Chapitre 51
Durant les quelques jours entre Noël et Nouvel An, Harry eut fort à faire. Entre gérer sa maison et les deux enfants de Drago qui y passaient leurs vacances, heureusement pour eux Narcissa était là, et les longs conciliabules avec le Ministre pour faire libérer Lucius au plus vite d'Azkaban, moyennant finance, bien entendu, le Gryffondor était sur le point de devenir dingue. Avec ça, la douleur de son dos empirait de jour en jours malgré les médicaments.
.
- Non.
Narcissa tapa sur la main d'Harry pour lui faire lâcher les quatre capsules qui s'y trouvaient. Les capsules en question échouèrent dans l'évier et Harry soupira.
- Je ne veux plus que vous preniez ces médicaments, dit Narcissa en s'emparant de la boîte les contenant. Voilà plus d'une semaine que vous les avalez comme des bonbons, vous aller vous ravager l'estomac.
D'un coup de baguette magique la femme blonde incendia la boîte dans une assiette puis elle jeta les restes carbonisés à la poubelle.
- Dès que Drago sera rentré, je vous emmène à St-Mangouste, dit-elle.
- Quoi faire... ? soupira le brun en allant s'asseoir.
- Vous êtes en parfaite santé, ce n'est pas normal que vous souffriez du dos au point de vous empoisonner.
- Empoisonner qui ? Grand-mère, de quoi parlez-vous ?
Narcissa regarda Rodolphus qui venait de remonter de l'appartement de sa grand-mère.
- De rien, chéri. Retourne en bas, j'arrive dans un instant.
Le jeune garçon jeta un regard à Harry.
- Bon... fit-il. Entendu.
Et il repartit d'où il était venu. Harry soupira.
- Ce gamin ne m'aime pas, fit-il.
- Non, admit Narcissa. Il a peur que vous preniez la place de sa mère auprès de Drago.
- Et quoi ? Je vais rompre avec Drago simplement parce qu'un gamin ne m'aime pas ?
- Ne vous emportez pas...
- Je suis parfaitement calme.
Harry serra les mâchoires.
- Narcissa, ce n'est pas un gosse mal éduqué qui va...
- Rodolphus est très bien éduqué.
- Trop bien si vous voulez mon avis. Il n'a aucun respect pour les adultes autres que ceux portant son nom et croyez-moi, si j'avais eu la chance d'élever un gosse, il ne serait pas aussi insensible !
Narcissa pinça les lèvres. Son rouge à lèvre chocolat brilla sous la lampe et elle dit :
- J'admets que l'éducation que Segma a dispensée à ses enfants n'est pas celle que j'avais espérée pour les enfants de mon unique fils, cependant c'est ainsi. Rodolphus s'habituera à vous, il n'aura pas le choix. Drago et vous avez des sentiments l'un pour l'autre depuis bien plus longtemps que tout le monde ici. Même moi... Il y a plus de soixante ans que je suis mariée à Lucius mais je ne l'ai aimé avec une telle passion que pendant les quinze premières années... Depuis je l'aime énormément, il est mon époux, je le respecte, mais... Hem, bref, tout ça pour vous dire que peu importe ce que pense Rodolphus, vous ne devez pas entrer dans son jeu. Ce gamin est un malin, il sait manipuler les gens et les mettre hors d'eux, mais si vous tenez bon, il se lassera et finira par vous apprécier et par accepter que son père refasse sa vie avec vous.
- Il n'aura pas le choix, dit Harry.
L'horloge sonna soudain midi et le brun se leva pour aller faire à déjeuner. Comme il peinait, Narcissa lui prit le bras et posa une main dans le creux de ses reins, sous son pull, en demandant :
- Sur une échelle de un à dix, vous donnez combien ?
- Quinze ?
Narcissa ferma les yeux.
- Ce n'est pas normal, dit-elle. Les pouvoirs du Lord sont trop imposants pour votre petit corps humain... J'ai crainte que vous ne deviez...
- Non, Narcissa, je ne veux pas m'en débarrasser... Ils sont à l'abri ici, ainsi personne ne peut s'en servir...
Narcissa se mordit la lèvre puis soupira.
- Alors il n'y a qu'une seule solution...
- Laquelle ?
- Fusionnez vos magies et devenez un sorcier gris.
La bouche d'Harry s'ouvrit toute seule sous la surprise.
- Un... sorcier gris ? fit-il. Mais... qu'est-ce que c'est ?
