Chapitre 49
Le tout premier réveillon de Noël organisé par Harry dans sa propre maison fut un franc succès. Le repas qu'il avait confectionné avec l'aide de Narcissa, surtout, n'avait pas fait long feu dans les assiettes et il en restait très peu dans les plats quand ils revinrent en cuisine.
La vaisselle salle s'amoncela si rapidement dans l'évier qu'il fallut la faire au fur et à mesure et Hermione et Ginny s'en chargèrent en papotant gaiement.
Alors que ses convives patientaient en digérant un peu avant l'arrivée du dessert, Harry monta voir les enfants à l'étage et trouva Jason et Rodolphus en train de jouer aux cartes sur le lit de Malefoy, sages.
- Tout va bien, les enfants ? fit-il.
- Oui Oncle Harry, répondit Jason en souriant. C'était vraiment bon ce que tu as fait à manger.
- Merci mais vous n'êtes pas restés à table bien longtemps pour deux grands garçons comme vous, dit le brun. Il va bientôt être l'heure du dessert, j'espère que vous en prendrez ?
- Bien sûr, répondit le fils d'Hermione.
Harry sourit.
- Où sont vos sœurs ? demanda-t-il.
- Dans votre chambre, dit Rodolphus sans lever le nez de ses cartes.
- Tu peux me dire « tu », mon garçon, tu sais ? dit le Gryffondor en tournant la tête vers la chambre en question.
- Je ne vous connais pas... dit le jeune garçon sur un ton assez tranchant.
- Soit... Amusez-vous bien alors...
Un peu décontenancé par l'aplomb du gamin, Harry tourna les talons et entra dans sa chambre. Sur son vaste lit, en train de jouer à la poupée, Kezra, Emy et Karen étaient sages comme des images. Elles avaient installé un appartement entier au milieu du lit et étaient allongée à plat ventre autour, une poupée dans chaque main.
- Ça va, mes chéries ? dit Harry en s'appuyant au montant du lit avec un sourire.
- Oui, tonton Harry, répondit Emy avec un sourire à faire fondre le plus froid des hommes. Dis, c'est quand qu'on ouvre les cadeaux ?
Harry sourit.
- Il y a encore le dessert et puis après, si vous ne dormez pas...
- Alors on va rester éveillées ! dit Kezra en souriant. Ce serait dommage de nous endormir maintenant alors que le Père-Noël a confié nos cadeaux à Harry...
Harry sourit. Ah, la naïveté des enfants... Se détournant, il quitta sa chambre en tirant un peu la porte et il resta un moment dans le couloir plongé dans la pénombre. Les discussions des convives montaient depuis la salle à manger et quelques fois un rire fusait ou la grosse voix de Hagrid surpassait toutes les autres.
- Tu es là...
- Drago...
Harry sourit à son compagnon.
- Ça ne va pas ? demanda le blond en s'approchant.
- Si, si... J'ai juste mal au dos, ce n'est rien, ça va passer...
- Tu as pris tes médicaments ?
- Pas eu le temps...
- Harry...
Harry baissa la tête puis opina du chef.
- Je vais les prendre tout de suite, dit-il en se dirigeant vers la salle de bains.
Malefoy lui emboîta le pas et regarda son compagnon avaler deux grosses gélules bleues à l'aide d'un verre d'eau. Il posa ensuite une main dans son dos et Harry s'appuya sur le lavabo.
- Ce sont les pouvoirs du Lord qui te font souffrir, n'est-ce pas ? dit-il à mi-voix.
- Je crois bien...
Malefoy dégluti.
- Pitié Harry, jure-moi que le cauchemar ne va pas recommencer...
- Je te le jure, il faut simplement que je me réhabitue à les contenir dans un plus petit corps...
Se redressant, Harry posa ses bras sur les épaules du Serpentard.
