Chapitre 53
Inspirant, Hermione rapprocha ses mains l'une de l'autre ce qui provoqua des étincelles qui grésillèrent dans l'air. Tout autour d'elle on se mit alors à faire chauffer ses pouvoirs. Il ne fallait absolument aucune défaillance dans la procédure qui allait être engagée sinon Harry pourrait perdre la totalité de sa magie, ou pire, sa vie.
- C'est prêt ? demanda Narcissa au bout d'un moment.
- Oui, dit Rogue en allumant les dernières bougies disposées sur les pointes du pentagramme.
La femme déposa alors Harry au centre du dessin magique.
- Si vous voulez bien prendre place en cercle entre les bougies ? demanda Narcissa. Attention à ne pas prendre feu...
Les sorciers et les sorcières se disposèrent alors en cercle, cinq entre chaque bougie. Certains posèrent la robe de sorcier, les autres le veston, mais tous avaient un air concentré sur le visage.
Prenant place entre son fils et Rogue, Narcissa ferma les yeux et leva les mains devant elle. Tous les autres l'imitèrent, comme s'ils savaient tous pertinemment ce qu'ils avaient à faire. C'est alors qu'une intense lumière blanche se mit à émaner des mains tendues, paumes tournées vers l'intérieur du cercle.
Rouvrant les yeux Malefoy découvrit l'étrange spectacle et il ressentit soudain la magie de tous les autres se diffuser dans ses propres veines. Ils étaient tous en train d'unir leurs pouvoirs pour sauver son amant !
Balayant les visages du regard, le blond referma les yeux et se concentra sur son amour pour le Gryffondor. Il alla chercher sa magie dans les plus petits recoins de son être pour la ramener jusque dans ses mains. Il rouvrit alors les yeux et vit que les autres en avaient fait autant.
La lumière formant comme une auréole autour du pentagramme, se déploya soudain et forma une espèce de dôme grésillant entrelacé au-dessus d'Harry. Le corps de celui-ci se souleva alors de terre, comme retenu par le nombril. Ses bras, sa tête et ses jambes pendaient dans le vide. Tout à coup, un cocon de lumière l'enveloppa au niveau de la taille et ses vêtements brûlèrent littéralement. Ils tombèrent en débris calcinés sur le sol et Malefoy serra les mâchoires.
- Bombardez-le ! s'exclama soudain Narcissa. Il faut obliger ses magies à le protéger !
Elle joignit ses mains de façon à ce que ses pouces se touchent, les autres doigts largement ouverts, et forma une boule d'énergie blanche au creux de ses paumes qui fila droit sur Harry et explosa à quelques centimètres de lui, s'écrasant sur une sorte de bouclier translucide.
- Allez-y ! cria Narcissa.
Après un bref instant d'hésitation, les autres sorciers, une vingtaine au total, se mirent à bombarder Harry de boules d'énergie de diverses couleurs, et en un rien de temps le salon se transforma en boîte de nuit disco.
- Continuez, ne faiblissez pas !
Malefoy regarda sa mère du coin de l'œil. Les sourcils froncés à l'extrême, elle observait une détermination sans égal et le blond ressentit un sentiment étrange concernant cette femme qu'il aimait plus que tout mais qui n'avait pas été très présente pendant sa jeunesse. Chassant ces pensées, il se concentra. Il balança une boule de magie d'une couleur vert sombre sur son amant et celle-ci explosa contre le bouclier qui entourait le brun, en le faisant miroiter.
- Nous y sommes presque, tenez encore un peu, dit Narcissa. Il a commencé à se protéger.
Les sorciers faisant cercle étaient tous de puissants sorciers et pour McGonagall, Rogue, ou les autres plus anciens, cette dépense massive n'entamait pas tellement leur propre réserve, mais pour les plus jeunes comme Maya, Hermione, Ron et Drago, l'épuisement commença rapidement à se faire sentir alors que cela ne faisait qu'une poignée de minutes qu'ils bombardaient le Gryffondor.