- Un sorcier gris est un sorcier blanc devenu mage noir ou inversement, répondit la femme blonde en s'appuyant contre le dossier du canapé, les bras croisés. Un sorcier blanc qui se plonge dans la magie noire devient un mage noir, sauf s'il fait en sorte de conserver sa magie blanche, auquel cas toutes deux se mêlent. Un sorcier gris est un être extrêmement puissant, Harry, c'est un Maître-Sorcier, il maîtrise toutes les magies qui existent sur la surface de la terre, est capable de préparer toutes les potions même les plus anciennes, il peut transformer les objets à volonté, son corps aussi, et prendre l'apparence de n'importe quoi sans même l'avoir appris. Le Professeur Dumbledore en était un, Harry...
- Dumbledore ? Un sorcier gris ? Mais... je... je l'ignorais, je...
- À l'époque, se vanter de ses pouvoirs était très dangereux... Et cela l'est toujours. Vous imaginez ce que pourrait faire un homme, ou une femme, capable de manipuler le plus foudroyant de poisons, le plus mortel des venins, la plus dévastatrice des maladies ?
- Je n'ose imaginer... dit Harry en fermant les yeux.
Narcissa se tut un moment puis dit d'une voix douce :
- Harry... vous seriez alors en mesure de soigner notre monde...
Harry remua les mâchoires comme s'il désirait parler puis il se mordit violement les lèvres. Ses narines se dilatèrent et il déglutit.
- Je... fit-il. Je ne sais pas...
- Harry, ce n'est qu'un moyen de vous débarrasser de vos douleurs sans pour autant vous retirer les pouvoirs du Lord, dit doucement Narcissa en lui prenant les mains. Je sais que vous tenez à cette magie, je ne comprends pas pourquoi vous ne détruisez pas ces pouvoirs, mais je vous aime bien, Harry et je veux vous aider. Vous m'avez aidée à reprendre goût à la vie, vous aller faire sortir mon mari de prison et tout faire pour que le traitement des prisonniers à Azkaban soit changé ; vous avez sorti mon fils d'une vie sans amour ni bonheur même si pour cela, sa famille a été éclatée. Ma famille n'a jamais rien fait pour vous depuis votre naissance, au contraire, mon époux s'est acharné à vous pourrir la vie ainsi que mon fils, mais vous, vous avez passé l'éponge, vous avez fait table rase du passé... Alors laissez-moi vous aider. D'accord ?
Harry serra les lèvres, ému. Ses mains se serrèrent sur celles de la femme et il hocha la tête en silence. Narcissa l'étreignit alors une seconde puis se proposa pour préparer le déjeuner, enjoignant le Gryffondor à aller se reposer dans sa chambre.
Harry monta donc au premier et, sur le palier, son regard fut attiré par la porte entrouverte de la chambre de Drago, sur la droite. Il s'en approcha, poussa la porte et resta sur le seuil. Comme tous les matins, le lit était soigneusement fait, les rideaux du ciel-de-lit étaient noués aux montants du baldaquin, ceux de la fenêtre soigneusement retenus par de belles embrasses en soie argentée...
Harry soupira. Sur la table de chevet, le réveil à aiguilles, la pile de livres et, sur une chaise juste à côté, le pyjama de satin vert foncé, indiquaient tous que le propriétaire des lieux séjournait toujours ici.
Depuis la nuit de Noël qui avait été pour eux le plus fantastique des cadeaux, les deux amants n'avaient pas remis ça et Harry était trop préoccupé par son mal de dos pour bousculer son amant et risquer de se prendre une veste.
Refermant la chambre, Harry alla s'allonger sur son lit, à plat ventre, la seule position qui ne le faisait pas trop souffrir. Il finit par s'endormir et se fut Drago qui le réveilla quand il rentra de son travail au Ministère.
- Harry... Harry, réveille-toi, tu as de la visite...
- Mhm... Oh chéri... Quelle heure est-il ? marmonna le Gryffondor.
- Un peu plus de dix-huit heures... Lève-toi, tu as de la visite...
- Qui... ?
Harry s'assit au bord du matelas en se frottant le visage.
- Le Ministre et deux Aurors, dit le blond en passant ses mains dans les cheveux hirsutes de son amant dans l'espoir de les discipliner un peu.
- Le Ministre ?
Harry fronça les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il veut de si important pour venir en personne ?
- Je ne sais pas... Ma mère n'est pas là, les enfants non plus, heureusement, je suis arrivé deux secondes avant le Ministre... répondit Malefoy. Va te passer un peu d'eau sur la figure... Ça va ton dos ?
- Bof... Ta mère veut m'emmener à St-Mangouste mais je ne veux pas...
- Harry...
- Je sais qu'elle ne veut que mon bien, mais...
Malefoy secoua la tête pour mettre fin à la discussion.