- Drago, je te promets que ce qu'il s'est passé il y a vingt-six ans ne se reproduira jamais plus... C'est juste que... Imagine que tu doives faire rentrer un oreiller dans une taie un peu trop juste... tu bourres alors les plumes et ça fini par rentrer. C'est un peu ce qu'il se passe en ce moment là-dedans... Ça se bouscule et c'est ce qui fait que je souffre. Mais dès que le filet qui retient les pouvoirs du Lord se sera remis en place, tout rentrera dans l'ordre...
La main sur le ventre, Harry déglutit. Malefoy y posa alors la sienne et frissonna. Il jeta un œil sur sa Marque des Ténèbres et la vit pulser très légèrement.
- Je te le jure, chéri...
Le blond ferma les yeux en inspirant puis hocha la tête. Harry chercha alors à l'embrasser mais le blond se déroba.
- Les enfants, fit-il.
- Ils savent bien qu'on vit ensemble, non ?
- Oui, mais... Rodolphus ne...
- Ne m'apprécie pas, je sais, dit Harry avec un petit sourire en coin. Cela lui passera, crois-moi. Il va lui falloir un peu de temps, il aimait beaucoup sa mère et voir son père avec quelqu'un d'autre est dur pour lui...
- Ce qui m'étonne le plus c'est que ce soit lui qui réagisse ainsi alors que c'était Kezra la plus proche de Segma... dit Malefoy en soupirant.
- C'est parce que c'est un ado et que le moindre bouleversement dans sa vie peut le mettre dans tous ses états... Nous étions comme lui à l'époque, tu t'en souviens ?
Malefoy pouffa. Il hocha la tête et Harry s'agrippa à son cou en riant doucement. Malefoy lui entoura la taille de ses bras et le serra contre lui en soupirant profondément dans son cou. Ils se séparèrent ensuite et redescendirent s'occuper de leurs convives.
.
- Ils dorment tous, dit Narcissa en reparaissant dans le salon.
- Mes filles aussi ? dit Hermione.
- Les filles dans le lit d'Harry, les garçons dans celui de Drago, répondit la femme blonde. J'ai mis tout le monde en pyjama, pas un n'a moufté.
- Drago et moi dormirons dans le canapé alors, répondit Harry avec un haussement d'épaules. Pour ceux qui veulent, il reste une chambre également en haut.
- Et moi j'en ai deux en bas, dit Narcissa.
- Étant donné que tous mes enfants dorment, nous allons rester ici. Qu'est-ce que tu en penses, chéri ? demanda Hermione.
Le chéri en question, Lewis, était avec Rogue, Arthur, Hagrid, Malefoy et Ron sur la véranda, à siroter quelques verres d'alcool.
Dans le salon, cependant, Hermione, Narcissa, Annabelle, Maya, Molly, Ginny, le professeur McGonagall, le professeur Sinistra et Harry, refaisaient le monde en sirotant thé ou tisane. Les autres convives étaient partis quelques minutes plus tôt mais la nuit était déjà bien entamée puisqu'il était plus d'une heure du matin.
- Lewis ? Je te parle...
- Hein ?
- Je te demande si tu veux rester dormir ici, dit Hermione.
- S'il y a de la place...
Hermione leva les yeux au ciel.
- Alors c'est entendu, dit Harry en souriant. Et vous, professeurs ?
- Nous allons rentrer au château, répondit McGonagall comme Sinistra hochait la tête.
- Nous aussi, dit Maya. J'ouvre la boutique demain...
- Le jour de Noël ? s'étonna Hermione.
- Oui, je vends deux fois plus de livres le jour de Noël, la plupart des achats étant des cadeaux de dernière minute... dit la jeune femme blonde en souriant.
Tendant le bras elle agrippa de sa main droite sa tasse de thé et la ramena à elle avec prudence. Ne pouvant ni serrer ni étendre les doigts, elle devait prendre les objets avec une extrême précaution, surtout les objets chauds comme une tasse. Heureusement, le mug était suffisamment gros pour épouser parfaitement la forme arrondie de ses doigts et de sa paume, et Rogue surveillait chacun de ses mouvements, prêt à intervenir.
