qui tituba sous l'étreinte.

- Remus ! Remus ! pleura Harry dans le cou de l'homme.

- Harry... Oh Harry, mon petit...

Lupin avait les larmes au bord des paupières. Il avait disparu du monde sorcier quelques mois après celle de Harry et n'avait alors donné, pendant le quart de siècle qui avait suivi, que de rares nouvelles chaque année, disant qu'il allait bien et qu'il faisait le tour de monde.

Se détachant de son parrain adoptif, Harry regarda les autres.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? demanda-t-il. Drago m'a raconté, qu'est-ce que vous avez tenté sur moi hier soir ?

- Ne vous énervez pas, Harry, dit Narcissa. C'est de ma faute...

- Je sais cela, mais... Vous auriez dû me le dire !

- Mr Potter, intervint McGonagall. Vous alliez mourir...

Harry vira au gris et regarda Malefoy qui serra les mâchoires.

- Mou...rir ? fit-il, choqué. Mais... Drago...

- Je ne t'ai rien dit parce que je savais que tu aurais réagi violemment... dit le blond pour sa défense. Je savais aussi que tu ne voulais pas fusionner tes magies mais nous n'avions plus le choix... Pour rien au monde je n'aurais accepté de te perdre à nouveau...

Harry déglutit. Sa gorge se serra et il passa sa langue ses lèvres.

- Que m'avez-vous fait ? demanda-t-il en retournant sur son lit. Comment saviez-vous que c'était la bonne façon de vous y prendre, Narcissa ?

- Je l'ignore, Harry, dit la femme en baissant le nez. Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, n'est-ce pas ?

Harry serra les mâchoires. Maya tira sur lui les couvertures et lui sourit doucement. Elle retourna ensuite près de Rogue.

- Vous sentez-vous différent, Potter ? fit-il.

Harry haussa les sourcils dans sa direction.

- Différent... non. Fatigué ça c'est certain, et je n'ai plus mal au dos... Mais rien ne prouve que...

Ses yeux s'agrandirent alors brusquement et il regarda Drago fixement.

- Mon tatouage, dit le brun. Je ne l'ai plus...

- Hier soir, ce n'était plus un tatouage, dit Narcissa. C'était une immense tache noire qui avait comme infusé vos veines sous-cutanées... La magie noire avait brisé son filet et se répandait à nouveau dans votre corps. Sans ma décision, vous vous seriez à nouveau transformé en monstre...

Harry renifla bruyamment et posa ses mains sur son visage.

- Harry... C'était la meilleure chose à faire, dit Malefoy en lui prenant les poignets. Ma mère a refusé qu'on te retire les pouvoirs du Lord, elle ne voulait pas le faire et personne ne l'a fait parce que chaque sorcier de ce monde te doit une chose, celle d'avoir vaincu le Lord...

Harry se frotta le visage.

- Merlin... fit-il.

Il haussa les sourcils, eut quelques mimiques silencieuses, comme s'il réagissait à ses propres pensées, puis il secoua la tête et prit les mains de son compagnon dans les siennes. Il déglutit bruyamment et McGonagall dit :

- Severus, Maya, Remus, venez, rentrons au château... Laissons-le se reposer.

Les concernés hochèrent la tête et transplanèrent d'un même mouvement. Il ne resta alors plus que Narcissa et Drago dans la chambre d'Harry mais un grand bruit se fit entendre à l'étage inférieur.

- Ce doit être Hermione et Ron, dit Malefoy en amorçant le geste de se lever.

- J'y vais, chéri, dit Narcissa en tournant aussi sec les talons.

Elle quitta la chambre rapidement et Malefoy soupira. Une main lui caressa alors la joue et il sourit à Harry qui l'attira à lui pour l'embrasser. Lorsqu'il rompit le baiser, Malefoy posa son front contre celui de son compagnon en disant :

- J'ai eu si peur hier quand j'ai vu cette tache sur ton ventre... J'ai été renvoyé vingt-six ans en arrière et j'ai cru mourir... Je me suis mis à paniquer dans les bras de ma mère et c'est là qu'elle a pris la décision de te transformer en sorcier gris.

Harry recula alors.

- Elle m'avait parlé de cela, fit-il.

- Elle a dit hier soir, quand tout le monde appelé a été là, que nous allions devoir faire ce qui aurait dû être fait depuis longtemps... dit Malefoy en baissant la tête. Tu te rends compte ? Si nous t'avions transformé en sorcier gris dès le départ, nous n'aurions jamais été séparés, toi et moi... Tu n'aurais pas vécu cet enfer pendant tant d'années... Je n'aurais pas épousé cette harpie...

- Et tu n'aurais pas eu tes enfants, dit Harry en lui prenant le poignet gauche où se trouvait le bracelet en argent signalant qu'il était un homme marié.

- Nous en aurions eu à nous... dit Malefoy.

Harry haussa un sourcil et sourit.

- C'est vrai ? fit-il, agréablement surpris. Tu voudrais refonder une famille avec moi ?

- Oui. Sincèrement ? Oui.

Le visage d'Harry se fendit d'un large sourire et Malefoy ne put s'empêcher de sourire à son tour. Il ajouta :

- Pas que je n'aime pas mes enfants, pas du tout, je les aime plus que toute ma vie, mais toi je t'aime depuis si longtemps et tu m'as été enlevé pendant tant d'années que je n'espère plus qu'une chose de la vie, qu'elle me laisse enfin vivre à tes côtés et me créer la vie que j'aurais eue si tu n'avais pas fui ainsi, il y a vingt-cinq ans.

Ému par une telle déclaration qui valait tous les « je t'aime » du monde, Harry fondit en larmes. Malefoy le prit aussitôt dans ses bras en l'embrassant sur la tempe et le brun fut secoué de sanglots. Soudain ils ressentirent tous les deux une présence et Harry se redressa en reniflant et découvrit un Rodolphus planté sur le seuil de la chambre.

- Fils... dit Drago. Que se passe-t-il ?

- Père, tu...

Le jeune garçon était livide.

- Qu'as-tu vu, Rodolphus ? demanda alors Harry en s'essuyant les joues du plat de ses mains. Viens, fiston...

- Je ne... commença le garçon.

Il se ravisa cependant de lui-même et approcha vers Harry qui tendait le bras dans sa direction en agitant la main.

- Assieds-toi, dit le brun comme Malefoy se mettait à côté de son compagnon afin de faire face à son fils en s'asseyant du bout des fesses sur le lit.

- Rodolphus, commença alors Drago. Je...

- Laisse-moi faire, chéri, dit Harry en posant une main sur le bras du blond. Rodolphus, je sais que tu ne m'aimes pas, et je sais pourquoi. Mais saches que ce n'est pas de ma faute si tes parents sont séparés et si vous êtes ballottés entre ici et Poudlard à chaque vacance ou long week-end. Ton père et moi nous nous connaissons depuis que nous avons onze ans et, mais cela tu dois le savoir, nous avons été ennemis mortels pendant des années.

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