Les bras engourdis par les décharges de ses sorts, Malefoy se sentit faiblir. Sa mère s'en rendit compte et dit :
- Tenez bon les jeunes, encore quelques minutes, regardez...
Tous les regards convergèrent vers le corps d'Harry auréolé d'une intense lumière colorée. Bombardé continuellement de magie, le Gryffondor avait inconsciemment commencé à se protéger et désormais, une sorte de bulle transparente l'entourait, comme un bouclier, qui scintillait à chaque impact magique.
Soudain la boule de magie de Maya ricocha violement contre le bouclier et fusa à travers le salon pour aller fracasser la belle horloge comtoise qui vola en mille morceaux.
Comme d'un commun accord, tout le monde cessa de bombarder et baissa les mains. Hermione tituba et défaillit. Ron la rattrapa mais, prit de malaise, il s'effondra avec elle sur le carrelage et resta assis sans bouger. Malefoy s'assit près d'eux, la tête entre les genoux et les mains nouées sur la nuque pour faire passer le malaise qui venait de lui prendre la tête dans un étau.
Toujours entouré de son halo, Harry se reposa lentement et en douceur sur le sol, au centre du pentagramme et Rogue s'approcha lorsque la lumière disparu.
- Montez-le dans sa chambre, Severus, dit Minerva.
L'homme hocha la tête. Il enleva Harry dans ses bras et disparu à l'étage pendant que les moins affaiblis rentraient chez eux en transplanant ou par Cheminette en priant pour que leur entreprise ait fonctionné car rien n'était moins sûr.
- Tenez les jeunes...
Lupin donna de gros morceaux de chocolat à Drago, Hermione, Ron et Maya qui, vautrés dans le canapé du salon remis en l'état, se remettaient doucement.
- Est-ce que ça a fonctionné ? demanda Hermione en grignotant son chocolat.
- Le temps nous le dira, dit Narcissa en levant le nez vers l'escalier d'où Rogue avait reparu quelques minutes plus tôt en disant qu'il avait mis Harry dans son lit et qu'il semblait aller bien.
- Je vais aller le veiller, dit alors Malefoy en se levant. Oups... Hum, dans un moment...
Il se rassit lourdement près d'Hermione, victime d'un malaise. Sa mère lui tendit un verre d'alcool. Elle en donna également aux autres les entourant, tous plongés dans un silence anxieux. Lupin soupira. Usé avant l'âge, cet homme d'une soixantaine d'années ressemblait à un vieillard voûté. Ses mains osseuses marquées de cicatrices tremblaient légèrement sur ses genoux, mais c'était probablement dû à la grosse dépense magique qu'il avait dû subir. Assis sur l'accoudoir du fauteuil où se trouvait le Lycanthrope, Rogue semblait lui aussi plus vieux que d'habitude mais contrairement à son meilleur ami, il n'avait pas l'air de faire le double de son âge...
La soirée s'égrenait si lentement que, lorsqu'elle regarda l'horloge comtoise fraîchement réparée, Narcissa laissa échapper un profond soupir. Il n'était que vingt heures mais elle avait l'impression que des heures et des heures s'étaient déjà écoulées.
- Qui veux dîner ? dit-elle soudain en se levant du canapé où tout le monde se tenait silencieux, récupérant sa magie en pensant à tout et n'importe quoi mais pas à Harry.
- Harry était en train de le préparer, dit Malefoy en renversant sa tête sur le dossier du canapé. C'est ce que vous avez fait ce matin, mère...
Narcissa se dirigea aussitôt vers le four, inspecta son contenu puis sortit la lourde terrine et jeta un sort dessus. Aussitôt la bonne odeur du ragoût empli la pièce et la femme enjoignit son fils à aller chercher ses deux enfants pour dîner.