- Aller, fit-il. Je redescends servir à boire au Ministre. Nous t'attendons.
Le brun hocha la tête et son compagnon quitta la chambre. Harry s'engouffra alors dans la petite salle de bains de sa chambre et s'observa un moment dans le miroir. On voyait clairement qu'il avait dormi profondément, il avait une grande marque rouge sur la joue due aux plis de l'oreiller...
Un petit coup de baguette magique redonna un visage convenable au Gryffondor qui se rafraîchi puis gagna le rez-de-chaussée.
- Ah, voici celui que j'attendais !
Harry regarda le Ministre. Après la mort de Scrimgeour et la démission de trois Ministres consécutifs en l'espace de dix ans, Evictus D'Antes avait été élevé au grade de Ministre alors qu'il avait postulé à un poste un peu moins prestigieux, celui de Secrétaire du Ministre... Le poste de Ministre étant maudit personne n'en voulait mais D'Antes l'avait quand même accepté et dirigeait le monde sorcier depuis plus de quinze ans sans une seule fausse note.
- Bonjour, Mr Le Ministre, dit Harry en prenant la main un peu calleuse que l'homme lui avait tendu en bondissant littéralement du canapé. Je suis navré de ne pas vous avoir accueilli, je me reposais et j'ai dû m'endormir...
- Ce n'est rien, dit l'autre en agitant les mains. Mr Malefoy s'est excusé pour vous.
Il se rassit dans le canapé et Harry prit place dans un fauteuil non loin en demandant :
- Que me vaut l'honneur de votre visite, monsieur ? Et surtout si tard...
- L'heure de ma visite importe peu, c'est surtout son contenu, répondit le Ministre en prenant sa tasse de thé, munie de sa soucoupe, posée sur la table basse en verre. Et il est bien que Mr Malefoy soit ici car je viens vous parler de votre père, mon cher Drago.
- Mon père ? dit le blond. Que se passe-t-il ?
- Rien, rien de grave, ne vous inquiétez pas. En fait, c'est par rapport à sa prochaine sortie de prison. Au vu du nombre d'années passées à Azkaban, Mr Malefoy Senior pourrait avoir de grandes difficultés à reprendre sa vie, vous vous en doutez.
- Bien entendu, dit Harry. Mais vous le voyez, ma maison est saine et tranquille, et Mr Malefoy vivra avec son épouse à l'étage inférieur.
- Puis-je voir cet endroit ? demanda le Ministre.
- Bien entendu, je vous y conduis, dit Malefoy en se levant. Ma mère s'est absentée, elle a dû emmener mes enfants se promener comme il a fait relativement beau aujourd'hui.
- Monsieur Potter, pendant que nous serons en bas, lisez ceci, ce sont quelques petites règles qui seront à respecter pendant les six premiers mois après la libération de Mr Malefoy Senior, dit le Ministre en sortant de son attaché-case un épais dossier.
- Quel genre de règles ? dit Harry en prenant le dossier.
- Oh rien de bien méchant, la routine, répondit le Ministre. Des contrôles chaque semaine chez un Conseiller Carcéral, chez un Psychosorcier, chez un Medicomage aussi, enfin des petites choses. Nous y allons ? demanda ensuite le Ministre à Malefoy.
- Après vous.
Les deux Aurors qui avaient accompagné le Ministre se tenaient non loin de la cheminée, assis sur des poufs carrés. Devant leur air patibulaire, Harry n'avait pas envie d'engager la conversation avec eux et disparu dans sa petite cuisine pour préparer le dîner. À sa surprise, il n'eut pas grand-chose à faire. En effet, dans le frigidaire, une grosse terrine remplie de ragoût figé et recouverte d'un film alimentaire, portait un petit papier sur lequel l'élégante écriture de Narcissa signalait que ceci était pour le dîner, qu'elle l'avait préparé afin qu'Harry puisse se reposer.
Pouffant en secouant la tête, Harry sortit le lourd plat en fonte et le posa un peu brutalement sur le plan de travail. Un verre retourné tressauta et le brun grimaça en cherchant son air. La douleur qui venait de lui traverser le corps l'avait cloué sur place.
- Je peux vous aider ? demanda alors une voix.
Harry se retourna et soupira. L'un des deux Aurors s'était approché et Harry hocha la tête.
- J'ai mal au dos, fit-il. Pourriez-vous mettre ceci dans le four ?
L'homme hocha la tête. Il empoigna les poignées de la terrine et la déposa dans le four électrique au-dessus du plan de travail. Harry le remercia, programma le four puis s'affaira à autre chose et l'Auror retourna vers son collègue.
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