Chapitre 52
Le Ministre quitta Harry et Drago sur les coups de sept heures du soir et le Gryffondor ne fut pas fâché qu'il s'en aille, avec ses deux sbires. À peine les flammes de la cheminée se furent-elles calmées qu'il s'effondra dans le canapé en gémissant de douleur.
- Harry...
- Drago, c'est de pire en pire... dit le brun, haletant.
Le blond déglutit.
- Ils vont te tuer... dit -il en prenant la main de son amant dans les siennes. Tu dois faire quelque chose...
- Je... commença Harry.
Il fut aussitôt coupé par une pointe de douleur et il s'allongea sur le canapé en serrant les mâchoires, les yeux étroitement clos.
- Harry...
Un craquement secoua alors la pièce et Narcissa apparut avec ses petits-enfants.
- Allez dans vos chambres, leur dit -elle. Nous dînons dans une demi-heure. Drago ? Harry... Que se passe-t-il ?
La femme blonde s'approcha vivement en retirant ses gants de cuir brun et elle s'assit au bord du canapé. Lentement elle repoussa le pull d'Harry et Drago bondit aussitôt en arrière, blanc comme un linge.
- Non ! s'exclama-t-il. Non, pas encore ! Non !
Il recula contre la lourde table et sa mère lui sauta dessus.
- Chéri, calme-toi, ce n'est rien, ça va aller... Drago...
- Non... Maman, pas encore...
Malgré ses quarante-quatre ans bien sonnés, Drago se mit à pleurer dans les bras de sa mère. Il venait d'être projeté vingt-six ans arrière quand Harry avait dû partir pour protéger les siens de lui-même.
- Calme-toi, calme-toi, tout va bien, dit Narcissa. Nous allons arranger cela...
- Maman... Je ne veux pas... dit le blond entre deux sanglots. Je l'aime, maman...
- Je sais, je sais... Chut...
La femme baissa les yeux sur un Harry à présent à demi-conscient qui haletait sur le divan. Son pull remonté laissait voir, non pas le délicat tatouage habituel mais une grande tache noire aux bords flous, comme de l'encre qui se diffuserait sur un tissu...
- Va t'occuper de tes enfants, dit soudain Narcissa. Et ne remonte pas tant que je ne serais venue te chercher. Peu importe ce que tu entends, cris, incantations ou bruits bizarres.
Malefoy déglutit bruyamment.
- Que... Qu'allez-vous faire ?
- Ce qui aurait dû être fait il y a vingt-six ans, dit la femme en se dirigeant vers la cheminée.
Drago, malgré sa curiosité, tourna les talons contre son gré et descendit chez sa mère.
Une fois son fils loin, celle-ci empoigna le sachet contenant de la Poudre de Cheminée et, en jetant maladroitement une énorme poignée dans les flammes, elle dit :
- Severus Rogue, Salle de classe de Potions, Poudlard, Ecosse !
Les flammes vertes rugirent puis se calmèrent et la voix sèche de Rogue se dit entendre :
- Qu'y a-t-il Potter ?
- C'est Narcissa, Severus.
- Ah, bonsoir Cissy... Qu'y a-t-il ?
- Harry est en train de mourir, Severus, tu dois contacter au plus vite les plus puissants sorciers que tu connais.
- Répète ? Potter est... quoi ? J'arrive.
Le feu s'éteignit aussitôt et, un couple de minutes plus tard, il rugit de nouveau et Rogue, McGonagall et Maya débarquaient dans le salon dans une gerbe de flammes vertes.
- Que se passe-t-il ? dit aussitôt McGonagall en se précipitant sur le divan où gisait Harry. Narcissa !
- Les pouvoirs du Lord sont trop puissants pour son corps humain, ils sont en train de reprendre le pas sur lui, dit Narcissa. Il a fait son possible jusqu'à maintenant, mais ça ne suffit plus...
- Alors, nous devons l'en débarrasser, dit la vieille sorcière en levant les bras pour remonter ses manches.
- Non, dit Narcissa. Non, Minerva, il doit les garder... Il doit les protéger.
- Mais enfin pourquoi ?! s'exclama Rogue d'une voix forte. Voldemort a brisé sa famille et fait de sa vie un enfer sur terre !
- Sev, je t'en prie, les enfants sont en bas, dit alors Narcissa en posant ses longues mains sur les bras de son éternel ami. Il est inutile d'inquiéter tout le monde... Je sais ce qu'il faut faire, c'est pourquoi j'ai besoin de tous les plus puissants sorciers que nous connaissons.
Un silence s'installa et McGonagall dit :
- Miss Granger.
- Mr Weasley, dit Maya.
- Drago, dit Rogue.
- Non, pas lui, dit Narcissa.