Rodolphus et Kezra couchés, un peu après minuit, Narcissa remonta chez Harry et trouva Rogue dans le canapé, Maya allongée près de lui et sa tête sur les genoux de l'homme. Il lui caressait pensivement les cheveux et près de lui, Lupin était recroquevillé dans un des deux fauteuils.
Debout face à la baie vitrée, McGonagall observait la mer en silence, éclairée par une lune invisible.
- Où est Drago ? demanda la femme. Et les deux jeunes ?
- Granger et Weasley sont rentrés chez eux, dit Rogue. Ton fils est allé veiller Potter.
- Ah d'accord, très bien.
- À ton avis, cela a fonctionné ? demanda alors Rogue.
- Je ne sais pas... Honnêtement, ce n'est pas une chose que l'on fait tous les jours et j'ignore même si nous nous y sommes pris de la bonne façon, cependant, le fait qu'il se protège alors qu'il était dans le coma est une bonne chose, enfin j'imagine...
- Oui, mais est-ce que cela a suffi à faire fusionner les deux magies ? Cela nous l'ignorons, dit McGonagall sans se détourner de la baie vitrée.
Narcissa soupira. Elle savait que si l'entreprise échouait, elle risquait quelques représailles de la part de son fils notamment, pour avoir mise en danger la vie de celui qu'il aime, mais après tout, elle était confiante. Vingt sorciers parmi les plus puissants magiciens blancs, ainsi que deux anciens Mangemorts tout aussi puissants ne pouvaient qu'avoir, sinon transformé Harry, au moins enclenché le processus. Car tous n'avaient pas balancé que des sortilèges inoffensifs, Rogue avait jeté plusieurs sortilèges de magie noire et elle-même en avait lancé quelques-uns. Drago, lui, s'en était gardé mais sa mère savait qu'il pouvait manipuler la magie noire puisqu'il s'était changé devant tout le monde...
Assis sur une chaise inconfortable près du lit d'Harry, Malefoy écoutait les autres discuter à l'étage inférieur. Il était monté, non pas pour échapper à leurs mines défaites mais pour se convaincre lui-même que cette entreprise risquée avait fonctionné. Hors, jusqu'à maintenant, plus de quatre heures s'étaient écoulées, en comptant la grosse demi-heure durant laquelle ils avaient bombardé sur Harry moult sorts, et le Gryffondor était toujours inconscient. Il ne semblait plus dans le coma cependant, mais plutôt dans un sommeil profond. Son visage était détendu et sa main, prise dans celle de Malefoy, chaude et paisible.
Vaincu par la fatigue et l'angoisse, Malefoy finit par s'endormir, la tête posée sur ses bras croisés sur les couvertures. Il se réveilla cependant en sursaut une poignée d'heures plus tard et, se frottant le visage, il vérifia qu'Harry dormait toujours. C'était le cas, le brun avait même changé de côté, comme un dormeur ordinaire, aussi son compagnon descendit-il au rez-de-chaussée et trouva avec surprise tout le monde profondément endormi. Rogue et Maya se serraient l'un contre l'autre sur le divan face à la cheminée, McGonagall dormait sur le divan qui faisait l'angle et tournait le dos à la baie vitrée, Lupin avait étendu ses longues et maigres jambes sur la table basse et dormait tout tordu dans l'un des fauteuils. En voyant cela, Malefoy réalisa que ces gens étaient bien plus que des simples amis et il comprit que lorsque Harry disait des habitants de Poudlard qu'ils étaient sa seule famille, il avait diablement raison. Ces sorciers qui n'avaient pourtant aucun lien de parenté avec le Gryffondor, même infime, auraient donné leur vie pour préserver la sienne...
Souriant pour lui-même, Malefoy invoqua des couvertures sur chacun puis alla chercher quelque chose à grignoter dans le frigo avant de remonter dans la chambre de Harry, de reprendre place sur sa chaise et de tenter de se rendormir dans cette position inconfortable qu'était l'attente.
