Chapitre 47
Assis à la table de la salle à manger, Harry sourit en entendant le feu ronfler dans la cheminée. Ron, Hermione et Malefoy débarquèrent les uns après les autres, à quelques secondes d'intervalle chacun.
- Bienvenue chez moi ! s'exclama-t-il comme les trois brossaient machinalement leurs capes.
- Chez toi ? dit Hermione. Tu as déjà acheté cette maison ?
- Oui. Les anciens propriétaires sont partis il y a deux heures.
Il sourit en penchant la tête sur le côté, visiblement content de lui et Hermione le prit dans ses bras en contournant le canapé.
- C'est super Harry ! dit Ron en regardant autour de lui.
- C'est petit, marmonna Malefoy.
- Ha bah bien sûr ! répliqua Hermione, les sourcils froncés. Tu ne peux pas t'empêcher de faire des commentaires négatifs.
- Quoi ? Cette maison tiendrait dans le hall de la mienne ! répliqua le blond.
- Ça suffit tous les deux, dit Harry.
- Excuse-nous, marmotta Hermione.
Elle fusilla Malefoy du regard puis le brun soupira et dit faire un tour rapide de la maison.
- J'ai environ mille cinq mètres carrés de terrain tout autour et un accès privé jusqu'à la plage, bien qu'avec la température et le vent, rares seront les baignades.
- Il serait facile de créer une bulle autour de ton domaine pour le protéger du vent, répondit Hermione en levant une main, le pouce plaqué contre le majeur. C'est comme tu veux...
Harry la regarda de travers. Il sembla réfléchir un instant puis dit :
- Sans ce vent je pourrais faire un jardin... Et installer tout ce qui pourrait m'éviter de me rendre trop souvent en ville...
- Genre ? dit Malefoy. Des vaches et des poules ?
- Pourquoi pas ? Aristo, siffla le Gryffondor en lui tirant la langue.
- Avec toute la notoriété que tu as, tu pourrais exiger le siège de Ministre de la Magie mais non, Môssieur préfère devenir un fermier dans un coin paumé de l'Ecosse.
- Un coin paumé où tu passeras pas mal de temps les prochaines années, répliqua Harry.
Malefoy ne trouva rien à redire. Deux semaines et demie avaient passé depuis que le Gryffondor avait retrouvé forme humaine et pendant ces deux semaines, tous deux avaient pas mal discuté. Ils avaient passé de longues heures ensemble, dans l'appartement que McGonagall avait prêté à Harry étant donné qu'il n'avait plus aucune raison de vivre chez Rogue.
- Allez, allons voir l'étage, dit soudain le Gryffondor.
Il se dirigea vers l'escalier et s'y engagea. Arrivé en haut, il attendit ses amis et Hermione regarda autour d'elle avec intérêt.
- Trois grandes chambres, dit-elle. Hum... Intéressant. On pourra venir passer nos vacances ici tous ensemble.
- C'est bien ce à quoi je pensais, dit Harry en souriant. Dommage que vous ne soyez pas aussi médiatisés que moi et que vous ne vouliez pas vous « cacher » un peu. Vous auriez pu venir vivre ici avec moi, il y a largement la place.
- Pour dormir oui, répondit Ron. Mais nous nous marcherions vite dessus... Nous ne sommes plus trois comme avant Harry... Maintenant il y a Malefoy et ses deux enfants, ma femme et notre fille, et le mari d'Hermione et ses quatre enfants...
- Dont un qui vit à Poudlard, rappela Hermione. Ce qui ramène à trois.
- Nous sommes des sorciers, dit Harry, les sourcils froncés. Il nous est facile de « pousser les murs ».
Il y eut un silence emprunt de réflexion et Ron soupira soudain :
- C'est sûr que je ne dirais pas non à un peu de calme... Je suis le Gardien titulaire des Canons de Chudley après tout... Et Annabelle est aussi une titulaire malgré son congé maternité.
- Quand prend-il fin ?
- En septembre... Elle va reprendre son poste dans l'équipe et nous serons à nouveau submergés par les journalistes et autres demandes en mariage... Il faudrait que nous en discutions, Annabelle et moi, Harry. Ne te fais pas trop d'illusions cependant.
- Et toi Mione ? demanda le brun en hochant la tête.
- Moi ? Eh bien moi... je n'ai rien de spécial tu sais... Je vis dans le Londres Moldu, Lewis a un travail Moldu, les filles vont dans une école sorcière mais c'est tout, ça s'arrête-là.
- En ayant vécu je ne sais combien d'années au même endroit, tu n'as pas envie de bouger ? Toi qui rêvais de faire le tour du monde pour apprendre encore et toujours ? demanda Harry.