- Non, Drago, là, dit Rogue en montrant quelque chose derrière Narcissa.
Celle-ci dit volte-face.
- Drago ! Je t'avais dit de...
- Écoutez, mère, Harry est mon compagnon, mon amant, et si quelque chose doit être exécuté sur lui, je me dois d'être là et même de participer, répondit le blond, un air de défi sur le visage. Je suis aussi puissant magiquement que Hermione ou Ron si ce n'est plus de par ma condition de Mangemort, alors laissez-moi participer.
Narcissa pinça les lèvres.
- Soit ! dit-elle. Approche...
- Narcissa, qu'avez-vous en tête ? demanda alors McGonagall en caressant les cheveux de Harry dont le visage se couvrait lentement d'une sueur brillante.
La mère de Drago se redressa alors et ses yeux bleus comme des saphirs étincelèrent.
- Nous allons faire d'Harry Potter le plus puissant des sorciers de ce monde... Un Sorcier Gris.
Un silence de stupéfaction enveloppa aussitôt le petit groupe. Malefoy le brisa.
- Maman... fit-il. Vous ne... vous n'y pensez pas... il...
- Il va mourir, fils, dit Narcissa en fronçant ses sourcils soigneusement dessinés. J'ignore pourquoi il tient tant aux pouvoirs du Lord et par respect pour ce qu'il a fait pour moi, jamais je ne l'en débarrasserais. Minerva, si vous faites cela, il vous en voudra jusqu'à la fin de ses jours et vous perdrez une amitié très chère, j'en suis certaine.
- Il vaut mieux parfois perdre une amitié et sauver une vie que le contraire... souffla Maya, agrippée au bras de Rogue, complètement ébranlée par la douleur qu'elle ressentait chez Harry.
Les sorciers se regardèrent alors en silence et Rogue prit la jeune femme par les bras.
- Assieds-toi, lui dit-il en la poussant doucement vers un fauteuil. Monte tes barrières et calme-toi, nous allons avoir besoin de ta magie...
- Cela veut-il dire que tu es d'accord ? demanda Narcissa en sentant son cœur s'accélérer.
- Quel autre choix avons-nous ? dit le sombre professeur en regardant Harry toujours haletant, désormais en proie à une violente fièvre et des tremblements qui n'auguraient rien de bon. Bien que Potter soit un garnement impossible, même du haut de ses quarante ans, je suis obligé d'admettre que sans lui je n'aurais jamais connu Maya...
- Harry a fait quelque chose pour chacun d'entre nous, dit alors Drago.
McGonagall hocha la tête et soupira.
- Très bien, dit-elle. Allons-y. Contactez tous ceux qui vous passent par la tête et qui sont d'une puissance magique non négligeable.
Narcissa baissa soudain le nez.
- Mon époux aurait été d'une précieuse aide... dit-elle d'une petite voix.
- Mère... Ne vous laissez pas abattre. Ce n'est pas le moment.
- Oui, tu as raison, fils. Severus ?
Rogue fit un signe de tête. Il s'approcha de la cheminée et jeta à intervalles réguliers des pincées de poudre scintillante en discutant avec les flammes brièvement, et bientôt, la petite maison fut envahie de sorcier affolé, pas tous connus.
Le dernier craquement dû à un transplanage laissa sur le tapis un sorcier que personne n'avait revu depuis longtemps, très longtemps.
- Remus...
McGonagall quitta le canapé bien entouré de sorciers et de sorcières inquiets, et s'approcha du Lycanthrope toujours aussi efflanqué et marqué par les transformations lunaires.
- Remus...
La vieille sorcière l'enlaça brusquement, provoquant la stupeur de ceux qui la connaissaient, Drago en premier. Rogue, lui, se contenta de pincer les lèvres. Il n'avait pas vu son meilleur ami depuis des années mais savait toujours où le trouver en cas de besoin. Et même affecté par son loup, l'homme n'en restait pas moins un puissant sorcier.
- Merlin, vous avez donné si peu de nouvelles ces dernières années... dit McGonagall en le regardant. Il ne faut plus nous laisser ainsi dans l'ignorance, mon ami, pas vous...
- Bonsoir, professeur... dit Malefoy comme Lupin s'approchait prudemment du canapé, comme s'il redoutait ce qu'il allait y découvrir.
- Drago ? dit Lupin en le regardant. Qu'est-ce que tu as changé...
Le Serpentard non plus n'avait pas revu Lupin depuis des années, depuis la fin de sa scolarité en fait, mais la surprise qui se peignit sur le visage de l'ancien professeur de DCFM aurait pu être cocasse si l'instant n'était pas aussi grave. En effet, quand il vit Harry allongé sur le divan, ses yeux s'emplirent de buée et les larmes roulèrent sur son visage labouré de cicatrices. Lentement il tendit une main vers les cheveux de son filleul de cœur et il repoussa une mèche humide de sueur.