Lorsque Maya ouvrit les yeux, il faisait un immense soleil dans la pièce et tout d'abord, elle se demanda où elle était, ne reconnaissant ni la chambre dépouillée de son compagnon, ni sa propre chambre. Elle sentit le grand bras qui l'entourait, et se rendit compte qu'elle était sur un divan. Un divan, certes, mais un divan appartenant à qui ?
La mémoire lui revint alors brusquement et elle se redressa en soupirant profondément. Son regard tomba en premier sur Lupin profondément endormi dans son fauteuil, les jambes par-dessus l'accoudoir et la couverture remontée jusqu'au menton. Un mouvement sur sa gauche fit tourner la tête à la jeune sorcière blonde et elle sourit à McGonagall qui lui renvoya un sourire un peu fatigué.
- Je vous ai réveillée ? demanda la Directrice de Poudlard comme Maya venait près d'elle après avoir remise en place la couverture sur Rogue.
- Non, non, j'imagine que j'ai suffisamment dormi... Vous êtes levée depuis longtemps ?
- Assez pour être retournée à Poudlard, avoir fait un brin de toilette et être revenue avec le petit-déjeuner...
Maya vit alors le bacon, le lard et les œufs dans de grandes assiettes en or posées sur le plan de travail. Des toasts bondirent soudain du grille-pain et la jeune femme sursauta.
- Ça fait toujours ça la première fois...
- Bonjour, Narcissa...
- Bonjour, mes amies, dit la femme blonde en approchant. Minerva, c'est vous qui avez préparé tout cela ?
- Préparé non, ce petit-déjeuner de Roi vient droit de Poudlard, répondit la vieille sorcière avec un petit sourire. Servez-vous...
- Eh bien, merci...
Narcissa invoqua aussitôt une assiette et prit un peu de tout. Elle se servit du café, un grand mug, en faisant comme chez elle - ce qui était un peu le cas - et en proposa à ses compagnes qui hochèrent positivement la tête.
- Allons discuter chez moi, dit alors la femme blonde. Laissons dormir ces messieurs, ils en ont plus besoin que mes petits-enfants.
Maya et McGonagall hochèrent à nouveau la tête et les trois femmes descendirent dans l'appartement de Narcissa où elles n'étaient encore jamais venues.
- C'est vous qui avez décoré ? demanda McGonagall en regardant autour d'elle.
- Oui, Harry m'a remis l'appartement totalement vide. Il n'y avait même pas de peinture sur les murs ou de sol sur la dalle de béton. Il a préféré faire ainsi, de cette façon je pouvais vraiment arranger comme bon me semblait.
- C'est ravissant en tous cas, pas trop fastueux mais pas trop pauvre non plus, dit Maya.
- Je ne désirais pas reproduire à l'identique mon Manoir, j'étais ici pour guérir de ma dépression causée par l'emprisonnement de Lucius et il fallait bien une femme avec tout son esprit pour s'occuper d'un jeune homme célibataire.
McGonagall sourit. De ses quatre enfants, elle en avait deux garçons et savait parfaitement à quel point un homme célibataire, peu importe son âge, peut être désorganisé et bordélique.
- J'ai de la chance, cela dit, Harry est une vraie fée du logis, il ne laisse quasiment rien traîner sauf s'il n'a pas le temps ou la flemme de ranger, dit Narcissa en proposant à ses compagnes de prendre place dans d'élégants fauteuil tendus de velours argenté. Je m'occupe cependant de son linge, et des repas. Cela me change les idées et je lui dois bien cela, il ne me demande absolument pas une Noise de loyer.
- C'est très généreux de sa part, dit Maya. Je le connais depuis à peine un an mais j'ai l'impression de le connaître depuis des années. Il est un vrai livre ouvert...
- C'est vrai, dit McGonagall.
Les trois femmes prirent ensuite leur petit-déjeuner tranquillement, rejointes par Rodolphus et Kezra et si cette dernière semblait ravie de voir McGonagall, Rodolphus, lui, montra la réserve qu'il entretenait face aux inconnus...
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