- Cela m'a traversé l'esprit, si, avoua la brunette. Mais je n'étais alors pas encore enceinte d'Alexandre, et Jason ne savait pas que Severus était son père.
- Qu'est-ce que cela change-t-il ? demanda Ron. Je ne comprends pas.
Hermione secoua la tête pour leur signifier qu'il fallait laisser tomber et Harry se tourna vers Malefoy qui dit :
- Moi aussi je suis compris dans le lot ? Potter...
- Malefoy, j'ai de plus en plus de mal à vivre loin de toi, dit Harry. Toi tu es un sorcier de la même trempe que moi. Ta famille a toujours été sous les projecteurs, quels qu'ils soient... Tes enfants ne souffrent-ils pas de ton divorce ?
- Si bien entendu... Kezra réclame sa mère au moins dix fois par jour... Mais ce n'est pas en venant habiter ici que cela changera. Ma fille veut sa mère mais elle n'a plus le droit de la voir... Segma est bannie de la famille, si elle revoit une seule fois ou Kezra ou Rodolphus, elle sera jetée en prison !
Harry serra les mâchoires. Il détourna soudain la tête et marmonna :
- Allez-vous-en.
- Quoi ? dit Hermione. Mais nous venons d'arriver...
- Allez-vous-en, j'ai dit ! s'écria le brun en leur faisant brusquement face.
Hermione porta ses mains à sa bouche et transplana aussitôt. Ron le regarda puis transplana à son tour, le visage triste. Harry s'effondra alors sur la moquette et donna du poing contre en jurant. Une main se posa soudain sur son épaule et Malefoy dit :
- Pourquoi est-ce que tu te mets dans des états pareils, hein ? Tu tiens vraiment à perdre les seuls amis que tu as ? À me perdre ?
- Te perdre ? dit Harry en se redressant. Malefoy, tu vas me quitter ?
- Comment pourrais-je te quitter alors que nous ne sommes même pas ensemble ? Seulement, j'estime que tu as été un peu égoïste sur ce coup-là.
Se relevant, Harry alla s'affaler sur la banquette servant de lit d'appoint et il gémit :
- Égoïste ?
- Oui... Tu n'as pas l'air de te rendre compte que, pendant que toi tu te morfondais dans ta grotte, nous, nous avions continué nos vies... Nous avons rencontré des gens, nous nous sommes mariés, nous avons trouvé un travail qui nous plait, puis eut des enfants... Je comprends qu'après tant d'années tout seul tu veuilles avoir les personnes que tu aimes autour de toi mais n'oublie que nous aussi nous avons des gens qui nous aiment et qui veulent nous avoir près d'eux... Granger a sûrement des voisins qui l'apprécient, ses filles doivent jouer avec les enfants des maisons alentours. Weasley et sa femme doivent être en permanence fourrés avec les autres membres de l'équipe des Canons... Et moi...
- Et toi ? dit Harry.
- Et moi je suis partagé...
- Partagé entre quoi et quoi ? Tu sais que tes enfants seront les bienvenus ici, Malefoy...
- Je sais... Mais d'un côté je t'ai toi et je ne veux pas te perdre encore une fois, et de l'autre côté... de l'autre côté j'ai ma mère qui prend dix ans chaque année de plus qu'elle passe sans son mari... Elle se laisse mourir, Potter... Elle ne fait plus rien pour se rendre la vie heureuse...
- Pourtant, quand tu as envoyé tes enfants chez elle, que je les ai suivis, je l'ai trouvée toujours aussi resplendissante...
- Oh pour ça oui... Elle s'habille toujours luxueusement, elle se coiffe et se maquille chaque matin, mais ce n'est plus pour plaire à mon père... C'est pour cacher sa douleur et les marques de sa tristesse.
Harry déglutit. Il baissa la tête et Malefoy lui prit le menton.
- Regarde-moi, fit-il. Accorde-moi deux mois, le temps que je tasse le terrain pour ma mère. Quand Kezra saura que tu étais son ami le loup du parc, elle sautera dans la cheminée pour venir ici, mais je dois dire à ma mère...
Harry passa sa langue sur ses lèvres.
- Amène-la ici, fit-il.
- Pardon ?
- Amène ta mère ici, dis-lui qu'elle sera mieux dans une maison inconnue ou chaque tableau, chaque parcelle de moquette ne lui rappelle pas son mari.
- Tu serais prêt à vivre avec... ta belle-mère ? dit Malefoy, surpris.
- Si c'est ce que je dois faire pour t'avoir alors oui. Et quand vous vous serez installés ici, j'irais voir le Ministre et je ferais sortir ton père de prison, quitte à payer pour cela.