- Est-ce que tu as vu Poppy pour ton bras ? demanda Hermione en regardant la jeune femme saisir l'anse de sa tasse de son autre main.
- Non, mais elle ne pourra rien faire de toute façon, répondit Maya. Tu sais, je vis avec ce handicap depuis trente ans...
- J'ai bien vécu vingt-cinq ans dans la peau d'un monstre, dit Harry.
Maya lui sourit.
- Ce n'est tout de même pas la même chose... dit McGonagall.
- Certes... Mais j'ai retrouvé une vie normale grâce à l'acharnement de beaucoup sans qui je ne pourrais pas fêter Noël ce soir avec mes amis et ma famille.
Narcissa sourit et Hermione haussa un sourcil. Elle positionna Alexandre plus confortablement sur elle et dit :
- Est-ce que vous plaisiez ici, Mrs Malefoy ?
- Oh, oui, miss Granger, répondit la femme blonde. Non seulement je vois mon fils plus souvent que lorsqu'il était marié à Segma, mais en plus Harry est un logeur admirable. Je ne paie même pas de loyer !
- Ah non ?
La brunette jeta un regard étonné à son meilleur ami qui répondit :
- Je ne vais tout de même pas faire payer ma belle-mère...
- Je ne suis pas loin, Potter ! dit soudain la voix de Malefoy depuis la véranda.
Harry rentra la tête dans les épaules et dit :
- Il n'aime pas quand je dis ça.
- De ? Que Mrs Malefoy soit votre belle-mère ? dit Sinistra. Pourtant... c'est vrai.
- Officiellement, pas du tout, dit Narcissa en changeant de sens le croisement de ses jambes. Drago a été pas mal secoué par son divorce et pour lui, entretenir une nouvelle relation sentimentale, voire amoureuse, avec qui que ce soit, est délicat.
- Il est clair qu'entre nous il y a de très forts sentiments, dit Harry. Je l'aime, c'est indéniable, mais nous sommes bien loin du petit couple tout mignon. Du reste, il passe rarement plus de deux jours de suite ici...
- Et alors il couche chez moi, dit Narcissa.
- Cessez de parler de moi ! dit soudain le concerné. J'ai les oreilles qui sifflent.
Narcissa haussa les sourcils. Elle secoua la tête et soupira.
- J'en suis venue à apprécier Mr Potter et à trouver normal ses sentiments pour mon fils, dit-elle. Après tout, je n'ai rien à dire, j'ai déjà des petits-enfants, dont un garçon. L'héritage est sauf, à présent mon fils fait ce qu'il lui plait de sa vie.
- Et j'entends bien continuer, mère, répondit Malefoy en apparaissant dans le salon.
Passant derrière le canapé, il posa ses mains sur les épaules d'Harry qui lui sourit.
- Et pour assouvir votre curiosité, mesdames, sachez que moi aussi je suis amoureux de cet idiot sentimental mais tant que je ne pourrais pas retirer ce bracelet, je ne ferais rien de plus que je ne fais déjà.
Il montra le bracelet d'argent à son poignet gauche et Harry l'effleura avec un soupir.
- Je croyais votre divorce effectué ? dit McGonagall, surprise.
- Moi aussi... Mais non, le Conseil de Famille traîne les pieds, répondit Malefoy en s'éloignant.
Il contourna le canapé et vint s'asseoir près d'Harry, entre celui-ci et Sinistra.
- Tu ne m'en avais rien dit, fils...
- J'ai un peu... occulté cela, répondit le blond. Cette situation m'énerve, Segma a déjà été bannie de la famille et n'a plus rien le droit de demander aux Malefoy, mais elle s'accroche et n'a de cesse de harceler les Patriarches... Sa mère n'est pas contente, surtout.
- Cela reste compréhensible, dit McGonagall. Après tout, vous répudiez une femme avec qui vous êtes resté vingt-trois ans, et sur le motif qu'elle a un amant... depuis dix ans.