- Qu'a-t-il ? demanda-t-il.
- Il meure, dit Narcissa. Monsieur Potter est en train de mourir, tout simplement.
Une vague de panique parcouru la pièce et la femme blonde ajouta :
- Voilà pourquoi vous êtes ici, tous. Je connais certains d'entre vous, d'autre non...
Son regard de glace se posa sur Hermione et Ron qui, entourant Drago, n'osaient pas faire un geste, pétrifiés par ce qui arrivait à leur meilleur ami. Il n'y avait ni Annabelle, ni Lewis, probablement de garde pour les enfants, mais non loin d'eux se trouvaient Molly et Arthur Weasley. Molly pleurait dans son mouchoir, réconfortée par son mari. Non loin, trois vieux sorciers discutaient entre eux, et vers la cheminée, trois sorcières entouraient Maya.
- Mes amis, reprit Narcissa. Si vous êtes ici à cette heure un peu tardive, c'est que la situation est grave. Monsieur Potter est en train de mourir, vaincu par les pouvoirs de Lord Voldemort qu'il héberge en lui, comme vous le savez tous. Bien entendu, le moyen le plus simple pour lui rendre la santé serait de lui retirer ces pouvoirs mais je n'en ferais rien.
- Pourquoi, Narcissa ? demanda une des femmes entourant Maya.
- Parce que ce serait trahir la confiance qu'il a mise en moi... Vous savez que je vis désormais ici ? Mr Potter est en train de discuter avec notre Ministre pour que Lucius puisse sortir de prison et me rejoigne enfin. Je ne pourrais jamais faire du tort à ce garçon car grâce à lui mon époux adoré va m'être rendu...
- Alors si ce n'est pas toi, que quelqu'un qui ne doit rien à Potter le fasse... suggéra la même femme.
- Malheureusement, nous lui devons tous quelque chose, dit McGonagall. Mais ceux qui ne lui ont jamais adressé la parole. Il nous a libérés de Voldemort...
Des chuchotements montèrent et Narcissa reprit :
- C'est pourquoi nous allons le remercier comme il se doit... Nous allons faire d'Harry Potter le plus puissant des sorciers de ce monde... Un Sorcier Gris.
La stupéfaction se dessina sur tous les visages alentours et la femme blonde ajouta :
- La puissance magique nécessaire pour obliger la magie noire et la magie blanche à l'intérieur de ce garçon à fusionner est considérable. Vous êtes considérés, chacun et chacune comme les plus puissants sorciers et sorcières que nous connaissons. Mr Potter va sombrer dans le coma dans très peu de temps, nous devrons alors agir à ce moment-là, profiter que ses barrières mentales et magiques sont au plus bas. Je ne vous cache pas qu'un tel usage de votre magie risque de vous laisser sur les rotules quelques heures, mais dites-vous bien que vous aurez fait une bonne action en permettant à notre Sauveur de vivre.
Elle se tut alors et tira sa baguette magique de sa manche. Elle la pointa sur Harry et le fit léviter. Elle dit ensuite signe à Rogue et Lupin de déblayer la zone. Les sorciers et sorcières présents se mirent alors à réagir et poussèrent les meubles contre les murs, les réduisant au besoin, afin de dégager le plus grand espace possible. Ainsi la lourde table en bois se retrouva réduite à l'état de table à café et les chaises allant de pair, à l'état de chaises pour enfants.
Harry sombra dans le coma en une poignée de minutes plus tard et aussitôt, Rogue invoqua un pentagramme magique qui se dessina sur le sol comme si un pinceau invisible le traçait. D'une couleur grise argentée, il tranchait sur le carrelage de tomettes rouge sombre et Drago déglutit. Son compagnon flottait toujours les airs, maintenu par Narcissa le temps que l'endroit soit dégagé. Soutenu par Hermione qui lui tenait le bras, le Serpentard serra les mâchoires.
- Tout va bien se passer, fils, dit alors Narcissa. Reprends-toi, ta magie ne sera pas de trop.
- Oui, mère...
Malefoy se redressa alors et Hermione soupira profondément. Le Serpentard releva sa manche droite et regarda la Marque des Ténèbres. Soudain, il plaqua sa main gauche dessus et, dans un rugissement effrayant qui dit bondir tout le monde, le blond passa en mode Mangemort... Rogue le regarda puis, jetant un œil sur Maya qui lui dit un signe de tête, il en dit autant et un autre rugissement terrifiant secoua la maison tandis que l'immense robe noire et le masque d'argent se déployaient sur le visage du sombre professeur...
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