- Non, je te connais, et je ne pourrais jamais te rembourser... Je n'aurais jamais assez d'argent...
- La seule « monnaie » de remboursement que j'accepterais, tu la connais déjà. C'est toi Malefoy, ta personne. Peu importe combien de milliers de Gallions je devrais donner en dessous de table au Magenmagot, le seul fait que tu vives avec moi en contrepartie voudra plus que ce que j'aurais donné...
Malefoy soupira puis il recula et Harry lui prit la main. Il y croisa ses doigts puis, après quelques secondes, le blond hocha la tête :
- Très bien, fit-il. J'accepte.
- N'accepte pas parce que tu t'y sens obligé, dit Harry. Je veux un compagnon pas un prisonnier.
- Non, répondit le blond en secouant la tête. Je le veux. Mon âme le veut. Plus les jours passent et plus ce que je ressens pour toi me fait souffrir quand tu n'es pas dans mon champ de vision.
- Notre amour est en train de devenir comme celui qu'ont éprouvé Hermione et Rogue, passionnel, comme une drogue surpuissante... Mais nous y avons survécu pendant vingt-cinq ans alors que la vie m'a torturé...
Malefoy regarda le Gryffondor de ses yeux couleur océan. Il regarda ensuite leurs mains entrelacées et parut réfléchir.
- Es-tu prêt à subir un tel amour ? demanda Harry.
Une, deux, trois secondes de silence s'écoulèrent puis Malefoy hocha vivement la tête.
- Oui, fit-il. Oui je suis prêt. Je n'ai jamais réussi à tomber amoureux de Segma, ni de personne d'autre et je n'ai pas été surpris quand tu es revenu dans le « monde vivant » en faisant comme si de rien n'était. J'avais l'impression que seulement quelques semaines avaient passée, pas vingt-cinq années...
- Quand je te faisais des avances, à Poudlard, tu étais amoureux de moi déjà ?
- Non, répondit le blond franchement. Je jouais ton jeu parce que j'aimais ça mais je n'éprouvais rien d'autre.
- Alors si la Magie Noire n'avait pas tout gâché, tu aurais couché avec moi ce jour-là ?
- Très probablement.
Harry baissa les yeux et pinça les lèvres.
- Ta franchise me désarçonne, fit-il. Mais je t'en suis reconnaissant.
- Je n'ai aucune raison de te mentir. Tu finirais par le savoir un jour ou l'autre et je te connais suffisamment pour savoir que quand tu te mets en colère, cela peut-être... dévastateur. Souviens-toi que tu as tué Voldemort d'un simple Expelliarmus... Ce n'est pas banal.
Harry eut un sourire. Il pouffa alors et Malefoy eut un sourire.
- J'aime t'entendre rire, fit-il. Ça m'a manqué.
- Vraiment ?
- Oh tu ne peux pas savoir à quel niveau de maîtrise de soi j'ai dû recourir pour ne pas te sauter dessus pendant les mois qui ont précédé ta disparition, dit Malefoy. J'étais furieux contre toi au début, j'avais peur, et puis les jours passant, j'ai fini par me dire que j'avais eu tort de te plaquer de cette façon au lieu de continuer à t'aider... Mais tu étais une bombe à retardement, si j'avais fait un geste de travers, la Magie Noire se serait déchaînée et tu m'aurais peut-être blessé... ou pire.
- Chose que je ne me serais jamais pardonnée, dit Harry.
Le blond hocha la tête. Harry se leva soudain et lui fit face en disant :
- Viens avec moi.
- Où ?
- Nulle part. Reste avec moi aujourd'hui, ne rentre pas chez toi tout de suite.
Malefoy haussa les sourcils, surprit. Il se leva cependant et Harry lui prit la main en disant :
- Un petit tour du propriétaire te tente ?
Malefoy émit un bruit nasal puis il secoua la tête en soupirant et Harry lui décocha un sourire ravi. Il l'entraîna ensuite au rez-de-chaussée puis dehors et, à la grande surprise des deux sorciers, le vent était tombé.
- C'est un signe, dit Harry en regardant les nuages défiler comme des chevaux au galop.
- Quel le vent soit tombé ?
- Oui. Même la nature approuve nos liens, répondit le Gryffondor en adressant un clin d'œil à son compagnon tout en secouant leurs mains nouées.
Il noua ensuite ses bras sur sa nuque et demanda :
- Drago Malefoy, est-ce que je peux t'embrasser ? Sur le seuil de notre maison ?
Le blond haussa un sourcil et un petit sourire étira ses lèvres. Il hocha la tête et Harry appuya ses lèvres contre celles de son âme sœur dans un doux baiser qui n'avait rien de premier mais qui y ressemblait fortement.
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