Malefoy baissa le nez. Harry posa une main sur son genou et dit :
- Quoi qu'il en soit, tu sauras t'en sortir avec brio, comme toujours, n'est-ce pas ? Et puis un jour, ce bracelet ne sera plus le tient, mais le nôtre.
Malefoy émit un petit bruit nasal puis soupira profondément. La grosse horloge comtoise suspendue au mur de la cheminée sonna soudain et Harry la regarda en se tordant le cou.
- Une heure et demie, fit-il.
Inspirant profondément en posant ses mains sur ses cuisses, Maya dit :
- Allez, il se fait tard... Où en sont les hommes avec l'alcool ? demanda-t-elle.
- Mieux vaut ne pas savoir, dit Harry en souriant.
- Allons récupérer nos hommes, dit Hermione en se levant.
McGonagall lui prit Alexandre des bras et le tint sur son bras avec la dextérité de celle qui a fait ça toute sa vie. La Gryffondor lui sourit largement puis tout le monde convergea vers la véranda, sauf Harry et Malefoy qui optèrent pour la petite cuisine.
S'appuyant contre l'évier en ouvrant le robinet, Malefoy soupira.
- Ça va, chéri ? dit Harry en posant une main en haut du dos du blond.
- Oui... Oui, ça va, t'inquiète pas.
Harry s'adossa au plan de travail et soupira.
- Tu me le dirais s'il y avait quelque chose à propos de ce divorce, hein ?
- Hein ? Mais bien entendu... Je suis avec toi, Harry, maintenant. Segma c'est terminé, totalement. Et si le Conseil de Famille ne parvient pas à s'entendre, j'abandonnerai mon nom...
- Drago...
Harry le regarda, un peu choqué mais en même temps triste de voir que son compagnon en était venu à de telles extrémités.
- Harry... Je préfère encore porter ton nom plutôt que de me battre pendant des années à coup de procès en tous genres ou je perdrais de l'argent et ma dignité. Mes enfants auront le droit à l'héritage de mon père, moi je m'en fiche.
- Tu es sérieux, chéri ?
Malefoy tourna la tête et vit sa mère debout près du bar, figée.
- Je n'ai rien décidé encore, mère, rassurez-vous, mais j'envisage cette solution, oui, répondit le blond. Mais bon ! dit-il en inspirant profondément. L'heure n'est pas aux apitoiements. Demain c'est Noël.
- Tu as raison, dit Harry.
Il l'embrassa sur la joue puis gagna la véranda où les jeunes femmes semblaient avoir du mal à faire bouger leurs hommes.
- Severus, aller...
Maya avait déjà enfilé son manteau.
- Je pars sans toi, sinon, dit -elle.
- Je t'en prie... Il n'est pas si tard, répliqua le professeur de Potions.
- Restez ici, dit alors Harry en souriant. Narcissa a deux chambres de libre en bas. Ron, Annabelle, vous restez ?
- Oui, dit Ron. La petite est chez les parents d'Anna donc cela ne pose aucun problème.
- Je vais vous préparer une chambre alors, dit Narcissa en dirigeant vers la porte sous l'escalier qui conduisait chez elle. Severus, Maya, vous restez alors ? demanda-t-elle.
- Oui.
- Non.
- Mettez-vous d'accord, dit Harry en souriant.
- On reste, dit Rogue en se levant enfin du canapé.
Maya leva les yeux au ciel et retira son manteau. Harry lui sourit. La jeune femme était complètement amoureuse du sombre professeur et visiblement, elle ne pouvait pas plus lui résister qu'elle ne pouvait tenir tête à Harry à l'époque.
- Nous, nous allons rentrer, dit Molly en faisant apparaître les manteaux de son mari et de sa fille. Les garçons viennent déjeuner demain. Je vais avoir l'immense honneur de rencontrer la petite-amie de Charlie... J'ai peur.
Harry sourit. Le frère casse-cou de Ron, chasseur de Dragons en Roumanie, n'avait encore jamais présenté de copine à sa mère, mais si elle était du même tempérament que lui, ce serait une union prometteuse...
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